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(Crédit photographique Thomas Sanson-mairie de Bordeaux)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

***Extrait de  : " Lieux symboliques en Gironde , trois siècles de franc-maçonnerie à Bordeaux"

Le Grand Théâtre de Bordeaux est incontestablement " un temple élevé à Apollon et aux Muses" comme le prévoyait le programme donné au peintre Jean-Baptiste Robin pour l'élaboration du premier plafond de la salle de spectacle .( page 122)

Victor Louis en fera son chef-d'oeuvre. Il se consacrera par la suite à deux autres salles , celle de la Comédie Française qui lui sera commandée par le Duc d'Orléans dont il est l'un des familiers et l'Opéra de Paris du Square Richelieu qui sera malheureusement rasé au XIX ° siècle en expiation de l'assasinat du duc de Berry par Louvel qui s'y était produit.

Il doit tout au maréchal duc de Richelieu qui cumulait lers fonctions de Gouverneur de Guyenne et Surintendant des Menus Plaisirs. C'est lui qui imposa Victor Louis. celui-ci, ayant supplanté ses concurrents , s'installa à Bordeaux, cours du Chapeau-Rouge, réunit une petite équipe très efficace et réussit à franchir les obstacles qui seront accumulés sur sa route durant les dix années que durera la construction. Cette lenteur fut davantage due au manque d'argent qu'aux difficultés techniques rencontrées . C'est la raison pour laquelle Victor Louis construisit  parallèlement l'hôtel de Saige, l'hôtel Nairac, le château du Bouilh et l'hôtel Boyer-Fonfrède qui lui permirent de mener à bien financièrement la construction du Grand-Théâtre.

Fort heureusement, ce chef-d'oeuvre, qui est surtout un chef d'oeuvre philosophique, a été peu remanié au cours des siècles. Victor Louis, qui était de petite extraction, avait conservé une âme d'artisan. Ce condisciple de Fragonard et d'Hubert Robert à l'Académie de France à Rome dessina et grava sans relâche, mettant un acharnement incroyable à choisir lui-même couleurs, matériaux, trompe-l'oeil.

Son goût de l"Italie lui inspira un sens spectaculaire de la mise en scène car la salle du Grand-Théâtre est, pour partie, en trompe-l'oeil, comme un décor de théâtre ordinaire. Néanmoins, il en profita également pour démontrer sa haute technicité et son âme - tout inspirée d'Hiram- de forgeron en inventant le fameux " clou de Monsieur Louis" , armature compliquée faite de triangles de métal articulés destinés à résoudre le problème toujours invaincu de l'écartement de la voûte plate sur colonnes.

Pour les francs-maçons, le Grand-Théâtre de Bordeaux est une sorte de manifeste. L'exceptionnelle simplicité des lignes, le constant raffinement du moindre détail, permit à l'architecte d'inviter le visiteur, jusqu'au bout des cintres, à une véritable initiaion artistique. Cette vépure, "faite à l'aide de nombres et de rapport de nombres" réduit à néant  les critiques qui dénoncèrent à l'époque " un édifice d'un luxe scandaleux, disproportionné à la ville." En construisant le Grand-Théâtre, Louis décida du lointain avenir de Bordeaux qui tournerait le dos au fleuve, du dessin de la ville future avec le grand projet des Quinconces. Mais surtout, il invita chacun à faire l"'effort nécessaite pour comprendre et ressentir au-delà des ans l'immortelle beauté de son" Palais des Muses" .

Les colonnes scuptées de Pierre Francois Berruer sur le modèle dicté par Victor Louis sont des colonnes corinthiennes à décor de feuille d'acanthe. En France , par un curieux paradoxe botanique, on nomme " acacia" le robinier, et "mimosa" l'acacia. Le terme vient du grec " pointe, épine, pique". L'acanthe est la forme antique de ce végétal, et c'est la branche qui fut plantée sur la tombe de l'architecte par ses trois assassins. Grâce aux feuilles d'acanthe sculptées qui ornent les chapiteaux, l'allusion est claire: nous sommes chez les maîtres. ( page 306 de l'ouvrage de Florence Mothe consacrée aux "Maîtres")

Hiram a été frappé d'une règle de 24 pouces, aurant qu'il y a d'heures dont chacun sait que toutes blessent et la dernière tue. L'équerre était de fer, symbole de l'hiver, la saison des spectacles. Le coup de maillet qui lui coûta la vie ressemble aux coups frappés au soleil du lustre expirant, à l'heure où le rideau frémit. ( page 306 consacrée aux "Maîtres")

 

 

 

***extraits :

Des symboles maçonniques, le Grand-Théâtre en foisonne: les entrelacs d'amour figés dans la pierre, les neuf Soeurs qui dominent la façade, l'oculus zénithal qui éclaire la cage d'escalier avec son cortège de douze oculus latéraux symbolisant la course du Soleil dans les douze signes du zodiaque...( page 121)

Le parcours du visiteur tient de l'initiation car il entre par le vestibule ombreux orienté vers la place de la Comédie et chemine vers la lumière éblouissante qui illumine le grand escalier, de jour comme de nuit.

C'est le duc d'Orléans, futur Philippe Egalité, qui posa la première pierre.

geoffrin lemonnier frVictor Louis , le maréchal duc de Richelieu, fréquentaient le salon de Mme Geoffrin.

Victor Louis ne construira que pour des maçons: Lamolère, Boyer-Fonfrède, Nairac, et Frédéric Seraphin de la Tour du Pin ( chateau du Bouilh page 125 )

 Page 121  : Louis Nicolas Louis dit Victor Louis (1731–1806), fils d’un maître maçon, entre à l’Académie royale d’architecture où il est l’élève de Loriot. Il effectue un séjour à Rome de 1756 à 1759 sous la direction du peintre Natoire. Le maréchal de Richelieu découvre son talent grâce à Madame Geoffrin et lui fait décorer son pavillon de Hanovre, place Saint-Augustin à Paris. Il obtient la commande du Grand théâtre de Bordeaux qui demeurera son chef-d’œuvre et entre dans l’intimité du duc d’Orléans en épousant Marie Hélène Bayon, professeur de harpe des enfants du futur Philippe Egalité et de Madame de Genlis. Il reçoit alors la commande des colonnades du Palais-Royal et de la Comédie-Française.

Tous les portraits connus de Victor Louis, qui fut initié à Bordeaux, le représentent tenant à la main les symboles maçonniques de l’équerre ou du compas.

Le Grand théâtre de Bordeaux, monument emblématique de la franc-maçonnerie universelle a eu  volontiers des directeurs maçons. ( page 279)

 

triangle et oeil

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