photos Thomas Duroux
Extrait page 183 de l'ouvrage de Florence Mothe : « lieux symboliques en Gironde, trois siècles de franc-maçonnerie à Bordeaux » éditions Dervy
Le château Palmer à Cantenac, cru classé de l'appellation Margaux en 1855, était déjà connu au XVIIIe siècle et dégusté à Versailles sous le nom de "domaine de Gasq" car sa propriétaire, Jeanne de Gasq était probablement une des premières « Wine ladies » que le vignoble de Bordeaux ait connu. En 1814 la propriété fut vendue au général Charles Palmer dans des circonstances troublantes à plus d'un titre puisque l'aide de camp du Prince-de-Galles, célèbre pour ses conquêtes féminines autant que militaires, escortait en France le duc de Wellington et rencontra dans une diligence une ravissante jeune veuve, Marie de Gasq, qui tentait vainement de se débarrasser du domaine familial trop lourd pour ses frêles épaules.
Succombant à la peinture flatteuse qu'elle en fit autant qu'à ses charmes, Palmer acheta la propriété et lui donna son nom. Jusqu'en 1831, il se consacrera autant à la promotion de son cru en Angleterre qu'à ses fonctions à la cour et à ses activités militaires.
En 1843, il cédera le domaine aux frères Émile et Isaac Péreire, qui feront construire le château actuel par le grand architecte Burguet. Quatre familles bordelaises renommées dans leurs vins leur succéderont, les Ginestet, les Miailhe, les Sichel et les Mahler Besse.
Palmer demeure aujourd'hui un des symboles du Médoc où le Margaux s'élabore dans une certaine philosophie de rigueur, d'équilibre et d'harmonie qui ne peut se concevoir sans rappeler les générations d'initiés qui ont veillé sur ce domaine depuis son origine.