Extrait page 103 de l'ouvrage de Florence Mothe : " Lieux symboliques en Gironde , trois siècles de franc-maçonnerie à Bordeaux" éditions Dervy
L’hôtel de Nesmond, actuelle résidence de Monsieur le préfet d’Aquitaine, rue Vital- Carles est une maison au destin singulier qui fut la demeure d’un président au Parlement de Guyenne de Bordeaux, originaire d’Irlande, André de Nesmond . Cette origine jacobite car un ancêtre du président, Jacques Nesmond, avait épousé Mathilde Coote, descendante d’une des premières maisons d’Écosse, n’empêcha pas l’immeuble d’être vendu en 1659 à la ville de Bordeaux afin d’en faire la résidence de hauts personnages de passage. À partir de 1691, cet hôtel, tout en restant propriété communale, devint le siège de l’Hôtel du gouvernement.
C’est entre 1757 et 1766 qu’il prend sa forme actuelle, grâce au nouveau gouverneur de Guyenne qui n’est autre que François- Armand Vignerot Duplessis, maréchal-duc de Richelieu. Ne rêvant que luxe, fêtes, concerts et soupers fins, le maréchal- duc qui a pour maître de chapelle le compositeur Frantz Beck, mène dans cet hôtel une vie à la fois galante et philosophique.
Il y installe la fameuse « cabane de Philémon » où les beaux esprits de passage et les membres de l’Académie des lyriques et de l’Académie des sciences, belles-lettres et arts aiment à deviser.( note SIGM : Philémon est changé en chêne et Baucis en tilleul par Zeus)
Successivement adeptes de Martinès de Pasqually puis de Cagliostro, Richelieu imprime à ses inoubliables soirées un parfum bien particulier qui n’est pas seulement celui « d’un gigot tout à l’ail, d’un seigneur tout à l’ambre » que lui reprochent ses détracteurs en raison de son goût immodéré du musc.
Après sa mort le 8 août 1788, son neveu, le maréchal duc de Mouchy, également initié, prend possession de l’immeuble. La révolution l’en chasse et l’hôtel est vendu. Il demeurera privé durant tout le XIXe siècle. Mais l’ouverture de la rue Vital- Carles modifie profondément les jardins et, en 1862, l’hôtel de Nesmond est racheté par l’État pour devenir l’archevêché de Bordeaux, tandis que les Loges tentent d’acquérir sans succès l’hôtel de Cheverus, précédente demeure des prélats.
Ce détour par le catholicisme dure jusqu’à la séparation de l’église et de l’État. Le 2 septembre 1914, le président Raymond Poincaré quitte Paris pour Bordeaux où il est hébergé, comme il se doit, par le préfet Bascou à l’hôtel de Nesmond . Il en sera de même pour le président Lebrun en 1940, avant que le général von Faber du Faur, commandant des troupes allemandes d’occupation et descendant de huguenots bordelais exilés en Allemagne en 1685, ne prenne possession des lieux, se retrouvant curieusement chez ses ancêtres en quelque sorte. Les Allemands quitteront l’hôtel le 19 août 1944 et le laisseront tellement délabré que le préfet Cusin trouvera préférable d’installer ses appartements à l’hôtel Splendid.
Le préfet Lahillonne ne pourra reprendre possession des lieux qu’en 1952, avant qu’un grand humaniste, M. Gabriel Delaunay, ne lui donne sa forme actuelle.
Ouvert la visite pour les Journées du patrimoine, l’hôtel de Nesmond doit à l’amabilité de Monsieur le préfet Patrick Stefanini de figurer désormais parmi les lieux visités par les Routes Montesquieu. Les salons du rez-de-chaussée seront ouverts au public une fois par mois pour une visite commentée qui relatera le long passé maçonnique de ce magnifique immeuble.
Monsieur le Préfet autorise la visite gratuite du rez-de-chaussée,une fois par mois,sur demande : accord donné par Mr le Préfet Patrick STEFANINI aux Routes Montesquieu ( création Florence Mothe)
L’hôtel Nesmond est bâti par la famille d’Esmond, d’origine irlandaise, en 1630. Rapidement acquis par la ville de Bordeaux, il servira de logement au maire, puis aux gouverneurs de Guyenne.
Remanié par le maréchal de Richelieu, gouverneur de Guyenne nommé en 1755, l’hôtel sera divisé en huit lots et vendu à des particuliers lors de la Révolution. En 1862, l’Etat rachète l’hôtel pour le mettre à la disposition des archevêques de Bordeaux.
Suite à la séparation de l’église et de l’Etat en 1905, l’hôtel de Nesmond est revendu au département de la Gironde pour être affecté au service public. En 1907 l’hôtel devient la résidence du Préfet.