Position : 44° 53 0" N -0° 7 8" W
Extrait de la page 290 de l'ouvrage de Florence Mothe : « lieux symboliques en Gironde, trois siècles de franc-maçonnerie à Bordeaux », éditions Dervy.
C'est dans le testament d'Elie de Bétoulaud qui fut publié dans le Bulletin de la Société d'Archéologie de la Gironde qu'il faut aller chercher le viatique pour visiter les grottes de Ferrand. « Je veux et entends que mes héritiers et successeurs qui posséderont ma maison et seigneurie de Saint-Poly près de Saint-Émilion soit tenus d'employer tous les ans la somme de 30 livres pour l'entretien de la propreté de grottes magnifiques que j'ai fait creuser comme monuments éternels de la gloire du roi Louis le Grand dans les rochers qui sont près de ladite maison. »
Ami de Mademoiselle de Scudery, familier de la cour, adepte de la carte du Tendre, Elie de Bétoulaud a réussi, en effet, à composer un lieu hautement ésotérique dans les labyrinthes duquel il a convoqué Hercule, César, Auguste, Mars et Louis XIV, jaillissant d'une énorme coquille couleur de rose. À la manière d'un cabinet de curiosités à l'air libre, le fantasque propriétaire a également requis « des limaçons d'Orient, des coquilles tigrées, des coupes de marbre serpentin, d'albâtre, de nacre, de cristal et de porcelaine » qu'il dédia à Sapho car ainsi nommait-il Mademoiselle de Scudery.
Ce jardin de Leiden auquel, de la plume même de son propriétaire, il ne manque que de petites volières aménagées, remplis de serein qui ferait un concert délicat est le seul exemple connu de songes de poly file heureusement réaliser.
Les galeries diversement creusées sont conçues pour dessiner par les rayons du soleil et celui des étoiles la phrase : « Et virt aetern Ludovii magni » ce qui signifie : « à la vertu éternelle de Louis le Grand ».
La grotte, en forme de lyre, est un hommage à l'harmonie et on se croit transporté dans les paysages de l'Astrée d' Honoré d'Urfé.
Ce lieu extraordinaire, baroque en diable, maçonnique avant la lettre, donnerait quelque consistance aux propos de ceux qui affirment qu'en construisant la galerie des glaces, Louis XIV s'offrit le plus beau cabinet de réflexion dont monarque ait jamais rêvé. Si tel n'était pas le cas, Elie de Bétoulaud, pour sûr était un anticipateur, ses grottes de Ferrand le démontrent !