Saint Médard d'Eyrans un curé enfant du pays par F Durand et C Guérin

Un curé, enfant du pays, à Saint-Médard d'Eyrans .

par Frédéric Durand

Remerciements à Claudy Guérin

 

Il est certain patrimoine connu de tous dont on ne connaît pas forcément l’origine. C’est ainsi que les communes de Cadaujac et Saint-Médard-d’Eyrans ont pu conserver des traces du passage de l’abbé Subervie.

François-Jules-Léonce Subervie était né le 14 juin 1861 au hameau de Paté, à Cadaujac, dans une famille déjà très dévouée au culte catholique. Son père, Bernard Subervie, était membre du bureau des marguilliers de 1864 à 1885. Son frère Charles Subervie fut, quant à lui, maire de la Commune entre 1909 et 1919.

François Subervie fit sa rhétorique en 1878-1879, avant d’être nommé acolyte le 3 juin 1882. Le 20 mai 1883, il fut ordonné sous-diacre dans la chapelle du Grand Séminaire de Bordeaux, par Mgr Fontenau, puis diacre le 22 décembre de la même année. Le 20 décembre 1884, c’est l’archevêque de Bordeaux, Mgr Guilbert, qui l’ordonna à la prêtrise, dans la même chapelle. Dès le 23 décembre, Cadaujac et ses paroissiens surent fêter l’arrivée de l’enfant du pays par nombre de guirlandes, bannières ou lanternes de couleurs, ainsi qu’un arc de triomphe dressé sur le Pont de Paté. C’est le nouvel abbé qui distribua la sainte communion à toute sa famille, puis à 201 fidèles. Il eut également l’honneur de dire sa première messe, celle de l’aurore. En souvenir de cette messe de Noël, l’abbé Subervie fit par la suite don à l’église Saint-Pierre du grand Christ placé devant la chaire, béni le 18 mars 1886.

Il occupa aussitôt un poste de professeur économe au collège de Bazas. Puis le 21 février 1907, il devint curé de Saint-Médard-d’Eyrans, succédant aux cinquante années d’administration de l’abbé Bonnin. Bien qu’il eût possédé entre 1895 et 1922 une maison au lieu-dit Les Dées, construite en 1889 par Raymond Subervie, il habitait le presbytère dont il fut le premier à payer le loyer. Ce dernier était d’une somme modique (50 francs) à cause de la vétusté du bâtiment et parce que l’abbé s’était engagé à faire gratuitement les enterrements des indigents de la Commune. En ces temps nouveaux de séparation de l’Eglise et de l’Etat, c’est à ses frais qu’il y fit installer une pompe et clôturer le jardin en 1907. Et c’est encore de sa bourse qu’il fit construire l’année suivante un hangar destiné à abriter les enfants.

Nommé chanoine honoraire le 26 novembre 1937, il favorisa une grande piété au sein des trois paroisses qu’il desservait : Saint-Médard-d’Eyrans, Ayguemorte-les-Graves et Isle-Saint-Georges où il se rendait à bicyclette. Les églises étaient alors toujours pleines, dit-on. C’est durant son ministère que furent inaugurées à Saint-Médard les statues de Jeanne d’Arc en 1924 et de sainte Thérèse de l’Enfant Jésus le 21 septembre 1930, puis celle de sainte Bernadette.

Très actif, il travaillait son jardin, élevait des lapins et fabriquait son propre miel à partir de ses ruches, production dont il faisait offrande lors de ses visites aux malades. Il animait également le groupe de jeunes filles des Bérets blancs qui égayaient de leurs doux chants messes et vêpres.

Tous les ans, il emmenait gratuitement les enfants de chœur, rejoints par quelques fidèles, en pèlerinage à Verdelais. La petite troupe prenait le train depuis la gare de Saint-Médard pour Langon et continuait à pied jusqu’à la basilique Notre-Dame. Messe le matin, pique-nique au Pas de la Mule et chemin de croix l’après-midi égrainaient la journée. Le 7 août 1890, il avait aussi accompagné les Enfants de Marie de Cadaujac à la basilique Notre-Dame-de-Fin-des-Terres, à Soulac. L’abbé Subervie eut également une âme de voyageur. Il participa ainsi au congrès eucharistique international de Carthage, en Tunisie, en 1930. De Jérusalem il rapporta à chaque famille une croix en bois d’olivier représentant les stations du chemin de croix.

A la fin de sa vie, après un accident, il perdit un peu la raison. Mis à la retraite, il se retira à l’hôpital de Bazas en 1942. Il y rendit son dernier soupir le 24 novembre 1946. Mais c’est dans le village de Saint-Médard-d’Eyrans, qu’il avait su tant apprécier, qu’il avait souhaité reposer. On peut toujours s’arrêter devant son tombeau, situé à côté de l’église derrière les fonts baptismaux. Bon mais assez sévère et exigeant, il est resté très aimé des villageois.

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