à Léognan, 2 châteaux prestigieux ont été autrefois propriété des ancêtres de Montesquieu ;
ils s'ouvrent à la visite dans certaines conditions 05 56 78 47 72
Ce sont les châteaux Olivier et La Louvière
* Olivier : château classé et parc inscrit Léognan
voir détails des classement et inscription par la DRAC Consultez notre site
Le Château d'Olivier a été bâti sur un sol où, selon toute vraisemblance, campèrent les hordes sarrasines qui vinrent en Aquitaine à la suite du célèbre Abd Er Rham, vers 731. En 1350 Rostang D'Olivey (ou d'Olivier) épouse Élisabeth de la LANDE, fille d'Arnaud de la Lande, propriétaire et seigneur du château de la Brède (ancêtre de Montesquieu). Appelé “ Prince Noir”, établi à Bordeaux, il allait souvent à Olivier en compagnie des plus fameux chevaliers d'Aquitaine et d'Angleterre chasser les bêtes fauves dont les grands bois de Gradignan, de Talence et de Léognan étaient remplis (les noms de La Louvière, Lagueloup que portent encore des domaines voisins en sont un souvenir). Constitué primitivement par un donjon du XIIème siècle, vraisemblablement même antérieur, auquel au XIVème siècle fut ajouté une construction formant actuellement la façade Sud, le Château d'Olivier était une forteresse rectangulaire, entouré d'épaisses murailles, ayant aux quatre angles des tours (trois rondes et la quatrième formée par le vieux donjon) deux de ces tours, dont les soubassements seuls subsistent, défendaient l'entrée et le pont levis qui enjambait la douve dont le château est entouré. Le chemin de ronde couvert qui domine la face Sud se raccorde à un élément qui subsiste à l'ouest. Il est probable que la construction dressait au milieu de terrains marécageux, drainés plus tard selon une intelligente hydrographie qui aboutit aux aménagements du XVIII siècle. La distribution intérieure comporte essentiellement un rez-de-chaussée aux pièces voûtées, avec une cuisine, une modeste "salle de gardes" (dont la cheminée contient un four et puits, départ probable du souterrain effondré allant, dit-on, au château de La Brède -12 Km, demeure de Montesquieu ), et plusieurs celliers pour abriter les récoltes et les protéger des intempéries et des pillards. Une curieuse construction, sorte de tour tronquée, à quelque distance du château dans son Sud-Est, et qui semble, avec ses doubles parois, une glacière. Les communs sont bien séparés du château au Nord selon un plan trapézoïdal élégant, agrémenté de portiques sobres et largement percés; juste en prolongement de cette cour d'honneur, vers le Nord, deux miroirs d'eau parallèles de 70 mètres de long. Au sud du château, une fontaine s'élève, que viennent ornementer des bustes, peut-être gallo-romains. Dans l'Ouest du Château, une orangerie est construite, dont les voûtes -une assez grande partie en subsiste- sont en briques de champ, selon la technique d'une équipe italienne qui fit dans le pays d'autres travaux semblables. La façade de l'orangerie s'ouvrait sur un jardin, aujourd'hui disparu, dont il reste deux bassins ronds. Le domaine est modelé suivant trois avenues tracées dont une de 1.500 mètres, un vivier de 200 mètres de long sur une cinquantaine de large, qui sert de réserve alimente un escalier d'eau irriguant le jardin. Le vieux château meublé et confortablement installé, à 11 kilomètres de Bordeaux, est situé au milieu d'un domaine de 200 hectares, avec prairies aux alentours, chênes centenaires, bois de pins et vignoble de 44 hectares, un des vins les plus connus de la région des "GRAVES", qui fut, dit-on, le berceau des vins de Bordeaux, il y a 2 000 ans.
Marie France Hairon ; Mme de Bethmannn
Site : http://www.chateau-olivier.com/histoire.htm
Commentaire par Laetitia METREAU
-Le lieu dit d'Ollivey ou Olivier doit sa dénomination à un des affluents de l'Eau Blanche, cours d'eau qui traverse Léognan.
-Dès le XII°s, la « seigneurie d'Ollivey» est mentionnée comme paroisse de « Leunhan », antique Léognan.
-Le château est isolé dans une forêt à une douzaine de kilomètres de Bordeaux. Il se situe sur un îlot de graves constituant une terrasse, et est doté d'un vignoble considérable classé dans les Graves.
-Une partie du château a été construite au XIIos, il est agrandi postérieurement et modifié au XVIIl°s. En dépit de sa transformation en « faux château fort» par des embellissements néogothiques, il est considéré comme un spécimen intéressant de l'architecture médiévale. Depuis 1988 une campagne de dé restauration a été entreprise.
-Les éléments du parc et le château ont été inscrits à l'inventaire des monuments historiques en 1946 ; les éléments du château en 1963.
-l\. l'origine, le château est un édifice élevé par l'aristocratie du XOs au À'V°s, afm de répondre à trois fonctions: défense, résidence et symbolisme.
-D'après les hommages rendus au roi duc et des reconnaissances féodales, le château existait depuis le XII°s. Il aurait était érigé à l'emplacement d'un ancien campement de sarrasins, installés au cours du VlII°s. Un des anciens aqueducs construits pour alimenter Burdigala partait d'une fontaine à proximité de l'actuel édifice mais son origine reste à déterminer scientifiquement.
-Prirnitivement, il se présentait sous la forme d'une forteresse carrée, entourée d'une épaisse muraille cantonnée de tours.
-Par la suite, le château constitue une résidence secondaire, puisqu'il est attesté que Bernard d'Ollivey - au XV°s - résidait tantôt dans son hôtel bordelais, et tantôt dans sa maison noble, noyau de l'actuel château.
A partir du milieu du XVl°s il n'est plus fait mention de la famille d'Olivier et la construction d'un nouveau pavillon ainsi que l'exhaussement de parties déjà existantes sont entrepris.
-Madame Marie Pesnel, héritière de la baronnie de la Brède et descendante des propriétaires d'Olivier, n'est autre que la mère de Montesquieu, écrivain entre autres des « Lettres Persanes» et " De l'esprit des lois".
-Aux XVII°s et XVIII°s, l'expansion des bourdieux est accrue par un mouvement de concentration foncière. Le développement des vignobles est dû à des investissements de la bourgeoisie. Transformé en exploitation viticole, le château d'Olivier combine alors les fonctions résidentielles et économiques.
-Un noble bordelais nommé Fossier de Lestard, embellit le château et remodèle le domaine qu'il possède de 1715 à 1747. Tout comme ses prédécesseurs depuis le XIVos, il constitue un des personnages importants de Léognan, et est un des plus riches propriétaires fonciers en dehors des congrégations religieuses. Il possède plus de 200 ha dont 40 viticoles sur le territoire de Léognan. Sa propriété illustre les
préoccupations du magistrat parlementaire propriétaire foncier: il doit allier à une demeure confortable édifiée selon les canons de son époque, des bâtiments utilitaires liés à l'exploitation de la propriété viticole.
-AN Sud, une tour de plan circulaire est conservée, vestige des défenses ordonnées en 1521 par Arthus d'Olivier. La tour carrée qui lui fait pendant semble avoir été ajoutée au XVIIos. De larges fenêtres sont également percées dans cette façade; de même qu'une porte donnant sur une passerelle en bois, audessus des douves, dans l'axe d'une fontaine au fond d'un jardin.
-Le château est pourvu d'espaces d'agréments caractérisés par des installations aquatiques.
-Le nymphée est réalisé par un fontainier de la ville de Paris nommé Petterade.
Àu XVIIl°s, il constituait la source d'alimentation des douves. Un jardin à la française servait d'écrin au château, produit de la civilisation urbaine à vocation esthétique et de détente.
-Aux douves du XIII° siècle - à but défensif primitivement et alimentées par une source, mais qui accueillent des poissons de nos jours- deux miroirs d'eau parallèle bordés d'arbres sont ajoutés, dans le prolongement de la cour d'honneur. De forme trapézoïdale elle est constituée de deux ailes qui abritent le logement du personnel. L'une d'entre elle est détruite par un incendie en 1845. Une véritable mise en scène est opérée et conduit nécessairement le regard vers l'édifice.
-Au Nord, les communs sont reconstruits séparément du château (dépendances, chais à vin et cuviers, écuries, remises) Il fait également édifier une orangerie.
-Les murs qui entouraient le château et les tours Nord sont détruites. Les soubassements au pied des douves et d'un pont voûté en pierre - en remplacement du pont levis - attestent d'une fonction défensive.
-Au XIX°s, le château se doit de représenter la qualité du produit qu'il développe: l'architecture véhicule l'image du vin.
-La façade Nord est modifiée par Louis Garros qui effectue également des restaurations. Il s'agit d'éléments d'un « goût troubadour» liés à l'époque romantique. Le grand corps de loges présente des fenêtres aux larmiers en accolade, mais conserve tout de même le massif de maçonnerie de l'escalier de pierres du XIIIos.
-La façade ouest se présente sous la forme d'un pignon aigu à fleurons, dont les rampants sont ornés de crochets.
-Au centre de la façade est se situe le donjon, antérieur au XVos. Le chemin de ronde, les archères et les mâchicoulis constituent probablement les anciennes parties conservées. Il s'agit d'ouvrages à caractère défensif. Postérieurement, des canonnières et des meurtrières rondes pour armes à feu sont percées.
-Tour édifice d'origine médiéval est associé à des légendes. Le « Prince Noir» (fils du roi Edouard III d'Angleterre) résida à Bordeaux à la fin du XIVos. Il est dit qu'il venait souvent à Olivier en compagnie de chevaliers pour chasser « les bêtes fauves mordantes». Du Guesclin, connétable de France, aurait habité Olivier à la fin du XIVe s lors d'un séjour en "-\quitaine. Ces deux personnages confèrent une aura mystique au château, renforcée par l'existence d'un labyrinthe qui mènerait au château de la Brède.
-De nos jours, l'édifice est associé à l'exploitation viticole, dont le vignoble remonte au XVlII°s. Au début du XIXo s le château produisait annuellement 40 à 60 tonneaux de vin rouge. C'est un grand cru classé Graves dont la totalité des récoltes de vin est associée à la maison Louis Eschenauer. C'est un des rares châteaux viticoles de Léognan qui ai conservé plus d'un siècle les même propriétaires. Il s'agit de la famille
Watcher- de Bethmann, qui a acquis le domaine en dernier lieu au XIX°s.
*La Louvière le parc et le château
En l’an de grâce 1476, la forêt parcourue par des hordes de loups occupait la quasi-totalité de la paroisse de Léognan. Mais, au lieu-dit « La Lobeyra » (La Louvière), l’homme avait défriché une vaste clairière et s’était lancé dans la grande aventure viticole. La production était à cette époque encore réduite, de l’ordre de quelques dizaines de barriques, mais la qualité des vins produits était déjà reconnue. La famille de Guilloche, d’ancienne bourgeoisie anoblie par les charges, présidait alors à la destinée de ces lieux, depuis 1398. Son implication dans la vie politique de la cité bordelaise, au sein du Parlement, fut indéniable et ce pendant plus de deux siècles.
Entre 1510 et 1550, Pierre de Guilloche, puis son fils Jean, se lancèrent dans de vastes opérations foncières : achats, échanges de parcelles se succédèrent. Ces importants remembrements autour de la maison noble de La Louvière, semblable alors à un modeste castel orné de plusieurs tours, furent à l’origine du domaine que nous connaissons aujourd’hui. En cette première moitié du XVIe siècle, à l’instar de la famille de Guilloche, plusieurs parlementaires bordelais donnèrent naissance aux grands crus actuels. De confession protestante, les de Guilloche endurèrent plusieurs vagues de persécutions dans les années 1572 et leur bien de La Louvière fut, à maintes reprises, mis à sac.
Héritière de la maison de Guilloche, la dame de Roquetaillade vendit la Louvière en 1618 à Arnaud de Gascq, abbé commendataire de l’abbaye de Saint-Ferme. Mais, incapable de remettre en état cette propriété, ce dernier en fit don le 28 avril 1620 à la Chartreuse Notre-Dame de Miséricorde de Bordeaux. Tous les soucis de restauration du domaine et de son exploitation reposaient désormais sur les moines de la Chartreuse. La grande rigueur de cet ordre religieux et une gestion des plus méticuleuses vinrent rapidement à bout de la plupart des problèmes rencontrés jusqu’alors. La Louvière revivait enfin ! Bénéficiant en ce début du XVIIe siècle d’une conjoncture particulièrement favorable au développement de l’activité viticole, nos religieux apportèrent une attention toute particulière au vignoble. Dans les chais, tonneliers et maîtres de chais ne ménageaient pas leurs efforts et prodiguaient les meilleurs soins aux vins blancs et rouges, très prisés des marchands picards, anglais et flamands. Chaque année, plusieurs dizaines de barriques de vin rouge de La Louvière étaient ainsi embarquées sur des navires en direction de l’Angleterre ; les blancs partaient vers le Nord de l’Europe. Au XVIIIe siècle, les vins produits par les Chartreux étaient parmi « les plus excellents qu’on puisse boire dans tout le royaume ». Maîtres de la Louvière pendant près de deux siècles, les Chartreux en furent dessaisis au moment de la tourmente révolutionnaire.
En novembre 1789, l’Assemblée Nationale confisqua les biens du clergé. Déclaré « Bien national » , le domaine de La Louvière fut mis en vente au printemps 1791. Le vignoble s’étendait alors sur une quarantaine d’hectares. Les enchères furent remportées par un négociant bordelais, Jean-Baptiste Mareilhac. A la tête d’une des maisons de négoce les plus prospères de Bordeaux, Jean-Baptiste connaissait bien La Louvière dont il exportait une partie des vins vers Saint-Pétersbourg. Cette propriété était donc pour lui un très bon investissement.
Mais une seule chose manquait encore à son bonheur : une demeure digne de sa jeune épouse Jeanne-Emilie. Pour cette grande entreprise, il fit appel à un architecte de renom, François Lhôte, ancien élève de Victor Louis, auteur du Grand Théâtre de Bordeaux. La vieille maison et ses vestiges moyenâgeux laissèrent la place à une belle bâtisse dans le plus pur style néo-classique. Pour la décoration intérieure, il sollicita un de ses amis, François-Louis Lonsing, peintre d’origine flamande de grand talent. Celui-ci réalisa les grisailles et les plafonds du salon rotonde sur le thème des amours Psyché. Mais victime d’un empoisonnement dû au maniement de pigments toxiques, cet artiste ne put achever ses travaux et mourut à La Louvière au printemps 1799.
La nouvelle demeure fit l’admiration de tous. En 1946, le site fut inscrit à l’Inventaire des Monuments Historiques et fut classé en 1996. On retient que la famille Mareilhac présida à la destinée du domaine pendant une grande partie du XIXe siècle. Alfred Mareilhac, petit-fils de Jean-Baptiste hissa le vignoble de La Louvière parmi les vignobles les mieux tenus du département et obtint pour ces fabuleux résultats une « médaille d’or » décernée par le Ministère de l’Agriculture en 1869.
En 1911, Alfred Bertrand-Taquet, parisien d’origine, actionnaire de la « Revue Vinicole » acheta le domaine et en assura la gestion jusqu’en 1944. Il fut élu maire de Léognan en 1919 et le resta jusqu’au lendemain de la seconde guerre mondiale. Victime de l’absentéisme de ses propriétaires, la Louvière joua par la suite,les belles endormies pendant plus de quinze ans.
Enfin, en 1965, André Lurton, viticulteur originaire de Grézillac tomba sous les charmes de La Louvière et s’en rendit acquéreur. Les années qui suivirent, virent ce domaine retrouver peu à peu son prestige d’antan… La demeure fut entièrement restaurée et le vignoble reconstitué…
texte d'après André Lurton Site André Lurton :