Isle-Saint-Georges : transport du raisin à Montigny et pêche au Tresson par Bertrand Meallet

 

Le transport du raisin au Château de Montigny sur les bords de Garonne
par Bertrand Meallet extrait du Journal de la promenade cantonale 2011 :

La famille Hénault de Montigny fit bâtir cette belle maison noble au XVII °siècle. Au XVIII siècle Charles Cornic-Duchesne, capitaine de vaisseaux du roi et célèbre corsaire, avait fait creuser un canal au milieu des vignes qui se remplissait aux marées grâce à un jeu de clapets, pénétrant sous la maison et arrivant au cuvier. Un bateau plat, sorte de chaland, sur lequel on chargeait les bastes ou comportes de raisins faisait la navette entre la vigne et la maison.

 

La Pêche au Tresson par Bertrand Meallet (bulletin municipal avril 2009)
Extraits de « Vingt-cinq siècles à Isle-Saint-Georges » par Olivier Coussillan

 

tressonLe tresson est un grand filet barrant aux trois-quarts la Garonne, on l'appelait ainsi, paraît-il, parce qu'il fallait treize hommes pour le tirer. Le filet chargé sur une grosse barque à rames était remonté contre le courant, montant ou descendant, par une équipe d'hommes le halant. Puis, une extrémité étant retenue à terre, il était déployé en travers du fleuve... Le bateau d'un bout, les hommes de l'autre, ralentissaient la marche de ce filet, qui, entraîné par le courant formait peu à peu une poche.
Insensiblement le bateau se rapprochait de la terre, et en fin de dérive, les deux extrémités du filet étaient jointes à l'endroit choisi : une plage artificielle de gravier.
(Il y avait trois graviers à l'Isle : l'un au Brésil, un autre au bout du chemin Pelletan et le dernier près de Boutric)
Assis sur le gravier - certains dans l'eau - les pêcheurs répartis en deux groupes halaient en cadence les deux bouts du tresson. Dans les premiers mètres du filet quelques coulacs (aloses ou "gattes") pris par leurs ouïes étaient jetés dans de grands paniers d'osier appelés " manes ". Mais c'est dans le fond du filet que l'on récoltait le gros de la pêche. D'avance on voyait l'eau agitée par un grouillement de bon augure.
(…) Avant la dernière guerre, il est arrivé que la quantité de gats pêchés soit telle qu'il fallait les rejeter à l'eau, car même en les donnant on ne trouvait pas preneur....
Chaque dimanche de printemps où le tresson pêchait, quantité de gens du village et d'ailleurs venaient assister à ce beau spectacle. C'était une bonne sortie où les odeurs fortes du fleuve et du poisson s'alliaient aux plaisanteries et aux quolibets des pêcheurs. Ceux-ci, les "tressonnaires" étaient de drôles d'hommes recrutés pour la saison sur les quais de Bordeaux : anciens prisonniers de droit commun, dockers ou marins épisodiques, qui avaient en commun un goût immodéré pour le vin rouge et les bagarres. Les gendarmes venaient souvent les voir dans la grange où ils dormaient à la paille. (…)
Vers les années 1930, on tourna un film sur les bords de la Garonne :" Les Bateliers de la Volga". Les tressonnaïres, convenablement vêtus de haillons, figurèrent les fameux bateliers qui chantaient une lente et nostalgique complainte en tirant dans la vase et les roseaux un lourd bateau " Ho - ho hisse ---- ho ! " Il y eut beaucoup de curieux pour cet événement qui resta longtemps dans la mémoire des contemporains !

 

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