Les Bornes dites « de Montesquieu » à Martillac
Extrait du Journal de la Promenade avril 2002
voir aussi une anecdote par Louis Desgraves
voir aussi diversité des domaines de Montesquieu
Peut-être avez vous remarqué en traversant la commune de Martillac, la présence de bornes en pierre dressées au bord d’anciens chemins ou en pleine lande. Les Martillacais les désignent par le vocable de:
« Bornes de Montesquieu ».
Charles de Secondat, écrivain et philosophe, connu sous le nom de Montesquieu (1689-1755), originaire de La Brède, possédait entre autres titres ceux de Seigneur de Montesquieu et de Baron de La Brède.Ces titres honorifiques correspondaient en fait a une réalité foncière.
Rappelons avant tout ce qu’était une seigneurie et une baronnie au 16ème et au 17ème siècle : le mot « seigneurie » désignait une propriété composée d’un domaine foncier ou « terre » et d’un « fief » qui n’appartenaient pas forcement à la même personne (noble ou roturier). Le fief était un ensemble complexe de droits sur les hommes et la terre, en particulier le droit de justice (haut, moyenne ou basse). Le droit de banalité était celui par lequel le seigneur pouvait contraindre ses sujets à utiliser, le four, le moulin et le pressoir banaux et se rétribuait en prélevant une partie des produits. Seigneurie et communauté paroissiale ne correspondaient pas toujours car le territoire d’une seigneurie pouvait être groupé ou éclaté géographiquement (du fait d’alliances successives depuis le moyen age). Une seigneurie pouvait donc recouvrir plusieurs paroisses et inversement, une paroisse pouvait avoir plusieurs seigneurs (c’est le cas de la paroisse de Martillac). Ceci explique pourquoi il est toujours difficile de nos jours d’énumérer de manière exhaustive les terres composants une seigneurie. Tout seigneur qui réunissait sous sa domination, les droits de justice de plusieurs paroisses ou terroirs, attachait, suivant un usage reçu, le titre de Baron à son nom. Le terme de Baronnie désignait les seigneuries et les terres d’un baron et prenait le nom de là ou il faisait sa résidence principale ( c’est le cas de la Baronnie de La Brède).
La Seigneurie de La Brède, partie de la Baronnie de Lalande créée par Jean de Bordeaux (appelé plus tard Jean de Lalande), s’étendait sur une partie des paroisses de Cadaujac, Villenave d’Ornon et la partie sud de celle de Martillac. La ville de Bordeaux avait acquis les terres du comté d’Ornon en 1409. Sur la commune de Léognan, Bordeaux possédait donc des terres contiguës à celles de Martillac dont Montesquieu avait hérité de ses ancêtres maternels Lalande.
Des recherches sur le terrain ont permis à ce jour de retrouver 18 bornes entre les communes actuelles de Saucats, La Brède, Léognan et Martillac (6 d’entre elles ne sont plus en place et/ou sont cassées en deux morceaux).
Nous n’évoquerons ici que les 10 bornes en relation avec Martillac : les bornes sont taillées dans un matériau classiquement utilisé dans la région: le « calcaire à Astéries ». Il s’agit d’un calcaire sableux d’origine marine, daté d’environ 30 millions d’années, riche en débris d’oursins et d’étoiles de mer.
Orientées dans l’espace, ces bornes possèdent 2 faces gravées d’un symbole ou d’un monogramme indiquant l’appartenance des terres vers lesquelles ces signes étaient tournés.
Les BORNES texte communiqué par Monique BRUT , membre de l'Académie Montesquieu
Extrait de Louis DESGRAVES -Pensées
Pensées- 1386
Inscription pour une pyramide que je veux faire élever aux confins de ma terre.
(remarque SIGM : Montesquieu l’a-t-il vraiment réalisée ? )
Première face (citation en latin)
« Ayant préservé les bornes de son domaine,
Et réprimé ceux qui cherchaient à s’agrandir,
Ce
Monument à l’équité du Sénat Français
Charles
L’a érigé en souvenir »
Deuxième face (citation en latin) :
"Que cette pierre se dresse ici
Jusqu’à ce que la Gironde refuse son flot
Au roi océan
et ses vins généreux aux Bretons."
Sur la troisième face (citation en latin) :
"Au dieu Terme
Au juge, à l’indicateur, au témoin
A celui qui pour toujours
Régit sur les frontières
Qui veille pour les dormeurs,
Un adepte du droit, ami de la paix
A consacré ceci. "
A l’occasion du procès intenté par Montesquieu, en qualité de seigneur de Martillac, contre la ville de Bordeaux, pour obtenir les limites de la seigneurie de Martillac et du Comté d’Ornon, un arrêt du parlement de Paris, 28 août 1743, donna gain de cause à Montesquieu.
Note de Louis Desgraves- Pensées- 1991
borne avec le L des Lalande (ancêtres de Montesquieu) d'un côté et le croissant du Comté d'Ornon de l'autre à Martillac, en face de la Technopole .