La "tisane de Richelieu"

La tisane de Richelieu par Florence Mothe

 

 

 

chai2

Le XVIII ° siècle est marqué à Bordeaux par la jonction d’une extraordinaire expansion économique, d’une forte poussée démographique, et la présence simultanée d’hommes de courage et d’esprit. Ceux-ci sont rassemblés au parlement de Guyenne et figurent parmi les membres de l’Académie des Sciences, Belles lettres et Arts de Bordeaux, compagnie fondée par Antoine-Alexandre de Gasq et son ami Montesquieu.

 Les deux vignerons voisins de la région des Graves, Gasq et Montesquieu, sont animés de cette fièvre de planter qui attirera les foudres du pouvoir central dès 1730.

Les intendants successifs redoutent en effet que la mutation des terres céréalières en vignobles pérennes ne cause une disette de grains, pouvant déclancher les révoltes telles que le règne de Louis XIV en a souvent connues.

Montesquieu, ancêtre des physiocrates, proclame qu’ « il vaut mieux produire du bon blé en Beauce, et du bon vin à Bordeaux, pour que les Bordelais puissent manger du bon pain, et que les Beaucerons puissent agréablement étancher leur soif ». La formule du vigneron n’a pas l’heur de plaire aux Intendants, qui feront arracher, à plusieurs reprises, par les dragons, les vignes nouvellement plantées. Finalement, Louis XV tranchera en faveur de Montesquieu et des vignerons, grâce à l’entremise de son surintendant des Menus Plaisirs, le Maréchal Duc de Richelieu, qui cumule cette fonction avec celle de Gouverneur militaire de Guyenne.

 C’est ainsi que le vin des Graves, c’est à dire celui de Bordeaux, sera baptisé à Versailles

« la tisane de Richelieu », car le vieux libertin professe qu’il lui doit son inlassable verdeur.

 Durant tout le XVIII ° siècle, l’Etat ne cessera de légiférer sur les vins. L’arrêt du 5 juin 1731, portant «l’interdiction de plantations nouvelles dans toute l’étendue du royaume, sous peine de 50 livres d’amende » sera abrogé par Trudaine en 1759, soit 4 ans après la mort de Montesquieu.

 

Florence Mothe est propriétaire à Portets ( Gironde) des châteaux Mongenan et Lagueloup

Monument Historique ouvert à la visite ( éléments protégés : parc ; jardin ; logis ; dépendance ; porcherie ; jardin botanique ; décor intérieur ) ; label Jardins Remarquables ; Musée du 18ème siècle

05 56 67 13 90 chateau.mongernan@free.fr 2-4 rue de la liberté 33640 Portets

www.chateaumongenan.com

 

 

S'inscrire à la newsletter Patrimoine *