arbre généalogique simplifié d'après J Pol PUISNE à télécharger
ci contre Alexandre de Montesquieu à La Brède (on le rencontre dans son bar à vins "l'Esprit des Vins" ) et Madame Jacqueline de Chabannes lors d'une cérémonie officielle en 2005, avant son décès .
PARLEZ MOI de " la biographie de Montesquieu"
(18 janvier 1689 - 10 février 1755)
Bibliographie :
Textes et citations sont extraits des ouvrages suivants :
Pierre Barrière : un grand provincial , ed Delmas 1946
Jean Marie Eylaud : les Secondat , ed Ferret
Montesquieu , : pensées et spicilège , ed Desgraves
Leo Drouyn : album 8
Perceval : Montesquieu et la vigne
Baurein : variétés bordelaises
Relecture en 2021 par Mme Catherine Volpilhac-Auger, professeur de littérature française à l'ENS de Lyon, membre du laboratoire IHRIM, présidente de la société Montesquieu, codirige depuis 1998 l'édition des Œuvres complètes de Montesquieu.
Quelques inexactitudes semblent s'être glissées dans ce texte et quelques explications semblent nécessaires .
* En préambule, il disait dans « Mémoire de ma vie » :
« Quoi que ce soit une sotte chose que de commencer par la généalogie, il est bon d’en donner quelques connaissances . »
Phrase exacte : Quoi que ce soit une sotte chose que de commencer par la généalogie, il est bon d’en donner quelques connaissances
* Montesquieu est issu d’une famille terrienne, qui de l’Agenais au Bordelais, a pu accéder à des charges importantes et constituer un patrimoine dont la seigneurie de La Brède deviendra à la fin de XVII° siècle le joyau et le symbole .
Joyau et symbole ? certes mais dans ce "Mémoire de ma vie" il ne parle justement que des possessions de sa lignée paternelle; certes son attachement à La Brède n'est pas contestable; mais son attachement à ses racines agenaises, d'où vient son nom de Montesquieu, ne peut être passé sous silence.
Montesquieu est connu surtout comme auteur des Lettres Persanes et de l’Esprit des Lois
1) Question : Montesquieu, c’est donc son nom de plume ? son patronyme ?
Réponse : Non, son nom de naissance est Charles Louis de Secondat, mais voici le nom et les titres du personnage, tel qu'on le présente :
« Président Charles Louis de Secondat, baron de La Brède et de Montesquieu » .
Président est un titre, non un nom; "baron" est aussi un titre, mais fait partie de son identité.
2) Question : comment est-il devenu baron, par achat des terres ? par héritage ?
Réponse : par héritage
3) Question : Pourquoi dit-on baron de La Brède et de Montesquieu et non l’inverse ?
Pour respecter l’ordre alphabétique ?
Réponse : non, pour respecter l’ordre chronologique, car il est devenu baron de La Brède en 1713 à la mort de son père avant de devenir baron de Montesquieu à la mort de son oncle en1716.
4) Question : en 1685 révocation de l’Edit de Nantes . Montesquieu a vécu dans la tourmente des querelles entre catholiques et protestants. Dans sa famille était-on plutôt catholique ?
plutôt protestant ?
Réponse : les 2 !
Eléments d’histoire : En 1130, les ancêtres de Montesquieu, seigneurs de Lalande, s’étant distingués au cours de la Guerre de Cent ans, la terre de La Brède a été élevée en baronnie. En 1686, Marie Françoise de Pesnel, apporte cette seigneurie en dot à Jacques de Secondat ; de leur union naît Charles Louis …En 1713, celui-ci, à 24 ans, devient baron de La Brède, à la mort de son père ; il avait déjà perdu sa mère, à l’âge de 7 ans, lors de la naissance de sa sœur.
Quant aux Secondat, ses ancêtres côté paternel, ils ont largement suivi la cause des rois de Navarre (protestants) et embrassé la foi réformée. C’est ainsi qu’en 1561, la terre de Montesquieu, modeste fief situé près d’Agen est donnée à Jean II de Secondat ; on fréquente la cour littéraire de Marguerite de Navarre, où se pratiquent les 2 cultes, dans un esprit de tolérance proche de Montaigne. En 1606, cette terre est élevée en baronnie par Henri IV, en faveur de Jacques II, pour services rendus.
"Famille protestante": certainement pas, depuis plusieurs générations. L'hypothèse n'a même jamais été agitée au XXe siècle; les sources du Quiz semblent plutôt dater du XIXe.
En 1716, Jean Baptiste de Secondat, perd son fils unique ; les 3 frères et une sœur étant rentrés dans les ordres, c’est Charles Louis qui se voit léguer les biens de cet oncle, à savoir la baronnie de Montesquieu et la charge de Président à mortier. 3 mois après le testament, l’oncle meurt. En 1716, Montesquieu a 27 ans .
Cette même année voit la naissance à Martillac, à Rochemorin (à verifier) de son premier enfant, un fils prénommé Jean Baptiste comme l’oncle décédé .
Ce fils est mort bien plus tôt, sans doute au berceau; Montesquieu a toujours su qu'il hériterait de son oncle.
Montesquieu a bien été baptisé catholique en l’église de La Brède, en 1689. Il a épousé Jeanne de Lartigue, une protestante en 1715 .
En 1789, le fief de Montesquieu a été enlevé à la famille .
Faut-il rappeler la nuit du 4 août? la Révolution française? La famille de Montesquieu a connu le même sort que toutes les familles nobles, ni plus ni moins.
5) Où est-il enterré ?
Question : à La Brède ? à Paris ? à Bordeaux ?
Réponse : on ne sait pas ; décédé le 10 février 1755, d’une pneumonie vraisemblablement, enterré dans un couvent (Eglise Saint Sulpice ? ) son corps a disparu durant la révolution de 1789.
L'église Saint-Sulpice est une église paroissiale; Montesquieu a été enterré dans une chapelle de cette église
6) Question : à sa mort, il était handicapé¸ il était sourd ? aveugle ? paralysé ?
Réponse : à 45 ans , il avait été atteint de cataracte et se trouvait quasiment aveugle au moment de sa mort (un point commun avec son amie Madame Du Deffand)
Il a eu une cataracte à 58 ans, et n'a jamais été aveugle.
7) Montesquieu et les femmes de sa vie ?
Question : combien de fois a-t-il été marié ?
Réponse : une seule fois en 1715, avec Jeanne de Lartigue qui lui apporte une dot de 100000 livres, de l'argent et non des ouvrages, comme cela a été évoqué parfois . On lui connaît aussi des fiançailles rompues en 1715 avec une certaine Germaine Denis .
Marguerite Denis, et non Germaine.
Une dot est constituée de terres ou d'argent (en l'occurrence sous forme de créances), et Montesquieu l'a épousée pour sa fortune, et d'autres qualités qui ne nous sont pas connues.
8) Question : Cette époque est celle des familles nombreuses.
Combien sa mère a-t-elle eu d’enfants ? 3-5-7 -9 ? que sont-ils devenus ?
Réponse 6 : elle est morte en mettant au monde la sixième ; Marie et Thérèse sont devenues religieuses, Joseph et Marie Anne décédés en bas âge, Charles Louis Joseph est devenu abbé doyen de Saint Seurin en 1725 .
9) Combien Montesquieu a-t-il eu d’enfants ? 3-5-7-9 ?
Réponse 3, tous nés à Martillac, domaine de Rochemorin (à verifier, car ce n'est pas prouvé pour Denise)
Jean Baptiste né en 1716, Marie née en 1717 et Denise, la préférée, dit-on, en 1727 .
Il disait (un brin machiste )
« J’ai assez aimé ma famille pour faire ce qui allait au bien dans les choses essentielles, mais je me suis affranchi des menus détails »
Dans ses rapports avec les femmes, on note une galanterie …de vigneron !
Il écrivait à Mme Dupin, en 1744,
« J’ai reçu une lettre aussi jolie que vous, Madame, je ferai avec exactitude votre commission sur le vin …. »
10) Sous quel signe, est-il né ? quelle est son influence zodiacale ?
Né le 18 janvier, c’est un capricorne …
Les capricornes , dit-on, s’extériorisent difficilement, sont maladroits pour exprimer leurs sentiments. Montesquieu était mondain par obligation et c'était le pilier de plusieurs salons parisiens; il s'y amusait beaucoup.
et il disait de lui-même : « la timidité a été le fléau de toute ma vie ; elle semblait obscurcir jusqu’à mes organes, lier ma langue, mettre un nuage sur mes pensées, déranger mes expressions . »
Les capricornes sont dit-on, persévérants, observateurs, aptes à toute recherche …
Toutes qualités de scientifique …
Montesquieu scientifique ? une passion qu’il a transmise à son fils, qui deviendra lui aussi membre de l’Académie de Bordeau.
On voit Montesquieu disséquer des chats (de ses voisins à Bordeaux) , observer et expérimenter sur oies et canards, traiter des fièvres et …des ivresses, utiliser un microscope pour étudier la semence humaine, s’étonner qu’il n’y ait pas plus de naissances gémellaires puisque las femmes ont 2 trompes, étudier les effets et causes du tonnerre, de l’écho…
Montesquieu Académicien ?
11) Question : dans quelle Académie a-t-il eu sa place ?
A l’Académie de Bordeaux (des Sciences, Belles Lettres et Arts)
A l’Académie Française ?
A l’Académie de Berlin ?
Réponse : oui pour les 3, respectivement en 1716, 1728, 1746.
12) Montesquieu et la ville : Où a-il vécu ?
A Paris ?
A Bordeaux ?
A la Brède ?
Réponse : on trouve sa trace à Bordeaux rue du Mirail et rue des Lauriers, à Paris rue Saint Dominique, mais c’est au château de La Brède qu’il semblait heureux de vivre .
C'est son père qui habitait rue des Lauriers; il a surtout habité chez son frère, collégiale Saint-Seurin.
Il disait « vous me parleriez de l’Europe, je vous parlerai de mon pays de La Brède »
Il disait aussi « je me fais une fête de vous mener à la campagne, où le vin est un excellent antidote contre la mélancolie »
Il disait « ce qui fait que j’aime être à La Brède, c’est qu’il me semble que mon argent est sous mes pieds »
13) Avons-nous une idée de sa fortune ?
De celle de sa femme ?
Montesquieu a vécu dans une certaine sécurité d’esprit et quiétude financière.
Il disait « je n’ai cessé d’augmenter mon bien, j’ai fait de grandes améliorations à mes terres …plutôt pour une certaine preuve d’habileté que pour devenir riche ".
Il fait des dépenses, en voyages , en bibliothèques, mais son épouse, austère calviniste, Jeanne de Lartigue ne l’incitait guère à des manifestations de luxe mondain.
On trouve peu de traces d’achats d’objets mobiliers, d’œuvres d’art ; il disait « il y a bien des gens qui ne regardent pour nécessaire que ce qui est superflu »
Il disait « en fait de parure, il faut toujours faire au dessous de ce qu’on peut ! »
Il n’hésitait pas non plus à accumuler dettes et emprunts afin de dissimuler sa fortune terrienne véritable, en montrant des embarras financiers.
On trouve trace chez les notaires d’un grand nombre de fermes, de biens détenus par achats, échanges .Quelques noms sont évocateurs pour les habitants de la baronnie : Tanticoste, Bel air, La Chichine, La Moulinasse, et à Saint Morillon Lusié et Calente .
Il disait : « je n’ai pas voulu faire ma fortune par les faveurs de la cour, mais bien en faisant valoir mes terres. »
14) Sur ses propriétés que produisait-on ?
C’est l’époque de la polyculture : vigne, tabac, blé, de l’élevage vaches et brebis, du jardinage : beaucoup de choux .
15) Montesquieu, vigneron et marchand de vin astucieux. Il aimait se préoccuper des soins à la vigne et au vin et en acquérir les connaissances techniques ; par exemple, contre la madérisation, il préconisait un mélange de lait, de sable, de sel ...Contre une fermentation intempestive, pas de bisulfite ! mais de l’orge ,du fenouil, du blé, du sel …le collage à la colle de poisson !
Montesquieu "marchand de vin" ? non, le commerce est interdit aux nobles sous peine de dérogeance. Il vend son vin, comme le blé ou le bois: cela constitue une partie de ses revenus. Cela ne s'appelle pas être marchand.
Question : Quel vin produisait-il ? de quelle qualité ? Du blanc ? du rouge ? un mélange de blanc et rouge ?
Réponse : oui c’était du claret, clairet, ou claré, un vin peu coloré provenant de la cuvaison de vendanges blanches et rouges mélangées (ceci n’est plus autorisé ! )
16) Où étaient ses vignobles ?
Dans le fief de Montesquieu qui produisait du vin pour fabrication d'eau de vie.
A Pessac près Haut Brion, acquis en 1726, de haute lutte . A Pessac près Haut Brion: il n'a pas eu le droit de planter en vignes.
Au château Raymond (Entre deux Mers).
A Baron, à Clairac, (origine de Jeanne de Lartigue) près de Tonneins, un genre chasselas.
Il produisait les vins les meilleurs et les plus réputés de la région des Graves sur laquelle il régnait en seigneur tout puissant. C’est à Rochemorin (Martillac) que Montesquieu confectionnait la plupart des vins qu’il exportait ou vendait sous l’appellation de « vin de La Brède », considérant que le titre de « baron de La Brède » était un meilleur support publicitaire que la dénomination « vin de Martillac" .
Appellation de « vin de La Brède »" ? je ne pense pas que la notion d'appellation avait cours à l'époque (c'est à vérifier); on donne le nom de la région ou du pays d'origine.
Il disait : « je ne sais si c’est mon vin qui a fait connaître l’Esprit des Lois …ou l’inverse … »
Il s’oppose violemment contre l’arrêt du Conseil sur la défense de faire des plantations nouvelles et aux arrêts de l’intendant Boucher concernant l’arrachage des vignes .
Ses méthodes de vente ?
Pas de courtier, pas de négociant, directement du producteur au consommateur .
Il est en relation avec des commerçants de Rotterdam dès 1720; l'Irlande est la plaque tournante du commerce de vin, notamment vers l'Angleterre; il passe évidemment par des courtiers, ou des négociants, sauf pour quelques personnages de ses amis ou haut placés à qui il l'envoie directement; encore cela doit-il passer par des intermédiaires (par ex. en Prusse).
Il écrivait à Lord Bulkeley : « je suis occupé à dépêcher mon vin dans le pays d’Irlande, aux habitants duquel je prie Dieu d’augmenter la soif ! »
Il écrivait à Mme de Mirepoix : « Vous pourriez passer en Angleterre en même temps que moi…nous y mettrons le vin de La Brède à la mode ; ce sera ma seule affaire et je m’en acquitterai bien. »
Fin du Quiz