Château de La Brède : extérieurs du parc, ménagerie, cascade sur le Brousteyrot, moulin de la Moulinasse, plan et commentaires d'après le compte-rendu de la Commission des Monuments historiques de Gironde en 1849

 Documents inédits

plan chateau frExtraits du  Journal de la Promenade cantonale du 21 septembre 2014.

par Piou Lacoste, architecte DPLG ,  et Françoise Delpech paléontologue, Directeur de Recherche honoraire au CNRS .

1) Historique succinct du château par Piou Lacoste, particularités, plan  et description . Extrait de l'album 8 des dessins de Léo Drouyn ( éditions Entre-Deux-Mers). 

2) la ménagerie

3) la cascade et le moulin

 

 

1) Historique succinct du château

drouyn commentaires NordCommentaires plan Drouyn : Document à télécharger

 A la fin du XIème siècle à l'époque où la légende attribue au seigneur de La Lande la fin du siège de Bordeaux par le seigneur de Navarre, il devait y avoir un château en bois sur une motte issue du creusement des fossés. D'ailleurs au XIIIème siècle Arnaud de La Lande transige avec Jean de Moras les eaux venant de son domaine pour remplir les fossés du château de la Brède. En 1285 on sait que Guillaume de La Lande accusé de meurtre est privé de son château qui est en partie détruit par le prévôt de l'Isle (Saint-Georges?). En 1285 le château est reconstruit. En 1306 le roi d'Angleterre autorise sa reconstruction, c'est certainement de cette époque que date la géométrie extérieure du château. Les 2 douves ne sont pas encore réunies, une troisième ceinturaient les deux autres; il y avait 5 ponts levis. En 1419 suite aux détériorations provoquées par l'artillerie française Jean de la Lande obtient l'autorisation de fortifier l'ouvrage. C'est peut-être de cette époque que date la grande tour dite le donjon. Puis au milieu du XVIème siècle, la guerre de 100 ans étant totalement oubliée, la forteresse se transforme en château d'agrément et les fenêtres à meneaux sont ouvertes; les différentes douves sont réunies en un grand lac cerné par un mur parapet, les ponts levis ne sont plus qu'au nombre de 3 comme les passerelles d'aujourd'hui.  C'est dans cet état que Montesquieu l'a connu. Il y aura fait peu de travaux, se consacrant plutôt au parc, aux jardins et à l'exploitation agricole en faisant construire sa ménagerie, la ferme actuelle que nous pouvons exceptionnellement visiter. Eu égard à la célébrité du grand philosophe sa descendance prit soin de pas modifier la plus part des pièces aujourd'hui ouvertes aux visiteurs en particulier la chambre de Montesquieu du RDC;  il en fut de même des extérieurs qui conservent encore aujourd'hui l'aspect d'un château médiéval. Au XIXème siècle plusieurs architectes connus (Duphot, Alaux et Abadie) se succèdent et modifient quelque peu les façades en re introduisant des éléments médiévaux (crénelage au nord est, fenêtres ogivales au sud ouest, mâchicoulis de chaque côté du donjon, chambranles en accolade sur certaines fenêtres...). Depuis, en dehors de l'entretien des couvertures rien n'a été modifié, la lézarde qui zèbre le donjon et déjà signalée au XIXème siècle est toujours là.

Particularités

Le château a un périmètre presque circulaire, en fait un polygone de 16 ou 17 côtés selon le point de départ. Les carpes du château de La Brède ont elles inspiré Aldous Huxley pour la préparation du Soma dans son roman malheureusement visionnaire le « Meilleur des Mondes »? Ne ratez pas le cadran solaire au nord du château en face du long tapis vert qui court jusqu'au lavoir des Graves

Système d'accès décrit par Sophie von la Roche lors de sa visite de 1785 ? il fallut passer sur  une planche posée sur deux poutres entre  lesquelles on voit l'eau des douves trois étages plus bas La grande tour contient deux pièces rénovées au XIXème et jamais occupées, puis une échelle mène au comble où le chemin de ronde est entièrement accessible. Faits remarquables: les murs du chemin sont garnis de grafitis pour certains très anciens et d'autres très récents.Enfin une cloche d'alarme, fondue par Jean-Baptiste de Secondat, le fils de Montesquieu et sa femme Catherine est toujours en place. Aujourd'hui cette cour intérieure a été réduite à la portion congrue suite aux travaux d'aménagements intérieurs d’Abadie Derrière la façade ouest se situent les appartements privés des descendants de Montesquieu Au premier étage  à côté de la bibliothèque se trouvait la chambre de Montesquieu jeune.

PLAN ET DESCRIPTION DE LEO DROUYN

au rez de chaussée

A= porte ogivale

B= cour irrégulière

CetD= tours postérieures au XIVème siècle

EàF= premier accès à la cour intérieure

GàK= grande cour intérieure avec puits

H= grande salle basse du RDC

I= cuisines

OPQR= logements de garnison au moyen âge

S= tour saillante pour défendre la cour

GK et accéder aux étages

LM= mur bâti au XVème siècle a= vestibule, b=bucher, c=caveau d= salle à manger, O= chambre à coucher avec échauguette

P= chambre RDC du grand Montesquieu

Q= salon

R= chambre à coucher

g= chambre de bains

à l'étage

HH= grande bibliothèque (ancienne "aula" et certainement le donjon initial) K= chapelleHistorique succinct du château par Piou Lacoste, particularités, plan  et description . Extrait de l'album 8 des dessins de Léo Drouyn ( éditions Entre-Deux-Mers). Extrait du  Journal de la Promenade cantonale du 21 septembre, à demander à SIGM ( 3 euros ; 28 pages)

Commentaires plan Drouyn ci dessus : Document à télécharger

 

La ménagerie

 par Piou LACOSTE

 Au XVIIème siècle « ménagerie » signifiait  le lieu qui renferme tout ce qui appartient à la vie d'une ferme (ménage est pris dans le sens de « bonne gestion »). Monique Brut, biographe de Montesquieu, nous dit que c’est suite à la vente définitive de sa charge de président à mortier que Montesquieu a fait construire cette ferme modèle pour satisfaire les goûts de son fils Jean-Baptiste pour les choses de la nature. Il semble que la construction fut achevée vers 1750. Par la suite cette ferme a été longtemps habitée par un personnel important et depuis 264 ans quelques modifications ont été réalisées. En faisant le tour devant les façades du bâtiment, du nord est au sud-ouest, nous pouvons observer :

- Le poulailler  tout en élévation avec son barreaudage sur diagonale. Repérez au bas du mur gauche les clapiers dans le mur au ras du sol et les mêmes niches en hauteur pour les pigeons. Ici pour la désinfection tous les bois sont chaulés.

- Portes et fenêtres nous sommes devant des logements, avec 3 chambres à l’étage.

- Les écuries  où depuis la porte ouverte nous voyons un plafond plâtré et lambrissé au-dessus des mangeoires et chose étonnante une trappe ovale donne dans le fenil. Ces écuries ont été luxueuses.

- En retour, les étables et les remises. Puis au centre de cette aile il y a ce double portail en lieu et place d’une grande arcature dont nous percevons encore la trace. Derrière il existe une vaste cour  arrière qui ne nous est pas accessible, dans cette cour un vaste bassin maçonné avec une rampe d’accès servait soit de pédiluve aux chevaux soit de lieu de stockage des fumiers. Puis nous abordons le côté production agricole avec les pièces vinaires, le cuvier avec ses 3 fenêtres surbaissées à anse de panier pour recevoir la vendange. A l’angle des deux ailes remarquez cette  curieuse ouverture à l’étage qui donne sur la partie arrière des bâtiments. Puis les ouvertures nous parlent de la fonction : à l’étage les granges et au rez-de-chaussée le chai. Puis comme dans l’aile d’en face des logements au rez-de-chaussée avec chambres à l’étage.

- Contigüe aux logements, et visible depuis les ouvertures sur la façade la cuisine fermière avec à gauche la chaudière pour la soupe des cochons, le four à pain, la cheminée et en face la buanderie avec ces étonnantes cuves en pierre pour la bugade . Notre étonnement continue avec la rampe d’accès à l’étage qui monte au-dessus du four ? Personne jusqu’ici ne sait pourquoi une rampe aussi imposante a été réalisée alors qu’elle ne conduisait apparemment qu’à des chambres au-dessus de la buanderie… Enfin en bout de l’aile sud un hangar remise d’où nous pouvons admirer l’enrayure de charpente avec ses deux arêtiers qui partent du pan coupé.  Sur la face de la clôture qui n’existait pas du temps de Montesquieu.

- un parc à cochons certainement XIXème vient d’être rénové par Dominique Haverlan qui  exploite les jeunes vignes du château de La Brède et réhabilite en château viticole  la moitié sud de la ménagerie. Bien sûr au centre de la cour vous aurez repéré le puits du XVIIIème et ses abreuvoirs du XIXème siècle et, au pied d’un des très vieux muriers plantés par Jean-Baptiste le fils de Montesquieu un regard de collecte des eaux pluviales, sa grille en quart de cercle et une pierre dressée, certainement support d’une pompe. Vous vous demanderez peut être pourquoi cet édifice est couvert en tuiles mécaniques dites de Marseille ? Il est vraisemblable que les tuiles sur les deux ailes latérales devaient glisser eu égard à la forte pente des couvertures, pente due au fait que ces deux ailes sont beaucoup plus étroites que l’aile nord sud. Or la tuile mécanique sur liteaux apparue au milieu du XIXème siècle est parfaitement adaptée à ce type de pentes.

 

 

La cascade sur le Brousteyrot et le moulin de la Moulinasse par Françoise et Philippe Delpech

On voit aujourd'hui, sur le site de "La Moulinasse", une maison de style fin XIXème et des communs qui lui sont associés. À proximité, les eaux du Brousteyrot tombent d'un banc rocheux en une pittoresque cascade. Mais point de moulin malgré l'intérêt évident de cette chute d'eau pour ce genre d'établissement. Si l'on remonte dans le temps, le cadastre de 1847 nous montre un état des lieux assez proche de ce qui existe aujourd'hui sauf le bâtiment de communs qui n'existait pas. Sur le cadastre de 1811, deux bras du ruisseau sont visibles au niveau de la maison mais toujours rien n'indique un moulin. Plus avant dans le temps, le plan du parc du château établi pour Jean-Baptiste de Secondat (levée de 1758) révèle sur le site des aménagements aujourd'hui disparus : vivier, réservoir, dérivation, le tout impliquant des aménagements en pierre conséquents. On observe aussi que le plan représentant la "maison de la Moulinasse" n'est pas celui de la maison actuelle ; à part cela, toujours pas de mention d'un moulin.

Il nous faut remonter en 1722 pour trouver une preuve de l'existence d'un moulin en ce lieu. Il s'agit d'un acte d'échange entre "Marguerite Pibereau, veuve de Laurent Augey meusnier et Jean Augey l'aisné" [---] propriétaire du moulin du Batan"(aujourd'hui moulin d'Augey) et Charles Louis de Secondat : contre des parcelles de bois taillis et vigne, Montesquieu acquiert "un moulin à eau moullant a une meulle, un four atenant, une maison séparée du dit moullin Le tout baty de pierre et couvert de tuiles crux, gourgue cours d'eau defuite, jardin en friche terre bois taillis et coudrae [---] dans la ditte paroisse de Labrède au lieu appellé le petit moullin autrement La Moulinasse [---] le tout avait été baillé a titre de fief nouveau audit feu Laurent Augey par feu Messire Jacques de Secondat [---] par contrat de Baillette du septieme septembre mil sept cent" (in Terrier de la baronnie de La Brède 1705-1722, Ms conservé à la Bibliothèque municipale de Bordeaux, p. 1430-1432). Le moulin existait donc bien au début du 18èmeS mais, actuellement, nous n'en savons pas plus sur son origine que sur la date et les raisons de sa disparition.

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