La parole à Willy Schraen, président de la Fédération nationale des chasseurs
La propriété privée victime d’une OPA écologique…Extrait de Propriété privée rurale n° 467 page 11-janvier février 2021
"Lors du lancement de mon livre « Un chasseur en campagne » j’ai répondu à de nombreuses interviews. J’étais frappé de constater que la plupart de mes interlocuteurs pensent que la nature appartient à tout le monde ! La notion de propriété privée ne s’applique donc pas à l’espace forestier ou agricole dans l’esprit collectif. C’est une approche dangereuse qu’il faut combattre rapidement.
Pourtant, les chiffres parlent d’eux-mêmes. 85 % de la forêt est du domaine privé sans compter les champs qui sont la propriété de ceux qui les cultivent ou les font cultiver. Cette réalité semble avoir était oubliée par de nombreux Français.
La cohabitation entre les différents usagers de la nature se passait jusqu’alors plutôt bien, mais le dogmatisme écologique sème actuellement les graines de puissants conflits entre propriétaires et utilisateurs de la nature. Chacun ressent dans les terroirs ce sentiment d’impunité collective, qui gagne chaque jour du terrain dans l’esprit des Français, judicieusement manipulés. Il y a encore quelques années, le fait de jouir de façon passagère du bien d’autrui, était un fonctionnement normal et parfaitement accepté par les deux parties, car les choses se faisaient dans un profond respect mutuel, avec à l’esprit pour les promeneurs, la perception de la notion de propriété privée.
Conflits systématiques
Depuis quelques temps et sous les coups de l’écologie politique et dogmatique, en s’appuyant sur le grossier mensonge d’un espace systématiquement public à travers le prisme de la biodiversité, les tensions sont plus que palpables et les conflits deviennent systématiques. Une des réactions logiques des propriétaires, initiée en premier lieu en Sologne, et de clore leur propriété, dans le but de retrouver une quiétude dans la jouissance de leur bien. Je ne peux me résoudre à cet engrillagement de la nature même si je suis particulièrement attaché à cette notion fondamentale de propriété privée. C’est pourquoi il nous faut rapidement retrouver le chemin du dialogue et une communication nationale en ce sens devrait s’envisager. Il y a urgence à recréer du lien entre les acteurs du monde rural et les utilisateurs de la nature. Ne transigeant pas sur ce que représente la ruralité et la propriété rurale privée dans ce pays. Et n’oublions pas non plus que les propriétaires privés peuvent s’opposer à la chasse sur leur terrain pour des convictions personnelles même si celui-ci figure dans le territoire de l’ ACCA (association communale de chasse agréée). Cette association possède les droits de chasse afférents aux terrains inclus dans le territoire de l’association. Ce respect du droit de la propriété est fondamental. Et il est respectable !
Respect du droit de la propriété
Mais, le conflit sur le droit de propriété n’est qu’une partie de la fracture idéologique que connaît la France depuis quelques années. D’autres initiatives comme le RIP (référendum d’initiative partagée) sous couvert de maltraitance animale, menées par des grands patrons de l’économie « irréelle » ou virtuelle ne vont sûrement pas contribuer à apaiser ces deux mondes , qui ont de plus en plus de mal à se comprendre et à s’accepter. Vouloir interdire des pratiques légales comme la chasse ou l’élevage a des gens qui ont choisi ce mode de vie comme on entre en religion, vient de donner le vrai départ d’un combat à mort, dont l’objet sera les traditions françaises et les libertés individuelles.
La notion utopique de maltraitance animale devient, au même titre que de nombreux autres arguments totalement déconnectés de la réalité de la nature et des échanges entre les hommes et les animaux, une nouvelle arme de déstabilisation psychologique de notre société actuelle, exacerbant l’empathie et l’humanisme autant que besoin. La ruralité mérite que l’on s’y intéresse autrement qu’au travers le prisme d’une politique française des territoires faites par les gens des villes pour les gens des villes.
Le rôle de la chasse sur les territoires ruraux est primordial. Nous sommes au service de la nature et les protecteurs de ses écosystèmes. Ce sont près de 3 milliards d’euros que les chasseurs apportent par leurs actions concrètes écosystémiques aux territoires, une fois le fusil posé. Ces 3 milliards, c’est notre contribution à notre bien commun sans délimitation de parcelles ou de territoires, mais c’est aussi la garantie que la ruralité et ses activités ne sont en rien des freins au maintien d’une nature accueillante et préservée par l’action de ceux qui la vivent depuis toujours.
Signé Willy Schraen, président de la Fédération nationale des chasseurs
Propriété privée rurale n° 467 page 11-janvier février 2021
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