Photocopie des 13 Journaux pour 10 euros ... environ 200 pages en noir et blanc ( prix initial de chaque journal : 2,5 euros ou 3 euros selon l'année )
Chaque année depuis 1998, jusqu'en 2014 , SIGM a proposé des circuits de promenade pédestre à travers les treize communes du canton de La Brède, un dimanche d'avril ( septembre en 2007 et 2009) . Différents départs étaient prévus depuis 12 communes , avec arrivée sur la treizième, chaque année différente, avec visites organisées . Des chefs de groupe bien identifiés encadraient les marcheurs qui étaient munis de cartes IGN éditées dans le Journal .( avec autorisations)
Il s'agit de découvertes d'un patrimoine de proximité , dans le domaine public , et pour le domaine privé , s'ouvrant au public, parfois pour cette seule et unique occasion.
- Une dégustation de vins de graves était offerte par les viticulteurs du canton , dans des verres sérigraphiés par le Conseil des vins de Graves offerts pour l'occasion . ( il en reste encore quelques uns à vendre en 2021 ! ).
Un journal sur le patrimoine traversé a été édité chaque année , photocopie des treize sur demande -
ci contre 3 adhérents du SIGM " inventeurs de la promenade cantonale" Philippe Delpech, Piou Lacoste et Bernard Fath , conseiller général , commentent le patrimoine traversé.
splendide gâteau pour la 10 ° promenade ( vers Saucats aérodrome ) -
Ci dessous textes PATRIMOINE des contenus des journaux - sans photos - sans cartes des circuits
écrits par S I G M - par ordre alphabétique des 13 communes -
recopiage en 2021 avec quelques correctifs - liste ci contre des dates et communes de destination -
pas de journal pour la première promenade en 1998 vers Castres Gironde - dernier journal en 2014 vers La Brède-
AYGUEMORTE LES GRAVES (6ème promenade, Avril 2003)
BEAUTIRAN ( 8° promenade , 2005 )
BOCAGE DES BORDS de GARONNE ( 11° promenade -Avril 2010 )
CABANAC et VILLAGRAINS (4ème Promenade, Avril 2001)
CADAUJAC ( 10 ° promenade -Avril 2009 )
CASTRES- (1° promenade -avril 1998) - il n'a pas été édité de journal
ISLE Saint GEORGES ( 12° promenade avril 2011)
La BREDE ( 14° promenade , avril 2014)
LEOGNAN (2ème Promenade, Avril 1999)
MARTILLAC ( 5 ème promenade- Avril 2002)
SAINT MEDARD D’EYRANS (3ème Promenade, Avril 2000)
SAINT MORILLON ( 9° promenade , avril et septembre 2006)
SAINT SELVE ( 13° promenade, avril 2012 )
SAUCATS ( 6° promenade , avril 2004 )
SAUCATS AERODROME ( 10 ° promenade , avril 2007 )
Aérodrome Bordeaux - Léognan - Saucats
1949—2007
Sur le territoire de la Communauté de communes de Montesquieu, l’aérodrome de Bordeaux-Léognan-Saucats constitue un pôle d’activités essentiellement voué aux sports aériens.
En 1949, Jean Chambon achète un terrain de 50 hectares, à titre privé pour y construire un aérodrome.
Marcelle Choisnet se pose en planeur à l’issue d’un vol qui fera d’elle la championne du monde de distance.
A la fin des années 50, l’Etat devient propriétaire de l’aérodrome.
La piste est achevée en 1951
Elle est restée pendant des années en herbe, orientée en fonction des vents dominants. L’hiver, elle était souvent inondée. Ce qui explique le nom de la revue de l’aéro-club « la Flaque ».
Dans les années 60, le restaurant les Ailes voit le jour grâce à Albert Nadau.
L’aérodrome est ouvert à la circulation aérienne publique par arrêté du 23 novembre 1962. Il n’est utilisable que par les aéronefs équipés de radio et uniquement de jour.
La plate-forme de Bordeaux- Léognan a été installée suite au déplacement de l’aérodrome Blériot à Bègles, à cause du tracé de la future rocade. Il était implanté contre la Garonne sur le site actuel du centre commercial Rives d’Arcins.
En 1985, la piste en dur remplace la piste en herbe, qui permet son utilisation toute l’année.
Implanté sur les communes de Léognan (95%), Martillac et Saucats depuis 1953, il rassemble l’essentiel de la pratique des sports aériens dans l’agglomération bordelaise et ses environs.
Avec 50 000 mouvements annuels, il se place dans les cinq premiers du Grand Sud-Ouest.
Le parc des avions et hélicoptères basés représente 47 appareils, auxquels s’ajoutent 20 planeurs de performance. Plus de 700 usagers participent aux activités de ce site.
On y pratique l’aéromodélisme, l’ULM, le vol à voile, le vol moteur avec ses différentes composantes : formation, tourisme aérien, voltige, construction amateur, travail
aérien (photo aérienne, publicité, remorquage de banderoles).
En 2007, la gestion de l’aérodrome est confiée à la Communauté de communes de Montesquieu.
Avec ses deux pistes (herbe et goudronnée) de 800 mètres, son aire aménagée pour le vol des modèles réduits, des différents hangars, l’aérodrome de Bordeaux-Léognan-Saucats est adapté aux activités sportives qui s’y déroulent.
Le CABLS (Centre aéronautique Bordeaux-Léognan-Saucats) représente la quasi-totalité des activités de l’aérodrome auprès des pouvoirs publics.
Un atout pour la Communauté de communes de Montesquieu
Cet aérodrome constitue un équipement structurant pour la Communauté de communes de Montesquieu grâce à ses activités et participe à l’image du territoire grâce à son rayonnement qui dépasse largement le canton.
En outre, son emprise foncière, située dans un ensemble plus vaste composé de la technopole Montesquieu, de la zone d’activités des Pins-Verts et de la ZAD de l’aérodrome à vocation d’accueil d’activités, laisse entrevoir des perspectives de développement économique périphériques à l’activité aéronautique.
Il contribue à la promotion du site, anime la communication interne et gère les moyens communs nécessaires à l’aéronautique et à la présence des usagers : distribution du carburant, restaurant, suivi des infrastructures, propositions d’aménagements. source CCM
À propos d’ un aérodrome:
Les pistes sont normalement orientées dans le sens des vents dominants, de manière à faire profiter les avions des courants aériens, qui vont faciliter le décollage et améliorer le freinage lors de l'atterrissage, les avions se présentant toujours face au vent.
Un aérodrome comprend éventuellement des bâtiments, des installations et des matériels :
La tour de contrôle ou la Vigie: qui n’existe pas à Léognan.
La piste: est une bande de terre sur laquelle les avions peuvent atterrir ou décoller. Les pistes peuvent être e béton, en asphalte, en herbe ou juste en terre.
Le taxiway (voie de circulation) : une voie délimitée et aménagée prévue pour que les avions puissent y circuler par leurs propres moyens depuis ou vers les terminaux, hangars ou pistes de décollage et d’atterrissage. Ces voies sont souvent construites en dur (asphalte ou béton) pour les grands aéroports, mais sont souvent faite de terre nue ou couverte d'herbe, pour les aéroports de moindre importance.
L'aire à signaux.
La manche à air :est un dispositif destiné à indiquer non seulement la direction du vent, mais aussi — contrairement à la girouette — une estimation de sa vitesse.
Les balises.
L'aire de trafic (de stationnement)
Organisation de l’aérodrome
Les pistes d'un aérodrome sont identifiées par leur numéro. Ces numéros sont choisis en prenant leur orientation par rapport au nord magnétique en degrés que l'on divise par 10 et que l'on arrondit au nombre entier le plus proche. Par exemple, la piste 26 à Orly est orientée à 256° par rapport au nord magnétique. La piste 08 est constituée par la même surface mais prise dans l'autre sens - orientée bien évidemment à 076°.
Les pistes pour avions légers font en général 600 à 1000 m de long pour 25 à 45 m de large. Celles des grands aéroports avec un trafic d'avions de ligne important sont de l'ordre de 3000 m de long pour 60 m de large.
Le contrôle d'aérodrome
Est le service du contrôle de la circulation aérienne pour la circulation d'aérodrome : l'ensemble de la circulation des aéronefs et des véhicules sur l'aire de manœuvre d'un aérodrome et des aéronefs qui se trouvent dans le ou les circuits d'aérodrome, qui y pénètrent ou qui en sortent
Les deux aéroclubs principaux sont :
L’aéroclub de Bordeaux qui possèdent 7- 8 avions dont un voltige (CAP 10).
L’aéroclub Dassault qui possèdent 6- 7 avions.
Il y a aussi plusieurs particuliers qui ont leurs propres avions.
Le plus grand des hangars sert aux deux aéroclubs.
Entretien de l’avion
La visite de pré-vol par le pilote : vérifie si tout fonctionne à l’extérieur et à l’intérieur.
La check-list : contrôle si dans ce qu’il vient de vérifier il n’a rien oublié.
Visite de l’avion tout les 25h/ 50h/ 100h de vol par des mécaniciens.
Un avion en aéroclub vole 1 à 2 h par jour.
Sur l’aérodrome il n’y a pas d’aiguilleur du ciel, toutes les informations se font en l’air par fréquence radio.
La procédure de décollage
• 1° appel radio : le pilote donne le type d’appareil et l’immatriculation (5 lettres), puis il roule vers la piste.
• Il se met au bout du taxiway (entrée de piste).
• Il refait une nouvelle vérification avec le moteur chaud : point- fixe.
• Il annonce qu’il va s’aligner sur la piste pour décoller.
Il décolle (par exemple avec le Régent FGUXK).
• Si le pilote sort du périmètre de l’aérodrome il doit dire « sorti de zone ».
• Si le pilote fait des tours d’entraînement :décoller- atterrir plusieurs fois de suite en faisant le « touch and go ».
• Une fois qu'il a décollé, viré 2 fois à 90° et qu'il est à 1000 pieds,
il doit annoncer : "_XK en début de vent arrière_".
• Il annonce que son avion (XXXXX) en alphabet international vol le numéro (XX) de la piste.
• Lorsqu'il est au milieu de la piste, il annonce : "_XK en vent arrière"...
...et quand il est aligné à la piste, avant d'atterrir : "_XK en finale".
Pour les annonces suivantes, elles doivent toujours être précédées de :
XK... en alphabet international, l'immatriculation complète de son
avion se dit : Fox Golf Uniforme Xrai Kilo._
• Une fois à 1000 pied de hauteur, il s’annonce en « vent arrière » une fois qu’il au milieu de la piste.
Il s’annonce en « dernier virage » lorsqu’il s’aligne sur la piste… ...et « final » quand il atterrit.
• Celui qui atterrit est prioritaire. Quand il quitte la piste il annonce « XXXX piste dégagée ».
Il revient alors par le taxiway, avant de couper le contact il dit « je quitte la fréquence ».
Pour voler à l’étranger
Qualification Radio International (QRI) pour les professionnels.
Qualification Radio Restreinte International (QRRI) pour les amateurs.
La formation
Brevet théorique : questions : - de 10% de fautes.
Pilote avec un moniteur : 25h minimum en double pilotage.
Laché en « solo » 15h minimum
Un souvenir d’aéroclub : Un convoyage un peu long !
NDRL:
Le rédacteur de cet article a souhaité conserver l’anonymat, bien que bénévole très engagé au sein du SIGM… tout comme l’est son épouse… ce qui permet d’ajouter une conclusion à sa conclusion… « comme quoi voler dans le ciel … et convoler vers le septième ciel, est une manière d’embrasser le patrimoine des Graves Montesquieu...
En août 1962, le Général G, ancien compagnon de Saint Exupéry sur Lightning, membre de la section militaire de l’aéro club d’Arcachon, envoie un message au commandant d'escadron du 1/92 pour lui demander de m'envoyer chercher à Saint-Cyr-l'École, un Tiger-Moth DH 82 remorqueur, le FBDOA pour son
Il faut un pilote remorqueur militaire, car les pleins seront réglés avec des bons modèle 19 employés l’armée .
Accompagné de M. G. , pilote de l'aéroclub d'Arcachon, et avec les fameux bons, je prends le train pour Paris, et arrivons dans la matinée au terrain.
L'avion est prêt. J'apprends qu'il est équipé d'une hélice de remorquage, je n'en avais jamais entendu parler. Le pas est nettement plus petit que celui d'une hélice ordinaire, et donc au régime moteur habituel, on vole beaucoup moins vite . On consomme donc davantage pour faire la même distance, comme si en voiture, on roulait en troisième au lieu de la sixième.
Autre problème, nous n'avons pas pensé à emporter de parachutes. Ce n'est nécessaire qu'en remorquage, mais le baquet de l'avion est conçu pour qu'un parachute siège s'encastre dedans et serve de coussin. Il faut donc des coussins. On ne veut pas nous en donner, et une fois assis dans le baquet, je ne vois plus rien à l'extérieur. On réussit enfin à obtenir un bout de toile et on fabrique un coussin en le bourrant d’herbe. Ce n’est pas terrible, mais mieux que rien. Quant à G. , il est assis devant , directement sur la tôle … La matinée est bien avancée ; il faut partir .
Je pose mon plan de vol et décolle .
Le vent est très fort et de face . Avec inquiétude je surveille la jauge du carburant . Elle descend vraiment vite et on avance peu ; elle indique que le réservoir de 60 litres est à moitié vide . Je décide de me poser à Blois pour refaire le plein. La jauge est pessimiste ; heureusement, je n'ai consommé que 20 litres ce qui est quand même beaucoup pour la distance parcourue .
Je vole le plus bas possible, le vent étant plus fort en altitude. Habitué aux vols en basse altitude sur avions à réaction, je m’imagine toujours plus loin et dois me résigner à voir les voitures me dépasser . Il faut encore se poser à Niort, la jauge étant au plus bas . J'ai beaucoup de mal à rouler au sol, l'avion n'ayant pas de freins a tendance à se mettre dans l'axe du vent! Le seul moyen d’aller droit est de donner de temps à autre un coup de gaz qui soulève légèrement la queue tout en braquant la gouverne de direction et reposer le patin arrière dans la bonne direction .
Je fais le plein, bien complet, on casse la croûte et roulage pour rejoindre la piste. Impossible de rouler dans la direction voulue, le vent a encore forci et le Tigre n'a pas de freins. En désespoir de cause, je laisse l'avion se mettre face au vent, pleins gaz et je décolle en quatre ou cinq mètres en travers du taxiway, tellement le vent est fort .
Je passe les commandes à G. qui ne voit rien dehors et qui n'a pas de compas. Régulièrement, je corrige la direction et assure la navigation. Enfin avant la tombée de la nuit, je me pose à Saucats ; il était temps, le directeur de l’aérodrome, Monsieur Laporte, figure historique du terrain, s'inquiétait , ainsi que le moniteur.
Cinq heures 41 de vol pour faire 510 km. Moins de 90 km/h alors que le Tigre vole à 135 normalement. Deux ans après, en juillet 1964, ce remorqueur aura un accident et brûlera à Arcachon.
En guise de conclusion, … l’aéroclub fut le point de départ de nombreuses idylles .
C’est sur ce terrain de Saucats que je fis la connaissance de N. membre du club; nous nous sommes mariés un peu après que P. jeune médecin militaire ait épousé OG , ingénieur chez Dassault , immédiatement imités par le président et une élève …
comme quoi voler dans le ciel n’est pas antinomique de convoler (en justes noces) vers le septième ciel !
le patrimoine de demain:
LA TECHNOPOLE de Montesquieu
Comme sortie de la forêt pour rencontrer les vignes, la Technopole de Bordeaux Montesquieu vit en symbiose avec la nature environnante.
C'est dans ce cadre privilégié que se côtoient trois mondes: celui de la sylviculture, de la viticulture et du développement technologique. Ce dernier a dû avancer à petits pas pour s'implanter. En effet, le projet de technopole de M. Jacques Valade, alors Président du Conseil Général de la Gironde et Secrétaire d'Etat à la recherche, avait été jugé trop ambitieux et ressenti comme une blessure faite aux terres viticoles d'appellation Pessac-Léognan. Ce projet prévoyait l'aménagement de 1200 ha.. Devant les difficultés rencontrées, cette superficie a été réduite à 300 puis à 165 ha..
Jusqu'en 2002, date de la création de la Communauté de Communes de Montesquieu, la Technopole fut gérée par un syndicat mixte.
A ce jour, la C.C.M., présidée par M. Christian Tamarelle, et l'association Bordeaux-Montesquieu, présidée par M. Jean Claverie, maire de Martillac, ont repris les missions du syndicat.
La C.C.M. assume la commercialisation des terrains et la gestion du site, l'association Bordeaux-Montesquieu prenant en charge le développement technologique et l'accompagnement des jeunes entreprises. Les entreprises confirmées (60) créent 500 emplois et 10 entreprises en pépinière font leurs premières armes bénéficiant d'une aide à tous les niveaux.
La technopole a trouvé ses marques: dédiée aux technologies de la communication et aux sciences du vivant, elle offre des partenariats avec les quatre universités de bordeaux et les laboratoires de recherche nationaux (E.N.S.E.R.M., C.N.R.S. et l'I.N.R.A). Elle fait partie avec Bx-UNITEC et Bx-TECHNOWEST des trois sites à la pointe du développement technologique.
Le Syndicat viticole de Pessac-Léognan a rejoint le Conseil d'Administration de l'Association Bordeaux Montesquieu.
La cohabitation "technologie, science, viticulture" est devenue possible, voire naturelle, peut-être parce que l'esprit du grand homme plane encore sur ces terres; n'était-il pas lui-même à la fois vigneron et membre de l'Académie des Sciences ?
Jeannie GRENIER (SIGM)
Rappel des articles du code forestier :
• Interdiction de circuler hors des voies ouvertes à la circulation.
• Interdiction d’allumer ou d’apporter du feu.
• Interdiction d’abandonner des déchets en forêt.
le patrimoine Nature, sa gestion:
ONF : OFFICE NATIONAL DES FORETS
L'Office National des Forêts est un établissement public placé sous la tutelle de l'Etat (ancienne Administration des Eaux et Forêts créée en 1291 par Philippe Le Bel).
L’Etat a confié à l'Office quatre grandes missions d'intérêt général :
• la protection du territoire par la gestion des risques naturels de la forêt par la création de réserves naturelles et biologique.
• la production en conjuguant les exigences économiques, écologiques et sociales
• l'accueil du public par les aménagement, l'information et la sensibilisation à l'environnement
• l'activité de "partenaire naturel" au service de tous les responsables de milieux naturels (au plan national et international).
L'ONF gère directement pour le compte de l'Etat et des Collectivités Locales plus de 12 millions d'hectares de forêts et d'espaces naturels d'une grande diversité.
Yves GILLY (RNG - SIGM)
NDLR:
L’ONF gère les parcelles traversées à la fin de la promenade, parcelles propriété du Conseil général et pour lesquelles a été demandée une AUTORISATION DE PASSAGE .
le patrimoine Nature, sa protection:
DFCI (DEFENSE DE LA FORET CONTRE L’INCENDIE)
LE FEU
De tous les ennemis de la forêt il est le plus puissant, celui qui peut en quelques heures ruiner des familles entières. On se souvient de l’incendie de CABANAC , le 21 août 1922, qui franchit 16 Km en 10 heures , ravagea 6000 hectares et ne s’arrêta qu’aux vignes de Garonne …Bien que protégée par une route et un ruisseau, une propriété de 100 hectares fut détruite en une seule heure ; quel gâchis !
Puis en août 1949 , c’est le tristement célèbre incendie de Saucats-le Barp, Marcheprime, Cestas, Canéjan , Léognan et La Brède qui détruisit plus de 30000 hectares de forêt de ce secteur. La région fut plongée dans la nuit ; le ciel était sombre à Bordeaux. Plus de 80 personnes perdirent la vie.
HISTORIQUE de la DFCI
La DFCI en région Aquitaine est une organisation centenaire mise en place à la fin du 19ème siècle par les propriétaires forestiers, et aujourd'hui encore animée et gérée par les sylviculteurs. ( loi du 21 juin 1865 ) .
Jusqu'à la 2nde guerre mondiale, les associations syndicales de DFCI assuraient seules la prévention, et également, en l'absence de corps de sapeurs-pompiers, la lutte directe contre les feux de forêt, avec des moyens souvent dérisoires !
Après les grands incendies de 1947 et 1949, devant l'urgence et l'importance de l'effort à fournir pour reconstituer les forêts détruites, les rôles sont séparés :
• aux sapeurs-pompiers la lutte active.
Les corps départementaux des sapeurs-pompiers forestiers ont été créés par le décret du 25 Mai 1947, ils sont chargés de la lutte contre les incendies et de la surveillance du massif.
• aux associations de DFCI les travaux de prévention, et la mise en valeur du territoire.
Les Associations Syndicales de Défense des Forêts Contre les Incendies regroupant les sylviculteurs ont entrepris un véritable compartimentage du massif forestier : cloisonnement par des routes et des pistes jusqu’à 1,5 Km pour 100 hectares.
Actuellement 241 Associations Syndicales Autorisées ( ASA ) ou Syndicats Intercommunaux sont répartis sur les 4 départements des Landes , Dordogne, Gironde et Lot et Garonne , formant un réseau de 2 500 membres actifs bénévoles, ayant une connaissance parfaite du terrain.
Les ressources des DFCI sont constituées de subventions que lui apportent l'Union Européenne, l'Etat et surtout les collectivités locales , et de cotisations (de l'ordre de 2,3 €/ha/an en moyenne ) obligatoires pour chaque propriétaire de plus de 2 hectares .
Aux causes naturelles permanentes comme la foudre qui peuvent entraîner de nombreux départs de feu (14 %), s'ajoutent celles de l'homme : la fréquentation accrue en forêt, l'urbanisation galopante, les imprudences, la malveillance.
Constituant un maillon essentiel de la protection de la forêt, les associations DFCI en AQUITAINE remplissent une mission d'intérêt général pour assurer la préservation d'un milieu forestier qui profite à tous.
Xane (SIGM)
le patrimoine géologique:
La Réserve Naturelle Géologique de Saucats-La Brède
La Réserve Naturelle géologique de Saucats-La Brède a été créée en 1982 pour protéger des sites riches en fossiles marins, témoignant du passage de l'océan Atlantique dans le secteur il y a environ 20 millions d'années. Une exposition est visible à Saucats, ainsi que 6 sites aménagés.
Les promeneurs venant du sud découvriront des sites de 21 millions d'années (L'Ariey et Bernachon). Ceux venant du Nord ou de La Brède traverseront le secteur du Brousteyrot avec notamment des paysages de lande et des bruyères en fleur au mois de septembre.
Yves Gilly (SIGM et RNG )
L’Echo des Faluns ( 2 extraits par Xane )
Depuis 10 ans, deux fois par an, la Réserve Naturelle Géologique édite un journal l’« Écho des Faluns ».
• Les « trous » de l’Ariey : (Puits de dissolution)
Ces étonnantes structures ( de 2 mètres de profondeur et de 30 à 60 cm de diamètre ) semblent s’être formées par percolation en plusieurs points de Gironde, sous un climat à tendance tropical du Miocène. Ils renferment des couches successives de sable blanc fin peu fossilifère, de faluns gris à granulolabium et petits galets, de faluns beiges à melongena et gros galets. On les appelés « marmites », « cheminées », mais fouillés et sondés depuis 1970, ces trous n’ont pas encore fini de livrer leurs secrets. On en trouverait de semblables en Syrie, Liban, Crète, Algérie, Maroc, Portugal …et en Australie . Guy Feray , membre de la RNG nous donne son point de vue dans le numéro 14 de l’Echo des Faluns :
« C’est une énigmatique histoire de trous, pas des « p’tits trous » genre du « poinçonneur des Lilas », mais des perforations dans la couche de base de l’Ariey, si imposantes que les anciens en avaient fait des « marmites » ; de géant bien sûr, car « marmites de nain » aurait été inconvenant pour un standing de stratotype . La commission scientifique réunie en janvier 2003 critiqua ce terme, non pour ses relents culinaires (les géologues sont aussi des gastronomes) mais comme étant déjà réservée aux formes d’érosion mécanique ; certains risquèrent alors le terme de « cheminée », mais …pas le moindre feu (on aurait pourtant bien aimé car il faisait frisquet en janvier) ; et puis cheminée, ça fait penser à « tuyau de poêle » ou « fumisterie »… Les « puits de sciences » s’accordèrent quand même sur le terme très sérieux de « puits de dissolution », dont la mémoire de formation conserve encore quelques trous, car il est plus aisé d’extraire des fossiles des puits que d’en faire sortir la Vérité ! »
• Un conservatoire Botanique:
La création du conservatoire Botanique antenne Sud Atlantique pourra peut-être permettre de pérenniser le site de la Lagune Ronde, où, en 2007, a fleuri la très rare Elatine de Brochon, espèce menacée. 4 pieds avaient été recensés en juillet 2005, alors qu’on n’avait rien décelé depuis 4 ans.
le patrimoine culturel de la baronnie:
Charles Louis de Secondat , baron de la Brède et de Montesquieu.
Pourquoi ce nom Montesquieu pour l’illustre habitant du château de la Brède ?
Charles Louis de Secondat est né en 1689 au château de La Brède , baptisé en l’église le jour même de sa naissance , ayant pour parrain un mendiant nommé Charles, « pour lui rappeler que les pauvres sont nos frères ». Il devint baron de La Brède en 1713 à la mort de son père, puis baron de Montesquieu en 1716 à la mort de son oncle.
Côté maternel, la terre de La Brède ayant été élevée en baronnie , Marie Françoise de Pesnel descendante des seigneurs de Lalande, apporte cette dot à Jacques de Secondat. En 1689, naît Charles Louis ...En 1713, à 24 ans, à la mort de son père, il devient alors baron de La Brède ; il avait déjà perdu sa mère, à l’âge de 7 ans.
Côté paternel, la terre de Montesquieu , ( fief situé près d’Agen ) possession des Secondat est élevée en baronnie par Henri IV…En 1716, Jean Baptiste de Secondat, étant décédé sans descendance , les 3 frères et une sœur de Charles Louis étant rentrés dans les ordres , c’est à lui que revient les biens de cet oncle , à savoir la baronnie de Montesquieu et en même temps aussi la charge de Président à mortier . Montesquieu a 27 ans.
Montesquieu, épouse en 1715 Jeanne de Lartigue qui lui apporte en dot Rochemorin ( à Martillac ). En 1716, c’est la naissance de son premier enfant, prénommé Jean Baptiste comme l’oncle décédé.
Mort à Paris le 10 février 1755, son corps a disparu durant la révolution de 1789.
En 1789, la Révolution a aussi enlevé à ses descendants le fief de Montesquieu.
Son physique
« ... Grand vif escogriffe , nez au vent , teint de terre cuite, œil en vrille et large bouche d’épagneul, il se balade d’un pas de fantassin, la guêtre boueuse, entouré d’un grand tintamarre de chiens ricochant dans l’ herbe haute , levant les cailles et mordant le matin d’un bel appétit …. »
Michel SUFFRAN
Baronnie et Seigneurie
La seigneurie: un ensemble de droits honorifiques.
L'autorité du seigneur s'exprimait par l'exercice de ces droits. Droit de Justice pour trancher les litiges pénaux ou civils, énoncé du Droit pour la surveillance et la réfection des chemins, les corvées, le droit de ban des vendanges, de four et de moulin...
« ... Le baron, ancien garde du corps du roi, jurât de Bordeaux, né en l654, était éclairé et pieux; la baronne, née en 1668, fut le modèle des vertus chrétiennes, et a laissé une réputation de sainte.
Il est bon de se rappeler ici en quoi consistaient alors les droits féodaux, que les services rendus, pendant le moyen âge et la renaissance, par la noblesse, avaient fait accorder à ses descendants'. Le seigneur, dans son domaine, avait à l'église une place où, de son vivant, il recevait du curé l'eau bénite et l'encens, et, à sa mort, la sépulture. La taille, le guet, les prises, les douanes, les péages, les corvées personnelles, réservées aux autres, étaient pour lui remplacées par le service militaire à vie. Son fief, exempt du cens, lui permettait de percevoir tous les impôts qu'aujourd'hui l'Etat lève comme contributions directes ou indirectes, avec cette différence qu'alors les roturiers pouvaient toujours les acquitter… »
Louis Vian (1879) à propos du père de Montesquieu
La baronnie: un ensemble de terres.
Jusqu'au XVIIIème siècle, la Baronnie de La Brède s’étendait sur les communes actuelles de La Brède, Martillac et Saint Morillon. Ce village était coupé en deux, naturellement par le ruisseau du Guat-Mort, et aussi juridiquement par deux seigneuries s’octroyant chacune une rive.
La rive droite était en communauté (déjà!) avec 8 autres paroisses dans la prévôté de Barsac.
Ces saint-morillonnais étaient liés à la Seigneurie de Barsac.
La rive gauche appartenait à la baronnie de La Brède qui s'étendait aussi sur l'actuelle commune de Martillac.
Ces saint-morillonnais étaient "féodalement" des brèdois, puisqu'ils dépendaient de la Seigneurie de La Brède.
Deux seigneuries… deux Droits!
En 1746, Montesquieu a réalisé l'unité du village de Saint Morillon, en achetant à la prévôté de Barsac la rive droite du Gât-mort pour étendre sa baronnie de La Brède.
C'est à La Brède que Montesquieu rendait "sa Justice", à l'emplacement de l'actuel monument qui lui est dédié.
le patrimoine historique de la baronnie:
Le château de La Brède d’après Louis VIAN (1879)
A quinze kilomètres sud-est de la capitale de ce pays, au milieu de ces choses, de ces hommes et de ce langage, mais un peu à l'écart, dominant la vallée, au centre de vastes prairies et enveloppée d'arbres qui la cachent au soleil du Midi, se dressait comme un grand sphinx une immense masse noire.
C'est un donjon gothique, polygone presque rond offrant dix-sept pans droits et soixante-quatorze mètres de
circonférence, flanqué à l'ouest d'une grosse tour fendue du haut en bas, ornée de tourelles à mâchicoulis, couronné de créneaux, éclairé de fenêtres irrégulières, baigné tout au tour par des fossés d'eau vive qui varient de quatorze à trente-cinq mètres de large, du reste inaccessible excepté au moyen de trois ponts-levis successifs qui sont défendus par des barbacanes à meurtrières. Comment ne pas être orgueilleux, quand on est le maître d'une semblable citadelle d'où l'on peut braver le pouvoir et protéger ou opprimer
ses voisins?
Sur le fronton ogival de la porte d'entrée se présentait un écu, timbré d'un tortil de baron, apporté par deux griffons, entouré du cordon de Saint-Michel et portant : « d'azur, à deux coquilles d'or, accompagnées en pointe d'un croissant d'argent, » avec la devise : Virtutem fortuna secundat. Voilà le fief de La Brède.
Ce château, moins fort par sa position que par l'épaisseur et la forme de ses murailles et par ses moyens de défense, avait été bâti au treizième siècle, par un seigneur gascon, féal du roi d'Angleterre, qui, sur l'ordre de son maître, l'avait armé contre les soldats français. Il fut l'un des derniers boulevards de l'indépendance anglo-gasconne sous Charles VII, puis de l'opposition parlementaire contre Louis XIV. Un de ses possesseurs devait commencer, au dix-huitième siècle, les premières attaques contre la monarchie et la religion.
Alors cette terre baronniale de La Brède était tombée en quenouille, ou plutôt, le 23 septembre 1686, une fille unique l'avait avec son titre apportée en dot à son mari. Ce furent le père et la mère de notre Montesquieu . Les deux époux étaient d'assez bonne noblesse; les ancêtres de Jacques de Secondât avaient occupé des emplois à la cour lettrée, amoureuse et protestante de Navarre et s'étaient convertis en même temps qu'Henri IV. Une famille anglaise, venue en France lors de la domination et restée après le départ de ses compatriotes, s'éteignait dans Marie-Françoise de Pesnel. Leurs enfants devaient avoir dans les veines des principes réformés et des idées constitutionnelles.
La Résistance ( 1943) au château
Jacqueline de Chabannes a laissé le souvenir d’une « Grande résistante » .
Des personnages moins connus ont contribué eux aussi à décourager l’occupant.
Le narrateur, trop jeune pour avoir participé aux faits de1943 ne saurait s’engager sur l’authenticité des détails concernant les épisodes suivants de parachutages racontés par Robert et Louise C.
Ici Londres … pom..pom…pom… pom...
« Nous sommes réunis dans le petit salon »…pom …pom… pom...pom...
ça y est , c’est le message attendu. A minuit, il faut se rendre à la « Croix de Lorraine », zone forestière proche du château de Grenade à Saint Selve, alors réquisitionné par les Allemands. On part à 7 ou 8 dans un semi remorque, armés d’une mitraillette et de deux revolvers dont on ne s’est d’ailleurs jamais servi. L’un de nous monte sur un « pignot » et fait des signes avec une torche. Un avion largue une vingtaine de containers suspendus à des parachutes ; à l’intérieur des armes, des postes émetteurs, des médicaments, des cigarettes pour les FFI (Forces Françaises de l’Intérieur).
Robert continue : « On avait creusé de grands fossés près du château pour y planquer les containers. Une voisine nous demandait pourquoi nous creusions ; on lui répondait que c’était pour planter des asperges … nous croyait-elle vraiment ? Et c’est ainsi qu’on a récupéré 3 parachutages ; et planqué 75 parachutes dans les placards du château. »
Louise poursuit : « Un jour, on a reçu une lettre d’un archiviste nous prévenant d’une prochaine visite des Allemands dans le château. Pendant toute la nuit, on a brûlé des parachutes .Durant leur visite, ils ont ouvert des caisses contenant des archives et y ont trouvé un tableau du Tintoret … (peintre vénitien du XVI° siècle ) . Quand ils ont voulu ouvrir une malle ayant appartenu à Montesquieu, et contenant des vêtements, je leur ai dit que je n’en avais pas la clef …heureusement, ils n’ont pas insisté, car la malle contenait les postes émetteurs. »
La grande Histoire n’est elle pas faire de petites histoires ?
le patrimoine historique et architectural , de la baronnie, à Martillac:
Rochemorin, la gloire d'un domaine :
Rochemorin n’est pas un château, ou une demeure luxueuse, mais une grosse ferme rustique et austère , dépouillée de tout ornement , et dont la vocation agricole ne fait aucun doute .
Dans la première moitié du XVI siècle arrive Jean de Amelin, seigneur , entre autres du repaire noble de Rochemorin, situé à une trentaine de Km de Périgueux . C’est cet homme qui acquit sur la paroisse de Martillac une petite maison noble connue alors sous le nom de Beaubois, toponyme laissant entrevoir quel était le paysage alentours. Jean de Amelin, puis son fils Léonard, devinrent de vrais promoteurs de vins de graves au même titre que de grands parlementaires bordelais comme les Pontac de Haut- Brion . Ce beau vignoble , modeste par sa superficie était loin des grands comme La Louvière ou Carbonnieux. Mais les seigneurs de Rochemorin adoptèrent une politique de remembrement et d’échanges de terre pour constituer un territoire cohérent destiné à produire un vin de qualité. Au XVII siècle, Rochemorin se trouve rattaché à la seigneurie de La Brède ( qui appartient à la famille de Pesnel , ancêtre de Montesquieu ) et devient le grand vignoble de cette dernière . A cours du XIX° le cru de Rochemorin fit partie des vins les plus prisés par le négoce de Bordeaux.
Les descendants de Montesquieu conservèrent le domaine jusqu’en 1919. Si les crises successives virent le domaine péricliter par la suite, son rachat par André Lurton en 1973 lui a donné l’occasion de renaître et de retrouver sa notoriété passée. Par la méthode appelée « tribaie » (tri mécanique et physique des baies de cépage rouges possédant la plus haute qualité œnologique) on vinifie les meilleurs raisins d’une parcelle qu’aucune observation visuelle n’aurait pu identifier.
d’après H. Brun Puginier
C’est à Rochemorin que sont nés deux des trois enfants de Montesquieu, Jean Baptiste et Marie. Le nom de Rochemorin viendrait de «roche morine » qui a un double sens. Il a été à la fois un haut lieu fortifié aux mains des maures et un lieu de résistance contre les sarrasins venant d’Espagne. Ce château était au temps de Montesquieu un grand vignoble dont il produisait du vin sous l’appellation « vin de la Brède » au lieu de « vin de Martillac » afin de faire jouer son titre de Baron de la Brède comme argument publicitaire. La ferme date vraisemblablement du XIV siècle , elle est fortifiée et possède des murs a créneaux, les encadrements de portes et fenêtres sont du XVII ème et le portail de fer forgé du XVIII ème siècle .C’est aujourd’hui un vignoble de 83 hectares en AOC Pessac Léognan, propriété des Lurton .
d’après André Lurton
le patrimoine anecdotique à Martillac:
« Le chêne de Montesquieu »
Le chêne et le châtaignier de Montesquieu
Sur la D 111, appelée aussi « voie romaine », on fait une petite halte sous le « chêne de Montesquieu » , âgé de 400 ans environ , de hauteur 20 mètres et de circonférence 6,60 mètres ; certains se plaisent à penser que le grand homme ait pu jadis rêvasser près de ses jeunes frondaisons .
Au lieu dit Bourdieu , à Saucats, dans un virage à 20 mètres de la route, on aura remarqué aussi un très vieux châtaignier , âgé d’environ 400 ans , de 9,5 m de circonférence : c’est le 3° recensé en taille en Gironde , les 2 autres étant à Belin- Beliet .
le patrimoine au fil des chemins ...
le Château le Tuquet , (Beautiran)
Le Tuquet, avec son imposante cour côté ouest bordée de nombreux chais, et son vignoble dominant la vallée du Gât Mort figure déjà sur les cartes royales de Belleyme au début du XVIIIe siècle.
La chartreuse fut construite vers 1730 (façade sud de Victor Louis). L'entrée est marquée par un noble portail en fer forgé qui ouvre sur un parc aux massifs bien ordonnés. La face sud, bien équilibrée avec ses quatre chatières, s'agrémente d'une terrasse avec des escaliers en pierre, qui guident vers un parc au fond duquel il est possible d’apercevoir un petit lac : une retenue d'eau en avant du Gât-Mort. Une petite chapelle du XIXème siècle est visible sur la gauche de l'entrée.
Dans la première édition du Féret (Ch. Cocks 1868), Le Tuquet est classé premier vin de la commune de Beautiran, ce qui sera confirmé par les éditions successives jusqu'à aujourd'hui. A la fin du XIXe siècle, le domaine appartient à la famille du Père Charles de Foucauld qui y séjournera à plusieurs reprises avant son départ comme missionnaire au Maroc, et en particulier en juillet 1884 à la veille de sa conversion. Le domaine fut racheté en 1963 par la famille Ragon, actuellement propriétaire. D'importants travaux ont été faits dans les chais en 1991 : 3 200 hl de cuverie inox supplémentaires, construction d'un nouveau chai à barriques, thermorégulation de l'ensemble de la cuverie, climatisation des locaux de stockage. Le Tuquet propose un Graves rouge, de garde, (robe grenat, bouquet subtil et intense, notes de sous-bois et de fruits rouges mûrs) et un Graves blanc, bien typé par son Sémillon (95%), bien fruité.
Source: Paul RAGON via Internet
L’ECOLE DES BOIS
A Martillac est une école primaire, privée, sous contrat avec l'Etat et d'inspiration chrétienne. Elle développe une pédagogie particulièrement adaptée au parcours de chaque enfant : les enfants trop en avance, les enfants trop en retard, etc, le rythme de chacun est respecté. Les après-midi sont réservés à toutes sortes d'ateliers, à des activités artistiques et manuelles au sport.
Les enfants sont aussi sensibilisés à tous les aspects de la vie, à la nature ; il y a une ferme dans l'école !
Catherine Grand ( SIGM
le Château Belon (Saint Morillon)
Il est visible depuis la route La Brède à Cabanac. Il doit à la même famille, propriétaire depuis plusieurs générations, ses tours qui agrémentent la campagne saint-morillonnaise d'un véritable "petit château". Entouré de dépendances heureusement préservées, au cœur de son vignoble de Graves, il produit des vins blancs et rouges, et aussi un crémant "Marquis de Belon"...
« Mathalin » (Saint Selve)
Lieu dit « Mathalin », c’est là, sur le domaine de la « Palomeyre », que les religieux de l’ordre de Saint Antoine fondent en 1311, un hôpital: « l’hôpital Saint Antoine de la Palomeyre ».
Ces religieux hospitaliers étaient spécialisés dans la lutte contre la « maladie des ardents », sorte de gangrène, due à l’ergot de seigle.
Au XIV° siècle les Antonins possédaient trois hôpitaux dans la région. Outre « la Palomeyre », l’un à l’emplacement de l’actuel Musée d’Aquitaine de Bordeaux, et un autre « Saint Antoine de Bigart » à Pujols sur Ciron.
Saint Antoine est généralement représenté accompagné d’un pourceau muni d’une clochette.
Les Antonins élevaient des porcs pour l’entretien de leurs établissements, et ils avaient l’autorisation de laisser circuler leurs animaux dans la cité; le son de la clochette invitait les habitants à mettre sur le seuil de leur maison les restes de nourriture destinés à engraisser le troupeau.
Il est probable que les Antonins de « la Palomeyre » à Saint Selve devaient jouir de ce même privilège...
par Catherine GRAND (SIGM)
le patrimoine architectural de la baronnie, à La Brède
La LIGNIERE
La Lignière visible de la route, est une demeure non ouverte à la visite , sauf exception .
Appelé à l'origine "Mon plaisir", "folie » « raffinée de dimensions restreintes", ce domaine était aussi "maison de maître" facile à habiter au centre d'une exploitation agricole. La maison palladienne avait en son temps répondu à ce double but, c'est donc d'elle que s'inspira Victor-Louis à la fin du XVIII siècle . En 1840, le nom "La Lignière" est donné par l’un de ses propriétaires qui possédait en Suisse une maison de ce nom .
La description de La Lignière est faite par P. Maffre dans le livre "Villégiatures" aux éditions Colona : "Celle-ci est de plan rectangulaire, à l'arrière, on trouve deux ailes d'anciens communs en L qui dominent une cour carrée. L'une des ailes a été exhaussée en 1886. Les bâtiments agricoles abritaient à l'origine "une écurie, un cuvier, une grange, une orangerie et un logement de paysan". Le sous-sol, partiellement enterré, de la maison faisait office de chai.
Depuis la fin du XIX° siècle, des pièces de service y sont aménagées. Des bouleversements de plans interviennent à la même époque dans l'organisation du rez de chaussée ; ils entraînèrent une modification de l'élévation sur cour, l'élargissement de la terrasse qui précède l'élévation opposée et la mise en place du grand escalier de fer à cheval qui la dessert. Malgré ces interventions, l'ensemble reste d'une grande homogénéité. Le beau porche hors œuvre donnant sur la terrasse, soutenu par des colonnes et piles d'angles à chapiteaux toscans, la combinaison des baies rectangulaires et oculus des élévations latérales inscrites dans un appareil à bossage ainsi que les arcades rythmant les élévations des communs appartiennent au style néoclassique imposé par Victor Louis et son équipe dans le bordelais".
La vie de la Lignière va longtemps se confondre avec la vie de la famille Cloüet. Issu d'une très ancienne famille de Lorraine, Paul Clouet, receveur des finances, destitué par Louis Philippe, a épousé une bordelaise, Mlle Lainé. Celle-ci a grandi aux portes de La Brède, au domaine de Laguloup à Saucats. Elle est la nièce de M. Lainé, avocat, député de Bordeaux, président de la chambre des députés, préfet de la Gironde à la Restauration, ministre, pair de France, elle souhaite se rapprocher de sa famille. Disant adieu à une vie mondaine et brillante, le couple mènera ici une vie paisible, très près de la nature.
De nos jours , au dehors, il n'y a plus de vignes comme autrefois , mais parfois de paisibles vaches.
(d’après « La Brède, patrie de Montesquieu » de Marcel Claverie , 1953 ,ed Delmas )
Les FOUGERES
Ici se dressait, au tout début du XVI° siècle, une maison portant le nom de Milheras.
Après de nombreuses transformations et changements de propriétaires, la dite habitation se nomme au début du XIX ° siècle les Milleyres, et se présente en partie comme aujourd’hui, c'est-à-dire sous forme d’une chartreuse rectangulaire, en rez-de-chaussée, flanquée de quatre tours carrées à toit en pavillon.
C’est en 1867 que notre arrière grand-père, le Baron Gaston de Montesquieu, en entreprend la transformation et lui donne le nom de Fougères, traduction française du mot patois Milleyres.
Il détruit les deux tours carrées de droite, pour construire les corps de bâtiment que vous voyez, rompant ainsi évidemment l’homogénéité de l’ensemble, mais estimant probablement trop exiguë la chartreuse d’origine.
Parallèlement, il enjolive les deux façades dans leurs parties hautes, par des colonnes et sculptures ; le levant portant les armes de Montesquieu et celle des Ronzat, famille de son épouse, et le couchant portant la reproduction du bouton de l’équipage de chasse à courre du Rallye la Brède, entouré de la devise « Droit dans la vie ».
En outre, les écuries situées à droite de la maison sont détruites et remplacées par de nouvelles écuries plus éloignées de la demeure, bâtiments que vous avez vus à gauche en montant l’allée.
Enfin le parc lui-même est dessiné à la même époque, tout de suite après le second Empire, par le paysagiste Escarpit , qui a aussi dessiné le Jardin Public à Bordeaux .
Nous avons découvert, que Zoé, fille d’un précédent propriétaire le négociant bordelais Leroy, devenue l’amie de Aurore Dudevant , accueillit souvent ici cette dernière, à partir d’octobre 1825 : Il s’agissait de celle qui allait devenir …George Sand !
Un mot pour finir sur les habitants de cette maison.
Au XIX ° siècle, les Montesquieu habitent le château de La Brède. En 1871, au décès de Prosper de Montesquieu, son fils aîné Charles s’installe au château et Gaston, son deuxième fils, notre arrière grand-père, s’installe ici.
Par la suite, Charles, décédé en 1900, qui résidait donc au château de La Brède , le laisse à sa fille Suzanne, qui épouse le baron de Sivry ; le château cesse alors d’appartenir aux Montesquieu. Le baron de Sivry lui-même n’a qu’une fille, Alice, qui épouse le comte de Chabannes, le père de la dernière propriétaire du château, (décédée en octobre 2004).
Le château donc n’est plus à notre famille , mais nous habitons toujours La Brède, où nous étions arrivés, venant de Montesquieu en Agenais en 1686, quand Jacques de Secondat, père du célèbre écrivain, épousa Marie Françoise de Pesnel, qui lui apportait le château en dot .
par le Baron Henri de Montesquieu ( décédé en 2021)
le patrimoine historique et architectural de la baronnie, à Saint Morillon:
Moras
Que rappelle le nom évocateur de MORAS aux vieux Brédois ?
D’abord celui d’un hameau rural et sympathique situé à l’Ouest de la cité de Montesquieu et dont le château éponyme est tout proche. De tout temps ce hameau a connu une intense activité agricole, et surtout viticole. Nos anciens se souviennent aussi d’un élevage avicole installé par un mandataire bordelais, juste après la seconde guerre mondiale.
Plus près de nous, une entreprise familiale locale y développa une exploitation de grave et de granulats, parallèlement à sa vocation de Travaux Publics et routiers. Après cession des différentes sociétés des frères CANTE, le site continue encore de nos jours à vivre sa vie industrielle.
Les anciennes gravières arrivées au terme de leur exploitation, ont été utilisées , pendant plus de 20 ans , comme réceptacle des déchets des ménages de la plupart des communes du canton de La Brède .Les proches habitants ont eu à subir cette intense activité quotidienne porteuses de services certes, mais de combien de désagréments …Soucieux de ce problème, les élus municipaux du canton de la Brède s’unissaient à ceux du canton voisin de Podensac pour créer un Syndicat Intercommunal de Collecte et de Traitement des Ordures Ménagères ( SICTOM) qui allait pouvoir donner une réponse aux problèmes rencontrés en Sud-Gironde . Ainsi pu être construite une usine moderne de traitement entre Virelade et Saint Michel de Rieuffret à la grande satisfaction des habitants de MORAS …qui avaient fait preuve de beaucoup de compréhension pour supporter cette technique, abandonnée aujourd’hui, de mise en décharge sur un site contrôlé . Réjouissons nous que les méthodes d’élimination des déchets des ménages aient fait quelques progrès depuis la création de la communauté de communes de Montesquieu sur le canton de La Brède.
par adhérent SIGM
LEO DROUYN (1816-1896): dessinateur du patrimoine de la Gironde
Léo Drouyn (1816-1896). Artiste et savant girondin du XIXe siècle, il a laissé un fonds iconographique exceptionnel sur le patrimoine aquitain autour de 1850.
Son œuvre retrouvée est riche de plus de 3000 dessins et près de 1550 gravures. Peintre, dessinateur, aquarelliste, il fut aussi parmi ceux qui redécouvrirent, au milieu du XIXe siècle, le Paysage et la Nature.
Léo Drouyn a surtout dessiné les monuments et les paysages de son département, la Gironde, mais aussi ceux des départements voisins et d’autres régions de France.
Ses albums de dessins, ses notes et ses croquis, restent aujourd'hui la source inestimable d’informations pour la connaissance du patrimoine monumental français avant les grandes restaurations de Viollet-le-Duc et de ses émules locaux, dont il ne partageait pas le point de vue.
Dessinateur attitré, entre 1842 et 1849 de la toute jeune Commission des Monuments historiques de la Gironde, il fut le premier, à révéler la richesse du patrimoine roman de la Gironde. Devenu l’un des plus éminents spécialistes de l’architecture médiévale, il grava les principaux monuments de sa région (églises, châteaux, abbayes) à l’eau-forte, notamment pour illustrer ses ouvrages imprimés.
Anecdotes sur Bel Air
La propriété de BEL AIR à la Brède a appartenu autrefois à la famille de Montesquieu.
Elle pourrait redevenir un vignoble car 110 hectares sont classés en AOC par l’INAO.
Cette propriété a été vendue par Charles Cante, ancien maire de la Brède à Messieurs Pierre Cante et Roger Giraudeau . La vente avait été convenue entre les parties … en francs or, valeur au jour de la passation de l’acte. L’or ayant baissé, Monsieur Charles Cante a dû accepter la baisse.
Précédemment, lorsque la propriété appartenait à une famille de Lugos, le régisseur a fait modifier l’immeuble en réalisant les deux parties cylindriques visibles au dessus du garage. Les maisons étaient à l’origine des maisons de résiniers. Le régisseur ayant fait réaliser des sondages, espérant trouver de l’argile en sous sol pour créer une briqueterie, a trouvé …de la grave.
En remontant dans le temps, on retrouve les Beaumartin propriétaires de Bel Air. En suivant la voie romaine en bout de propriété touchant Martillac, on retrouve une allée. Les Beaumartin avaient installé là une ligne de chemin de fer type Decauville qui permettait le transport des bois de Cestas à Saint Médard d’Eyrans. On voit l’allée de Bel Air à la Brède en face d’une allée fermée en revenant sur la D 108.
L’ensemble de la propriété constitué de 290 hectares a entièrement brûlé en 1945, emportant dans les flammes le célèbre chêne de Toutifaut, qui faisait 7 mètres de circonférence. On raconte que l’empereur Charlemagne revenant d’Espagne coucha au pied de ce chêne en 778. Quant au nom du lieu …Toutifaut , voici sa légende :
L’Empereur Charlemagne revenait d’Espagne, en 778 , ramenant de Roncevaux le corps de son neveu Roland qui devait être enseveli à la basilique de Saint Sernin à Bordeaux. Le seigneur de Lalande, propriétaire du château de La Brède, fut fier d’accueillir un si noble souverain. Mais empreint de tristesse, l’Empereur ne voulut pas coucher au château. Il préféra camper dans la forêt de Saint Jean d’Etampes (ancien nom de La Brède). La nouvelle s’y répandit très vite : « l’Eperer Karle-Lou-Grand es aqui, tout y faout, tout y faout ». (L’Empereur Charlemagne est ici, tout il faut, …c'est-à-dire …il faut de tout). Le peuple fut si heureux qu’il vénéra longtemps ce lieu de « Tout y faut ».
par Jean Pierre CANTE
BEAUTIRAN ( 8° promenade - avril 2005)
CIRCUIT LES GRAVES: de Martillac à Beautiran 17km
Départ de Martillac 8H30 devant l'église direction La Tour et la grande descente entre les vignes vers Haut Nouchet et les graves de La Brède. Après Glaudiche nous traversons les vignes de Cassignols et l'adorable quartier d'Avignon direction la vallée du St Jean d'Etampes; nous rejoignons le chemin de Mons à droite vers l'église St Jean où nous attendent les Brédois et le centre hébertiste.
C'est à 9H15 que le groupe se dirige vers la maison Jeanne d'Arc où, en face de cette maison se trouve un moulin ou Montesquieu vécu pendant 3 ans chez sa nourrice.Une plaque,visible contre la façade de ce moulin rappelle le moment de sa vie ou le philosophe apprit le gascon, sa première langue. Mais admirons les cascades de la Blancherie et remontons vers le coteau, et surprise l'ancienne ligne de chemin de fer nous entraîne au quartier des Cabanasses , les vignes de Château Magneau et la cabane Morpan . Là il faut nous retourner vers les 5 chemins, on fait le tour de l'ancien moulin à vent ( appelé Moulin RUINE sur le cadastre de 1848 ! et qui, présentant un certain danger, a été entièrement démoli en 2018 ) qui nous dit que nous sommes sur la hauteur. Ici ce sont les terres de Méric, ses vignes bio et son parcours naturel hébertiste (rappelons que l'hebertisme consiste à entretenir le corps et l'esprit par la pratique de la méthode naturelle). Reprenons le chemin rural pour aller à Magneau puis aux sources de la rouille du Reys vers Michelle et Le Pape puis par le vieux chemin Mandonnet qui vient d'être ré ouvert pour l'occasion. Nous nous dirigeons vers l'Est, les anciennes carrières de graves à la place des lagunes, un mélange de chênes, de pins, de houx et d'arbousiers ; après le carrefour de Picaud où la route départementale a pris la place du chemin d'Arrouman au Reys, nous passons au pied des vignes de Bascons, au bout à gauche au Guigeot dans le sous bois on aperçoit une grande fosse ronde, peut être la première gravière, celle dont se seraient servi les gallo romains (on peut rêver). En effet, avant de franchir l'autoroute une très vieille borne de pierre pointe la voie romaine qui venant de Saint Selve montait vers La Prade ... mais ne nous attardons pas et continuons sur Civrac.
Nous sommes sur la crête qui longe la vallée du Gât Mort, à gauche les graviers réchauffent les pieds de vignes, à droite des grandes et fortes maisons déroulent leurs jardins sur les pentes enherbées ; passé le Grand Bourdieu, nous approchons du Tuquet, juché en haut de la côte. C'est le premier des 3 châteaux de Beautiran que l'on dit construits ou inspirés par Victor Louis, architecte du Grand Théâtre et de l'Hôtel de Saige. Traversons la cour des chais, jetons un oeil à droite vers la cour des communs où trône au centre un grand cochonnier: cet espace était consacré aux ouvriers qui élevaient ici leurs cochons, leurs poules et leurs pigeons; retournons à droite pour passer devant la façade de la maison et de son perron . Maintenant descendons vers la vallée, à gauche les vignes, à droite l'aile Est du château et en face tout en bas le lavoir. Nous allons passer devant le grand étang où logent 3 hérons. Retournons nous vers le Nord pour admirer le bel agencement néo-classique et la façade peut être remaniée par Louis.
Nous continuons en longeant la rouille de Civrac ou celle du Reys, C'est selon! (le chevelu du bassin versant du Gât Mort est fort complexe à cet endroit), à gauche à flan de la pente nous repérons des pierres en vrac cadrées par deux bornes: nous sommes en face des carrières de Beautiran encore en activité au début du siècle et qui servent malheureusement encore aujourd'hui de décharge. Sur notre droite nous croisons un petit pont de pierre qui nous conduira cet après midi dans le réseau de canaux creusés entre la rouille du Reys ou de Civrac et le Gât Mort (lire article sur mystère du Gua Mort). En continuant toujours vers l'Est nous traversons un petit défrichement dans lequel il y encore les ruines d'un lavoir juste à côté d'un chemin qui relie la route de la crête et la vallée du Gât Mort. C'est ici que nous franchissons un antique passage bâti pour entrer dans Couloumey et visiter ses bassins si bien ordonnancés. Allons jusqu'au bout pour apercevoir le château de Lalande en cours de restauration (lui aussi quelquefois attribué à l'atelier de Victor Louis), puis retournons nous pour admirer entre les rangs de vigne la contre plongée qui nous conduit à la façade Sud du château de Couloumey avec son pavillon Est, désigné comme une chapelle et le spectre du pavillon Ouest dont il ne reste qu'un encadrement de porte: quel beau spectacle! Donc ici aussi, d'après le propriétaire, Victor Louis aurait sévi! Montons jusqu'à la terrasse, retoumons nous pour admirer la vallée du Gât et sa zone humide. Nous redescendons pour passer sous la porte du pavillon Ouest et après être remontés jusqu'à la route nous pouvons entrer dans la cour Nord pour contempler la belle façade XVlllème et le pigeonnier du XVllème; ici encore l'agencement néo-classique est présent et le grand portail est cantonné par deux pavillons aux belles génoises et par deux pins aux allures florentines. Mais il est l'heure d'arriver car les jambes sont lourdes et l'estomac crie famine: traversons la nationale aux feux, dirigeons nous au centre bourg en passant sur la voie ferrée par la passerelle et petit à petit les rues se rétrécissent, les maisons sont de plus en plus anciennes, nous touchons au but : devant nous la plaine de la Garonne, la mairie et son alter ego l'école puis derrière les platanes, la façade de l'église nous indique qu'au pied du chevet les meilleurs vins de graves sont débouchés, nous l'avons bien mérité. Il est 12H30.
CIRCUIT DU GUA MORT : de St Morillon à Beautiran 11,4km
Départ de Saint Morillon à 9H devant le porche de l'église, on remonte plein Est, abandonnant le bitume pour le chemin creux, direction Saint Selve. Nous rejoignons les antiques limites entre les deux villages, une piste que nous remontons vers Janquey pour retrouver Saint Selve à 9H40.
Départ de Saint Selve devant la maison des associations à 8H45 pour un grand tour ( fermer les yeux et imaginez que l'autoroute ne passe pas là). Nous remontons vers Pinchot, arrivé au sommet on descend vers Pingrot aujourd'hui disparu, puis après un court (cours!) passage le long de l'autoroute nous remontons vers Les Gaillardins en laissant derrière nous les ruines disparues de Grand Gourmet, puis les ruines de Petit Gourmet, oui mais là, stop! Nous sommes en plein passage de la voie romaine qui remonte vers Bordeaux. Cette voie est encore repérable aujourd'hui sur la partie Sud de St Selve à 2km de là ainsi que sur le cadastre actuel. Nous aurons aussi remarqué le puits bâti de rognons calcaires et la maison qui a perdu ses linteaux, bientôt disparue.. Quelques centaines de mètres plus loin une grande propriété, granges et écuries, palmiers dans le jardin, abandonnée, ruinée ...l'autoroute? non histoires de familles et d'héritage...
Enfin nous respirons, le paysage s'est ouvert. Nous remontons le chemin de Larnavey, nous laissons à droite la source et le lavoir pour traverser le vieux quartier. Attention à la route! Petite descente vers le Lagouargey où à l'abri des arbres nous rejoignons le chemin du Port: en face de nous le superbe chai contemporain de Haut Selve... Mais au Sud là bas, à Janquey ,il y a un groupe?
c'est St Morillon, il est 9H40. Hou là il y a du monde! Alors direction plein Est, nous descendons un beau chemin vers Cantegrit, à gauche une maison de vigneron abandonnée, habitée? Descendons sous les frondaisons et bientôt un grand plateau de vignes, le coteau de Jeansotte, le chemin passe entre les rangs, un arbre mort se dresse, allons voir la fontaine de Richot et le lavoir au pied de cet ancêtre, allez, allez, on traîne! A gauche une belle façade domine les vignes, au bout il faut traverser le route départementale alors attention! De nouveau nous sommes sur un chemin qui descend et au pied de grands chênes: un trou, une source, encore!
On continue et bientôt nous franchissons l'autoroute, vue sur le péage et sur le vieux quartier de Lescourejolles. Nous approchons du domaine des gravières années 70, celles pour construire l'autoroute. Heureusement il reste encore quelques graves pour chauffer les raisins du Grand Bos aux grandes étendues bien entretenues qui contrastent avec les ornières des quads dans les gravières.
Ici c'est 10 hectares de touchés , chez nos voisins de Portets à Illats, ce sont 200 hectares qui vont y passer!! Grand contournement oblige! Mais on est pas là pour faire de la politique!
Déjà les premiers quartiers de Castres, l'Hermitage, Faures , Savis pour retouver les promeneurs de Castres au pied du grand chêne de l'Hopital à 11H. Maintenant le groupe est au complet, direction Sansaric et en longeant le mur de Perrin de Naudine on descend vers le Gat Mort que l'on franchit devant la haute maison. Cà y est nous sommes dans la zone humide du Gua Mort (appellation ancienne), une zone où le gua mort s'est baladé au grès de l'histoire, détourné, canalisé, raccordé aux rouilles de Pommarède, du Reys et de Civrac.
La terre est humide, les chevaux sont blancs, en face de nous se dresse le château de Lalande qui reprend vie après une belle restauration; c'est là que la fabrique de toiles de Beautiran a fonctionné pendant trente cinq ans; imaginez des toiles étendues partout...mais vous en saurez plus cette après midi dans les expositions. Remarquez le beau chemin ente deux murs qui remonte droit devant nous c'est typique de Beautiran, vous en repérerez d'autres cette après midi.
Mais descendons le Gât Mort et bientôt nous passons devant la plage des deux chênes pendant des années 60, ici la nature est libre mais entretenue; puis en nous rapprochant de la nationale - tu l'entends? - nous repérons les pelles qui commandaient la mise en eau du bief du grand moulin du château de Beautiran. En face sur notre rive il ne reste quasiment rien du lavoir. Nous sommes aux ponts il nous faut remonter et quitter la ripisylve. Alors on s'organise pour sortir sur le pont prudemment, pas sur la route! Nous remontons un peu sur Castres pour passer au passage clouté encadré par les gyrophares communaux (discret comme arrivée), puis nous passons devant les fleurs et le bouquiniste, sous la voie de chemin de fer, nous prenons quelques instants le chemin du port pour remonter vers le bourg, passer devant la salle des fêtes, la maison des associations, la mairie et l'école, l'église et enfin, c'est pas trop tôt, les chapiteaux et les verres pour déguster ces merveilleux vins. Il est 12H30.
CIRCUIT GARONNE: de Cadaujac à Beautiran 15km
Départ de Cadaujac 7H45 devant l'église direction les Caminasses qui longent la Garonne. Le chemin pédestre de Cadaujac, (qui, d'après les anciens, est un des axes jacquaires qui va au-delà de Portets) part depuis l'église de Cadaujac entre les murs de pierre jusqu'au stade Bernard Laporte. Ensuite, nous apercevons le parc et son château « de Saige » construit ou inspiré par l'atelier de Victor Louis, architecte du grand théâtre de Bordeaux et souvent cité à Beautiran.
Nous continuons par le sentier qui nous mène au petit pont de bois enjambant le ruisseau de la Péguillère. Ce chemin appelé la caminasse est parallèle à la Garonne à 500 mètres environ ; il permet d'accéder aux ports de Cadaujac qui longent a Garonne: Port de Grima, Port d'Hourtin, Port de l'Esquillot, Port des Places.
Nous passons devant le portail du domaine Gallibert. Nous continuons vers Lasserre puis le chemin de la Ronde: Nous sommes ici sur le territoire de la ZNIEFF et dans les zones humides qui vont faire l'objet d'une attention particulière par le Conseil Général et la communauté de communes de Montesquieu. Cette zone qui s'étend jusqu' au Grand Brésil, est riches en espèces naturelles qui évoluent dans un milieu naturel à protéger. nous pouvons observer : hérons, canards, aigrettes et autres oiseaux de migration. Les fossés et talus regorgent de plantes diverses selon les saisons. Maintenant nous traversons un grand champ et prairie pour longer le Cordon d'or puis la Bugonne et à son embranchement avec le ruisseau Cauban c'est en pleine nature que nous rejoignons le grand groupe qui vient de Saint Médard à 9H30.
Départ de Saint Médard d'Eyrans à 9H15 devant la salle des fêtes avec Saucats et Léognan, on est nombreux. Nous nous dirigeons vers l'église qui trône sur son promontoire. C'est la dernière église du canton qui soit restée dans son cimetière. Cette église récemment rénovée a été réstaurée au XlXème siècle par Gustave Alaux l'architecte de l'église de Beautiran et de La Brède. Remarquons que ici le clocher est resté modeste, c'est un clocher mur à deux cloches qui rappelle l' ancien clocher de l'Isle St Georges. Mais descendons vers la zone humide direction la palu et au premier embranchement nous retrouvons les marcheurs de Cadaujac à 9H30. Dépassons la station d'épuration pour suivre la vallée du Cauban jusqu'au bâtiment de la Broue. Tournons à droite pour franchir l'estey d'Eyrans et longer la façade du château Turpaud reconstruit par Mondet architecte des églises de Cabanac et Villagrains et peut être d'Ayguemortes. Ce château appartient à la famille de Grottes depuis longtemps implantée à l'Isle St Georges. Nous pouvons longer l'aile Est et remarquer les communs constitués de logements et de chais; remontons vers le quartier de Ferrand proche de la Garonne. Nous sommes ici à l'Ouest de la grande île et Ferrand est un point haut.
En descendant vers l'Isle nous traversons un agréable paysage de rouilles et de vignes malheureusement traumatisé par la ligne à haute tension autrefois signe de progrès et qui aujourd'hui raye un des plus beau point de vue des Graves. Bientôt nous entrons dans le village et tout de suite nous repérons que les maisons sont juchées sur un entresol et que escaliers extérieurs et balcons nous rappellent que les inondations font partie de la culture locale. Descendons la rue du lavoir pour arriver sur les berges de l'estey qui n'est autre que le Saucats. Nous sommes en présence d'un petit port (la deuxième halte nautique du canton) avec quais et cales empierrés . A gauche la berge de l'estey ombragée par de grands saules, en face le portail de l'église et la passerelle dont les pelles marquent l'emplacement du moulin renaissance qui enjambait le Saucats (Léo Drouyn en a gardé le souvenir). A droite une maison à étage aux belles fenêtres XVlllème, plus loin la façade imposante des chais du regretté Napias. Passons sur la passerelle pour admirer la perspective du port et rejoignons devant la porte de l'église les marcheurs de l'Isle et de Ayguemortes. II est 10H40.
Départ d'Ayguemortes les Graves à 9H45, on descend la route des haras dans un océan de verdure, nous laissons les chevaux et les moutons à leur prairie pour franchir le Saucats au pont du Verderas .Nous nous dirigeons vers la rouille du Tronc et pénétrons dans le lit majeur de la Garonne, vaste territoire qui s'appelle les Agues. Petit à petit nous nous rapprochons de la motte de l'Isle Saint Georges qui émerge d'entre les arbres; nous sommes au pied d'un grand château aujourd'hui disparu mais l'ovale du parcellaire reste bien présent mais laissons notre imaginaire en paix car bientôt lors d'une prochaine promenade nous retoumerons ici au XVllème siècle...voilà le pont, le port et le porche de l'église où à 10H40 nous attendent les nordistes.
Après un bref coup d'oeil au bas relief qui orne le tympan de la porte d'entrée nous quittons Saint Georges pour suivre les rouilles en manivelles qui nous mèneront à Beautiran. Nous sommes ici dans la palus, le lit majeur de la Garonne, autrefois parsemé d'îles dont certaines rouilles rappellent les limites; d'autres sont le fruit d'un réseau de canaux creusés dans la deuxième partie du XlXème pour lutter contre le phylloxéra en inondant les vignes. Ici le syndicat des marais gère l'entretien des berges et les franchissements; c'est grâce à lui que nous pouvons exeptionnellement arpenter le domaine privé; alors soyons respectueux des cultures et de la nature.
Après Boutric, le chemin public du Rabey, nous longeons les rouilles dans les artigues de Frayche pour rejoindre le chemin rural qui nous conduit à la Garonne. A gauche nous laissons sur la hauteur l'usine de Bépré ancien terminus du chemin de fer économique qui partait d'Hostens, nous croisons le balast de la voie et longeant la rouille de la Belle Croix, nous débouchons sur le grand fleuve; enfin nous voilà rendus sur le souvenir du chemin de halage en domaine privé où exeptionnellement nous pouvons admirer les maisons des riverains, la berge bien plantée de saules et rythmée par les pontons. Ici tout est bien entretenu, regardez les murs vous trouverez des inscriptions, les balcons, les avants toits sont remarquables, c'est vrai que la croix est belle! Mais il est tard et il nous faut retourner vers la pleine terre, passer devant les canards qui nagent dans le lac pour arriver sur la place du foirail où les meilleurs vins de graves sont débouchés, nous les avons bien mérité. Il est 12H30.
MAIS OU EST LE CHEMIN DE HALAGE? VOUS AVEZ DIT MARCHEPIED?
Ce chemin était une servitude sur terrain particulier, définie dans une ordonnance de 1669 et qui a disparu avec l'usage du halage dans le courant du XlXème siècle avec l'apparition de la vapeur. Ceci dit il reste par endroit et sur certains cadastres les traces ou le nom de ce chemin que beaucoup prétendent public: voici la loi et le droit tel que rappelé au maire de Beautiran par les services maritimes en1973:
"Monsieur le Maire, j'ai l' honneur de vous apporter les précisions suivantes: l'emprise du marchepied qui longe la Garonne dans la traversée de la commune de Beautiran n' est pas incluse dans les limites du Domaine Public fluvial. Elle est en conséquence la propriété des riverains. Cependant cette emprise est grêvée de la servitude de marche-pied de 3, 25 m de largeur dans!' intérêt du Service de la Navigation, dans les conditions déterminées par l'article 15 du Code du Domaine Public fluvial et de la Navigation Intérieure.
La servitude de halage a disparu sur. la Garonne avec la disparition du halage lui-même. Reste la servitude de marchepied sur les deux rives, limitée à 3,25 m. La servitude de marchepied subsiste aussi longtemps que la rivière continue à être un cours d'eau navigable. Cette largeur se mesure depuis le bord physique du fleuve c'est-à-dire depuis la crête de berge.
Le terrain sur lequel s'exerce le marchepied n'appartient pas à l'Administration, dans le cas présent, il appartient aux riverains simplement grevé de l' obligation d' y laisser le passage libre aux mariniers, aux agents de l'Administration, aux fermiers de pêche et aux porteurs de licences (de pêche). Les zones de marchepied sont interdites à la circulation publique étrangère à la navigation et à la pèche.
Etablie exclusivement dans l'intérêt de la navigation, utilisée par les pêcheurs en vertu de l' article 424 du Code: Rural, modifié par la loi du 30 mai 1965, la servitude de passage offerte au marchepied ne saurait être étendue à d'autres intérêts sans porter une atteinte illicite au droit de propriété. Toute personne autre que celles énumérées ci-dessus qui désire circuler sur la zone de marchepied ne peut le faire qu'avec l'autorisation des propriétaires intéressés. Même l'Administration ne peut y exécuter aucun travail sans obtenir le consentement du propriétaire ou sans procéder à son expropriation. En fait, seule la circulation ,exclusivement pédestre sur cette zone de servitude est admise.
Si certains propriétaires riverains ont barré partiellement le marchepied, ils ont pris la précaution de ménager un passage pour piétons suffisant, le but de l' opération étant d' empêcher la circulation automobile ce qui est leur droit le plus strict.
Dans le cas où la Commune désirerait établir la circulation automobile sur l'emprise du marchepied, il lui appartiendrait d'entreprendre les formalités de classement de ce chemin dans la voirie communale après acquisition du terrain nécessaire auprès des propriétaires riverains concernés, soit à l'amiable, soit en introduisant si les raisons la justifiant, une procédure d' expropriation pour cause d'utilité publique. J' ajoute que dans l' hypothèse d'un tel classement la servitude de marchepied au profit de mon Service persisterait sur la nouvelle voie communale.
Dans le cas ou les zones de marchepied sont incluses dans les limites du Domaine Public fluvial, c'est-à-dire appartiennent à l'Administration, des autorisations spéciales peuvent être délivrées par les Ingénieurs pour une section donnée, conformément à l'article 62 du décret du 6 février 1932, modifié et complété par les décrets des 31 Mars 1934 et 2 mai 1956, portant règlement général de police des voies de navigation intérieure.
Ces autorisations sont écrites, précaires et révocables et à temps limité ; elles sont relatives à la circulation autre que pédestre (cycle, motocyclo, automobile, etc...). Les bénéficiaires ne peuvent être que des personnes ayant une activité exclusivement en rapport avec la voie d'eau ou avec son aménagement (mariniers, entreprises de TP, etc... ). Par analogie, les autorisations de l' espèce, sur les sections frappées de servitude, ne peuvent être délivrées que par, les propriétaires riverains, sous leur entière responsabilité et sans qu'elles puissent entraîner une gêne pour les personnes habilitées d'office à l' emploi du marchepied.
Je vous prie, Monsieur le Maire, de croire à ma considération distinguée". P. DEBAYLES
Le mystère du Gua Mort de Couloumey au Tuquet
De part et d'autre de la pièce d'eau de Couloumey, dans un vaste espace marécageux compris entre le Gat Mort et l'estey de Civrac, on peut encore observer un important système de canaux.
De toutes les hypothèses avancées concernant leur usage, aucune ne nous paraît totalement satisfaisante :
- On a parlé de pisciculture : aucune installation connue de ce type ne comporte de bassins aussi étroits.
- On a parlé d'aménagements liés à la production de toiles indiennes, très importante au 18ème et début XlXème dans cette partie de la vallée du Gat Mort. Le traitement des toiles exigeait une eau très pure or, à l'exception de la pièce d'eau, partie intégrante des jardins du château, aucun élément du système ne semble avoir été bâti et bon nombre sont en situation de cul-de-sac. Certains ensembles sont représentés en situation d'isolement, sans relation avec l'estey ou le Gat Mort. Ceci nous permet de douter de la qualité de l'eau qui devait y stagner.
- Cet élément permet aussi d'écarter l'hypothèse de cressonnières qui nécessitent une circulation de l'eau.
- Un système de drainage ? Le réseau est bien trop dense.
Si l'on observe le cadastre de 1848 qui donne une image précise de l'ensemble, on constate d'abord qu'il n'y a pas dans ce dédale de canaux, de système de circulation cohérent ; l'accessibilité aux différentes parties devait nécessiter de nombreux ouvrages de franchissement. Parmi les éléments en eau, seule la grande pièce d'eau du château porte un numéro cadastral. Dans l'ensemble du système, ce sont les bandes de terre qui portent des numéros de parcelles ; de petites flèches indiquent que les canaux qui les longent s'y rapportent. On peut donc en conclure que la partie intéressante n'était pas la partie en eau mais la langue de terre ce qui permet d'écarter l'hypothèse d'un usage des parties en eau pour le rouissage du chanvre.
Il suffisait évidemment de consulter les matrices cadastrales pour connaître l'usage fait de ces parcelles ; par malheur, ces matrices n'existent plus, nous condamnant encore aux hypothèses.
Des « Aubarèdes » ? Dans ces terrains il ne semble pas nécessaire de creuser autant de canaux pour faire pousser des vergnes même si l' exploitation de ce bois est toujours d'actualité aujourdhui entre Couloumey et le Tuquet..
Des oseraies ? Peut-être ; il en existe encore actuellement dans la basse vallée de la Garonne en amont de Langon mais, à l'évidence, elles n'exigent pas d'avoir les pieds dans l'eau.
Des jardins? certes le terrain est fertile, les différents types de vanaux pourraient plaider pour différents types de culture mais ce dédale est peu commode pour des jardins maraichers.
l'église St Michel
située sur la place au Calvaire, devenu le lieu privilégié des parties de pétanque, se caractérise par une architecture romane aux murs épais, aux fenêtres étroites et arcs plein cintres. Sa façade s'ouvre sur une porte centrale entourée de deux portes feintes. Deux petites chapelles aux toits en bâtières cantonnent la façade occidentale.
Cette église romane a connu d'importantes transformations architecturales depuis sa construction au 12è siècle. Sa façade en pierre de taille a été régulièrement remaniée. En 1864, l'architecte Gustave Alaux, membre de la commission des monuments Historiques de Gironde, auteur d'une soixantaine d'églises en Aquitaine et qui vient d'achever l'église Saint Jean d'Etampes à La Brède, ajoute à la façade occidentale, suivant le même décor, une corniche soutenue par des modillons séparant le portail d'une arcature aveugle de sept arcs en plein-cintres extradossés.
La rénovation majeure, financée par les habitants eux même, sera son clocher "ballon" qui donne à l'église une forte identité tout en conservant son caractère roman. Un des premiers clocher de Alaux qui ne soit pas une flèche et ce malgré les recommandations du Cardinal Donnet mais suite aux volontés des habitants et du conseil de fabrique. Quelques années plus tard une commune voisine ( St Médard d'Eyrans) fera la même démarche avec le même architecte.
On regrette que Léo Drouyn ,qui en 1859 fut la première personne à faire un réel état des lieux, ne nous ait laissé aucun de ses magnifiques croquis. Si avant lui aucun inventaire de l'église n'avait été fait on suit au travers des compte rendus d'inspection de l'archevêché les états successifs de la construction et de son mobilier. Ainsi, on sait qu'au 16è siècle, la famille de Pontac, barons de Beautiran, a fait sculpter ses armes, symboles de son pouvoir sur Beautiran, sur un chapiteau du collatéral nord; on en aurait aussi profité pour refaire le sommet de deux élévations latérales et celui de l'abside septentrionale. A cette époque existait dans l'abisdiole Sud "un trou de St Michel par le quel on passe les enfants et personnes attaquées du mal"; cette veyrine a disparu dans les restaurations du XIX°
A la fin du siècle, le conseil municipal après quelques disputes avec le conseil de fabrique de l'église, décide de prendre en charge activement la restauration de l'église devenue vétuste depuis l'oeuvre entreprise par Gustave Alaux. Les travaux de restauration confiés à l'architecte Henri Le Lille portent sur la structure de la charpente et les nouvelles voûtes en brique; il fait ériger, quatre contreforts sur les murs latéraux pour contrebuter la poussée des voûtes, des arcs à doubleaux sur les bas cotés; il fait poser deux corbeaux en pierre dure dans des piliers isolés de la nef et deux colonnes engagées dans la croisée. Une statue de St Michel ailé vient compléter l'autel. Les chapelles de St Joseph et de la Vierge sont réaménagées. Dans les fonts baptismaux situés à gauche en rentrant, la cuve baptismale réalisée par le sculpteur Jabouin est posée sur un pied en marbre provenant du mausolée du Duc d'Epernon à Cadillac.
L'accès au clocher, parcours inattendu vers la lumière :
Le temps n'a pas raison de la petite paroisse de Beautiran où les paroissiens donnèrent souvent du fil à retordre à la hiérarchie religieuse. Les anecdotes se multiplient et l'on raconte qu'au 17ème siècle des habitants subtilisèrent les cordes des cloches afin d'empêcher le bon déroulement des services; les saboteurs furent accusés et jugés.
On peut lire aussi un jugement de la cour de juridiction de l'Isle St George suite à des plaintes contre le prêtre pour non respect de l'eucharistie: on accusait les "prestres" de St Michel (idem le prestre de Castres) de ne pas respecter la procédure de distribution du pain béni qui prévoyait l'eucharistie en priorité pour les personnes les plus influentes en suivant un ordre dégressif.
Remerciements à Leblanc et Boulanger architectes, à Jean Valette conservateur et à Thibaut Dumortier stagiaire SIGM-OTGM
BEAUTIRAN, PORT DE PÊCHE SOUS LOUIS XV
Suite à une baisse prononcée de la ressource, Fançois Le Masson du Parc, inspecteur général des pêches fut envoyé par Louis XV sur tous les lieux de pêche du royaune pour enquêter sur les pêcheurs, leur bateaux et leur système de pêche. En 1727, après Bayonne et Arcachon, François Masson du Parc remonte la Gironde, puis la Garonne et après Bordeaux, Bègles et Cadaujac, le voilà arrivé à Beautiran:
" Après notre visite finie à Cadaujac nous sommes remontez dans notre canot, accompagnez et suivi comme dessus, en tirant vers Castres nous sommes venus de l'Isle St Georges et étant informés que les filets, rets et instrumens des pescheurs du lieu étoient de même calibre et échantillon que ceux des pescheurs de la parroisse de Beautiran qui est continuant et au dessus. Nous aurions fait avertir par le sindic les pescheurs de l'Isle de St Georges de se trouver à Beautirant où nous allions actuellement nous rendre.
Les pescheurs de l'Isle de St Georges ont deux filadières pour faire la pesche, des trameaux, des bijarrères, des estoires, et des tirolles ; ils ont aussy de quatre sortes de trulles, trusses, manioles, et havenets comme nous en avons trouvé chez les pescheurs des lieux precedens. Ils ont encore des trains, traineaux, tressons, et sarrouests qui appartiennent aux pescheurs du Paillet qui sont du bord de l'est et dont il sera fait mention en son lieu; la permission de se servir de ces sortes de filets est exclusif; le S' de Pontac seigneur de l'Isle St Georges et de Beautirant a affermé le droit, mais attendu que les pescheurs qui se servent de ces filets ne descendent point dans les eaux salées de la Gironde pour faire la pesche qu'ils pratiquent seulement le long des côtes du territoire où les officiers d'Amirauté sont privez de toutes inspections, n'en ayant aucune dans toutes les eaux de cette rivierre jusqu'à ce qu'il ait plu à Sa Majesté de les rétablir dans leurs droits, nous n'en ferons icy aucune mention, les mailles de ces rets étant conformes à ce qui est prescrit par l'ordonnance de 1669. Les officiers des Eaux et Forests jouissent de la police que le parlement de Bordeaux leur à attribué par l'arrest de 1702, quoy que le flot de mars se fasse sentir beaucoup encore au dessus de Langon.
De l'Isle S, Georges, en remontant toujours la Garonne, nous sommes venus dans la paroisse de Beautirant sous Castres, où les perches sont d'autant plus considèrables qu'il y a jusqu'à quinze filadières de toutes sortes dont cinq à six descendant faire la pesche à la mer et vont quelquefois jusqu'à La Rochelle y porter le poisson de leur pesche et des moules; chaque maître de ces filadières, en exécution du règlement de Mr Daguesseau, paye au fermier du domaine trois livres un sol chagu'année, à quoy ce règlement n'a pu obliger ceux qui vont faire la pesche à la mer. Les pescheurs de Beautirant ont pour cela de quatre espèces de trameaux comme ceux des lieux précédens savoir des bijarrères, des estoires, des tirolles larges et des tirollettes ; il n'y a aucune seine traîne ou tresson ; les pescheurs qui s'en servent, et qui en af¬ferment le droit de s'en servir des seigneurs particuliers qui se le sont arrogé depuis peu d'années, demeurent pour la plupart à la rive de l'est de la Garonne.
Les trameaux, bijarrères ont les mailles de l'armail plus serrées que celles des mêmes filets des pescheurs de Cadaujac n'ayant que huit pouces trois lignes en quarré la maille de la charte, ou carte est bien plus large ayant vingt cinq lignes en quarré.
Les trameaux d'estoires ont la maille de l'armail plus large que celle des bijarrères, ayant neuf pouces en quarré et étant formée de gros fil comme tous les autres trame aux de la même espèce; la carte, taille, nappe ou ret du milieu a seulement dix neuf lignes en quarré. Les tirolles larges qui sont la troisième espèce des trameaux des pescheurs de Beautirant ont les mailles de l'armail de cinq pouces en quarré, et celles de la carte, charte ou ret du milieu ont seulement quinze lignes en quarré.
La quatrième espèce des trame aux de ces pescheurs se nomment tiroles ou tirollette ; c'est à proprement parler une espèce de tramaillon ; le fil de ce ret est aussi fort fin. Les mailles de l'armail ont seulement quatre pouces trois lignes en quarré et celles de la carte ou ret du milieu ont seulement neuf lignes en quarré.
Les trulles, trullottes et petits havenets sont de deux sortes: les mailles du sac qui sont les plus larges ont neuf lignes en quarré et les plus ser¬rées ont sept lignes.
Ces pescheurs se servent aussi de nasses ou panier d'osier qu'ils nomment bourgnes ou bouriques pour faire la pesche de différentes espèces` de poissons.."
(Extrait de 'Protes Vervaux des Visistes Faites par Ordre du Roy concernant La Pesche en Mer' récemment publié aux Editions de l'Entre deux Mers.)
... un week-end dans le Bordelais par Vassifis Alexakis
Muni d'un stylo et d'un bloc vierge, un journaliste parisien est allé passer un week-end dans un village du Bordelais. Voici son carnet de voyage. (1960)
Par la fenêtre du petit train de la banlieue bordelaise on voit passer un HLM.
-Le vieux dit Ils n'ont pas de jarre.
La vielle dit Pauvres gens.
-En dehors de ce couple, il y a dans le compartiment un jeune garçon qui lit '1- orme au Petit Chien" (4 F), un homme d'une quarantaine d'années qui lit France-Soir (0.50 F) et, à ma gauche, une jeune femme qui compte les pièces de son porte-monnaie (7.50 F).
-Debout se tiennent trois Espagnols, une femme et son chat .Le chat se tient debout sur l’épaule de la femme.
Le vieux dit Regarde comme elle le porte.
La vieille étouffe un rire.
Les trois Espagnols et la femme au petit chat descendent à la prochaine.
Je reprends ma lecture ('"La France à Table" - Bordeaux) :
« L'alose est de chez nous, nous la revendiquons. On la rencontre aussi à Bayonne et même, dit-on, au Maroc. Il y a des contrefacteurs partout Mais c'est vers la Garonne et jusqu'à côté même du Pont de Pierre qu'elle a suivi les divines injonctions de l'instinct et consommé le sacrifice de sa beauté. »
-C'est loin. B...?demandé-je à la jeune femme. Le vieux me regarde sévèrement .Je reprends ma lecture: « La farcir d'un godiveau. Refermer, ficeler et la mettre à braiser sur un lit d'aromates... »
- C'est loin B...?demandé-je aimablement à la jeune femme.
Elle a changé de place. De toute façon, Bordeaux n'est pas loin. .C’est le vieux qui me le dit
C'est un samedi. Je descends du train à l’heure où les hommes du village se réunissent dans le Café du Commerce ou dans le Café de l’Union pour jouer aux cartes ou au billard.
C'est le soir. La route qui mène de la petite gare au village est déserte. Pas un homme. Pas un bruit Il y a tout de même un chat, qui traverse la route, passe la grille d'un jardin et lentement se dirige vers la maison où, à travers les rideaux diaphanes d'une fenêtre éclairée, on aperçoit deux ombres assises devant un écran de télévision.
Au centre du village, les deux cafés et l’église forment un triangle peuplé de platanes. Pour un temps, les joueurs de billard et les joueurs de cartes du Café de l'Union s'interrompent : un étranger vient d'entrer dans la salle.
L'étranger éprouve momentanément un sentiment comparable à celui de reniant qui a eu l'imprudence d'envoyer son ballon dans le jardin voisin. L'impression d'avoir abusé, un petit peu, de la propriété d'autrui.
Le jeu reprend aussitôt, et l'étranger se dirige vers le comptoir.
Je demande un paquet de cigarettes à la patronne et je lui paie d'avance le café qu'elle me servira au fond de la salle.
La patronne dit en riant Payé à l'avance, mal servi.
C'est la fin d'une partie de billard: le vainqueur provoque l'assistance: Qui c'est qui vient se faire opérer ?
La patronne vient servir le café.
- Est-ce qu’il y a un hôtel dans les environs ? II y en a un.
Mais, enfin... disons tout de suite que l'Hôtel de la Passerelle ne jouit pas d 'une excellente réputation. Est-ce parce que la patronne n'est pas du pays? Est-ce parce qu'elle vit seule? Est-ce parce qu'elle a gagné un procès contre le propriétaire de l'hôtel, qui lui, est du pays?
Le fait est qu'on l'a successivement surnommée la Madame, l'Avocate et même la Sorcière... Ce qui prouve que les habitants du village ne manquent pas d’esprit caustique.
Qui c'est qui vient se faire opérer? demande encore le vainqueur.
Mon installation à l'Hôtel de la Passerelle, un peu en dehors du village, donnera le temps à tous les restaurants de l'endroit de fermer leurs Pour ce qui portes.
Pour ce qui est de la moralité de la patronne, je découvre simplement, sculptée sur une grande pendule, une jolie scène représentant une jeune file aux prises avec un diablotin qui vient lui voler des pommes...
A B..., trois jeunes gens pensent que je peux encore trouver quelque chose dans un autre village, à une distance d'environ 2 Km. J'y trouve en effet un sandwich, avec du pain et du pâté du pays, et un verre, naturellement, du vin du pays.
Le lendemain matin, au cours d'une promenade avec le maire de B..., l'étranger verra un peu partout dans le village des affiches qui exaltent les vertus d'un nouveau fer à repasser.
Au bout d'un trajet en ligne droite, l’étranger aura l'impression de rejoindre son point de départ. Comme si voyager était une manière de tourner en rond.
On peut, en effet, se tromper Non seulement B... ressemble étrangement à bien des villages, mais aussi bien les villages prennent de plus en plus des airs de grandes villes ; de même que certaines petites filles se plaisent à imiter leurs mamans.
Il est cependant évident que même les mamans qui se plaisent à imiter leurs petites filles ne trompent personne.
B... c'est quand même B.... C'est un tas d'histoires.
C'est l'histoire de la patronne de l'Hôtel de la Passerelle, c'est aussi l'histoire de cette paysanne nommée Cécila Carérot qui écrivait clac vers sur ses sabots.
C'est l'histoire d'un vieil homme de soixante dix-neuf ans, conseiller municipal, ancien joyeux vivant, à qui sa femme interdit de nous raconter son histoire: Fine vous dira rien. C'est moi qui commande, ici Je suis la patronne.
Les gens d'ici n'aiment pas beaucoup qu'on entre chez eux par la fenêtre. C'est l'histoire de plusieurs petits secrets, de secrets communs, que la communauté garde bien à l'abri des regards indiscrets. Ils sont pourtant amusants, souvent cocasses, parfois tristes aussi.
C'est l'histoire d'un vieil arbre, sur le point de s'abattre sur la route, que son propriétaire refusait de couper. II a fallu aller au tribunal.
C'est l'histoire d'un homme qui demandait cinq millions de dommages et intérêts à l'amant de sa femme.
C'est l'histoire d'un garde champêtre, qui exerce parallèlement les fonctions de trésorier des boules, qui pense qu'autrefois il y avait de belles fêtes mais que ça se perd maintenait
C'est la très simple histoire du secrétaire de la fanfare qui pense que la vie, c'est la vie.
C'est l'histoire d'un jeune homme de vingt-cinq ans qui, dit-on, battait régulièrement une vieille dame de soixante ans, qui pourtant était sa femme...
C'est l'histoire d'une papeterie qui utilise le pin des Landes et d'une usine de maisons préfabriquées et de conduites en béton qui absorbent bon nombre de travailleurs. Les autres travaillentà Bordeaux.
Et la : C'est presque une vieille histoire pour B... En dehors d'un domaine qui a été racheté par des Algériens, la plupart des vignes ont été arrachées. Les villageois préfèrent vendre le terrain, cultiver du rirais, créer des vergers.
La nouvelle autoroute du sud de Bordeaux donnera le coup de grâce aux vignobles qui subsistent encore ici.
Au cours de notre promenade, le maire de B... dit Je suis en bain de chercher quelles sont les personnes qui ne font encore que de la vigne… Il n’y en a pas plus que cinq .
C'est enfin l’histoire de trois pêcheurs qui tendent leurs filets dans la Garonne. Car, rappelons-le, c'est ici que l'alose consomme le sacrifice de sa beauté...
Des pauvres? Il y en a très peu. Le Bureau social doit secourir trois personnes, dit encore le maire. Remarquez, il y a peut-être des gens qui sont dans le besoin et qui ne le disent pas. Ils ont leur fierté.
Dimanche midi Je prends un pastis au Café du Commerce. Le patron range les bouteilles dans son Frigidaire.
Une bouteille lui glisse entre les doigts. Putaing, dit-il
Par la porte ouverte, le patron peut voir les gens qui entrent dans le Café de l'Union. D'ailleurs, il les voit S'il ne les voyait pas, la bouteille ne lui aurait pas glissé entre les doigts...
On voit, d'une manière générale, beaucoup de gens aux fenêtres de B... Il s'y passe peu de choses, mais on peut dire qu'elles n'échappent à personne.
Le patron est du même avis que le garde champêtre, trésorier des boules: les belles fêtes, ça se perd.
Il y a justement une fête aujourd’hui, dans le village voisin de C...
C’est à cinq cents mètres.
L'étranger Jugera le déjeuner. (hors-d'oeuvre, aiguilles à la persillade, escargots à la bordelaise, pintadeau-frites, salade, fraises) délicieux le vin excellent, le prix dérisoire: 9.50 F.
Le repas terminé, il prendra, comme tout le monde, le chemin de la fête. On y tire à la carabine. on mesure la force de son coup de poing, on donne un ballon en prime à ceux qui achètent par 4 F de bonbons. On donne 6F; pour franchir la grille, peinte en rouge et jaune, qui entoure la piste du bal.
Un vieux dit C’est un peu cher. Il ajoute: Mais l'orchestre est excellent Vous connaissez ? L'orchestre joue fort.
D'un oeil sceptique, un gendarme observe les danseurs: Ce sont des écervelés.
Il me fait cette confidence: Quand je suis en avis (essaie de danser, mais je n’y arrive pas.
Ce n'est peut-être pas aussi facile de se défaire d'un uniforme..
Pour l'instant les filles dansent avec les filles, et les garçons avec les garçons. II est vrai que tous les jeunes ne sont pas aussi timides: au milieu des familles endimanchées venues voir comment ça se passe, un garçon embrasse tendrement son amie, dont la jupe est tout de même un peu plus longue que le pull.
Un vieux dit Sur la place publique! Remarquez ça me fait pas mal aux yeux.. Il réfléchit Dans le temps ?... On allait dans le coin, vrai faut pas croire que c'était plus sain.
Un garçon d'une vingtaine d'années bisse sa moto contre un arbre et, avant de prendre le chemin de la piste, se coiffe une dernière fois au rétroviseur. L'orchestre joue de plus en plus fort. Déjà certains garçons dansent avec des filles.
Le gendarme dit Les bal, aujourd'hui, ça ne dure pas longtemps. Les jeunes ont des voitures. Au bout d'une heure, ils lèvent une Meuf, puis ils s'en vont
Pourtant le bal durera Il faut croire que tous les jeunes n 'ont pas une voiture, ou alors qu'il ne suffit pas d'une heure pour lever une fille. C'est donc longtemps après qu'un couple quittera la piste et se dirigera lentement vers le bois...La nuit tombera bien.
BOCAGE des Bords de Garonne ( 11° promenade - avril 2010) - carte des circuits
Christiane ESPEUT Source : note historique rédigée par la famille de Sèze
Joseph DUBERNET, propriétaire du château d’Eyran en 1612, sera aussi Premier Président du Parlement de Bordeaux. L’une de ses filles, Anne-Jeanne, épousera Jean Baptiste Gaston DE SECONDAT, président à mortier au Parlement de Bordeaux et baron de Montesquieu . Elle sera la grand-mère paternelle de Montesquieu.
L’autre fille Béatrix épousera Henri de Raymond DE SALLEGOURDE et c’est à elle que la propriété sera transmise.
Les Raymond DE SALLEGOURDE conservèrent Eyran pendant cinq générations jusqu’à son séquestre en 1792 comme bien d’émigré. Suzanne-Caroline de Raymond en obtiendra restitution en 1796 et l’apportera comme dot lors de son mariage avec Paul-Victor DE SEZE, qui était le frère de Raymond de Sèze, l’avocat de Louis XVI devant la Convention nationale. Médecin, philosophe, professeur et député aux Etats Généraux de 1789, Paul‐Victor DE SEZE sera le premier Recteur de l’Académie de Bordeaux.
Dans les années 1830, il transmettra la propriété à son fils Aurélien DE SEZE, amoureux platonique de George SAND et vice‐président de l’Assemblée Nationale. Il en restera propriétaire jusqu’à sa mort en 1870.
Le château s’est transmis de génération en génération et reste encore aujourd’hui la propriété de la famille DE SEZE.
Les parties les plus anciennes du château sont datées du XVIème siècle. C’est Aurélien DE SEZE qui, vers 1837, fera abattre les murs de la cour fermée pour y installer une grille et y plantera le bouquet de magnolias qui y trône depuis 1855. Le parc est vraisemblablement dans la même configuration que celle qui existait lorsque le révolutionnaire Vergniaud ou l’écrivain George SAND venaient s’y promener.
Un curé, enfant du pays: l'abbé Subervie. par Frédéric DURAND -Remerciements à Claudy GUERIN
Il est un certain patrimoine connu de tous mais dont on ne connaît pas forcément l’origine. C’est ainsi que les Communes de Cadaujac et Saint-Médard- d’Eyrans ont pu conserver des traces du passage de l’abbé Subervie.
François-Jules-Léonce Subervie était né le 14 juin 1861 au hameau de Paté, à Cadaujac, dans une famille déjà très dévouée au culte catholique. Son père, Bernard Subervie, était membre du bureau des marguilliers de 1864 à 1885. Son frère Charles Subervie fut, quant à lui, maire de la Commune entre 1909 et 1919.
François Subervie fit sa rhétorique en 1878-1879, avant d’être nommé acolyte le 3 juin 1882. Le 20 mai 1883, il fut ordonné sous-diacre dans la chapelle du Grand Séminaire de Bordeaux, par Mgr Fontenau, puis diacre le 22 décembre de la même année. Le 20 décembre 1884, c’est l’archevêque de Bordeaux, Mgr Guilbert, qui l’ordonna à la prêtrise, dans la même chapelle. Dès le 23 décembre, Cadaujac et ses paroissiens surent fêter l’arrivée de l’enfant du pays par nombre de guirlandes, bannières ou lanternes de couleurs, ainsi qu’un arc de triomphe dressé sur le Pont de Paté. C’est le nouvel abbé qui distribua la sainte communion à toute sa famille, puis à 201 fidèles. Il eut également l’honneur de dire sa première messe, celle de l’aurore. En souvenir de cette messe de Noël, l’abbé Subervie fit par la suite don à l’église Saint-Pierre du grand Christ placé devant la chaire, béni le 18 mars 1886.
Il occupa aussitôt un poste de professeur économe au collège de Bazas. Puis le 21 février 1907, il devint curé de Saint-Médard- d’Eyrans, succédant aux cinquante années d’administration de l’abbé Bonnin. Bien qu’il eût possédé entre 1895 et 1922 une maison au lieu-dit Les Dées, construite en 1889 par Raymond Subervie, il habitait le presbytère dont il fut le premier à payer le loyer. Ce dernier était d’une somme modique (50 francs) à cause de la vétusté du bâtiment et parce que l’abbé s’était engagé à faire gratuitement les enterrements des indigents de la Commune. En ces temps nouveaux de séparation de l’Eglise et de l’Etat, c’est à ses frais qu’il y fit installer une pompe et clôturer le jardin en 1907. Et c’est encore de sa bourse qu’il fit construire l’année suivante un hangar destiné à abriter les enfants.
Nommé chanoine honoraire le 26 novembre 1937, il favorisa une grande piété au sein des trois paroisses qu’il desservait : Saint-Médard-d’Eyrans, Ayguemorte-les-Graves et Isle-Saint-Georges où il se rendait à bicyclette. Les églises étaient alors toujours pleines, dit-on. C’est durant son ministère que furent inaugurées à Saint-Médard les statues de Jeanne d’Arc en 1924 et de sainte Thérèse de l’Enfant Jésus le 21 septembre 1930, puis celle de sainte Bernadette.
Très actif, il travaillait son jardin, élevait des lapins et fabriquait son propre miel à partir de ses ruches, production dont il faisait offrande lors de ses visites aux malades. Il animait également le groupe de jeunes filles des Bérets blancs qui égayaient de leurs doux chants messes et vêpres.
Tous les ans, il emmenait gratuitement les enfants de chœur, rejoints par quelques fidèles, en pèlerinage à Verdelais. La petite troupe prenait le train depuis la gare de Saint-Médard pour Langon et continuait à pied jusqu’à la basilique Notre-Dame. Messe le matin, pique-nique au Pas de la Mule et chemin de croix l’après-midi égrainaient la journée. Le 7 août 1890, il avait aussi accompagné les Enfants de Marie de Cadaujac à la basilique Notre-Dame-de-Fin-des-Terres, à Soulac. L’abbé Subervie eut également une âme de voyageur. Il participa ainsi au congrès eucharistique international de Carthage, en Tunisie, en 1930. De Jérusalem il rapporta à chaque famille une croix en bois d’olivier représentant les stations du chemin de croix.
A la fin de sa vie, après un accident, il perdit un peu la raison. Mis à la retraite, il se retira à l’hôpital de Bazas en 1942. Il y rendit son dernier soupir le 24 novembre 1946. Mais c’est dans le village de Saint-Médard-d’Eyrans, qu’il avait su tant apprécier, qu’il avait souhaité reposer. On peut toujours s’arrêter devant son tombeau, situé à côté de l’église derrière les fonts baptismaux. Bon mais assez sévère et exigeant, il est resté très aimé des villageois.
Sources: Association E.S.P.A.C.E (Claudy GUERIN)
site web de St-Médard-d'Eyrans - Photos: Cristina CERQUEIRA
L’EGLISE Saint-Médard
Excentrée du bourg, l’église a été bâtie sur un tertre, près d’un petit ruisseau le Milan. Elle se situe à l’intérieur du cimetière communal qu’il faut traverser pour y accéder, symbolisant ainsi l’union des vivants et des morts, dans la pure tradition des églises primitives.
Romane à l’origine, l'église a subi d’importants travaux de restauration, notamment au milieu du XVIIIème siècle et surtout au XIXème siècle par Gustave Alaux,( reconstruction avec clocher pignon agrandi ), puis au début du XXème siècle.
Elle ne possède qu’une seule nef et transept, est orientée de façon classique, le chœur dirigé vers l’Est et surprend avec son clocher mur et ses deux cloches apparentes.
L'intérieur de l’église est typiquement XIXème siècle .
**2 anecdotes locales:
1) L’église et le presbytère se trouvaient en très triste état vers 1830 et il fallut encore faire des restaurations pour qu'un curé puisse être nommé. Celui -ci, Martin Merino, ancien franciscain espagnol, n'ayant pas rempli sa mission, fut interdit en 1840. Revenu dans son pays le 2 février 1852, ce militant libéral décida d' attenter à la vie de la reine d'Espagne, Elisabeth II, en la blessant d'un coup de poignard. Il fut très rapidement jugé et exécuté cinq jours plus tard.
2) Au pied du chevet, se trouvent les tombeaux de la famille de Sèze et de la famille de Mademoiselle de La Rochettière, bienfaitrice de l’église et fondatrice avec l’abbé Lespiaut de la congrégation des Religieuses de Marie-Thérèse, installées actuellement à Lyon.
Le mobilier particulièrement important est composé de nombreux éléments en pierre, bois ou ferronnerie. La décoration surprend par sa richesse; elle comporte des inscriptions lapidaires rouge carmin, des stèles murales, des céramiques représentant des oiseaux, des fleurs de lys, salamandres, feuilles de lierre ainsi qu’un grand nombre de blasons et d’écus. Ci-contre l'ancien blason du village.
**La décoration intérieure est l’œuvre de l’abbé BONNIN.
Arrivé en 1857 à l’âge de 30 ans, il a célébré sa dernière messe en 1907 à 80 ans, ayant employé ces 50 années à orner et enrichir son église. Il faisait souvent appel à la générosité de ses paroissiens, dont les familles des notables BROCHET, DE LA ROCHETTIERE, LHEMMAN, DE SEZE, NOLIBOIS (qui fut maire de 1795 à 1812, puis son fils de 1819 à 1837) …etc.
Au retour de ses pèlerinages à Rome (1862), à Saint -Jacques- de- Compostelle, et en terre sainte (1885), il faisait installer des statues et sur les murs, des plaques ornées de belles inscriptions … Pour les statues, souvent en pierre blanche de Chauvigny, il s’adressait à PREVOT, célèbre bordelais. L’inventaire réalisé par deux historiens en 1996, à l’initiative de la mairie, donne dans le détail l’origine de chaque ornement ajouté, pièce par pièce, par cet extraordinaire « collectionneur ».
Les vitraux de 1863 sont signés FEUR ET VILLIET.
Dans la sacristie, sur deux anciens vitraux de couleur rouge en forme d'écu, on peut voir sur l'un un bâton, deux coquilles et deux grenouilles, et sur l'autre un globe et deux grenouilles, tous éléments du blason actuel de Saint-Médard- d'Eyrans.
L'église est actuellement entièrement restaurée. Près de trente bénévoles de l’association E.S.P.A.C.E, créée en 1996 à l’initiative de la mairie (Ensemble pour la Sauvegarde du Patrimoine Architectural et Culturel de l'Eglise de Saint-Médard- d’Eyrans), ont participé au travail de restauration du mobilier d’Octobre 2000 à Septembre 2003. L’association a encore de grands projets, en particulier terminer la table d'autel .
Malgré tout l’intérêt que présente cet édifice, il ne bénéficie d’aucune protection ; à l’heure actuelle il ne fait l’objet d’aucune inscription ou classement .
Pour les visites , contacter l'association ESPACE.
Le sous-sol de Saint Médard d’Eyrans par Frédéric BORDESSOULE
PRESIDENT APBA ASSOCIATION PALEONTOLOGIQUE DU BASSIN AQUITAIN
Bien des habitants de notre commune (de plus en plus nombreux d’ailleurs !) que j’ai l’occasion de rencontrer, lors d’expositions ou de manifestations culturo-scientifiques, me posent souvent la question suivante : « Y- a-t-il des fossiles dans le sous-sol de Saint-Médard-d’Eyrans ? ».
Cette question, apparemment simple, pose en réalité quelques problèmes, car peu d’études scientifiques existent sur ce sujet, pour ne pas dire a priori aucune !
Pourtant, de très nombreuses recherches géologiques ont été réalisées sur les environs, et cela depuis plusieurs décennies, notamment sur le canton de La Brède. Les communes de Saucats, Léognan, Martillac, La Brède, Saint-Morillon, et Cabanac-Villagrains, connues géologiquement pour certaines depuis le XVIIIème siècle, ont livré des trésors d’informations et servi à établir des données scientifiques très précieuses sur les sous-sols et les fossiles qu’ils contiennent.
Le palmarès restant toutefois décerné aux communes de Saucats et Léognan, pour le grand nombre de publications scientifiques, de rapports de fouilles et de thèses d’Etat sur les paléofaunes miocènes. De plus, la présence de la Réserve Naturelle Géologique de Saucats-La Brède démontre l’importance de la géologie sur notre localité.
Mais, revenons donc à Saint- Médard-d’Eyrans. A ma connaissance, notre commune n’était certainement pas le territoire le plus étudié, paléontologiquement parlant. Mais comme vous le savez bien, dans notre belle science, nous ne pouvons pas répondre à une question, sans avoir au préalable mené une enquête détaillée, afin de trouver des preuves et des faits vérifiés.
Je me suis donc rendu à l’agence régionale du Bureau de Recherches Géologiques et Minières (B.R.G.M.) à Pessac où dans les innombrables archives, j’ai pu, à ma grande surprise, découvrir des documents d’études et constater que notre domaine communal avait bien été étudié géologiquement, par le biais de forages. L’objectif pour le B.R.G.M., en réalisant ces forages, était de connaître la nature du sous-sol, afin de prévoir l’installation d’infrastructures importantes, aujourd'hui opérationnelles (comme l’autoroute A62) et de mesurer les ressources aquifères des couches Eocène.
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Ces forages ont tous été effectués (d’après mes recherches) entre septembre 1964 et novembre 1995 et cela en seize lieux différents sur la commune de Saint-Médard-d’Eyrans. Il faut ajouter à cela neuf forages supplémentaires, réalisés dans le cadre de l’évaluation de la qualité des eaux, en 1967.
Les forages matérialisés sur la carte ci-dessus ne sont, bien entendu, pas au complet. Ce sont uniquement ceux qui ont servi à établir une coupe précise qui sera illustrée plus loin.
Dans l’ensemble des forages réalisés, deux sont particulièrement intéressants. Il s’agit des forages des lieux-dits Le Pontet et Le Blayet, qui offrent les séries stratigraphiques les plus complètes, en partant de l’Eocène inférieur et en remontant jusqu’au Quaternaire.
L’intérêt de ces deux forages réside dans leur grande profondeur (Le Pontet : – 360 mètres ; Le Blayet : – 350 mètres).
Le forage du lieu-dit Le Pontet et celui du lieu-dit Le Blayet sont séparés d’environ une distance d’un kilomètre. Les résultats du sondage du B.R.G.M. nous apportent une reconstitution du sous-sol, niveau par niveau.
C’est comme cela que l’on peut observer que la base de la coupe datée de l’Eocène inférieur (environ - 48 millions d’années) est constituée de marne sableuse fossilifère (au Pontet), surmontée par l’alternance de marnes et de calcaire datant de l’Eocène moyen (environ - 44 millions d’années) et de marnes sableuses et d’argile de l’Eocène supérieur (environ - 38 millions d’années). Cet ensemble Eocène est lui-même surmonté par des niveaux d’argile puis de calcaire, datés respectivement de l’Oligocène inférieur (environ - 32 millions d’années) et supérieur (environ - 25 millions d’années). Enfin, la série se termine par le quaternaire, qui est matérialisé par des sables (au Pontet) et des argiles (au Blayet) avec, par endroits, des lentilles graveleuses.
L’ANCIENNE ECOLE DES FILLES
Abritant aujourd’hui les bureaux de la Poste, cette école privée était encore tenue par des religieuses en 1900. "Elevez-nous des croyantes et non des raisonneuses" (Napoléon Ier - 1807) -
« Beaucoup de maux sont nés parce qu’une femme sait lire et écrire ».
(XIIIème siècle Philippe de Novare)
LE CHATEAU MARGEON
Ancienne maison forte du XVIème siècle, bâtie en moellons : bâtiment rectangulaire, tour de guet accolée pour accéder aux étages par un escalier à vis, et meurtrières..
Au XIXème, surélévation d'un deuxième étage et création d'une terrasse.
LE CHATEAU LAMOTHE
Elevé sur l'emplacement d’une villa gallo-romaine, c'est dans le parc de cette propriété que furent découverts au début du XIXème siècle les deux sarcophages en marbre de Paros exposés au musée du Louvre.
C'est dans ce château que naquit Sophie de La Rochetière, fondatrice, en 1814, des Sœurs de Marie-Thérèse, à Bordeaux.
Une maison de retraite occupe les lieux depuis 1987.
Ayguemorte-les-Graves (suite) Origine du nom / origine de la commune (d’après G. Lacoste-Lagrange)
Saint-Clément de Coma apparaît pour la première fois dans d’anciens pouillés du XIVème siècle (la première nomination de la paroisse date de 1362 sous le règne du roi Jean le Bon). La paroisse fut fondée vraisemblablement par l’abbaye de Sainte-Croix. Coma ou Comma signifiant en celte : « lieu humide, marécageux ». Le nom d’Ayguemorte n’apparaît qu’au XVIème siècle sous l’appellation de Saint-Clément-d’Ayguemorte. En 1563, l’église est alors une annexe de celle de Beautiran.
A la Révolution, les communes prirent la suite des paroisses de l’Ancien régime: Ayguemorte ne fut érigée en commune que plus tardivement (la date reste aujourd’hui inconnue).
L’occupation humaine d’Ayguemorte-les-Graves est ancienne. Des fouilles effectuées en 1984 dans le cimetière ont mis au jour des fragments de tegulae (tuiles romaines), des monnaies du IIIème siècle, des fragments de sarcophages mérovingiens, des fragments de céramique, tous témoins de l’occupation antique du site. Ces fouilles ont aussi permis de mettre au jour les restes d’une église du XIIIème siècle : celle du Moyen Age, Saint-Clément-d’Ayguemorte. Démolie au XIXème siècle, elle devait être remplacée par l’église actuelle Saint-Clément-de-Coma .
Sous l’Ancien régime, une part appréciable des impôts ecclésiastiques (la dîme) d’Ayguemorte était prélevée par des religieux bordelais. Pour ce qui concerne l’organisation féodale, on sait que, au moins en 1774, Ayguemorte faisait partie d’une Seigneurie qui comprenait Isle-Saint-Georges, Beautiran et La Prade.
Au XVIIIème siècle, quatre maisons nobles existaient sur son territoire, trois signalées sur la carte de Belleyme : La Motte, Lusseau et Gérôme qui, à cette époque, ne semble pas être encore Saint-Gérôme. Métivier, la quatrième (actuellement Chamarel) est signalée par une réclamation d’hommage au roi pour cette terre.
Activités agricoles
Au cours du temps, la commune a été le siège d’une mosaïque de paysages liée aux diverses potentialités du sol et aux nécessités de la vie rurale.
Sur le cadastre de 1847, on peut voir que 194 ha étaient consacrés à la vigne, 49 aux terres labourables, 78 aux pins, 11 aux oseraies, 8 aux pâturages et pacages, 5 en jardins, 2 en viviers, 1 en vergers, 21 en aulnaies, 3 en marais, 18 en robiniers (acacias), 4 en châtaigniers et seulement 0,06 en friches et broussailles. L’habitat se composait de 49 maisons et d’un moulin. Jusque dans les années 1950/1960, certaines pratiques traditionnelles ont perduré et révélaient l’originalité de cette campagne de l’Aruan.
Ayguemorte est une commune où l’on pratiquait la culture du cresson des fontaines. On trouvait des cressonnières aux zones de résurgences de sources, sur le rebord du plateau sableux, au-dessus des marais, aux lieux dits Moka et la Blancherie dans le bourg, près de l’ancienne église, près du moulin de l’Aprée.
L’eau de source est idéale car elle est riche en minéraux et sa température tiède et constante (14°) permet la culture d’hiver. En effet, dans le temps, le cresson était la seule « salade » de l’hiver, cultivée de septembre à mai.
Ayguemorte est aussi une commune de terres labourables notamment pour le maraîchage. Même si son sol n’y est pas plus propice qu’ailleurs et qu’elle ne bénéficie pas de la proximité du marché bordelais, l’histoire locale est liée au maraîchage. Ces cultures ont presque disparu aujourd’hui.
… Une autre caractéristique d’Ayguemorte, mise à part la vigne, était l’élevage bovin. Dans le cadre de la polyculture d’autosubsistance, les habitants possédaient chacun quelques vaches que l’on pouvait voir, jusque dans les années 1970/1975, dans les prairies ou divaguant sur le bord des routes.
A la saison, on « allait à la bauge » dans les zones humides, c'est-à-dire que l’on fauchait cette haute végétation des marais impropre à la pâture mais utilisée pour le paillage des bêtes (bauge = mauvaise litière).
Aujourd'hui, le haras a récupéré et préservé une partie du paysage de prairies, de l’embroussaillement et de l’urbanisation.
L’utilisation traditionnelle du sol à Ayguemorte c’est aussi cette zone de palus, si hostile et si riche à la fois. Des fossés ou « rouilles » ont été implantés pour la drainer dès le Moyen Age et un Syndicat des marais s’occupe d’entretenir ce réseau depuis 1842. C’est aujourd’hui le lieu de la vigne de palus. C’est aussi un milieu écologiquement riche et préservé, en partie classé « zone naturelle d’intérêt faunistique et floristique ».
L’activité économique actuelle
Le Parc d’activités Robert-Algayon regroupe environ 25 entreprises qui exercent leur activité sur la commune et au-delà.
Le Haras, propriété du docteur et Mme Yves Frémiot, s’étend sur 55 ha où sont implantés 70 boxes de poulinières, de chevaux d’élevage et d’étalons.
La sélection et l’élevage des chevaux de sang sont la spécialité du haras depuis 1970.
La ferme Méjean développe principalement une activité d’élevage : vaches bazadaises, agneaux, brebis. Un potager et des arbres fruitiers complètent ce domaine, propriété de Bruno Géraud.
L’activité viticole s’exerce sur les parcelles classées AOC GRAVES :
• le Château Lusseau : superficie de 7 ha, administré par Bérengère Quellien de Granviliers dont la famille est propriétaire de ce domaine depuis un siècle.
• le Château Méjean : superficie de 6,5 ha, administré par Bruno Géraud qui a fait renaître ce domaine dont il est le propriétaire depuis 1999.
• le Château Saint-Gérôme : superficie de 7 ha, administré par Pierre Léon Seiglan dont la famille est propriétaire du domaine depuis un demi-siècle.
La Réserve Naturelle Géologique de Saucats - La Brède par SIGM
Créée en 1979, l’Association pour la Réserve géologique de Saucats-La Brède a obtenu le classement Réserve Naturelle puis une délégation de service public pour gestion du site « espace naturel protégé »en 1982.
Musée à ciel ouvert, par des sentiers balisés ou musée en Maison de la Réserve, que d’espèces de mousses, lichens, mollusques, salamandres, gastéropodes... on en a recensé quelques 200 nouvelles encore récemment !
Par ses principes, l’association s’inscrit dans le domaine de l’éducation populaire et de l’éducation de l’environnement .Elle est aussi très attachée à sa participation à un mode économique social et solidaire.
Outre l’organisation de rencontres auprès de publics variés, elle participe à des suivis, à des relevés de données de flore et faune, et est chargée d’étudier certains paramètres hydrogéologiques et d’expertises des bassins versants du canton.
Elle communique avec un périodique « l’ECHO des FALUNS ». Un livre est en gestation sur coraux, oursins, calcaires lacustres de l’Aquitanien.
Pour l’avenir, la RNG a l’ambition de mener des actions originales. De nouveaux adhérents ont toute leur place aux côtés de l’équipe déjà constituée pour mener à bien son projet associatif à l’étape 2010/2020.
Des coquilles dans ce journal...
extraits par SIGM de l'Echo des Faluns, périodique de la Réserve Naturelle Géologique, d'après VOLTAIRE : « Des Singularités de la Nature » (1768)
Il est arrivé aux coquilles la même chose qu’aux anguilles: elles ont fait éclore des systèmes nouveaux. On trouve dans quelques endroits de ce globe des amas de coquillages; on voit dans quelques autres des huîtres pétrifiées: de là on a conclu que la mer avait couvert toute la terre il y a quelques millions d’années.
Si la mer a été partout, il y a eu un temps où le monde n’était peuplé que de poissons. Peu à peu les nageoires sont devenues des bras; la queue fourchue, s’étant allongée, a formé des cuisses et des jambes; enfin les poissons sont devenus des hommes.
On prétend qu’il y a des fragments de coquillages à Montmartre, et près de Reims. On en rencontre presque partout ...mais il n’y a pas une seule coquille sur la chaîne des hautes montagnes, depuis la Sierra Morena jusqu’à la dernière cime de l’Apennin. J’en ai fait chercher sur le mont Saint-Gothard, sur le Saint - Bernard, on n’en a pas découvert.
Un seul physicien m’a écrit qu’il a trouvé une écaille d’huître pétrifiée vers le mont Cenis. Je dois le croire, et je suis très étonné qu’on n’y en ait pas vu des centaines. Est-ce d’ailleurs une idée tout à fait romanesque de faire réflexion sur la foule innombrable de pèlerins qui partaient à pied de Saint-Jacques en Galice, et de tant de provinces, pour aller à Rome par le mont Cenis, chargés de coquilles à leurs bonnets? Il en venait de Syrie, d’Égypte, de Grèce, comme de Pologne et d’Autriche. Le nombre des romipètes a été mille fois plus considérable que celui des hadjis qui ont visité la Mecque et Médine, parce que les chemins de Rome sont plus faciles, et qu’on n’était pas forcé d’aller par caravanes. En un mot, une huître près du mont Cenis ne prouve pas que l’océan Indien ait enveloppé toutes les terres de notre hémisphère.
On rencontre quelquefois en fouillant la terre des pétrifications étrangères, comme on rencontre dans l’Autriche des médailles frappées à Rome. Mais, pour une pétrification étrangère, il y en a mille de nos climats.
On découvrit, ou l’on crut découvrir, il y a quelques années, les ossements d’un renne et d’un hippopotame près d’Étampes, et de là on conclut que le Nil et la Laponie avaient été autrefois sur le chemin de Paris à Orléans. Mais on aurait dû plutôt soupçonner qu’un curieux avait eu autrefois dans son cabinet le squelette d’un renne et celui d’un hippopotame.
Cent exemples pareils invitent à examiner longtemps avant que de croire...
Le Fadet des laîches ( c'est un papillon)
Doc : Conservatoire des espaces naturels de l'Isère www.avenir.38.free.fr
Extrêmement sensible aux changements de milieux, il était autrefois présent dans les régions Ile-de-France, Centre et Pays-de-Loire. Aujourd'hui, il y est considéré comme éteint.
Au stade adulte (ou imago), il est possible de l'observer de fin mai à septembre selon les sites et les années. Ses larves hivernent au 2e ou 3e stade.
Famille : les nymphalidae
Répartition géographique : Espèce eurasiatique. Actuellement présente dans la région Rhône-Alpes et dans le Sud-Ouest de la France.
Envergure : entre 3,4 et 4,6 cm
Habitat : prairies tourbeuses, landes et lisières humides et marécageuses jusqu'à 300 m d'altitude
Descriptif : dessus des ailes brun foncé avec deux ou trois ocelles noirs sur les ailes postérieures. Dessous des ailes postérieures caractérisé par une bande blanche post-médiane qui limite intérieurement une série de 5-6 ocelles noirs, pupillés de blanc et cerclés de jaune. Une ligne métallique argentée sépare la série d'ocelles d'une bande marginale orange.
Reproduction :œufs pondus de manière isolée sur deux plantes hôtes (la poacée Molinia caerulea et une cypéracées Schoenus nigricans). Les chenilles portent une épine à leur extrémité et se développent de juillet à juin de l'année suivante.
Menaces : drainage et destruction des zones humides.
Protection : nationale et européenne.
UNIS pour sauver le Fadet des laîches,
CITE dans ce journal . par Christiane ESPEUT ,d’après l’Echo des Faluns (RNG).
Le site de la réserve naturelle de Saucats sert d’habitat à de nombreuses espèces, animales et végétales, menacées par l’avancée de la forêt : parmi elles, le Fadet des laîches, espèce protégée. 28 volontaires d’UNIS-CITE ( association créée en 1994 pour le développement d'un nouveau concept de service civil volontaire) se sont rendus à la Réserve Naturelle Géologique de Saucats-La Brède, armés de sécateurs, de scies (et de thermos à café)… bien décidés à sauver le paradis du papillon, en lui conservant la Lande, envahie de chênes, de bouleaux, et de ronces …10 hectares de travail, sous la direction de Cyrille Gréheaume, 3 jours de chantier en 2009... et une deuxième équipe s'est retrouvée sur le terrain en janvier 2010.
Pas à pas... Jeannie GRENIER ...et si on parlait de Montesquieu ?
Il avançait, dit-on, muni d’un bâton visitant ses vignes, traversant sa lande.
Il s’accordait des pauses auprès de braves paysans en quête de quelques conseils car disait-il, «ils ne sont pas assez savants pour raisonner de travers ».
Cette complicité aidait à la prospérité de son domaine. A l’écrivain qu’il était, il devait sa renommée, mais de vigneron passionné, il tirait sa fierté.
Ses pas parfois le conduisaient vers « son » chêne, un arbre à grande ramure sous laquelle une ombre bienveillante l’attendait. Il s’asseyait alors pour de longues réflexions. Qu’il s’agisse de l’Homme, de Lois, de Démocratie ou de Justice jamais son inspiration n’a failli. La nature lui offrait la sérénité propice à la méditation.
Pourtant vers d’autres horizons il s’en est allé : Paris, l’Europe, vie mondaine et aventure. Son cœur alors battait au rythme de la nostalgie. « O rus quando aspiciam » : O campagne, quand te reverrai-je? Cette citation couronne une porte d’entrée de son château de La Brède en hommage à cette campagne tant aimée vers laquelle, fidèle, toujours il revenait. Aujourd’hui, à l’image du grand homme, dans cette nature accueillante, venez vous ressourcer. Ralentissez le pas. Si votre regard s’égare, ne le retenez pas, peut-être découvrirez-vous la plus humble des fleurs sous quelques brins d’herbe cachée. Dame Nature garde tant de secrets …
Par le chant des oiseaux, laissez-vous distraire. Vers les cimes des arbres, enfin, levez votre nez. Aujourd’hui, ce n’est pas l’air qui vous fait vivre que vous respirez, mais celui qui vous parfume la vie.
Le chemin de l’existence est souvent bordé d’épines, pour le parcourir pas à pas en toute sérénité, tel Montesquieu, cherchez votre chêne…
Arbres vénérables, ont-ils réellement connu Montesquieu?
SIGM laisse à la RNG le soin de donner la date de naissance de ces 3 nobles vieillards :
* Sur la D 111, appelée aussi « voie romaine », proche de la Technopole, le "chêne de Montesquieu", hauteur 20 mètres, 6,60 mètres de circonférence.
*Au lieu dit Le SON,à Saucats, dans un virage à 20 mètres de la route,un châtaignier, de 9,5 m de circonférence.
*Enfin un tilleul à Martillac, cité par Montesquieu .
Du bocage au vignoble… synthèse SIGM
Montesquieu avait de nombreuses possessions au-delà de sa baronnie de La Brède. Propriétaire notamment des îles sur la Garonne au large de Cadaujac, on imagine mal qu’il n’ait pas parcouru ce bocage et le vignoble qui l’entoure. Ce vignoble est parmi les plus anciens.
Des documents attestent qu’au temps de Montesquieu, et bien avant, à Saint-Médard-d’Eyrans et à Ayguemorte existaient déjà les vignobles aujourd’hui exploités par Château d'Eyrans, Château le Bruilleau, Château de Cruzeau, Domaine de Ferrand, Château Méjean, Château Lusseau, Château Saint-Gérôme.
À cette époque les disettes étaient fréquentes.
La nourriture commune des paysans est de pain de seigle, la cruchade ou bouillie de maïs, et quelquefois , mais rarement , celle de bled sarrasin. Le cochon et la morue sont les mets favoris. Le vin est la boisson chérie des paysans pauvres et riches: aussi l'ivrognerie est-elle le vice par excellence.
Vie et mœurs au temps de Montesquieu - BAUREIN - Variétés bordelaises - 1786
L’hiver 1709 fut rigoureux. Il fallut , pour se nourrir, moudre des glands, de l’avoine, de l’asphodèle, du lupin, du sénevé pour « faire du pain », et pendant ce grand hiver, le vin gelait dans les barriques… Cependant étendre le vignoble demeurait la priorité, « quasi obsessionnelle » (sic), des propriétaires dans l’exploitation de leurs terres. Aussi, l’Intendant Boucher envisagea-t-il d’arracher toutes les vignes plantées depuis 1709 dans la généralité de Bordeaux , à l’exception des Graves du Médoc, Graves de Bordeaux et des Côtes. Il avait à faire face à l’impérieuse nécessité que la terre produise de quoi nourrir hommes et bêtes.
L’opiniâtreté de Montesquieu à s’opposer à l’Intendant aura laissé toute une littérature.... Les pays de pâturage et de terres à blé ne nécessitent que peu de bras , tandis que la vigne, à elle seule, contribue par ses « exigences » à l’entretien de la vie d’une population nombreuse, où la famille entière trouve son emploi, depuis l’enfant jusqu’au vieillard . »
(en page 15 la "Tisane de Richelieu" )
« Le ban des vendanges »:au son des cloches, une « Route des vins » … déjà!
« Après mille vicissitudes, Montesquieu voyait arriver le temps des vendanges… Les « treuilhs banaux », les pressoirs seigneuriaux entrent en branle. Les cloches de Bordeaux, prolongées par celles des paroisses, donnent le signal annuel: « le ban des vendanges ». Leur écho immémorial retentit jusqu’aux confins du pays viticole. Partout tintent gaiement ces carillons d’alléluias! Ils vibrent et se propagent de cru en cru, de manoir en château, de ferme en chaumière. C’est le ralliement autour de la vigne… Par-dessus la mer frissonnante des pampres, au-delà de la vigne brédoise, les cloches argentines de Sauternes, « pays des nectars et des gemmes», répondent à celle du pays des Graves. Elles prolongent ensemble l’invincible harmonie de l’annonciade, vers les finages du Médoc et de Saint-Emilion... »
( Charles DORMONTAL: « Montesquieu et l’Amour »
- Revue des Indépendants - Paris - 1940)
"Outre le plaisir que le vin nous fait par lui-même, nous devons encore à la joie des vendanges le plaisir des comédies et des tragédies. »
« Le vin par la joie qu’il inspire, favorise l’intempérance et, nous ramenant insensiblement vers lui-même, fait renaître nos débauches ou, du moins notre goût. »
L’ESPRIT DU JEU - JEUX DE MOTS. EST-CE PEU d’enfer? Paul ESPEUT
« Deux sortes d’hommes: ceux qui pensent et ceux qui s’amusent. » (Montesquieu)-
Dans le texte qui suit , il s’agit d’identifier les noms de personnalités du canton et de leur attribuer le mandat électif qui est le leur. (voir solution dernière page de couverture).
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« Les Brédois sont très infatués des esprits, des loups garous, et surtout des sorciers...Ils se plaisent à bercer leurs enfants de contes, de diableries et de sabbats... »
Vie et mœurs au temps de Montesquieu BAUREIN - Variétés bordelaises - 1786
« Rien ne m’amuse davantage que de voir un contenu ennuyeux faire une histoire circonstanciée, sans quartier: je ne suis pas attentif à l’histoire, mais à la manière de la faire. »
(Montesquieu)
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La « Route de Montesquieu »® retrouve ses esprits...«Quand on court après l’esprit, on attrape la sottise !»
L’esprit de Charles Louis de Secondat (1689-1755) nimbe notre territoire.
« Je n’ai cessé d’augmenter mon bien, j’ai fait de grandes améliorations à mes terres… plutôt pour une certaine preuve d’habileté que pour devenir riche. »
Sa baronnie s’est spontanément étendue en un canton de La Brède, et son titre de baron de Montesquieu s’est offert une Communauté de communes ... de Montesquieu , une Technopole de … et un Office de Tourisme de... !
« Quoique mon nom ne soit ni bon, ni mauvais, n’ayant guère que 350 ans de noblesse prouvée, cependant j’y suis très attaché ».
• À La Brède, près de son château qui ne manque pas d’entretien(s), en toute liberté on use de ce nom. On y trouve un collège, une rue, un laboratoire médical, un pressing et une boucherie même… tous de Montesquieu ! Et il a tant d’amis qu’ils se sont mis en «Cercle des Amis de Montesquieu», autour d’Alexandre,( lui vraiment de Montesquieu) qui lui a « l’Esprit des Vins ».
« Il y a beaucoup de gens dont c’est un grand inconvénient d’être connu! ».Hommage ou galvaudage ? Nul doute, Montesquieu est parmi nous.
NDLR: Récemment la « Table de Montesquieu » a vu le jour. C’est un restaurant cerné de 5 organismes bancaires, au cœur du Wall Street brédois, qui après la sesterce, la piastre et la pistole, passa naturellement, DU FRANC à l’euro.( réponse : élu Michel Dufranc , maire de la Brède )
• Rochemorin, son domaine à Martillac, où il disait produire son vin le meilleur, est désormais à l’ombre des pharaons du nouveau Rochemorin. Au Domaine de Lartigue propriété des parents de Jeanne, sa chère épouse, le souvenir de Montesquieu a pris le pas, satisfaisant à l’esprit de revanche sur un beau-père avec qui il eut des mots… questions de dot?
L’austère Jeanne n’était pas jolie. Elevée protestante, elle savait que ...
… «l’Esprit est prompt, mais la chair est faible.» (Evangile Matthieu, XXVI, 41) .
«Les femmes à mon avis, font très bien d’être le moins laides qu’elles peuvent»…
«Dans les jeunes femmes la beauté supplée à l’esprit, dans les vieilles, l’esprit supplée à la beauté.»
Ce connaisseur des femmes aurait-il soufflé l’idée « Sources de Caudalie » née au château Smith Haut-Lafitte, pour préserver la beauté féminine par les produits de la vigne?
NDLR: Ces produits sont traités à l’autoclave, car l’autoCLAVE RIT des pépins!( réponse : Jean Claverie, maire de Martillac )
• Léognan, académie des grands esprits!
D’abord, ceux inFATués des loups garous reviennent à La Louvière. Elle tient son nom des bandes de loups qui s’y répandaient depuis le Moyen Âge. Mais c’est à Victor LOUIS que l’on doit cette architecture dans l’esprit classique du XVIIIème siècle.
Château Olivier était la propriété de Marie DE LASSERRE, lorsqu’elle épousa Pierre DE PESNEL, baron de La Brède ; elle est la grand-mère maternelle de Montesquieu. FATalement, esprit de famille oblige, on ne peut évoquer Olivier sans parler encore de l’écrivain.
Pourtant d’autres fantômes peuvent hanter ces lieux: ceux du PRINCE NOIR (1330-1376) qui en fit un rendez-vous de chasse et de DU GUESCLIN qui y résida pendant la Guerre de Cent ans.
Au XVIIIème siècle le château Carbonnieux appartenait aux moines de Sainte-Croix. Ils avaient bon esprit. Celui d’innovation leur donna l’idée d’étiqueter leur vin blanc, exceptionnellement limpide: « Eau minérale de Carbonnieux ». Cette « Eau » était ensuite vendue en terre musulmane ottomane, sans choquer les croyants.
Dans une lettre persane, l’esprit perçant du sultan de Turquie put s’étonner : « Si les eaux minérales françaises sont aussi bonnes, pourquoi ces gens-là prennent-ils la peine de faire du vin? »
NDLR: C’est à Léognan, que siège un grand inspirateur de l’esprit civique du canton; ses CONSEILS sont en GENERAL bons. InFATigable, il le parcourt, des eaux du Lac Bleu à celles du fleuve, à travers vignobles, pinèdes et cressonnières.( réponse Bernard Fath, maire de Léognan )
passa naturellement, DU FRANC à l’euro. Michel DUFRANC maire de LA BREDE
l’autoCLAVE RIT des pépins! Jean CLAVERIE maire de MARTILLAC
ses CONSEILS sont en GENERAL bons. InFATigable, Bernard FATH maire de LEOGNAN et Conseiller général
dans le calcaire, le DARD Y EST ! Bernard DARRIET maire de Saucats
comme son LIT EST BEAU ! Céline LIEBAUT-JANY maire de CABANAC-ET-VILLAGRAINS
on y tient toujours le vin blanc SEC AU frais. Danielle SECCO maire de SAINT-MORILLON
Soyons discrets! Cela nous le TAIRONS. Pierre-Jean THERON maire de SAINT-SELVE
souci CONSTANT …d’un dentiste Castrais. Daniel CONSTANT maire de CASTRES-GIRONDE et chirurgien-dentiste
prudemment conservées, MAILLE A MAILLE, EUH… Yves MAYEUX maire de BEAUTIRAN
ce différend ils LE MIRENT de côté! Jean-André LEMIRE maire d’ ISLE-SAINT-GEORGES
SOUS ROUILLE vient de libérer l’éclat de sa lame . Jean Paul SOURROUILLE maire D’AYGUEMORTE-LES-GRAVES
dans un grand tinTAMARRE ELLE l’accueillerait. Christian TAMARELLE maire de SAINT-MEDARD-D’EYRANS et président CCM
des GARS AUX bras puissants, Francis GAZEAU maire de CADAUJAC
que sur les feuillages le ROUX S’EST mis Alain ROUSSET député , président de la REGION AQUITAINE
• Le vicomte Joseph-Henri-Joachim LAINE (1767-1835) séjournait au domaine de Laguloup , dans son village de Saucats. Avocat, académicien, président de la chambre des députés, Pair de France, homme de Lettres, son esprit de justice et de modération fait dire à Louis XVIII: « Je n’oserais jamais demander une injustice à mon ministre, tant je sais qu’il a l’âme d’un spartiate... ». Esprit généreux, il envoyait sa solde de ministre aux indigents de Bordeaux. Esprit avisé, il sauva tous les « papiers » de Montesquieu des débordements de la Révolution et en dégagea une étude approfondie.
NDLR: Il est connu des Bordelais par... «les entrepôts Lainé » ! ...et on a retrouvé - entreposés - à la Réserve Naturelle Géologique de Saucats-La Brède des mollusques, des crustacés et autres espèces fossilisées: esprit fouineur!
Le bruit court qu’on y aurait retrouvé la marque d’un dard de moustique. Selon certains, dans le calcaire, le DARD Y EST ! « Il faut avoir beaucoup étudié pour savoir peu ». ( réponse : Bernard Darriet, maire de Saucats)
• Il est un endroit propice aux rêveries des « PETITES FILLES MODELES », au jeu d’un « BON PETIT DIABLE »: il y court l’esprit de Sophie ROSTOPCHINE, comtesse de Ségur, dont la belle-famille était propriétaire d’un château à Cabanac, dès le XVIèmesiècle, et aujourd’hui disparu. Sa nièce Marie-Eugénie y fit construire une école.
Entre Villagrains et Cabanac, le Gât-Mort s’étire, reposé de ne plus faire tourner la roue des moulins de Peyot et de Lapujade, désormais endormis, de «MEMOIRE(S) D’UN ANE».
Il trace ici l’un des plus beaux sites naturels de la région.
NDLR: Dans ce parc naturel des Floralies, comme son LIT EST BEAU !( réponse : Mme Celine Liebaut -Jany ; maite de Cabanac)
• À Saint-Morillon où le Gât-Mort se souvient aussi des moulins de Lusié, du Notaire, du Carat, c’est une ronde des esprits. Selon le pape Pie XII, sainte Jeanne DE LESTONNAC, frappée par la Grâce à Lusié, fonda la « Compagnie MARIE NOTRE DAME ». Dans la « Villa Bel Air », classée, imprégnée de l’esprit girondin de MAURIAC, on a tourné « le Sagouin » et « Vipère au poing » dans les années 1970 . Le célèbre radiologiste BERGONIE s’invite encore à la Flouquette, ancien rendez-vous de chasse de Montesquieu.
Le baron et seigneur de La Brède s’impose, laissant sa place à l’enfant du pays, le peintre des cathédrales Pierre-Gaston RIGAUD. Montesquieu est chez lui depuis qu’il unifié le village en 1746. L’église Saint-Maurille porte encore ses armoiries , vestige de sa litre. Esprit frondeur? Esprit économe? Cette église a échappé à l’esprit de changement du cardinal DONNET qui a coiffé d’une flèche néo-gothique tant d’églises de la région.
NDLR: Dans ce village qui sait si bien être en fête, des esprits farceurs soutiennent qu’on ne ferait pas la différence entre le mot litre élément de Droit seigneurial et le mot litre, unité de contenance.
Il est vrai qu’ on y tient toujours le vin blanc SEC AU frais.( réponde : Danielle Secco, maire de Saint-Morillon )
• Le Domaine de Grenade à Saint-Selve a été fondé par Edmond CARAYON LATOUR (1811-1887) et son épouse Henriette de CHATEAUBRIAND (1824-1903) . Dans ce jardin labellisé remarquable leurs « Mémoires » reviendraient « d’Outre-tombe ». Heureux de le voir renaître autour de ses rhododendrons, leurs mânes rejoindraient ceux des architectes paysagistes, les frères Eugène et Denis BÜLHER.
NDLR: Soyons discrets! Cela nous le TAIRONS.( réponse : Pierre Jean Théron, maire de Saint-Selve )
• Sur la pierre tombale conservée près de l’abside XIèmesiècle, classée ,de l'église Saint-Martin de Castres, on peut lire : "Ici repose Hugues Montbrun chevalier de l'Ordre de Saint-Louis et de la Légion d'honneur décédé le 5 juin 1831...". Ce propriétaire du château Haut-Pommarède qu'il tenait de son épouse, Borie de Pommarède, marqua Castres de son esprit patriotique et paysan.
Originaire de l’île de Saint-Domingue, colonie française productrice de sucre et de café , il fut général de brigade de Napoléon, l’un des premiers chefs mulâtres. Tout comme son contemporain LAINE, il s’illustra dans la résistance de la France à la révolte de la population noire.
Esprit sarcastique, Montesquieu , agitant sa tasse à café, disait: « De toute façon, le sucre serait trop cher si l’on ne faisait pas travailler la plante par les esclaves», mais esprit visionnaire, il écrivait:: « L’esclavage est contre le Droit naturel, par lequel tous les hommes naissent libres et indépendants.»
La révolution haïtienne (1791-1803) donna naissance à la première république indépendante majoritairement noire.
NDLR: Elle laissa « le Port » aux « Princes »… et le moulin de Pommarède au Gât-Mort, avant que ses eaux s’abandonnent dans la Garonne. A cet endroit de nombreux guetteurs se rassemblent sur la ponte désaffectée qui relie Castres à Beautiran pour scruter le fleuve, lors du mascaret. Il s’en faudrait de peu qu’il en tombe trente dedans, au risque de se fracasser la mâchoire… souci CONSTANT …d’un dentiste Castrais. ( réponse : Daniel Constant, maire de Castres )
• Braves gens, passée la ponte, vous entrez sur les terres de François Armand DE SAIGE (1734-1793). Il est Baron de Beautiran et de Laprade, Seigneur de l’Isle-Saint-Georges et de Saint-Médard. Il a 21 ans à la mort de Montesquieu.« Vous entrez dans le monde, et j’en sors. Tout vous donne des espérances et à moi des regrets». Premier maire élu de Bordeaux en 1791, il sera guillotiné le 23 octobre 1793. Dans le même temps, le patronage de la chapelle de Gaillard de Lalande, dans l’église de Beautiran, revient à Jean-Baptiste de Secondat (1716 -1796) en sa qualité de baron de La Brède, qui mourra dans son lit.
Ici, ces grands esprits s’envolent vers le vieux « colombier» (classé), « coulouneille » en patois, du Château du Couloumey. Au XVIIèmesiècle, l’eau de ses bassins, nourris de la Rouille de Civrac et du Gât-Mort, servaient dans la fabrication des « toiles indiennes », très appréciées à la Cour.
NDLR: En attendant un musée, ces toiles sont prudemment conservées, MAILLE A MAILLE, EUH… nous l’affirmons! ( réponse : Yves Mayeux maire de Beautiran)
• Près du petit port d’Isle- Saint- Georges, le corsaire CORNIC (1731-1809) hante encore le château Montigny où il a vécu . Quelque conteur raconte que son esprit voyageur y rencontrerait celui de Montesquieu. Ensemble ils parleraient voyage... Le breton, du « Petit Breton », du « Petit Brésil », du « Grand Brésil », de la «Colonie », et de L’EMIR des Lettres persanes... le gascon répliquant: « Vous me parleriez de toute l’Europe, moi je vous parlerai de mon village de La Brède ».
Le marin rappelle que le clocher de l'église fut longtemps repère géodésique, point de MIRE à l’horizon.
Une fois les esprits s’échauffent, car ils ont un différend: Cornic a capturé des bateaux anglais, alors que Montesquieu expédiait son vin en Angleterre… par bateaux entiers!
NDLR: ayant repris leurs esprits, ce différend ils LE MIRENT de côté! ( réponse Jean André Lemire, maire d'Isle Saint-Georges )
• À Ayguemorte-les-Graves, la Nature nous enrobe à en perdre l’esprit... au point que, sur le bord de la Rouille de Boutric , nous croyons voir briller l’éclat des écailles d’un poisson. Pourquoi pas une alose de la Garonne ici réfugiée ? Dame alose serait-elle de retour?
NDLR: Hélas, ce n’est qu’un vieux couteau rouillé, que l’on vient de gratter… et qui SOUS ROUILLE vient de libérer l’éclat de sa lame . ( réponse : Jean Sourrouille, maire d'Ayguemortes les Graves ;
• En 1612 à Saint-Médard d’Eyrans, Joseph DUBERNET, premier Président du Parlement de Bordeaux était le propriétaire du Château d’Eyran. Sa fille Anne-Jeanne épousera Jean Baptiste Gaston DE SECONDAT, baron de Montesquieu et déjà président à mortier du Parlement de Bordeaux. Anne est la grand-mère paternelle du philosophe.
C’est encore voir que la « Route de Montesquieu »® est bien sinueuse!
Esprit, es-tu là?... Retrouvailles en famille?... Pas tout à fait! C’est la famille de Sèze est propriétaire du château depuis 1796, et ce serait sans compter avec Aurélien DE SEZE(1799-1870), substitut du tribunal de Bordeaux et propriétaire du château. Amour partagé et platonique de George SAND (1804-1876), leurs mânes échangeraient des poèmes au bord de la nymphée qui n’est pas «la Mare au Diable».
NDLR: Non loin de là dort le président, sans mortier, qui exerce les pouvoirs sur ce vaste territoire « de Montesquieu ». Bien que flatté qu’on ait choisi son nom pour « l’esprit communautaire », le grand homme se fait discret. Il souhaite ne pas éveiller l’Harmonie des Graves, toujours prête à jouer… car, si elle savait, dans un grand tinTAMARRE ELLE l’accueillerait.( répose : Christian Tamarelle , maire de Saint-Médard d'Eyrans )
• Dans son château de Cadaujac, désormais dédié aux fêtes populaires, le fantôme du baron DE SAIGE, la tête entre les mains, médite ce propos très tranché du penseur:« Les grands seigneurs ont des plaisirs, le peuple a de la joye. »
Le fleuve toujours, «court, tantôt pur et coloré de l’azur du ciel, tantôt chargé de l’épais limon arraché aux régions qu’il traverse» (R Cusset), taquinant les îles dont Montesquieu fut propriétaire. L’esprit esthète de NAPOLEON III s’invite parfois dans les jardins classés du château Malleret, discrètement, comme il le faisait de son vivant, lorsqu’il rendait visite à ses propriétaires.
NDLR: c’est de l’embarcadère de Malleret que des GARS AUX bras puissants, chargeaient les tonneaux « d’Eau de Carbonnieux » vers le port de Bordeaux. ( réponse : Francis Gazeau, maire de Cadaujac)
* Comme partout en Gironde, Léo Drouyn, passeur de patrimoine dans l’âme, a laissé ses eaux-fortes des Graves Montesquieu, témoignages du passé de ce territoire.
NDLR: à l’automne, lorsque la brume enrobe les coteaux, parmi les teintes qui évoquent la Toscane, que sur les feuillages le ROUX S’EST mis, les croquis « sépia » de Léo DROUYN, reviennent à l’esprit. ( réponse Alain Rousset , président conseil régional )
Le Conservatoire Végétal Régional d'Aquitaine
protège et valorise le patrimoine végétal principalement fruitier, à travers plusieurs types d'actions :
recensement, analyse d'archives et de recherches antérieures, plantations, expérimentations( recherche de rusticité, comportement vis à vis des parasites, qualité gustative).
Son verger-musée est ouvert au public dans la vallée de la Garonne à Montesquieu (15 km d'Agen). Des stages d'initiation sont adaptés à tout type de public.
Seul le site de Montesquieu contient la totalité des ressources génétiques fruitières régionales.
C'est une association de soutien , qui apporte aide matérielle et bénévole sur l'ensemble des sites conservatoires de la région. Les activités du Conservatoire Végétal Régional d'Aquitaine sont financées grâce à différents partenaires institutionnels, le Conseil Régional d'Aquitaine, les 5 départements d'Aquitaine, les fonds européens, les adhésions à l'association de soutien au Conservatoire et à son autofinancement.(expositions de fruits et autres végétaux régionaux dans chacun des départements de la région, en différentes périodes, conférences, publications, pépinière fruitière de multiplication et de vente de variétés anciennes) .
Conseils pour la plantation de vos arbres fruitiers http://www.conservatoirevegetal.com/
Ces communes n’ont rien à voir avec l’écrivain:
7 autres communes de France portent le nom de Montesquieu :
Montesquieu: Midi-Pyrénées - Tarn et Garonne (82200).
Montesquieu-Avantès: Midi-Pyrénées - Ariège (09200).
Montesquieu-Guittaut : Midi-Pyrénées - Haute-Garonne (31230).
Montesquieu-Lauragais: Midi-Pyrénées - Haute-Garonne (31450).
Montesquieu-Volvestre: Midi-Pyrénées - Haute-Garonne (31310).
Montesquieu: Languedoc-Roussillon - Hérault (34320).
Montesquieu-des-Albères: Languedoc-Roussillon - Pyrénées-Orientales (66740).
Mots d’esprit, esprit des mots… pour la fin...
Alain MAIGRET :
retrouvez les 13 allusions au PAIN dans le texte qui suit: Avant d’être qualifié de vieux croûton, de prendre de la brioche, enfin, flûte, mon âge s’en allant croissant, il m’arrive de rêver qu’une bonne fée, d’un coup de baguette magique, me fasse revenir vers une époque où je gagnais encore mon blé. Mais, hélas, j’ai mangé mon pain blanc, tiré toutes les ficelles, été dans le pétrin et souvent roulé dans la farine. Pris en sandwich entre deux files de voitures, je finis par trouver une place de stationnement, et je me gare en épi devant la boulangerie.
La tisane de Richelieu par Florence MOTHE (à Portets: châteaux Mongenan et Laguloup, répertoriés aux Monuments historiques.)
En 1730, les intendants successifs, au nom du pouvoir central, redoutent que la mutation des terres céréalières en vignobles ne cause une disette de grains. Ils font arracher, à plusieurs reprises, par les dragons, les vignes nouvellement plantées. Montesquieu affirme qu’ « il vaut mieux produire du bon blé en Beauce, et du bon vin à Bordeaux, pour que les Bordelais puissent manger du bon pain, et que les Beaucerons puissent agréablement étancher leur soif ». Louis XV tranchera en faveur de Montesquieu et des vignerons, grâce à l’entremise de son surintendant des Menus Plaisirs, le Maréchal Duc de Richelieu, qui cumule cette fonction avec celle de Gouverneur militaire de Guyenne.
C’est ainsi que le vin des Graves, c’est-à-dire celui de Bordeaux, sera baptisé à Versailles « la tisane de Richelieu », car le vieux libertin professe qu’il lui doit son inlassable verdeur.
L’arrêt du 5 juin 1731, portant « l’interdiction de plantations nouvelles dans toute l’étendue du royaume, sous peine de 50 livres d’amende » sera abrogé par Trudaine en 1759, soit 4 ans après la mort de Montesquieu.
Circuits du matin
Départ à 9H de Martillac en suivant le Milan: 9,5km
Cadaujac, Léognan et Martillac, au pied de l'église, pour descendre aujourd'hui vers la Garonne. Passons devant la château Lantic que nous connaissons bien… puis à 200 mètres quittons le chemin goudronné pour nous engager dans l'allée de L'Artigue* et pénétrer dans le premier détour historique et touristique, à droite fournière et écuries où pierre ocre et lambrequins de bois rouges rappellent bien le XIXème, puis passé le portail, découvrons les arbres, le puits et la maison. Après lecture de l'article passons sous une belle grille en fer forgé et descendons plein ouest, pour retrouver la route.
A droite au loin les grands arbres du château Ferran puis plus loin toujours à droite ouvrons la barrière et engageons nous dans cette grande trouée verte qui traverse tout Martillac: nous sommes au dessus de l'aqueduc de Budos qui transporte l'eau de Fontbanne au réservoir du Bécut( ou Béquet) pour alimenter Bordeaux; insensiblement nous avons changé de vallée, de celle du Breyra pour aller vers celle du Milan. Arrêtons nous à côté du regard pour lire l'article sur ce journal et descendons vers le point de vue de la vallée du Milan que l'aqueduc va franchir en découvrant ainsi toute sa volumétrie, bel ouvrage d'ingénieur qui fait passer l'eau captée au dessus de l'eau courante; remarquons l'éperon qui partage le Milan en deux et à gauche levons les yeux vers la vallée que nous allons longer jusqu'à la Garonne. Nous sommes ici aussi à l'Artiguenou mais à Saint-Médard-d'Eyrans; quelques pas sur le chemin rural et nous rejoignons l'ancienne RN 113 que nous traversons prudemment (suivez les guides).
Remontons pour passer au-dessus de l'autoroute au Pontet, levée artificielle qui nous fait perdre le fil du ruisseau… non ! regardez sur votre gauche il est bien là le Milan; descente vers Saint-Médard et sa périphérie urbanisée, jusqu'au lavoir alimenté par un Milan canalisé en face de la salle des fêtes. Passons devant la mairie puis franchissons la voie ferrée avec un pincement au cœur en pensant au projet fou de la LGV qui ne se fera pas!!! En face de nous l'église romane et néo romane sur son éminence, et au milieu du cimetière, la seule du Canton à avoir conservé ce dispositif que l'on retrouve encore au pays Basque…
A droite les deux pavillons du château Lamothe et descente vers l'entrée du stade où nous attendent à 10H30 les Saint-Médardais pour nous offrir la découverte de la vallée du Milan qui se perd dans les pairies pour devenir le « Caouban »… car à partir d'ici nous sommes dans le lit majeur de la Garonne aujourd'hui hors d'eau mais où les ruisseaux deviennent des rouilles interconnectées entre elles, coulant d'un côté ou d'un autre selon les marées et les coefficients; Devant la station d'épuration laissons à gauche le chemin qui va vers la Bugonne et Cadaujac pour suivre le chemin rural qui menait jadis aux ports sur la Garonne.
En laissant à gauche la ferme de La Broue nous contournons une grande prairie qui a accueilli au Moyen Age la chapelle de Balach et à droite au débouché du Cauban, si l'on en croit le cadastre 1803, le port des Basques sur l'estey d'Eyrans au pied du château Turpaut. Contournons la prairie pour arriver à la rouille de Lancrey ancienne rive de l'île du Grand Bresilh, rouille qui se jette dans l'estey d'Eyrans au lieu dit la Vacherie autrefois nommé Port de Lancrey.
Ça y est, nous sommes à l'Isle-Saint-Georges au pied d'un ouvrage d'art destiné à réguler le cours de l'estey et contenir les marées, ouvrage refait à neuf cette année par le CDC de Montesquieu. Longeons l'estey jusqu'à la Garonne qui s'étale devant nous. Une petite cabane est établie à l'emplacement du départ de la ponte en bois qui franchissait l'estey autrefois mais aussi sur les fondations de la machine à vapeur qui pompait l'eau pour inonder les vignes dans les années 1880 (lire article sur le phylloxéra), attention jeter un œil sur le silure suspendu à un arbre, ex-voto de pêcheur ou d'agriculteur?
Longeons la digue, qui protège des inondations la maison du petit Bresil ou Peycoulin selon les cadastres. Bientôt nous passons au dessus de la rouille Jean des vignes, puis au détour du chemin une ruine au bord de l'eau c'est la maison de Peycoulin ou de Cheminade selon les propriétaires, tous réputés marins et officiers des marine. Jadis exploitation agricole complète, aujourd'hui ruine envahie par les aulnes; jetons un coup d'oeil sans pénétrer car c'est vraiment dangereux, mais les plus courageux pourront en faire le tour en suivant les rubalises; tout d'abord on perçoit contre le chemin la courbure du four à pain, à l'intérieur une vis de pressoir nous fait comprendre que ici était le chai mais la nature a repris ses droits depuis trop longtemps.
En continuant on franchit un pont étroit qui donne accès à l'Ilaire autrefois nommée la Isléra au milieu de la Garonne entre Cambes et la grande Isla en Arruan, notre destination. Il est avéré que cette île a été plantée en vignes dès le XIIIème siècle et appartenait à l'abbaye de Sainte Croix. Avant de quitter le bord de Garonne nous aurons pu voir tous les carrelets, pontons souvent reconstruits et dont les filets sont plus souvent ronds que carrés! Suivons le chemin qui zigzague jusqu' au pont au dessus de la rouille de la Palanque qui se jette dans le Saint Jean d' Etampes et la rouille de la Malette qui se jette dans celle de Peycoulin selon l'état de la marée. Nous sommes ici sur la rive sud-ouest de l'ilaire au "pas-de-l'ilaire" ancien gué quand la Garonne était plus haute.
En franchissant le pont de pierre sur la rouille du pont de Peyre, nous sommes sur le chemin de Ferrand, mais dirigeons nous vers le nord pour rejoindre le bourg après être passés devant le cimetière et avoir découvert les maisons récentes avec étage sur arcades ou pilotis. Descendons la rue du lavoir, les quais, le pont et voilà près de l'église les grands chapiteaux blancs où nous attend la dégustation traditionnelle des vins de graves.
Départ La Brède 9H en suivant le Saucats: 10,5km
Cabanac & Villagrains, Saucats et la Brède rassemblés sur le pré de l'Espérance prennent la piste de la voie ferrée économique direction l'Arnahurt pour rejoindre le chemin Gallien qui sépare La Brède d'Ayguemortes et passant au-dessus de l'autoroute ils remontent vers Civrac au partage des eaux entre Saucats et Gât Mort. En face du chemin de Tartifume nous nous engageons dans le chemin des Barques entre pins et vignes jusqu'à la départementale 113 que nous traversons à 10H30 en toutes sécurité (suivez les guides) là où nous attendent les promeneurs d'Ayguemortes les Graves.
Ce sont eux qui nous guident vers la vallée du Saucats sur un chemin qui longe l'autoroute. Repérons quelques grands pins de 80 ans, rescapés de la tempête et qui ont encore la plaie au flanc, lointaine cicatrice des cares du résinier et puis là, soudain, une tourelle et deux murs à angle droit! Nous sommes en présence des clôtures de l'ancien château de La Prade et de son moulin tel que représenté sur le cadastre Napoléon avant sa reconstruction XIXème, ce mur s'appelle mur de Faugère . Descendons vers le Saucats que nous rejoignons sur le chemin rural de la Prade à Thion. Remarquez que au pied des pins de 15 ans il reste encore des bas à résilles noirs! Premières protections des plants contre les chevreuils ou les lapins, ils ne sont pas vraiment bio dégradables…pollution quand tu nous tiens! Justement parlons-en de pollution car nous sommes en plein dans l'axe du passage de ce projet fou, démentiel, une LGV là, devant vous! Mais cela ne se fera pas, vous en êtes témoins! Sinon, que resterait-il du moulin de l'Aprée et du hameau de Thion?
A gauche les bâtiments viticoles du Château de Castres et ses anciennes installations hydrauliques en cours de restauration. Nous voici au Pas du Bécut où aboutit le « chemin aux ânes » (vers quel moulin, Belfont ou Pomarède?). Nous tournons tout de suite vers le nord pour traverser successivement le ruisseau de la Belle Font, l'estey du moulin et le Gât Mort sur une passerelle qu'il nous faut franchir aujourd'hui lentement et en file indienne entre 2 rubalises sinon chute dans la rivière assurée. Ici un grand paysage ouvert nous offre un point de vue sur le flanc sud de la vallée et la montée vers le château du Tuquet, après franchissement de la rouille de Civrac. A gauche un lavoir et en face de nous les vignes de l’AOC graves. Arrivés au sommet de la côte nous passons devant la demeure du Tuquet et entre vignes et jardin ( lire l’article page 19) .
En reprenant la route pensons que, à notre droite juste après les vignes, il existait autrefois des carrières de calcaire qui affleurent toujours de ce côté du Gât Mort, de Cabanac à Beautiran.
A droite encore un bel élément patrimonial avec le pigeonnier de Couloumey et la façade XVIIIème de la maison de maître. Franchissons l'ancien chemin du Roy puis nationale puis départementale 1113 sous la protection d'un feu rouge dit de Balambits. Nous somme ici au sommet du coteau de Graves qui sépare la vallée du Gât Mort de celle du Saucats. Mais nous sommes aussi dans la périphérie urbanisée de Beautiran et sur les traces de l'aqueduc de Budos (lire article) et de l'ancienne voie ferrée économique que nous allons croiser ou suivre dans tout Beautiran. Passons devant le regard de l'aqueduc, puis sur la courbure enherbée de la VIF jusqu'à la voie ferrée Bordeaux Sète que nous longeons pour la franchir au passage à niveau.
Reprenons les traces de la VIF jusqu'au croisement avec la route l'Isle Saint Georges où nous attendent les Beautiranais à 10H45.
Prenons la route en file indienne et en sécurité (suivez les guides) sur cette route étroite longée par des rouilles où poussent les roseaux et les vîmes (saules à osier coupés en têtard servant autrefois à attacher les astes et les cots des vignes). A droite quelques belles propriétés, à gauche les vignes inondables reconnaissables par leurs ceps palissés en hauteur.
Enfin après un dernier zigzag le pont sur la rouille de Hins, bien nommée estey de l'Ins qui sépare Beautiran de l'Isle saint Georges et très vite à gauche le chemin du Bos qui rejoint dans des terres cultivées le chemin de Roques jusqu'à Boutric. On voit ici que ce quartier a eu ses heures de gloire et d'activités. Suivons la rouille de Boutric jusqu' à Pont Castel. Nous sommes ici à l'ancien port de Boutric où 3 rouilles se jettent dans la Garonne. A gauche un ancien séchoir près de tomber, puis des cuves inox de viticulture et dans l'eau des barges de pêche : nous sommes chez les pêcheurs viticulteurs qui représentent bien les activités économiques de l'Isle.
Franchissons le pont à gauche et montons sur la digue que nous allons longer prudemment car elle est très étroite. A droite la Garonne qui descend, à gauche en contrebas la vigne, les fruitiers et bientôt Lauriole* avec ses serres effondrées, ses chais, ses yoles et kayaks stockés, sa viticulture biologique et son ponton indiquent des autochtones particulièrement actifs et inventifs. Là nous passons au lieu dit le Treisson ainsi nommé car il fallait 13 hommes pour tirer le filet sur la grève (voir article). Les carrelets se succèdent comme quelques petites maisons de plaisance en contre bas de la digue et enfin voici l'embouchure de l'estey du Graveyron, alias Saint-Jean d'Etampes, alias Saucats. Nous nous arrêtons pour le superbe point de vue vers Cambes surplombé par le château de Brémontier célèbre ingénieur qui contribua à la fixation des dunes du littoral atlantique. Sachez qu'avant l'arrivée du chemin de fer et de la voiture, Cambes était en relation permanente avec l'Isle-Saint-Georges et que un bac et des passeurs assuraient la liaison quotidiennement.
Pour rentrer au bourg, soit vous êtes pressés et vous filez tout droit en passant devant la station d'épuration récemment rénovée, soit vous suivez les berges du Saucats et arrivez sous les grands chapiteaux blancs à 12H pour la traditionnelle dégustation des vins de graves!
CHATEAU LE TUQUET par Marie-Thérèse RAGON et Frédéric DURAND
Le Tuquet et son vignoble figurent déjà sur les cartes royales de Belleyme au début du XVIIIème siècle, ce qui prouverait qu'un plus ancien bâtiment existait déjà à cette époque, construit sur un petit monticule d'où son nom, en vieux français signifiant ""petite hauteur".
Les terres s'étendent du Nord au Sud entre l'ancienne route de Bordeaux à Langon et la D1 de Castres-Gironde à Saint-Selve. Au centre, le groupe des constructions domine la vallée du Gât-Mort. Un portail monumental de style néo-classique donne accès à une allée à travers les vignes qui conduit à un second noble portail en fer forgé de même style. Ce dernier ouvre sur une cour devant le logis à l'arrière duquel un parc aux massifs bien ordonnés possède des vestiges de fossés visibles de chaque côté de l'entrée. Au fond du parc se trouve un petit lac : une retenue d'eau en avant du Gât-Mort. Une petite chapelle du début du XVIIIème siècle, sur la gauche de l'entrée, sert d'entrepôt. Ses fenêtres et ses vitraux du côté Sud furent restaurés au XIXème siècle. Une imposante cour sur le côté ouest est bordée de nombreux chais. Les premiers communs doivent dater du XVIème siècle ou du début du XVIIIème siècle, puis ils furent agrandis au XIXème siècle.
La chartreuse fut construite vers 1730 dans le style néo-classique de l'époque. La façade sud, embellie par Victor Louis vers le milieu du XVIIIème siècle, comporte un escalier à double volée donnant sur une terrasse. La toiture est agrémentée de 4 chatières. Au nord, un petit escalier-perron est d'un style différent. La toiture est surmontée de trois chatières, ce qui crée un léger déséquilibre. Les œils-de-bœuf pourraient provenir des mansardes du premier bâtiment.
Une lettre du 16 Messidor An II nous apprend que le château appartenait alors à Elisabeth Sterlin, veuve d'Ignace André Boudin, homme de loi condamné à mort le 15 Nivôse An II (Archives Départementales, Q 1550). La famille Boudin était très puissante et c'est certainement un de ses membres qui a fait construire la demeure. Elle possédait également la métairie du Rocher sur la commune de Castres-Gironde. Confisqué comme bien national, il est confié à un fermier puis revint à sa propriétaire à partir de l'An II. La propriété comprend alors une « superbe maison de maître, bâtiments, 151 journaux 10 règes dont 90 journaux 21 règes de vignes ».
En 1840, M. Davezies, propriétaire du domaine, récoltait 25 à 30 tonneaux de vin. Puis M. de Sarraud en 1869 en produisait de 60 à 80. Dans les années 1880, le domaine est acquis par la famille Moitessier, dont Inès Moitessier, née de Foucauld de Pontbriant, est restée connue par une série de portraits peints par Dominique Ingres. Elle était la fille d'un haut fonctionnaire, l'épouse d'un riche banquier du Second Empire et la tante de Charles de Foucauld, qui séjourna au Tuquet à plusieurs reprises avant son départ pour le Maroc. C'est sûrement cette famille qui fit édifier la partie Nord du cuvier, les bâtiments orientaux des communs et les deux chalets aujourd'hui disparus qui encadraient le grand portail.
Ce fut également la maison natale de l'écrivain universitaire René Pomeau (20 février 1917-26 février 2000), propriété de son aïeule maternelle, où sa mère avait trouvé abri tant que son mari demeurait au front. Résistant, il fut l'un des fondateurs de « la Charente libre » à la Libération. Il demeure un des grands spécialistes de Voltaire et des écrivains des Lumières.
C'est en 1931 que sa grand-mère vend Le Tuquet. Le domaine a appartenu ensuite à une grande maison du négoce bordelais, les Cordier. Il fut racheté en 1963 par la famille Ragon, dont Paul et sa fille Alice de La Haye sont actuellement propriétaires.Tuquet dispose actuellement de 3 200 hl de cuverie inox , avec thermorégulation de l'ensemble de la cuverie et climatisation des locaux de stockage. Graves rouge et Graves blanc. Il est reconnu depuis longtemps comme un des plus importants domaines viticoles de la région des Graves. Dans la première édition du Féret (Ch. Cocks 1868), Le Tuquet est classé premier vin de la commune de Beautiran, ce qui sera confirmé par les éditions successives jusqu'à aujourd'hui. Guillon en parle en ces termes en 1869: « Le Tuquet dont les vins ne manquent pas de distinction, ont le premier rang dans la commune."
Un domaine viticole et son environnement saccagés: Ancien domaine de 120 ha d'un seul tenant, avec un vignoble de 55 ha, un ensemble architectural remarquable, des bâtiments du XVIème au XXème siècle, une chartreuse XVIIIème , avec façade sud Victor Louis, un parc de 5 ha avec étang sur la vallée du Gat-Mort . Le couloir retenu pour le tracé impacte Le Tuquet sur 3 km et 40 hectares: En façade, destruction de la vigne, de la perspective et de l'image du vignoble depuis la D 1113, avec le problème du passage surélevé de la route. A proximité des bâtiments, du château et des chais : nuisances et dépréciation . Destruction de la vallée du Gât-Mort, classée Natura 2000, de la forêt. Occupation de terrains de qualité A.O.C. sur les parcelles de Bellefont et Rocher (ancienne Métairie du Rocher) ; coupure en trois morceaux de l'exploitation.
TOPONYMIE
Isle-Saint-Georges vient d'un archipel d'îles dans le lit de la Garonne, Brésil*, l'ilaire, la isla en Arruan et les Ilets de Botaric (Boutric)* et Rabey*. Archipel qui permettait de traverser enfin (premier passage à gué depuis l'estuaire) la Garonne à gué lors des basses eaux. A ce gué (arruan) arrivait depuis le néolithique le chemin de Biganos, Hosteins, Cabanac, Beautiran qui suivait le cours de la Leyre puis celui du Gua Mort pour aboutir en Arruan. * voir toponymie
Toponymie à ISG d’après le site de Bertrand Meallet
* Boutric du germanique, "Boot" messager et "Ric" riche, puissant.
* Brésil (Grand et Petit) , bois rouge qui a donné son nom au pays du Brésil, et aussi gros sable ressemblant à des braises (brazil).
*Peycoulin de Pey, Pierre en gascon, et de Coulin , ou colin le pot de chambre …
* Rabey le "ravier", terre plantée de raves, légumes très cultivés autrefois.
* Turpaut signifie soliveau.
* Toponymie : Artigue , en gaulois "artiguar" , défricher
Toponymie
*Artigue : du gaulois "artiguar" , défricher; Lancrey : ancrage ( port)
*un "Jean des Vignes" , un sot, un malbâti ; Guingant un homme qui marche de travers
*Palanque : un pont sommaire, une planche jetée sur les ruisseaux
*Ferrand ou ferrant, de maréchal-ferrant ; estey de l'Ins , herbes aquatiques
*Le Brassan, "brassier": qui travaillait la terre à la main, ou plutôt avec les bras
*Le Treytin terre asséchée grâce au treyte, sillon permettant l'écoulement des eaux de pluie ; treytiner c’est bêcher et traïance c’est l’ action de tirer, de traire .
Les Agues : de aygue, l'eau, ou bien de agues, herbes des marais en gascon.
Lancrey :( ancrage) : port de St Médard dans l'estuaire de l'estey d'Eyrans.
La Grande Artigue , en gaulois "artiguar" , défricher.
Balach : "les chaumes".
La Blancharde : toile blanche et légère
Bos : le bois.
Boutric du germanique, de "Boot" = messager et de "Ric"= riche, puissant.
Le Brassan, "brassier": qui travaillait la terre à la main, ou plutôt avec les bras
Le Brésil (Grand et Petit) , bois rouge qui a donné son nom au pays du Brésil, et aussi gros sable ressemblant à des braises (brazil).
Aux Camps veut dire "Aux champs" en gascon
La Cape ; "le cap", à l'extrémité d'une ancienne île ; point de repère pour marins; il fallait mettre "à la cape", c'est à dire baisser les voiles...
Le Cayat du bas latin "caya" la maison.
Chemin du Cordonnier un maître-cordonnier, Guilhem Daure, mort en 1698.
Ferrand . ferrant, abréviation de maréchal-ferrant.
Les Gravettes cailloux qui abondent dans le sol.
Guingant un homme qui marche de travers.
Ile de Lalande, ancêtres de la mère de Montesquieu
L'estey de l'Ins , herbes aquatiques sans aucun rapport avec le lin véritable .
Lauriole le loriot, ou l'oiseau jaune couleur de l'or...
Lilaire ancienne petite île.
Terre de la Manufacture, appartenait à l' Hospice de la Manufacture à Bordeaux;
Montigny : la famille Hénault de Montigny fit bâtir cette belle maison noble au XVII °siècle , habitée au XVIII siècle par Charles Cornic-Duchesne, capitaine de vaisseaux du roi et célèbre corsaire.
Palanque Longue : un pont sommaire jeté sur les ruisseaux (la planche).
La Villa Pelletan, style classique du I8ème siècle, actuellement groupe scolaire ;
Peycoulin de Pey, Pierre en gascon, et de Coulin , ou colin le pot de chambre ...
Le Plantey terre où l'on plantait de jeunes plants de vigne.
Pomirol ; famille Pomirol.
Pontcastel : maison noble au XVI ° siècle fondée par l'armateur bordelais Jean de Poncastel, l'un des promoteurs du mouvement protestant à Bordeaux
Le Rabey : le "ravier" : terre plantée de raves, légumes très utilisés autrefois.
Le Suisse :habité par un citoyen suisse ou bien un Suisse d'église .
Teste Rougey , Tête Rouge une personne aux cheveux roux.
La Tour, La Thau en gascon prononcé " la tahou ", en anglais " tower ".
Le Treisson plage en gravier , on tirait le filet,le treisson, avec treize hommes.
Le Treytin terre asséchée grâce au treyte, sillon transversal aux rangs de vigne pour permettre l'écoulement des eaux de pluie , traïance, action de tirer, de traire.
Le Tronc un tronc d'arbre servant de passerelle sur la rouille...
Turpaut signifie soliveau.
Le Verderas du nom gascon verdura , verdure; les bois étaient contrôlés par un "verdier", "garde forestier"
Le Vigneau / Les Vignottes , les vignottes étant plus petites que le vigneau...
Jean des Vignes d'après le Littré, un "Jean des Vignes" est un sot, un malbâti
La Villa Verdelet, famille de notaire et de négociant en vin bordelais
LE CHATEAU d’ISLE-SAINT-GEORGES (image du cadastre)
Le cadastre « Napoléon » du 12 brumaire an II fait apparaître les douves du château qui ont donné la courbure des maisons rue de Touyac .
Fait divers à Isle-Saint-Georges au XIXème siècle - Page suivante, cet événement raconté en B.D
La BD un art devenu majeur en Graves Montesquieu
Pierre-Yves Gabrion, habitant depuis peu Isle-Saint-Georges, scénariste, dessinateur, coloriste de bandes dessinées, est né au Maroc en 1956. Passionné de bande dessinée, il commence sa carrière dans le dessin de presse (L'Expansion, Le Point, 50 millions de consommateurs...), écrit des scénarios pour le Journal de Mickey et dessine pour Fripounet et Spirou. En 1987 sort un premier album destiné à la jeunesse et édité par Milan, Amazonia, qui sera récompensé par l'Alph'Art coup de cœur Angoulême 1988, suivi, toujours chez Milan, de Tumuc-Humac. En 1990, il change radicalement de style et entame le cycle de "L'homme de Java" chez Vents d'Ouest (T1, Rebelle;T2, L'australien; T3, Pirates; T4, Mama King). Chez Casterman, il a publié, en octobre 1998, Les rameaux de Salicorne, et vient de sortir Des hauts et des bas, premier épisode d'une nouvelle série, "Phil Koton".
(Texte et photo Casterman).
ISLE-SAINT-GEORGES à la recherche de ses origines par Thierry MAUDUIT, directeur de la publication d’AQUITAINE HISTORIQUE
Le village actuel d’Isle-Saint-Georges, dont la plus ancienne mention connue remonte au XIe siècle, s’est développé au nord et à l’ouest d’une motte castrale, qui occupait le point le plus haut de cette ancienne île de la Garonne aujourd’hui rattachée à la rive gauche, et d’un prieuré construit par les moines de Sainte-Croix de Bordeaux. Mais on sait aujourd’hui que cette occupation médiévale, qui a sans aucun doute modelé le paysage actuel, n’est pas la plus ancienne, ni même peut-être la plus importante qu’ait connue le site. En effet, les données archéologiques, accumulées depuis plusieurs décennies, attestent de l’existence d’un habitat au même endroit qui remonte, au moins, au début du 1er millénaire avant J.-C.
Ainsi, le site archéologique est connu de longue date, grâce à l’esprit avisé de M. Olivier Coussillan qui en a révélé l’importance, puis par les résultats d’une fouille de sauvetage menée en 1987 à l’emplacement de la voirie du lotissement des Gravettes, enfin par de récentes campagnes de prospections et une surveillance attentive des travaux sur la commune. Les recherches ont ainsi révélé la présence d’un matériel attestant une occupation humaine depuis au moins le VIIIe siècle avant J.-C. jusqu’au IVe siècle de notre ère. Par la suite, le site semble avoir été déserté car aucun indice n’a révélé la présence d’une occupation humaine jusqu’à l’établissement du prieuré vers le XIe siècle. Il n’est cependant pas impossible qu’un petit hameau rural ait perduré sur la partie haute du village mais celui-ci n’a pas été mis en évidence par la découverte de vestiges appartenant à la fourchette chronologique comprise entre le Ve et le Xe siècle. Cette période de grande insécurité due aux invasions de différentes peuplades a pu rendre impossible la persistance d’une implantation humaine durable sur cette voie de pénétration que constituait le fleuve.
La période d’apogée, d’après les recherches actuellement menées, se situerait à l’Âge du fer et à l’époque Augustéenne. Les aspects du mobilier recueilli, ainsi que la superficie couverte par les vestiges (17 à 20 ha), démontrent que dès la fin du second Âge du fer au moins (2e-1er siècle avant J.-C.), on a affaire à une agglomération artisanale et commerciale. Différentes activités sont nettement identifiables comme la métallurgie, la pêche et le commerce (emporium ou point de rupture de charge en relation avec Burdigala ?). Cette vocation artisanale se perpétue avec force à la période romaine, où les vestiges couvrent une surface encore plus vaste.
Aussi, la position remarquable du site d’Isle-Saint-Georges (sur la Garonne, près de Bordeaux), ses dimensions spatiales et temporelles exceptionnelles ainsi que la qualité et la quantité des témoins archéologiques qu’il recèle poussent une équipe de l’Université de Bordeaux 3 à mettre en œuvre un programme de recherche sur le terrain pour mieux appréhender les potentialités du gisement. Ce programme est intitulé « Peuples de l’estuaire et du littoral médocain aux époques protohistorique et antique » (dir. A. Colin) et Isle-Saint-Georges en constitue une des études de cas. Ainsi, en plus de la fouille des Gravettes en 1987, plusieurs opérations ont été menées depuis 2004 : prospections archéologiques et surveillances de travaux sur l’ensemble de la commune (2004 à 2010), prospections géophysiques (2010 et 2011), fouilles et sondages (2009 et 2010), et en laboratoire différentes études du mobilier récolté (archéo-ichtyologie, céramologie, analyse du mobilier métallique, archéo-zoologie, etc…).
En 2011, les recherches se poursuivent avec des interventions de terrain déjà programmées.
Avertissement : le site d’Isle-Saint-Georges, à l'instar de tout site archéologique, est soumis aux lois sur la protection du patrimoine archéologique. Aucune fouille, recherche ou prospection, par quelque moyen que ce soit, ne peut y être effectuée sans autorisation préfectorale. Toute découverte fortuite doit faire l’objet d’une déclaration à la Mairie ou au Service Régional de l’Archéologie.
Dans le passé, l’Aquitaine a été, à maintes reprises, envahie par les flots. Des êtres ont vécu et sont morts sur leurs marges. Huîtres de Sainte-Croix-du-Mont, dents de requins de Léognan ou faunes de mollusques de Saucats en font foi.
GEOLOGIE EN GRAVES MONTESQUIEU
d’après Frédéric Bordessoule, président de l’(APBA) Association Paléontologique du Bassin Aquitain .
Les 5 cartes paléogéographiques qui suivent montrent les déplacements de la mer au cours de 270 millions d'années :
1ère carte : Lutétien
On trouve à l’Est des dépôts continentaux, molasses du Fronsadais et de l’Agenais, avec de nombreux restes de mammifères.
L’Oligocène s’étale sur environ dix millions d’années, avec deux étages bien représentés en Aquitaine : le Rupélien caractérisé sur la rive droite de la Garonne (Entre-Deux-Mers)et le Chattien qui affleure dans le Sud des Landes. Au Rupélien, on traduit un climat tropical à alternances humides et sèches, suivi d’un important recul de la mer, et des mouvements tectoniques.
2ème carte : Rupelien
Le Néogène, partie récente du Tertiaire, débute il y a 23,4 millions d’années, avec l’étage Aquitanien (qui tire son nom de la région Aquitaine). La mer va réoccuper la partie occidentale du bassin Aquitain, depuis le Sud du Médoc, jusqu’au golfe aturien.
Les dépôts matérialisés par des calcaires de plate-forme, appelés faluns, caractérisent les étages choisis comme types dans la région (stratotypes de l’Aquitanien et du Burdigalien) protégés aujourd’hui par la Réserve Naturelle Géologique de Saucats-La Brède.
3ème carte :Aquitanien
A l’Aquitanien (– 23,4 à – 20,4 millions d’années), le rivage a reculé vers l’Ouest. Cet étage est situé sur la commune de Saucats (Moulin de Bernachon et site de l’Ariey). Sont présentes des faunes caractéristiques (mollusques, échinides, coraux, foraminifères …) qui témoignent d’un climat subtropical. Puis une nouvelle régression marine va s’amorcer et faire reculer la mer un peu plus encore vers l’Ouest.
Il y a 20,4 millions d’années, la mer envahit le domaine continental, à l’exception du dôme de Villagrains – Landiras, qui est devenu une presqu’île en formant un petit golfe dans la région de Sainte-Croix-du-Mont. Le domaine marin profond est repoussé alors à l’extrême sud-ouest du bassin. Cette période est appelée Burdigalien (qui tire son nom de Burdigala : Bordeaux).
Il s’agit du second stratotype historique protégé sur le département.
4ème carte: Burdigalien
Au Burdigalien, l’eau chaude et le climat subtropical permettent le développement de petits édifices récifaux coralliens, typiques des régions tropicales. C’est ainsi que sur le site du Péloua, sur la commune de Saucats, on peut observer des blocs de coraux encore en place, témoins d’un milieu peu profond et relativement agité. Puis une nouvelle régression marine laisse sur ses marges une quantité fantastique de coquillages destinés à devenir fossiles … L’invasion des terres par la mer se fera au Serravallien (Miocène moyen), la dernière d’un long épisode géologique.
Au Serravallien (– 14 à – 11 millions d’années), la baisse progressive des températures voit disparaître un grand nombre d’organismes tropicaux, au profit d’animaux marins mieux adaptés . Puis la mer se retire définitivement de l’Aquitaine. Au Pliocène il reste une unique et étroite bande marine en bordure de l’actuel bassin d’Arcachon, matérialisée par des marnes sableuses riches en microfaune benthique et se poursuivant sur une partie de la côte landaise. La totalité du bassin sédimentaire aquitain est maintenant en domaine continental et la mise en place du réseau hydrographique actuel se réalise. L’arrivée de la période récente (Pléistocène et Holocène) confirme le domaine continental de l’Aquitaine, marquée par des événements climatiques complexes.
Plus récemment :
Les causes des glaciations sont encore très controversées.
Au cours de dizaines de millénaires, le niveau des mers a baissé, une partie de l’eau de mer s’étant transformée en banquise, l’eau de pluie ayant accru la surface des glaciers.
C’est ainsi qu’il y a 18 000 ans, le rivage aquitain se trouvait 130 m plus bas qu’aujourd’hui et à près de 120 km au large de Soulac !
Depuis 15 000 ans environ, le climat se réchauffe, l’océan libéré de sa glace regagne le terrain perdu à la vitesse de 15 centimètres par siècle.
LES RICAUD, DECORATEURS DE L’EGLISE SAINT-GEORGES par Frédéric Durand, archiviste et Daniel Fau
Les Ricaud père et fils ont été deux grands spécialistes bordelais de l’artisanat religieux dit sulpicien. Le second a également été un éminent historien local qui a même laissé son nom à l’un des fonds des Archives municipales de Bordeaux.
Lorsqu’en août 1901, Ernest Paul Ricaud acquiert le domaine de Rivière à Cadaujac, il habite Bordeaux, au 65, cours d’Alsace-et-Lorraine, au-dessus de la « maison de confiance » Au chapelet d’or. Fervent catholique, il avait ouvert sous cette enseigne, en 1865, un magasin général d’articles religieux, imagerie, librairie, chapelets et médailles. La même année, il avait aussi monté un atelier de peinture murale décorative, artistique et archéologique pour églises, chapelles et appartements au 306, rue d’Ornano. Il fabriquait également des statues en fonte, terre cuite, staff, carton-pierre, stuc, etc.
Jouissant rapidement d’une grande réputation, il mit ses talents au service de la chapelle des sourdes-muettes de Bordeaux dès 1865, de l’église de Floirac en 1867, de la chapelle Margaux en 1869, des églises de Portets en 1872, de Branne en 1873, de Hure en 1875, de Saint-André à Angoulême en 1878, de Civrac dans le Médoc en 1879, etc. Il fut également le fabriquant des statues de l’église Saint-Laurent d’Illats, avec son fils.
On lui doit la décoration intérieure de l’église d’Isle-Saint-Georges en 1868. On y retrouve son style caractéristique qui se distingue par l’abondance de fausses pierres, frises à motifs répétitifs, liserés, etc. ; l’ensemble étant réalisé le plus souvent au pochoir et toujours à la peinture à l’huile. L’abbé Barreau, curé de Cadaujac, fit également appel à lui pour les peintures murales du sanctuaire de la Sainte Vierge et la dorure du chemin de croix. Dans la nef centrale de l’église Saint-Pierre, le peintre décorateur réalisa une « fleurette » rouge au centre de chacune des fausses pierres, ainsi qu’une décoration stylisée représentant des objets et des scènes de la vie courante, ou des symboles, au-dessus des arcades. « Je n’ai pas hésité à choisir M. Ricaud dont nous admirons le talent dans la chapelle Margaux de Bordeaux, et, qui dans les églises d’Isle-Saint-Georges, Branne et Portets montre à l’œil de l’artiste, toute la richesse de son art, se justifie l’abbé Barreau dans son journal. La scène du Sauveur des hommes promettant à saint Pierre, notre Patron paroissial, les clefs du Royaume des Cieux, tel est le sujet que M. Ricaud a eu à traiter ; malgré notre peu de connaissances en peinture, nous croyons le tableau parfaitement réussi. L’ornementation qui reluit, dans tout le sanctuaire, est le plus bel encadrement qu’on puisse désirer ». L’inauguration officielle de la restauration générale de l’église eut lieu le 8 juillet 1877, en présence de l’archevêque de Bordeaux, le cardinal Donnet. Par la suite, Ricaud eut la commande de la peinture du catafalque en 1880, ainsi que les peintures murales du reliquaire en 1886.
Son vignoble du domaine du Comte de Rivière obtint une médaille de vermeil à Nantes en 1904 et une médaille d’argent à Liège en 1905. En 1912, il reçut encore un diplôme d’honneur en collectivité. Depuis 1902, il était aussi propriétaire d’un autre domaine viticole, dit alors de « premières graves », celui de la Cave à Couhins, sur Villenave-d’Ornon. Il restera dans la famille jusqu’au début des années 1950.
Vers 1923, son fils Jean Théodore Ricaud, né à Bordeaux le 17 juin 1873, hérita du domaine de Cadaujac en même temps que de la direction de la maison de commerce paternelle.
Il poursuivit ainsi l’activité de son père en fournissant notamment le mobilier de l’église Notre-Dame d’Ambès ou les statues de l’église Saint-Pierre de Saint-Loubès. En outre, féru d’histoire, il fut également membre de la Société archéologique de Bordeaux dès le 4 mars 1910 et en devint même le président de 1931 à 1934, puis de 1942 à 1945. Il y côtoyait de grands historiens tels qu’Alexandre Nicolaï et Jean-Auguste Brutails. Il était aussi membre de la Société d’histoire de Bordeaux, de la Société des bibliophiles de Guyenne et membre correspondant de la Société française d’archéologie. Secrétaire général de la Société des archives historiques de la Gironde de 1914 à 1920, il occupa enfin le poste de trésorier de la Revue historique de Bordeaux de 1921 jusqu’à sa mort, le 21 décembre 1948 à Bordeaux.
Il laissa de nombreux articles, ainsi que des publications, comme par exemple Souvenirs bordelais. L’Ancienne paroisse Sainte-Colombe en 1911-1913.
EGLISE SAINT-GEORGES D’après Josette MANO , ancien maire d’Isle-Saint-Georges et présidente de l’ARS* Association pour la Restauration et la Sauvegarde de l'église.
L'église néogothique actuelle, datant de 1852, a remplacé une vieille église romane du XIème siècle( dont les vestiges sont encore visibles ) qui faisait corps avec les bâtiments du prieuré des moines bénédictins de Sainte-Croix de Bordeaux et avec ceux du moulin sur l'estey du Saucats.
Vers 1360, la commune prend le nom de Yla Sent Jorge en Arruan , en pleine guerre de Cent Ans. La sculpture au-dessus de la petite porte d'entrée représente saint Georges terrassant le dragon, revêtu d'une armure identique à celle du Prince Noir.
Eglise de taille remarquable : 30 m sur 20 m et un clocher d'origine de 36 mètres. La reconstruction de la flèche est en projet.
Plusieurs œuvres sont classées à l'inventaire du patrimoine:
* le haut-relief du XIVème, au- dessus de la petite porte d'entrée.
* deux statues en bois doré du XVIIème représentant la Vierge à l'Enfant et saint Joseph.
* un ex voto du XVIIIème , trois-mâts reproduisant " La Félicité " du corsaire Cornic-Duchesne qui se couvrit de gloire durant la Guerre de Sept Ans et vécut 25 ans au Rabey sur la commune.
une peinture du XVIème/XVIIème de sainte Catherine avec l'épée et la palme des martyrs. Cette peinture fut découverte sur la porte de la sacristie lorsqu'on a voulu la lessiver!
* les fonts baptismaux à baldaquins comportent 4 colonnes dorées en bois peint de style corinthien.
* les vitraux sont pour la plupart signés du maître verrier Joseph Villiet.
* le maître -autel " à la romaine", en marbre blanc, est l’œuvre de Bernard Jabouin. Et de plus près, la châsse dorée avec des reliques de saint Georges ...ou de Terre Sainte?
La porte du tabernacle offre une représentation symbolique de la Trinité. Sous le tabernacle est écrit un chrisme en lettres d'or (monogramme du Christ : " Je suis le commencement et la fin ").
* sur les bas-côtés , les autels de la Vierge et du Sacré-Cœur, portent des garnitures remarquables.
* les statues :
à l'entrée du chœur, saint Pierre et saint Joseph et d'autres plus modestes : saint Roch, sainte Germaine de Pibrac, Jeanne d'Arc, sainte Thérèse, saint Expédit ...
* un tableau, peint par l'abbé Duzan représente l'ancienne église ( 1er pilier à droite ).
* l'ancien monument aux Morts offert par les fidèles pour honorer les morts de 1914/1918 ( gisant sur la droite ).
* dans la sacristie, un meuble à tiroirs, rare, datant de 1890 renferme encore des vêtements sacerdotaux.
* le chemin de croix est un ensemble de peintures polychromes sur plaques de métal.
* des peintures murales ornent le chœur, l'abside et la nef.
La fresque sur le tympan du chœur représente saint Georges terrassant le dragon pour sauver la princesse, fille du roi de Silcha.
Dans la nef, au dessus des arcatures, les médaillons quadrilobés peints représentent les portraits des douze apôtres.
L'église est un bâtiment qui compte dans une commune petite en superficie et modeste en revenus.
Depuis quelques décennies, la construction a connu bien des déboires et a dû être fermée par sécurité, de 1996 à 2003.
La commune, avec l'aide de subventions (en particulier avec l’aide du Conseil général de la Gironde) a allégé les voûtes, refait les piliers en bonne pierre de taille et rénové la toiture. Actuellement, elle a le projet de reconstruction de la flèche du clocher.
D'autre part depuis 1992, l'ARS restaure l'intérieur de l'église: vitraux, autel, fonts baptismaux, statues, petit mobilier d'art sacré... En 2003, l'ARS a commencé la remise en état des peintures murales qui ornent cette église. C'est une longue tâche, mais depuis 20 ans, grâce à la ténacité de ses membres, cette association investit en moyenne 7000 euros par an pour la sauvegarde des richesses de ce bâtiment. L'ARS est toujours à la recherche de nouveaux adhérents et de dons pour continuer la remise en état de cette église.
Eglise ouverte à la visite, le premier samedi du mois, de mai à octobre de 15 à 18 h. A la demande l'ARS se fera un plaisir de la faire connaître à un groupe.
C’EST QUOI LES ROUILLES? par Piou LACOSTE
Le mot rouille vient du latin rivus, plus tard riou, rohla…Mais ici nous avons à faire un système de drainage, irrigation, submersion, complexe et adapté aux différentes époques.
Olivier Coussillan nous a expliqué comment de la bêche du viticulteur au tractopelle de la CdC de Montesquieu les hommes ont transformé le lit de la Garonne en terres arables et nourricières. Au milieu de la vigne, pour les assécher, l'homme creuse des treytes (qui aurait donné le nom aux pièces de terre que l'on trouve souvent dans nos régions et qui se nomment treytins) vers les fossés (50km de fossés sur Isle Saint Georges) qui se jettent dans les rouilles (12 à Isle-Saint-Georges) autrefois appelées les mères d'eau, puis dans les ruisseaux qui deviennent estey (estuaires) jusque dans la Garonne…
LE GIBIER A ISLE-SAINT-GEORGES par Robert LAFOND, chasseur
L’évolution de la population animale est intimement dépendante de plusieurs facteurs : la transformation du paysage, l'évolution des techniques agricoles et celle des techniques de chasse mais aussi l'évolution des réglementations (espèces protégées). Lorsque j'étais jeune( j'ai plus de 60 ans ! ) il n'y avait pas de chevreuils à Isle Saint-Georges, il n'y avait pas de maïs non plus et beaucoup moins d'espaces boisés mal entretenus, ce qui les privait et du gîte et du couvert !
La chasse à la grive, autrefois véritable sport local, attestait d'une présence bien plus importante qu'aujourd'hui. Je pense que, dans les vignes, nous avons détruit les nids lorsque nous avons commencé à utiliser les machines à sulfater à ventilateur. Les fusils d'aujourd'hui sont bien plus performants, ce qui doit aussi contribuer à la diminution de cette population. Il y a quelque vingt ans, on voyait peu de hérons. C'est aujourd’hui une espèce protégée, alors qu'autrefois le chasseur n'hésitait pas à "faire un carton".
Dans les rouilles, le héron trouve aujourd'hui une nourriture qu'il n'a pas toujours eue : les écrevisses bien sûr, mais d'autres espèces aussi qui avaient sûrement souffert des excès d'insecticides et pesticides utilisés dans les vignes : je me souviens avoir vu dans les vignes de nombreux oiseaux morts après le traitement !
Le lièvre est aujourd'hui un trophée que le chasseur n'arbore plus, il a été victime de la tularémie (maladie infectieuse due à un bacille, et décrite pour la première fois en 1911 à Tulare, en Californie). Depuis, il n'a jamais recolonisé le territoire lilais. Chevreuils, grives, hérons, écrevisses, lièvres sont les principaux éléments de la faune rencontrée.
LE LIEVRE DES MARAIS D’après Michel COUSSILLAN
Curiosité, mythe, ou réalité? Certains affirment qu'on le dégustait en civet .... D'autres soutiennent que la meilleure façon était de le préparer comme la lamproie, avec force poireaux et bon vin de palud.
Des promeneurs s'aventurant dans les zones humides d’ Isle Saint-Georges auront peut-être le bonheur de surprendre, d'observer ou de faire fuir le lièvre des marais.
Cet animal se fait rare dans nos contrées ; car la disparition, la raréfaction de certaines plantes et de certains familiers de nos zones humides ont contraint ce quadrupède à chercher ailleurs sa subsistance, nourriture bien particulière, puisqu'il s'agit, concernant la flore, de l'angélique (tantoure en langage local), de l'iris des marais, de la baragane (délicieux poireau sauvage), du nénuphar (nymphéa), et aussi concernant la faune aquatique : la raréfaction de la piballe (civelle), des œufs de grenouille et des estrangle¬gats (petits poissons riches en arêtes). Car le lièvre des marais est omnivore....
Il est nettement plus long que le lièvre commun (lepus Europalus). Son pelage est gris-vert (moisi) sa tête est plus large et son museau obtus. Les pattes postérieures palmées n'enlèvent rien à sa vitesse de course.... mais lui permettent de se déplacer sur les plans d'eau. Le docteur Godin de Barbaste, fin chasseur et surtout observateur attentif de la nature, nous a confié en avoir recueilli un spécimen blessé à la fin des années 90. Après examens attentifs, le docteur émet l'hypothèse d'un croisement de races avec le castor (autrefois appelé « bièvre ») ou avec la « loutre ».Le docteur Godin privilégie le rapprochement avec le castor car il en a les mêmes sécrétions anales odorantes (le castorum) employé en parfumerie et en pharmacie au Québec. Mais le comportement carnassier et nageur n'exclut pas la parenté avec la loutre.
Dans la tradition orale on dit que sa fourrure détenait un pouvoir aphrodisiaque et que des jeunes filles cherchant mari l'utilisaient en ceinture à même la peau, pour attirer auprès d'elles les prétendants.
LE CARDINAL DONNET restaurateur des églises en Gironde
Né 16 novembre 1895, petit-fils et arrière-petit-fils de chirurgiens, il intègre le séminaire à Lyon, qu’il quitte en fin d' études à 18 ans. N’ayant pas l'âge d'être ordonné prêtre, il obtient une dispense du pape. Il est ordonné évêque en 1835, alors qu’il n’a pas encore 40 ans.
Sa devise « ad finem fortiter omnia suaviter » est tout un programme : Jusqu'au bout avec courage , mais tout en douceur . En 1837 il succède à Cheverus à Bodeaux . Devenu primat d'Aquitaine, il « règne » sur 6 diocèses. En 1840 il obtient la création de cours d'archéologie dans le cursus des prêtres, souhaitant la "conservation des Monuments historiques purs de toute souillure". En 1852 il devient cardinal et sénateur.
Son action pastorale est immense. Se déplaçant sans cesse, on le voit toujours actif, en particulier dans les comices agricoles. Il laisse 11 énormes volumes de discours.
2 anecdotes le placent à l'origine de 2 avancées vers le progrès :
• en 1826, il tombe en catalepsie, on le croit mort et on célèbre ses funérailles. Ceci conduit en 1866 à la loi contre les inhumations prématurées (le croque-mort ...comme son nom l'indique devait faire une vérification active au niveau du gros orteil...)
• en 1827 alors qu'il est curé, Villefranche-sur-Saône est en proie à de terribles inondations, suivies d'incendies meurtriers. L'abbé Donnet crée une compagnie de sapeurs pompiers.
LEO DROUYN: une mémoire pour la Gironde...
Ses albums de dessins, ses notes et ses croquis sont une source d'informations inestimable pour la connaissance du patrimoine avant les grandes restaurations du cardinal Donnet ( certains disent les "mutilations"). Dessinateur attitré, de 1842 à 1849, de la Commission des Monuments historiques départementale, il mit en exergue la richesse du patrimoine roman girondin et devint l'un des plus éminents spécialistes de l'architecture médiévale, dont il grava à l'eau-forte les principaux types.
Léo Drouyn étudie les églises du canton de La Brède entre 1846 et 1860. Il est frappé par l'unité que présentent les églises romanes de cette zone, avec leurs chevets à trois absides et absidioles.( Castres, Beautiran, Martillac, Cabanac, Cadaujac) et par la beauté de l'abside de l'église de Léognan, qu'il présentera, en 1853, avec celle toute proche de Villenave-d'Ornon.
Le dessin, figure 1, est réalisé à la mine de plomb en 1859. C'est le moulin d’Isle-Saint-Georges, aujourd'hui détruit, qui intéresse Léo Drouyn et non l'église elle-même qui vient d'être «restaurée en entier» et dotée d'une flèche néo-gothique «beaucoup trop élevée pour l'église elle-même» selon lui.Le regard «ethnographique» de Léo Drouyn est ici particulièrement évident de par le soin avec lequel il a fouillé la disposition de ce moulin et de ses étages. Certes, le pittoresque de ce lieu lui a plu, mais il y a également, ici, le sentiment très aigu de ce qui va disparaître et dont il doit témoigner par le dessin.
Le dessin qu'il nous a laissé est un bon témoignage de son goût pour ce que l'on appelle aujourd'hui le «petit patrimoine», et ici si fragile du fait de son architecture de bois
Concernant l’église, seule l'abside lui paraît intéressante : «Cette église, dont l'abside est romane, paraît avoir été reconstruite au XVIème siècle ou à la fin du XVème . L'abside, qui s'incurve au nord, est semi-circulaire à contreforts plats qui ne montent pas jusqu'à la corniche, ornée d'un rang de dents de loup et d'un rang de festons. Les modillons sont simples ou ornés de fleurs en crosses, de palmettes, de têtes d'animaux qui mordent leurs pattes».
Il note, incrusté au flanc sud du clocher, un bas-relief du XIVème siècle, provenant peut-être d'un retable de l'ancienne église, montrant saint Georges en train de délivrer la princesse de Silène du Dragon.
La figure 2 représente le clocher mur de l’église à Saint-Morillon accompagné d’un balcon en bois qui sera détruit en 1993.
La figure 3 représente l’église Sainte-Quitterie de Martillac, avant sa restauration de 1880.
+d’après « Circuit roman Léo Drouyn en Graves Montesquieu » texte Emilie Chenneveau relu par Bernard Larrieu, président de « les Amis de Léo Drouyn » (dépliant 6 volets réalisé par les Editions- Entre- Deux- Mers en 2005 en partenariat avec SIGM et disponible OT Montesquieu), et d'après l'Album de dessins numéro 8 , « Léo Drouyn et le Cernès » (éditions Entre-Deux-Mers).
CLOCHERS NEO-GOTHIQUES EN GIRONDE. Christiane ESPEUT d’après une conférence de Jean Pierre MERIC
C'est sous l'influence du cardinal Donnet qu'au XIXème siècle, on assiste en Gironde à une transformation radicale des paysages avec la montée vers le ciel de nombreux clochers pointus. On prête à Haussmann lui même (préfet de la Gironde de 1851-1853) cette adresse à l’archevêque de Bordeaux : «Notre département, Monseigneur, ressemblera d’ici peu à un hérisson !».
Ces constructions de clochers et d'églises sont sans aucun doute des actes de foi, car la foi se manifeste alors partout en France, expliquant ce zèle de construction des "maisons de Dieu au-dessus des maisons des hommes". Du propre aveu du cardinal, ce sont 310 églises, 100 clochers, 30 presbytères (et un grand nombre de chapelles) qui seront ainsi démolis, transformés, rebâtis, rénovés, sur les 605 églises que comptent les 554 communes de Gironde.
Le canton de La Brède n'y échappe pas : 11 églises seront ainsi modifiées sur les 14 édifices que comptent les 13 communes. A cause de ses finances trop modestes, Saint-Morillon garde son clocher mur roman (XII° siècle), malgré un projet bien avancé de clocher gothique.
De 1840 à1890, c'est aussi une époque de grande prospérité sous la Monarchie de Juillet et le Second Empire, à son faîte en 1860. On construit des châteaux à la campagne (le château de Grenade à Saint-Selve, par exemple), de grands hôtels particuliers en ville.
L’accroissement du nombre des habitants est remarquable: 22% d'augmentation dans le canton, entre 1817 et 1876, tandis que dans la même période la densité de population augmente de 52% dans les communes de la lande (Saucats et Cabanac).
En Europe, 187 millions d'habitants au début du XIXème siècle, 266 millions en 1850, 480 millions en 1900. Malgré l'ambiance anticléricale durant le dernier quart du XIXème siècle, on constate la reconstruction par milliers d'églises de village.
Donnet, prélat démolisseur ? Sa conclusion après sa visite de 1844 à 1850 des 563 églises dont il a la charge et dont il a réclamé pour chacune un inventaire, complétant ainsi celui de l'abbé Baurein est sans appel : "On succède à plusieurs siècles de dégradation et d'incurie! " Les conseils de fabrique en charge des églises constatent évidemment eux aussi le délabrement des lieux de culte et rêvent de participer à cette évolution. Son pontificat n'a donc pas été aussi désastreux qu'on l'a dit pour les églises de Gironde!
Certes , en 1825, Montalembert crie " halte aux démolisseurs" et fait éditer " le Vandalisme en France". Mais nous surprend-il vraiment quand il précise qui sont les vandales, qu'il nomme soit des vandales "destructeurs", soit des vandales "réparateurs". Pour lui, ce sont : le gouvernement, les maires, les conseils municipaux, les conseils de fabrique, les curés... S'attendait-on vraiment à voir cités les émeutiers d'une folie révolutionnaire bien lointaine?
Donnet, prélat bâtisseur ?
On démolit donc beaucoup, mais on réutilise les matériaux tout de suite après pour reconstruire. De très nombreux ouvrages comme celui de Raymond Bordeaux , " Traité de réparation des églises", sont édités. De grands noms d'architectes parviennent jusqu'à nous et ceux ci ne semblent pas avoir été en panne d'inspiration. Les architectes ont pu être appelés des " diables", des « monstruosités » car le changement des architectures avec ces toits pointus est radical.
A Saucats, Ayguemorte-les-Graves, Cabanac-et-Villagrains, on trouve Jean-Jules Mondet (1834-1919). Il aura couvert 21 chantiers au cours de sa vie!
A La Brède, interviennent Léon Drouyn ( fils de Léo), et Gustave Alaux.
A Saint-Médard-d'Eyrans, encore Gustave Alaux pour la reconstruction avec clocher pignon agrandi.
A Cadaujac, Saint-Morillon et Léognan, on retrouve Amédée Lasmolle.
A Léognan aussi Jean Baptiste Lafargue, avec les recommandations de Viollet-le-Duc qui cite l’église de Léognan comme un exemple du principe de reconstruction romane. Elle a été presque entièrement reconstruite en 1852 après avoir servi de temple à la déesse Raison pendant la Révolution, qui avait également transformé la sacristie en prison.
A Beautiran, le clocher de 1864 a été choisi de forme ovoïde par l’architecte Gustave Alaux. L’abbé Dufau, curé de Beautiran, écrit au cardinal Donnet que le clocher est terminé: «Tous les connaisseurs des ouvrages d’art lui donnent la préférence sur les clochers voisins».
A Martillac restauration menée par Alaux. Le clocher néogothique a été construit en 1880.
Donnet, inspirateur ?
"La foi s'exprime aussi par la tradition, pas uniquement l'écriture". "Les églises ne sont pas faites pour l'archéologie, mais pour prier et honorer Dieu"
Concernant les décorations intérieures, le cardinal Donnet tente d'inspirer leur rénovation, les préférant moins voyantes, parle de contresens choquant des peintures vives, de fautes de goût des boiseries (retables aux couleurs trop vives). Il souhaite aussi moins de clarté, une atmosphère plus sombre propice à la prière. Car le goût de l'époque (1850) marqué par le flamboiement de "La Vie Parisienne", "le Quadrille des Lanciers" ne recule devant aucune exagération...
Donnet, démolisseur ? bâtisseur ? inspirateur de génie ? La polémique, vivace à l'époque, existerait-elle encore aujourd'hui ? à chacun de conclure, en visitant ces monuments.
Car "l'histoire des églises est aussi notre histoire".
Photos de haut en bas: Saint-Jean-d’Etampes de La Brède -Saint-Maurille de Saint-Morillon-Saint-Martin de Léognan -Saint-Michel de Beautiran.-(Photos SIGM)
Texte libre d'après des notes et extraits de la conférence tenue par Jean Pierre Meric (jp-meric@wanadoo.fr) à Bordeaux le 17 janvier 2011, dans le cadre de l'association " Ars et Fides Bordeaux" qui propose des conférences ouvertes à tout public, une fois par mois ; 05 57 22 10 64 ; artsetfidesbx@hotmail.fr .
"Arts et Fides" est une association au service des visiteurs des monuments religieux ; les bénévoles les accueillent dans les lieux chrétiens pour les aider à en découvrir le sens.
JP Meric, enseignant retraité, écrit aussi dans de nombreuses publications dont le Bulletin de la Société de Borda et la Revue Historique de Bordeaux.
LE PHYLLOXERA A ISLE- SAINT-GEORGES D’après Bertrand MEALLET (Bertrand.meallet.pagesperso-orange.fr)
Le phylloxéra est un puceron de 1/2 millimètre de longueur dont une espèce vit sur les feuilles du chêne, et dont une autre espèce, plus dangereuse, s'attaque à la vigne.
Le phylloxéra de la vigne (phylloxéra vastatrix), venant d'Amérique, a envahi toutes les régions viticoles avant 1870.
Il existe sous deux formes:
• "gallicole", attaquant la feuille des vignes américaines.
• "radicicole", attaquant les racines des vignes françaises.
C'est sous cette dernière forme qu'il ravagea les vignobles français, vers 1878, occasionnant la raréfaction du vin, et par conséquent, une montée vertigineuse de son prix.
Le remède efficace à long terme est celui qui est actuellement appliqué: il consiste à greffer une vigne française sur une bouture américaine.
Comme on ne peut pas arracher systématiquement tout un vignoble, d'autant plus qu'il faut de longues années avant qu'une vigne soit productive, les propriétaires d’Isle-Saint-Georges se groupèrent, avec l'aide du gouvernement (loi du 2 août 1879), en syndicats pour lutter contre le fléau.
Deux moyens essentiels étaient proposés :
• Un traitement chimique de la terre par injection de sulfure de carbone ou de sulfo-carbonate de potassium. (Procédé assez peu efficace).
• L'immersion, l'hiver, pendant 40 jours, des racines des vignes afin de noyer les insectes.
C'est ce dernier procédé qui fut appliqué à Isle- Saint-Georges pour toutes les vignes situées dans les palus.
Le terrain fut cloisonné par un quadrillage de digues déterminant une dizaine de zones inondables. A l'intérieur de chaque zone, des fossés, des canaux, des tuyaux de ciment munis de clapet, des écluses, furent ménagés de façon à créer des bassins permettant de régulariser le niveau de l'eau pendant le temps nécessaire puis d'assurer la vidange de cette eau.
L'âme de chaque zone était la station de pompage. Huit stations étaient installées sur la rive de la Garonne, une sur l'estey d'Eyrans et une sur la rouille du Tronc. Chaque station devait avoir un stock de charbon et un puits foré pour alimenter la chaudière en eau. La surveillance et l'entretien de la machine nécessitait deux "mécaniciens", choisis parmi les habitants. Ils assuraient successivement les quarts de jour et de nuit.
Chaque bassin de submersion était géré par un syndicat formé du groupe des propriétaires intéressés. (Par exemple, le syndicat du Plantey, de Pelletant, de Boutric...)
Les sommes dépensées furent énormes. Cependant il est certain que cet investissement était très rentable car le vin produit dans ces temps-là valait de l'or en raison de sa pénurie.
LA VIGNE: robuste et fragile à la fois par Jeanie GRENIER
Lorsque le regard se pose sur un cep de vigne, on le perçoit rustique et solide, si profondément ancré dans sa terre nourricière qu’on l’imagine invulnérable.
Mais le monde vivant s’impose sous toutes ses formes et parfois, l’infiniment petit a raison de ce qui semble être le plus fort.
C’est ainsi qu’en 1851 une insignifiante moisissure blanche à l’aspect duveteux parasite le vignoble girondin.
On se veut rassurant et une commission chargée d’étudier le problème conclut en ces termes : "Le mal n’est que passager et 1852 ne le reverra pas se renouveler".
Cependant, le préfet soupçonne la gravité de ce mal inconnu, en informe les autorités de l’Etat, mais demande de "garder le secret sur cette affaire".
En 1852, la maladie est de nouveau présente, encore plus agressive, résistant à tous les traitements elle n’épargne aucun cépage.
Devant l’impuissance à vaincre ce fléau, le désespoir s’installe dans le monde viticole. La production chute et l’inquiétude gagne Bordeaux, grande ville du négoce.
Durant l’année 1853, le préfet est interpellé sur la gravité de la situation par un envoi massif de courriers émanant tant de maires que de vignerons. Un échange de correspondance s’établit entre les deux parties. Archivé au niveau départemental, il est un témoignage précieux de l’état du vignoble à cette époque et du désarroi des viticulteurs.
Concernant l’année 1854, les archives sont muettes, aucune trace de correspondance. L’homme de la terre est seul, habité par son impuissance, mais céder à la résignation n’est pas dans sa nature. Plusieurs remèdes sont testés : l’incision du pied de vigne telle une saignée, l’essai de plusieurs modes de taille, l’effeuillage, le badigeonnage avec de l’eau additionnée de divers ingrédients tels le vinaigre, la chaux, la suie, le savon, les cendres, voire même la bouse de vache…
Hélas, les résultats obtenus n’apportent que de minces améliorations.
Mais, le malheur des uns aiguise l’ingéniosité des autres. En1857, le préfet reçoit pas moins de soixante- trois propositions de procédés de traitement. Nombreux sont farfelus, d’autres inapplicables, mais les auteurs de certains envois sont pour le moins très clairs : passée l’interrogation sur l’efficacité de leurs trouvailles, on découvre la certitude de leur démarche : "Je vous propose mon remède sous condition de récompense en cas de réussite" !!...
Cette même année une invention va révolutionner les techniques de traitement et du produit employé va naître l’espoir de la guérison du vignoble. Cette invention est le soufflet, le produit miracle, le soufre.
Mais il faut traiter vite, partout et dans de bonnes conditions.
Inventeur de ce procédé, le comte de La Vergne se veut aussi pédagogue. Pour ce faire il utilise tous les moyens de communication de l’époque : réunions d’information, presse locale, presse nationale. Brillant dans son invention, efficace dans son action, le comte de La Vergne est le sauveur du vignoble bordelais : les propriétaires girondins soufrent !! En deux ans la production redevient normale.
Le soufrage ayant été reconnu comme bienfait de l’agriculture, le jury de l’exposition universelle de 1867 propose que la Légion d’honneur soit décernée au comte de La Vergne, lui qui neutralisa la petite moisissure blanche remarquée pour la première fois en France en 1848 dans les serres du baron James de Rothschild à Suresnes, près de Paris.
Près de dix ans après son apparition, l’oïdium est enfin maîtrisé.
Mais la nature a l’humeur chagrine et ne laisse à l’homme que peu de répit.
Quelques années plus tard, le phylloxéra, venu de la côte Est des Etats-Unis, se propage en France. Repéré pour la première fois dans le Gard en 1863 par Emile Planchon, on le découvre dans le vignoble bordelais en 1866. Il se propage vite et se révèle être très dévastateur, d’où son surnom de "vastatris".
Sur la rive droite de la Garonne, les vignobles de Quinsac et de Beaurech en sont les premières victimes.
Sur la rive gauche, ISLE SAINT GEORGES est la première touchée.
Une énigme se pose concernant cet insecte. Ses caractéristiques sont qu’il n’aime ni le froid qui tue les œufs d’hiver, ni l’humidité qui empêche les œufs d’éclore, et pourtant il vient élire domicile en pleines palus (?).
Un mode de vie qui relève parfois du mystère, un rythme biologique complexe, le phylloxéra est difficile à cerner, donc difficile à combattre.
La maladie se propage dans l’ignorance de ses causes. Certes l’insecte se déplace, mais il est également véhiculé par l’homme qui, de parcelle en parcelle, transporte ses outils contaminés.
Le stockage des fumures dans une zone phylloxérique puis transportées sur une terre saine et le mal est fait…
Pourtant, sans relâche, on cherche le remède et, dans l’attente du traitement salvateur, des mesures sont prises au niveau gouvernemental.
En septembre 1878 est constituée la Commission Supérieure du Phylloxéra qui prend la décision de classer les territoires viticoles en quatre catégories : les territoires peu touchés, moyennement touchés, très touchés par la maladie, et les territoires indemnes.
A chaque catégorie est appliqué un régime administratif spécifique. Pour les catégories "parcelles contaminées", tout import de plants, boutures, ceps, raisins est autorisé, mais tout export est formellement interdit sauf dans les zones viticoles relevant du même régime administratif.
Concernant les terroirs indemnes tout export est autorisé, tout import est interdit.
De plus, en 1870, l’Etat annonce l’octroi d’une prime de 20 000 francs, portée à 300 000 francs en 1874 à l’inventeur d’un remède efficace. Elle ne sera jamais attribuée.
Outre ces mesures, le soutien de l’Etat tant sur le plan financier que sur le plan moral est bien mince.
En contrepartie, beaucoup d’énergie se déploie au niveau local. En 1874 la Société d’Agriculture de la Gironde constitue la Commission Générale du Phylloxéra qui publie de précieuses informations et crée une pépinière de vignes américaines, car il ne fait alors aucun doute, la sauvegarde du vignoble bordelais passera par le greffage des plants américains.
Mais des solutions propres aux terroirs ne sont pas pour autant négligées.
En 1882, à Isle-Saint-Georges, c’est vers la Garonne que se fondent tous les espoirs. Un bain de pieds pour recouvrer la santé ! Tel est le remède préconisé pour ces vignes riveraines du fleuve. L’immersion des ceps durant la saison hivernale permet de "noyer l’œuf d’hiver". Le procédé est efficace mais sa mise en place se révèle complexe et coûteuse. Le terrain est divisé en une dizaine de zones inondables délimitées par des digues.
Grâce à l’ingéniosité des vignerons locaux, le parasite est neutralisé dans les palus en pays d’Arruan. Mais on retiendra du phylloxéra que maladie et remède (pour l’ensemble du vignoble français) nous sont venus tous deux d’outre- Atlantique.
S’agissant des agressions subies par la vigne, on ne peut passer sous silence le mildiou, petit champignon parasite qui se développe sur les organes verts de la plante. La Gironde n’en est pas épargnée, on l’y découvre en 1878. Lui aussi arrive des Etats-Unis par l’importation massive de plants américains porte greffe pour vaincre le phylloxéra.
En 1881 la maladie est particulièrement agressive, mais dès le départ le problème est traité par des scientifiques, dont Alexis Millardet, professeur de botanique à la faculté des sciences de Bordeaux, ce qui n’avait pas été le cas pour l’oïdium. Il constate assez rapidement qu’un climat chaud et humide est propice à la propagation du parasite.
Ses études sur la maladie et sa contamination l’amènent à penser qu’un traitement préventif pourrait être efficace.
C’est alors que le hasard vient au secours de la science. En visite dans le Médoc, au château Ducru-Beaucaillou, le professeur Millardet s’étonne de voir un dépôt de vert de gris sur les vignes pleines de vitalité, riveraines de la route. D’un entretien avec le régisseur responsable du vignoble, il apprend que ce sulfatage est destiné à dissuader les vols de raisins proches de maturité.
La petite anecdote éveille chez le scientifique une curiosité toute particulière, au point d’envisager un traitement préventif contre le mildiou…au sulfate de cuivre additionné de chaux. La bouillie bordelaise va bientôt voir le jour…
Le plus difficile est de convaincre les vignerons de l’utilité de traiter de façon préventive. Nombreux sont réticents par peur de la nocivité du produit. Ulysse Gayon, fondateur de la faculté d’œnologie de Bordeaux, apporte la preuve de l’absence de résidus dans le vin issu de vignes traitées et fait l’apologie de la découverte d’Alexis Millardet. Connue de tous, "la bouillie" est devenue de nos jours en quelque sorte l’aspirine des plantes…
Documents consultés :Histoire d’une commune Isle-Saint-Georges en Arruan de M. Olivier Coussillan -Vignobles et vignerons du bordelais de Philippe Roudier, Université Bordeaux3
CULTURE DE LA VIGNE A ISLE-SAINT-GEORGES
Palus ou palud: «dans le Bordelais, plaine inondable dont le sol est composé en partie de vase marine et qui est envahi pour le vignoble» vin des palus (Cours complet d'agric. théor., 10, 113 ds FEW t.7, p.530b) . Petit Historique (lilais.chez.com/palus)
Cette culture y est très ancienne puisque déjà, sous le règne d'Henri II, époux d'Aliénor et roi d'Angleterre, elle faisait l'objet de soins attentifs de grands bourgeois bordelais tels Bernard d'Acra, maire de Bordeaux en 1219, qui avait ses vignes à Isle-Saint-Georges. A l'époque, la renommée du vin produit sur les terres d’Isle-Saint-Georges était grande et sa valeur resta supérieure à celle des vins du Médoc jusqu'en 1880. A titre d'exemple, vers 1780, le prix du tonneau atteignait 2 500 livres pendant que celui de vin du Médoc s'établissait à seulement 1 800 livres !
UN TRANSPORT DE RAISIN EFFICACE : UNE ANECDOTE AU CHATEAU MONTIGNY par Bertrand MEALLET
La famille Hénault de Montigny fit bâtir cette belle maison noble au XVIIème siècle sur les bords de la Garonne.
Au XVIIIème siècle, Charles Cornic-Duchesne, capitaine de vaisseaux du roi et célèbre corsaire, fit creuser un canal au milieu des vignes qui se remplissait aux marées grâce à un jeu de clapets, pénétrant sous la maison et arrivant au cuvier. Un bateau plat, sorte de chaland, sur lequel on chargeait les bastes ou comportes de raisins faisait la navette entre la vigne et la maison.
LES ZONES HUMIDES - SIGM, d’après textes et photos fournis par Julien Herraiz, CdC de Montesquieu
Dernière zone bocagère de la vallée de la Garonne en amont de Bordeaux, Isle-Saint-Georges, dite « La petite capitale du bocage », est riche d’un patrimoine naturel précieux : grande variété d’oiseaux, de bocages, de milieux humides, de plantes et de mammifères rares et/ou protégés. Ce milieu naturel fragile, les Lilaises et les Lilais ont toujours eu le souci de le protéger et le valoriser : les principales menaces sont, ou ont pu être, l’urbanisation non maîtrisée, l’agriculture intensive, l’extraction de granulats…
Aujourd’hui, plusieurs zonages de protection (ZNIEFF, Natura 2000, PPRI), l’action de la CCM au travers de la gestion du bassin versant du Saucats et, depuis beaucoup plus longtemps, celle de l’ASA permettent la préservation de la qualité du milieu et l’amélioration du fonctionnement de l’hydraulique.
Zone Naturelle d’Intérêt Ecologique Faunistique et Floristique : ZNIEFF
Classée en 1984, cette Zone Naturelle ne correspond pas à un statut de protection particulier mais constitue un outil de « porter à connaissance » de zones présentant un intérêt patrimonial important et qu’il est souhaitable de préserver. Ce classement concerne essentiellement, pour Isle-Saint-Georges, les zones situées aux confins d’Ayguemorte les Graves et de Beautiran. En sont exclus les secteurs les plus proches de la Garonne.
Natura 2000
Natura 2000 structure et finance des actions concrètes dont l’objectif est la préservation des espèces rares et de leurs habitats. Le plan d’action pour la préservation et la valorisation de ces zones humides, porté par la Communauté de Communes, a été validé en 2006 : il présente de nombreuses actions dont la gestion des cours d’eau, le maintien des prairies de pâturage, la valorisation des produits du bocage...
Le Principe : Tout contractant qui s’engage à respecter les engagements définis dans une mesure de gestion Natura 2000 est rétribué en fonction du surcoût induit par l’engagement ou de la perte de productivité pouvant en résulter. Cet engagement se traduit concrètement par la signature d’un contrat passé directement entre le signataire et l’Etat, le Contrat Natura 2000. La mise en œuvre est confiée à la Communauté de Communes Montesquieu qui contractualise des mesures de gestion avec propriétaires et exploitants concernés.
Plan de Prévention des Risques d’Inondations (PPRI) : Il s’agit là d’un zonage se basant sur la plus forte crue connue au cours des cent dernières années (celle du 6 mars 1930) et dont l’objectif est la mise en œuvre des principes suivants :
∗ Interdire les constructions nouvelles et saisir les opportunités pour réduire le nombre de constructions exposées.
∗ Contrôler strictement l’extension de l’urbanisation dans les zones d’expansion des crues.
Éviter tout endiguement ou remblaiement nouveau qui ne serait pas justifié par la protection des lieux fortement urbanisés. Le PPRI, servitude d’intérêt public qui s’impose à tous, est aujourd’hui, pour la commune un obstacle à toute expansion démographique de même qu’à tout développement économique : inlassablement la Mairie essaie d’obtenir la révision de ce PPRI qui concerne plus de 90% du territoire communal.
Règlement et carte du PPRI consultables sur le site de la commune (section urbanisme).
Bassin versant du Saucats : Précédemment assurée par un syndicat intercommunal, la gestion du bassin versant du Saucats relève aujourd’hui de la compétence de la Communauté de Communes Montesquieu. L’établissement d’un plan pluriannuel d’entretien et la mise en place d’une Déclaration d’Intérêt Général(1) permettront de répondre à plusieurs objectifs dont l’entretien du lit des cours d’eau et des berges en vue de prévenir les inondations et préserver les milieux aquatiques (flore et faune).
(1)DIG : Procédure visant à autoriser à agir et investir des fonds publics sur des parcelles privées.
L’ASA : Association Syndicale Autorisée des Marais d’Isle-Saint-Georges, Beautiran et Ayguemorte-les-Graves .
Ce type d'association date de 1842 ! ( roi Louis-Philippe) . La plupart des nouveaux propriétaires lilais découvrent l’existence de l’ASA le jour où ils reçoivent un titre de paiement à effectuer, au profit de l’ASA, auprès du percepteur de Castres! Le but de l’ASA est «d’obtenir, par la gestion des ouvrages hydrauliques et du réseau, des niveaux d’eau optimum en fonction des saisons ..." pour permettre l'irrigation des marais, indispensable au maintien de la biodiversité et à l'activité agricole. Il est aujourd'hui nécessaire de réhabiliter de nombreux ouvrages hydrauliques et notamment ceux des embouchures.
L’association GIDCECA (Groupement Intercommunal de Défense Contre les Ennemis des Cultures en Arruan)- Le GIDCECA lutte essentiellement contre le ragondin (piégeage ou tir au fusil). Les ragondins sont responsables de nombreux dégâts physiques (effondrement de digues, berges, chemins, envasement…) et causent un préjudice important au milieu naturel et aux cultures agricoles présentes en bordure de cours d’eau.
L'Angélique à fruits variable est une espèce rare et protégée qui de plus attire de nombreux insectes- Certaines espèces telles que le ragondin mais aussi l’écrevisse de Louisiane (dite américaine) deviennent une menace pour l’écosystème actuel. Il est formellement interdit de les transporter vivantes. Parmi les plantes devenues envahissantes dans les cours d’eau et qui asphyxient la végétation, la jussie (photo ci-contre) est une plante nuisible. Son transport est passible d’une amende de 9147€ et 6 mois d’emprisonnement.
Un technicien rivière de la CCM répond aux interrogations formulées par les habitants et propriétaires riverains . technicien-riviere@cc-montesquieu.fr
ISLE-SAINT-GEORGES VILLAGE INONDABLE -SIGM, d’après texte et photos Bertrand MEALLET et bulletin municipal avril 2009 –2010 .
La position d'Isle-Saint-Georges dans l'estuaire lui fait subir une influence maritime importante. Le village est aussi soumis à l'influence fluviale de la Garonne recevant les eaux de tout le bassin hydrographique. Le danger peut aussi bien venir de l’aval que de l’amont.
Les crues maritimes
Il est intéressant de comparer l’effet des tempêtes Martin (27 décembre 1999) et Xynthia (février 2010) sur les eaux de l’estuaire. On peut considérer que pour chacune de ces tempêtes, les eaux de la Garonne n’étaient pas anormalement hautes et que les crues constatées étaient la conséquence de la seule influence maritime.
Lors de la tempête 2010, le niveau de la Garonne atteignait 6,90 m à Bordeaux alors qu’il avait atteint 7,05 m en 1999… et pourtant le 28 février dernier le coefficient de marée était de 102 alors qu’il n’était que de 77 en 1999. Lors de ces deux tempêtes, s’est produit un effet de surcote responsable des débordements mais avec une ampleur bien plus importante en 1999. Cette surcote est essentiellement liée à la pression atmosphérique et à l’influence du vent. En 1999, un vent plus violent qu’en 2010 mais surtout orienté NO (Il était orienté SO au cours de la nuit du 27 au 28 février dernier) explique cette importante différence. La conjugaison de ces phénomènes, heureusement peu probable, à savoir surcote exceptionnelle (plus de 1,50 m en 1999) et gros coefficient de marée, pourrait être à l’origine d’inondations bien plus importantes que celles que nous avons connues au cours de ces 20 dernières années. On notera que, lors de crues maritimes, les eaux n'envahissent qu'à marée haute et repartent assez vite.
Les crues fluviales
Ce sont là, comme en 1981 ou même 1930, des crues liées au bassin hydrographique de la Garonne. La pluviométrie, surtout celle du sud du Massif Central, est effectivement, dans le cas d’une crue fluviale, le premier facteur de la montée des eaux de la Garonne. La fonte des neiges reste chez nous un facteur secondaire, ce phénomène affecte davantage la partie toulousaine de la Garonne et les trois plus importants affluents de la rive gauche (Save, Gers et Baïse). Dans sa partie girondine, le niveau du fleuve dépend surtout des apports du Tarn (eaux rouges) et du Lot (eaux jaunes) qui drainent les eaux du sud du Massif Central.
Les digues, ouvrages protecteurs ?
Nos anciens se souviennent d'un village qui ne pouvait ignorer la Garonne car chaque marée un peu importante submergeait une grande partie de la voirie communale et se rendre à Boutric un jour de grosse marée nécessitait d'être équipé de bonnes bottes !
Depuis les années 1970, des digues ont été érigées le long de la Garonne et la route de Boutric sérieusement surélevée. Il s'agissait là de protéger les terres agricoles. Mais cette nouvelle situation engendra, par excès de confiance, des constructions nouvelles avec des planchers habitables inondables, voire en dessous du niveau des digues. Ce n'est que vers le milieu des années 90 que la loi Barnier mit fin à ce type d’urbanisation qui n'était pas sans danger. Ne nous croyons donc pas complètement protégés.
On l'aura compris à la lecture de ce qui précède, si ces ouvrages nous protègent de la plupart des crues, ils seront inefficaces en cas de crue exceptionnelle toujours possible si se conjuguaient tous les facteurs de risque (coefficient de marée, surcote, vent violent et crue fluviale). Certains réseaux (EDF, assainissement) souffriraient assurément d'une telle inondation. Une surveillance régulière par les services de la Communauté de Communes et l'entretien de certains ouvrages participent cependant à la protection des Lilaises et Lilais : récemment la réfection de la porte à flot de Boutric, prochainement la reprise de la digue d'Eyrans…
Les digues ont souvent été érigées sur le domaine privé, les nécessaires accès pour l'entretien sont aussi souvent privés et toute intervention nécessite une Déclaration d'Intérêt Général (DIG) permettant d'engager des fonds publics sur du domaine privé.
Quelle politique de prévention ?
Isle-Saint-Georges est aujourd'hui soumise à un Plan de Prévention aux Risques d'Inondations (PPRI) interdisant pratiquement toute construction dans ses zones inondables, ce qui est très contraignant pour la commune dont plus de 95 % du territoire est classé en zone rouge. D'autre part la Mairie a élaboré un Plan Communal de Sauvegarde (PCS) dont l'objectif est de mettre en œuvre une organisation prévue à l’avance au niveau communal (testée et améliorée régulièrement) en cas de survenance d'événements graves afin de sauvegarder des vies humaines, diminuer les dégâts et protéger l'environnement .
À savoir...
Les hauteurs d’eau sont cotées par rapport à l'étiage de la Garonne. L'étiage (qui vient du mot été) est le plus bas niveau des eaux d'une rivière. Le point zéro de l'étiage varie donc en fonction du lieu où il est relevé. Par exemple, l'étiage de la Garonne à Cadillac est plus haut de 1,20 m que celui d’Isle Saint Georges. Il y a deux échelles d'étiage sur la commune : celle du bourg et celle de Boutric. Ce sont des règles verticales émaillées bleu-blanc, fixées au mur.
En amont d’Isle Saint-Georges, en cas de crues du fleuve, on relève périodiquement les cotes d'étiage à La Réole, Langon et Cadillac. C'est la cote de La Réole qui pour notre village sert de référence : au-delà de 8,80 m on doit être en état d'alerte, et à partir de 10 m il y a risque d'inondation.
LA PECHE DE L’ALOSE EST SUSPENDUE! par Robert Bajolle, pêcheur professionnel à Isle Saint-Georges d’après bulletin municipal avril 2009
A l’approche de la fête de la Saint-Georges , les Lilaises et Lilais ont toujours préparé l'alose. Cependant, ces dernières années un moratoire a été imposé pour la pêche de l’alose.
A ce jour, encore reconduit, il impose aux Lilais d’avoir à se contenter des quelques aloses que l'on peut encore trouver au fond des congélateurs ou alors de celles qui ne seront pêchées ni en Garonne ni en Dordogne. Il faut savoir que la frustration du consommateur n'est rien à côté de celle du pêcheur obligé de remettre à l'eau l'alose accidentellement prise dans ses filets… un véritable crève-cœur ! Mais s'il ne le fait pas, gare à l'amende ! Les gardes-pêche sont à l'affût !
Que penser de ce moratoire ? La raréfaction de l'alose depuis quelques années est réelle ! La canicule de 2003, le réchauffement de l'eau engendré par la création de barrages EDF, la centrale de Golfech expliquent sûrement ce phénomène et j'ai été favorable au moratoire. Je me demande cependant aujourd'hui s'il n'existe pas d'autres volontés, d'autres intérêts : je constate que les pêcheurs professionnels sont de moins en moins nombreux et qu'il est plus difficile qu'autrefois de vivre de ce métier.
Plus d'aloses dans les filets... que ramène-t-on ? Essentiellement des lamproies pêchées au filet ou prises dans des nasses jusqu'au 15 mai. La pêche à la pibale est aussi pour le pêcheur professionnel une source de revenus à ne pas négliger. C'est une pêche difficile car elle se pratique la nuit en hiver et, malgré l'habitude, le froid est parfois difficilement supportable !
Quel mode de vente pour le fruit de la pêche ? La plus grosse partie de la pêche est vendue au mareyeur. On vend aussi sur le marché à Léognan et même au particulier, directement à PontCastel (05 56 72 79 60 ).
LE TRESSON, grand filet de pêche... par Bertrand MEALLET ( bulletin municipal avril 2009)-Extraits de « Vingt-cinq siècles à l’Isle Saint-Georges », Olivier COUSSILLAN
Le tresson est un grand filet barrant aux trois-quarts la Garonne, on l'appelait ainsi, paraît-il, parce qu'il fallait treize hommes pour le tirer. Le filet chargé sur une grosse barque à rames était remonté contre le courant, montant ou descendant, par une équipe d'hommes le halant. Puis, une extrémité étant retenue à terre, il était déployé en travers du fleuve... Le bateau d'un bout, les hommes de l'autre, ralentissaient la marche de ce filet, qui, entraîné par le courant formait peu à peu une poche. Insensiblement le bateau se rapprochait de la terre, et en fin de dérive, les deux extrémités du filet étaient jointes à l'endroit choisi : une plage artificielle de gravier.
(Il y avait trois graviers à l'Isle : l'un au Brésil, un autre au bout du chemin Pelletan et le dernier près de Boutric)
Assis sur le gravier - certains dans l'eau - les pêcheurs répartis en deux groupes halaient en cadence les deux bouts du tresson. Dans les premiers mètres du filet quelques coulacs (aloses ou "gattes") pris par leurs ouïes étaient jetés dans de grands paniers d'osier appelés " manes ". Mais c'est dans le fond du filet que l'on récoltait le gros de la pêche. D'avance on voyait l'eau agitée par un grouillement de bon augure.
(…) Avant la dernière guerre, il est arrivé que la quantité de gats pêchés soit telle qu'il fallait les rejeter à l'eau, car même en les donnant on ne trouvait pas preneur....
Chaque dimanche de printemps où le tresson pêchait, quantité de gens du village et d'ailleurs venaient assister à ce beau spectacle. C'était une bonne sortie où les odeurs fortes du fleuve et du poisson s'alliaient aux plaisanteries et aux quolibets des pêcheurs. Ceux-ci, les "tressonnaires" étaient de drôles d'hommes recrutés pour la saison sur les quais de Bordeaux : anciens prisonniers de droit commun, dockers ou marins épisodiques, qui avaient en commun un goût immodéré pour le vin rouge et les bagarres. Les gendarmes venaient souvent les voir dans la grange où ils dormaient à la paille.
Vers les années 1930, on tourna un film sur les bords de la Garonne :" Les Bateliers de la Volga". Les tressonnaïres, convenablement vêtus de haillons, figurèrent les fameux bateliers qui chantaient une lente et nostalgique complainte en tirant dans la vase et les roseaux un lourd bateau " Ho - ho hisse ---- ho ! " Il y eut beaucoup de curieux pour cet événement qui resta longtemps dans la mémoire des contemporains !
REGLEMENTATION envoyé par Anne CROZON (Cdc de Montesquieu) -Cours d'eau domaniaux, droit de pêche, marchepied ....
Article L435-1 I. - Le droit de pêche appartient à l'Etat et est exercé à son profit : dans le domaine public de l'Etat défini à l'article 1er du code du domaine public fluvial et de la navigation intérieure, sous réserve des cas dans lesquels le droit de pêche appartient à un particulier en vertu d'un droit fondé sur titre.
Article L.2131-2 du code de la propriété des personnes publiques ainsi (après le premier alinéa, sont insérés deux alinéas ainsi rédigés) : «Tout propriétaire, locataire, fermier ou titulaire d'un droit réel, riverain d'un cours d'eau ou d'un lac domanial est tenu de laisser les terrains grevés de cette servitude de marchepied à l'usage du gestionnaire de ce cours d'eau ou de ce lac, des pêcheurs ou des piétons. »
Article L435-6 L'exercice du droit de pêche emporte bénéfice du droit de passage qui doit s'exercer, autant que possible, en suivant la rive du cours d'eau et à moindre dommage. Les modalités d'exercice de ce droit de passage peuvent faire l'objet d'une convention avec le propriétaire riverain.
VU EN PASSANT… (si vous arrivez de Martillac) -LE DOMAINE DE LARTIGUE* à Martillac...… l’occasion d’évoquer Montesquieu, qui selon Jean LACOUTURE (LES VENDANGES DE LA LIBERTE) possédait une île à Isle-Saint-Georges et aussi des terres.
Texte libre SIGM d'après des extraits de « Histoire de Montesquieu » (Louis Vian) et les propos de M. de Reyniès , propriétaire actuel. Le Domaine de Lartigue n'est habituellement pas ouvert à la visite.
C'est la maison de Jeanne de Lartigue (1689-1770), épouse de Charles Louis de Secondat, baron de La Brède et de Montesquieu (1689-1755).
A l’époque où Louis XIV ayant grand besoin d’argent vend des titres de noblesse, Pierre, le père de Jeanne, est anobli et devient «de Lartigue» en 1704. Au début du XVIIIème siècle, comme tant de parlementaires bordelais qui achètent des propriétés, parfois même démembrées, Pierre de Lartigue donne donc son nom à ce domaine situé à Martillac. Il y construit une maison. En 1715, date du mariage entre Jeanne et Charles Louis, celle-ci est en cours d’achèvement.
Bien que les Lartigue, de noblesse récente, n’aient pas reçu la même éducation que Montesquieu, celui-ci épouse Jeanne le 30 avril 1715, à Bordeaux, en l’église Saint Michel, dans la plus grande discrétion. Jeanne est protestante, sa foi réformée est dissimulée par un acte de baptême «de précaution». Que signifiait "être protestant" après la Révocation de l‘Edit de Nantes en 1685, époque de sévère répression à Bordeaux comme ailleurs dans le royaume de France? Une ordonnance de 1715 stipule qu’en cas de «mariage mixte», les époux sont passibles des galères et les épouses de l’hôpital. Ce n’est qu’en 1849 que cette ordonnance sera annulée. Malgré certaines difficultés, Jeanne continuera de vivre sa foi protestante en toute discrétion.
Quant à Montesquieu , lui-même, que peut-il penser des religions?
Dans la «XXXVème Lettre persane» il écrit : "Dieu confondra un jour tous les cultes dans sa souveraine impartialité. Le temps qui consume tout détruira les erreurs mêmes."
La fortune de Pierre de Lartigue est en grande partie constituée de titres de créances. La dot de Jeanne s’élève à 100 000 livres, dont 25000 livres en espèces et 75 000 livres en créances. Cependant, Montesquieu s’en réjouit, car il trouve là l’espérance de pouvoir replanter des vignes.
Tout va bien jusqu’en 1716, lorsque Montesquieu demande le remboursement de leurs dettes aux créanciers de Jeanne. Mais personne n’est solvable. Se sentant grugé Montesquieu se brouille avec sa belle famille. Plus tard il conseillera à Jean Baptiste, son fils (né en 1716) de vendre le domaine de Lartigue. Celui-ci attendra 1772.
Et puisque nous sommes à Martillac, rappelons que, pendant les déplacements de son époux, Jeanne gérait aussi la propriété de Rochemorin. C’est à Rochemorin que Montesquieu disait faire son vin le meilleur. Jeanne gardera aussi la maison familiale de la rue Neuve à Bordeaux où elle mourra le 13 juillet 1770. Nous ne savons pas où se trouve sa sépulture.
C’est en 1850 que le domaine de Ferran voisin est séparé de Lartigue. En 1933, les vignes de Lartigue sont arrachées par ses propriétaires les "de Vezian", famille du comte de Villeneuve . En 1943, les Allemands occupent les lieux. En 1957, ce sont les parents de Dominique de Reyniès qui rachètent le domaine, alors en ruines, et depuis 2008, M. Dominique de Reyniès et son épouse s’attachent à la restauration de l'ensemble.
A propos de l’AQUEDUC DE BUDOS...
Il traverse les communes de Castres, Beautiran ( dans les vignes près du château Méjean ) Ayguemorte, Saint-Médard-d' Eyrans et Martillac ; des aqueducs complémentaires le rejoignent et prennent leurs eaux à Castres (La Belle Font) en traversant Saint-Selve ( à Civrac ), puis Ayguemorte (aux Barques). Dans les années 1870, la ville de Bordeaux manque d'eau potable ; Wolf, l'ingénieur de la ville, est chargé par la mairie de chercher des solutions. En 1880 la commune de Bordeaux achète la source de Fontbanne, sise à Budos.
Le 6 avril 1883 le conseil municipal approuve le projet qui consiste en un aqueduc souterrain de 41 km de long et de 4,37m seulement de dénivelé jusqu'au réservoir du Béquet (route de Toulouse sur limite Talence et Bègles) , franchissant 15 communes et s'alimentant au passage à plusieurs autres sources. L'aqueduc , d'une hauteur constante de 1,75m sera construit de façon différente en fonction de sa profondeur. 12 siphons sont prévus pour franchir les ruisseaux ou les replis du terrain. Chaque siphon sera doté de trois regards. D'autres regards seront disposés de place en place sur le tracé de l'aqueduc pour en assurer l'entretien. Entre ces regards des bornes faciliteront le repérage du canal. Les travaux réalisés par l'entreprise Dumons, Castaing et Ayel de Montauban, sous la surveillance attentive et angoissée de Wolf nommé inspecteur général des Ponts et Chaussées commenceront en 1885 et s'achèveront en 1887.
CADAUJAC ( 10 ° promenade - avril 2009 )
La borne du pèlerin :
Il est dit que son endroit initial indiquait l’intersection exacte des trois communes de Cadaujac, Saint-Médard d’Eyrans et L’Isle Saint-Georges. En réalité elle était proche de cette intersection mais pas exactement dessus. Les représentations sculptées reprennent des éléments du blason de Cadaujac : une croix de Saint-André, rappelant que le Chapitre Saint-André de Bordeaux était baron de la paroisse, et sur la face nord, en direction du fleuve, les emblèmes des pèlerins (un bourdon indiquant la direction du sud, encadré par deux coquilles Saint-Jacques). La borne servait en effet d’indicateur aux pèlerins de Saint-Jacques de Compostelle.
Le célèbre historien et archéologue Léo Drouyn se montrera méfiant vis-à-vis de la croyance populaire locale selon laquelle le terme de « tombeau du pèlerin » lui aurait été donné suite à l’inhumation d’un pèlerin à ses pieds. A l’origine, cette borne était surmontée d’une croix, ainsi put-on la nommer « la croix du Pèlerin » en 1868. Mais le sol ayant été fouillé jusqu’à deux mètres de profondeur, nulle trace de restes humains ne fut découverte sous le monument. Cependant, la disparition d’un pèlerin sur Cadaujac est bien attestée par les registres paroissiaux le 17 septembre 1788...
Au Moyen-Âge, en France, les anciennes voies romaines ont été longtemps utilisées. Celle qui reliait Bordeaux à Agen, appelée la Caminasse, partait de Bègles, passait à Courréjean et suivait à Cadaujac le tracé actuel de l’avenue de Courréjean et celle de Saint-Médard d’Eyrans, le long de la voie ferrée. Au lieu-dit Croix de Paté, elle croisait le chemin du Port de La Roumey (à côté du domaine de Droit), c’est-à-dire le port des roumieux, nom médiéval dérivé du gascon roumìu signifiant les pèlerins. C’est en effet cette voie que les pèlerins empruntaient pour se rendre à Saint-Jacques de Compostelle, depuis le Xème. Au départ de l’abbaye de la Sauve Majeure, centre d’accueil pour les pèlerins traversant l’Aquitaine, ils reprenaient leur voyage vers le sud, en empruntant le chemin qui menait à Quinsac. Sur le port d’Esconac, qui dériverait du mot latin concha, c’est-à-dire conque ou coquille, un passeur les transbordait sur l’Île de Lalande qui possédait alors une chapelle. Pour atteindre la rive gauche et Cadaujac, un passage à guet au niveau de Droit devait permettre aux fidèles de traverser le fleuve à pied. A leur retour, la maison noble du Clavet, à Saint-Médard d’Eyrans, pouvait leur servir d’abri pour la nuit. Sur les vieux cadastres le chemin de La Roumey à Clavet se nomme le chemins des pélerins.
Une confrérie de Saint-Jacques entretiendra le culte jacquaire dans la paroisse de Cadaujac jusqu’au XIXème siècle, mais la borne tombera dans l’oubli jusqu’à ce qu’un universitaire ne la redécouvre en 1957. Afin d’éviter qu’elle ne soit endommagée, elle sera déposée le 1er novembre 1967 au pied de l’église, selon le souhait de l’abbé Abrard, curé de la commune à cette époque. Les anneaux métalliques que vous voyez aujourd’hui au pied de la borne sont une invention de Mr l’abbé.
Fred Durand nous parle des ports de Cadaujac du Nord au Sud :
Pour faciliter le travail de chargement ou déchargement des gabares, un chemin de halage fut aménagé en 1841 sur la totalité du front de Garonne, même si un chemin piétonnier existait bien avant. Il faisait une dizaine de mètres de large et des passerelles en bois appelées palées enjambaient les esteys. Il sera progressivement abandonné après l’arrêt de la pratique du halage, bien que l’obligation de laisser ce passage libre n’ait jamais été abrogée.
Le fret total a pu atteindre les 6545 m² en 1883. Les marchandises transportées consistaient en pierres de taille, poteaux de mines, bois de pin, fumier, gravier, sable, planches de bois, barriques, cercles de barriques, etc. Pour leur dépôt sur les ports, un droit de place était exigé, mais les Cadaujacais bénéficiaient de 48 heures gratuites. La clientèle venait parfois de Cadillac, Podensac ou Rions.
- Le port de Grima :
Appelé anciennement Port de Caplong, Grima est la déformation du nom Grimard, que l’on retrouve dès 1723 au moins. Il était le Grand Port de la commune, celui par lequel les grands négociants et propriétaires viticoles de Léognan et Villenave d’Ornon faisaient acheminer leurs barriques. Y habitait une grande famille de bateliers, les Dupuch, dont la maison existe toujours.
Au XIXème siècle, de retour de leurs affaires sur Bordeaux, il était plus sûr pour les propriétaires de Quinsac, Camblanes, Cambes, etc., de franchir la rivière les jours de tempêtes à Cadaujac où l’eau était toujours calme, plutôt que depuis le port bordelais. Mais à partir de 1840, à cause du mauvais entretien et de l’effondrement progressif de l’emplacement destiné au dépôt des marchandises du port, le Port d’Hourtin lui sera préféré pour le commerce.
Cela dit, une gondole à vapeur fonctionnera encore jusqu’à la Première Guerre mondiale. Elle amenait ses passagers jusqu’à la place Richelieu, à Bordeaux. Et même en période de mascaret, le voyage durait à peine une heure. Dès 1812 y accostait un bac, supprimé en 1865 par le Préfet, mais réinstallé à la demande des habitants qui en avaient une grande utilité. Le débarcadère avait été établi en 1852 et la cale en 1856.
- Le port de L’Esquillot :
Il demeure le plus visité aujourd’hui, avec la ferme exotique et le centre équestre, la halte nautique créée en 1993 et sa cale de 1997. Le mot s’en rapprochant le plus est le gascon esquilhòt qui signifie noix (décortiquées). Ce qui rappellerait la forme des embarcations, en coquille de noix. Mais l’occitan esquilhar signifie aussi glisser. On peut imaginer qu’il existait là une fabrique de bateau car dès 1810, l’endroit appelé « Lesquille » (sorte de bateau) est dit « très peu fréquenté » et peu praticable pour débarquer.
- Le port d’Hourtin :
Son nom est une déformation du mot « fortin ». En effet, depuis le Moyen-Âge, on l’appelait le « port du fortin » puisque Monicaut de Cadaujac y avait élevé un bâtiment en 1341, avant que les chanoines de Saint-André, seigneurs de la baronnie de Cadaujac, ne prennent rapidement la décision de sa démolition. Il a aussi été appelé Port de Bourges en 1626 ou Port d’Artigues en 1718. Dans un texte de 1813, on apprend que le chemin qui y mène « est le principal débouché de Léognan, Martillac et Saint-Médard » qui y faisaient transiter leurs tonneaux de vin pour les négoces à Bordeaux. En 1828, on dit aussi que ce port est le plus spacieux et le plus fréquenté de la commune.
- Le port des Places :
Appelé Port des Marguerites dès 1554 (il existe toujours un chemin des Marguerites dans le prolongement du chemin du Port des Places), il tient son nom actuel de Maître Etienne Place, avocat à la Cour de Bordeaux, qui en reconnaît les « places vides et aubarèdes le long de la mer » en 1626.
On peut lire dans un document de 1841 que le port des Places « était jadis très pratiqué pour la déposition des marchandises publiques », mais qu’ensuite il a surtout été accaparé pour l’usage exclusif des propriétaires du domaine des Places. Vendu à l’Etat en 1920, l’idée du Comité des Orphelins de l’Armée fut d’aménager dans cette propriété l’orphelinat des Places pour recevoir les enfants dont les parents avaient été « victimes du Devoir ».
Il s’agissait d’une colonie agricole connu sous le nom de la Colonie Henry, famille dont un membre fut maire de Cadaujac. Les jeunes s’exerçaient à l’élevage de porc et de vaches, au jardinage dans le potager, aux travaux de la vigne et à l’élaboration du Cru des Places. L’endroit accueillit également les réfugiés espagnols en 1936-1937, dont un certain Luis Mariano ! Le plus grand bâtiment sera détruit en 1993.
Il est bon de rappeler que cette vitalité du fleuve se retrouvait également au niveau du réseau hydraulique intérieure, puisque jusqu’au XIXème siècle, la quasi-totalité des rivières et petits esteys étaient navigables. Ce moyen de communication était d’ailleurs plus sûr que les routes mal entretenues et dont les zones boisées telles que le Bouscaut renfermaient quelques brigands malveillants.
Le Moulin Noir :
Un premier moulin semble avoir existé dès le XIIème siècle, mais il a disparu depuis longtemps faisant place à une construction bien plus récente. Au XIVème siècle, il était appelé Moulin de Calhau ou de Maucailhau, c’est-à-dire caillou ou mauvais caillou. Au XVIème, il dépendait du couvent de Raymond Makanan, tout comme le Moulin de la Carruade dont on a perdu toute trace, puis il appartiendra à Bernard de Lahet, ancêtre du peintre Rosa Bonheur, ou encore à la Comtesse de Belhade, veuve du puissant Mathieu de Pontac. En 1769, il fut vendu à Marc Antoine Molinier, l’armateur et propriétaire du navire du Sieur Saige qui exportait ses récoltes vers les colonies et pour lequel il assurait également la régie de son château sur Cadaujac.
C’est depuis 1827 environ que le moulin conservera son nom actuel puisque l’on sait qu’il est alors utilisé pour moudre du noir animal. Le noir ou charbon animal était produit par la calcination partielle, au four, d’os d’animaux. En grain, il avait des propriétés décolorantes et désinfectantes ; en poudre fine, il servait en teinture comme un pigment.
Au milieu du XIXème, son activité change puisqu’on y installe une fabrique de limes réputée qui a notamment fourni les ateliers de la Compagnie des Chemins de Fer du Midi lors de la construction de la voie de Bordeaux à Sète, en 1854. Durant la première moitié du XXème siècle, il deviendra surtout un lieu de pêche apprécié des Bordelais. On y pêchait des anguilles avec une pelote de laine et un ver au milieu, sur laquelle leurs dents crochues s’agrippaient, avant qu’elles ne soient capturées dans un parapluie !
Autrefois il y avait 4 moulins sur la commune : pont de Langon, moulin de Bardins, moulin noir et moulin de la Carruade.
Cadaujac en 1727 par François Le Masson du Parc : Déjà à cette époque on s'inquiétait de la ressource...
Nous sommes montés dans notre canot et remontant la rivière le long du bord d'ouest, nous sommes venus dans la paroisse de Cadaujac et dans la visite que nous avons faite dans les maisons des pescheurs nous avons trouvez de même qu'à Bègle des bijarrères, des estoires, des triolles, des russes et des salins.
Ils ont un bateau qui descend à la mer pour aller comme les précédents à la pesche, et à l'achat des moules dans les pertuits, et une seule petite filadière pour faire la pesche avec leurs trois espèces de trameaux.
Les bijarrères sont d'un calibre plus petit que celle de Bègle; les mailles du hameau ou de l'armail ont seulement neuf pouces en quarré, et celles de la charte, carte ou ret du milieu n'ont que vingt tris lignes en quarré.
Les estoires sont aussi du moindre calibre, l'armail a la maille de six pouces dix lignes en quarré (...)
Les triolles des pescheurs de Cadaujac sont de l'espèce des tirolles larges, l'armail qui est de plus menu fil que celuy des estoires a les mailes de cinq pouces (...)
La pesche avec des rets nommés salins doit être regardée comme une espèce de haut parc, de perches et de filets, à queue ou fond de verveux. Les pescheurs qui s'en servent les rendent ordinairement à l'embouchure des canaux ou des achenaux; pour cet effet ils plantent d'un bord et d'autre trois ou quatre perches hautes d'environ dix à douze pieds comme sont les rets des hauts parcs. Le bas du ret est pierré aux deux cotez, sur la perche qui est près de la terre est amarée un petit bout de ligne pour pouvoir lever le filet dans le premier instant que le jusant commence à se déclarer. Les pescheurs soit à pied soit en filadières lèvent aussitôt chaque bout du filet qu'ils amarent au haut des perches au pied desquelles le ret est arresté de manière qu'ils prennent tout le poisson que la marée a fait monter dans le canal; on y prend des mulles, des lubines, des aloses, des gattes, et gastes et autre semblables poissons ronds et longs.
Cette sorte de pescherie de se faisant ordinairement que durant les chaleurs des mois de juin, juillet et aoust est très nuisible à la multiplication du poisson; surtout si on se sert de mailles serrées avec des rets d'un calibre de quinze à dix huit lignes environ, et sans enfouir le bout du ret. cette espèce de pesche pourroit estre avantageuse et seroit semblable aux rets entre les roches des pescheurs bas normands.
Mais l'abus le plus grand, et que tous les autres pescheurs leurs reprochent est qu'ils les accusent de mettre dans le fond de leur verveux ou bertauts une boule composée d'apas empoisonnés pour attirer et ennyvrer le poisson, ce que nous n'avons cependant pu vérifier par nous même, nous contentant d'en faire icy rapport, ainsy que nous en avons été requis.
Les origines de la paroisse de Cadaujac par Fred Durand :
C’est vers le IIème siècle après J.-C. que le village semble avoir commencé à se développer, à partir du domaine d’un certain Catalidius, riche propriétaire terrien. L’installation de population gallo-romaine à Cadaujac a pu être démontrée sur les sites de deux hameaux. Tout d’abord, à Paté, vocable qui semble tirer son nom du latin pastum qui signifie pâture. En 1884, une nécropole à incinération gallo-romaine avec de très nombreuses urnes funéraires y est découverte, datée grâce à la présence de pièces de monnaie de Faustine et de Crispine (vers 138-192).
Non loin de là, plus au Nord, on trouve le quartier de Joye. Son nom viendrait du gascon joye signifiant joie ou du latin jovis, Jupiter. Peu de gens savent qu’il renferme une fontaine vénérée depuis l’époque celtique dans le rite de la religion druidique. Objet d’un culte fervent jusqu’au début du XXème siècle, elle avait la réputation de guérir les yeux,. Elle sera christianisée sous le vocable de Saint-Hilaire.
La toponymie actuelle rappelle également cette présence antique au Sud de la commune, bientôt mise à mal par les invasions barbares. La rouille de la Bugonne, ruisseau au nom celtique qui sépare Cadaujac de Saint-Médard d’Eyrans, signifierait pour Joseph Béraud-Sudreau « fontaine des pâturages ou fontaine des bœufs ». Le Pont Cardeau qui passe au-dessus, traversé par l’ancienne voie Bordeaux-Agen, a par ailleurs conservé la forme latine de Cardo signifiant limite et grande voie dans un sens Nord-Sud.
Pendant le Haut Moyen-Âge (VIème-Xème siècles), temps des villae rurales, un « peuplement relativement dense, en tâches » occupe les meilleures terres, selon Bernard Cassagne. « L’impression qui domine est le cloisonnement en zones d’habitat séparées par des déserts de landes ou de forêts. Les hommes se sont fixés en bordure de Garonne, sur le mince galon de graves qui borde le fleuve » ou regroupés sur le tracé des voies romaines. Dans son étude La Formation et l’évolution du tissu paroissial des Landes et Graves du Bordelais (IVème-XIVème siècles), l’historien date la naissance de la paroisse de Cadaujac à l’époque mérovingienne (VIIème-VIIIème siècle). Le site de l’église a d’ailleurs fourni des tombeaux de pierre de cette époque. Signe qu’aux temps mérovingiens, s’élevait bien là une église de laquelle devait relever la paroisse que M. Cassagne a pu reconstituer.
Pour la délimitation de son territoire, ses recherches l’ont amené vers plusieurs hypothèses possibles :
- Martillac, Cadaujac et Saint-Médard d’Eyrans ne formaient qu’une seule paroisse, grande circonscription paroissiale primitive dont la matrice était Saint-Médard d’Eyrans, paroisse peut-être créée vers 560 après la mort de Saint Médard. Ces paroisses ont en effet des formes complémentaires et possèdent un réseau hydrographique spécifique qui détermine une unité naturelle : marais drainés et transformés en prairies, dominés à l’ouest par des croupes de graves. De plus, « au Nord, les marécages compris entre l’Eau blanche et l’estey de Courréjean isolent Cadaujac de Villenave. A l’ouest, la lande isole Martillac de Léognan ». Les trois paroisses auraient donc été fractionnées par la suite.
- Ou bien « on peut imaginer aussi que Cadaujac est née de la réunion de terres empruntées à Villenave d’Ornon et Saint-Médard. Les deux anciennes paroisses seraient, alors, séparées par le ruisseau de la Péguillère ». Cette appellation vient du gascon peguilhèira qui signifie « allée pour les troupeaux », sous-entendu à travers la lande. Chaque quartier avait son peguilhey conservé ou abandonné pendant la seconde moitié du XIXème siècle lorsque l’activité pastorale perdit de son importance. Nul ne sait pourquoi un ruisseau fut nommé ainsi : s’il est possible qu’il était par le passé navigable, les bêtes ne devaient probablement pas être transportées dessus… Il existait cependant un chemin de la Péguillère au niveau du château Bouscaut, aliéné en 1898 faute d’utilité.
Eglise romane de Cadaujac,
synthèse par Pïou Lacoste (SIGM) des documents produits par Emilie Chenneveau , Michelle Gaborit et Fredérique Durand .
L'église Saint Pierre est un ensemble composé d'un clocher porche du XIX ème siècle adossé à une église romane à 3 nefs et terminée par un chevet complet : choeur, abside et deux absidioles; enfin en travers, comme la barre du tau, une sacristie a été construite au XIX ème siècle dans le plus pur style éclectique de l'époque (1874) . Le clocher et la sacristie XIX ème encadrent l'édifice roman.
La partie romane est construite en appareil de petits moellons du XI ème, peut être un réemploi d'appareil gallo-romain. L'uniformité de cet appareil laisse à penser que le plan basilical de l'église est d'origine même si de petites baies romanes à linteau monolithe visibles au niveau de la première travée orientale évoquent la trace d'un premier transept. Les dernières travées occidentales, construites en grand appareil, sont plus récentes. Enfin au niveau des murs gouttereaux de la nef et des bas côtés, il est visible que l'église a été surélevée peut être à l'époque où les plafonds en pierre ont été réalisés. On sait que l'église a été agrandie et modifiée au XVIII ème et XIX ème siècle et c'est alors que les fenêtres actuelles furent percées, les contreforts anciens (en murs fourrés) arasés, des contreforts neufs montés, les corniches et les modillons du chevet refaits à neuf. Donc nous sommes en présence d'une église romane du XI ème siècle dotée de 3 nefs. De cette époque il ne reste que les murs extérieurs, l'ensemble de la décoration et des bâtiments annexes datant XIX ème siècle. Sur le mur sud du mur gouttereau, une porte est encore visible; nous sommes peut-être en présence de la porte des cagots (lépreux) qui pouvaient ainsi rentrer dans l'église sans se mélanger avec les autres fidèles (une hypothèse ferait du domaine de la Grâce, situé un peu au sud de l'église, une ancienne léproserie).
Comme pour de nombreuses autre églises, le XIXème siècle a déplacé les cimetières en dehors des zones construites ; ici lors du déplacement des tombes ont été découverts des sarcophages mérovingiens qui attestent la présence d’une nécropole ou d'une église antérieure au XI ème siècle. Un de ces sarcophages est encore visible dans le jardin du presbytère au pied d'un beau puits et vous pouvez le visiter en suivant.
Le clocher, que tout le monde aura reconnu comme un clocher voulu par le cardinal Donnet et construit par l'architecte Amédée Lasmolle (restaurateur des églises de Saint Morillon, Léognan), a une curieuse origine: il est dit que jusque dans les années 1454 on ne sait s'il y avait un clocher mais c'est à partir de cette date qu'un clocher mur triangulaire (un gâble avec une ou deux alvéoles pour les cloches) est érigé. Après la révolution et deux décennies d'abandon, le clocher menaçait ruine. Il fut commandé en 1823 au sieur Marandet un clocher neuf sur base carrée. Mais mal construit avec de la mauvaise pierre, il du être démoli en 1839 pour être reconstruit définitivement avec une hauteur de 33m en 1853, le tout financé par une souscription auprès des Cadaujacais. Deux cloches sont présentes, une de 1831 correspondant au second clocher et bénie par le cardinal de Cheverus et une autre de 1865 bénie par le Cardinal Donnet.
Dès l'entrée dans l'église on a la sensation d'une petite église assez basse mais attention le sol a été surélevé XIX ème siècle d'au moins 50cm...imaginons la donc un peu plus haute!
Nous avons bien cinq travées, six piliers et douze colonnes ; l’ arc triomphal sur le choeur, les culs de four des absides et les chapiteaux sont d'origine romane. Ces derniers ont tous été refaits ou remplacés hormis les quatre chapiteaux du choeur qui semblent d'origine. Par contre, les doubleaux, les voûtes en berceau sont du XIX° et ont remplacé une charpente et un plafond lambrissé. Ces voûtes, véritables plafonds en pierre, ont poussé sur les murs gouttereaux qui accusent aujourd'hui un fort faux aplomb.
Outre la restauration très approximative des chapiteaux romans qui font de cette église une curiosité, les peintures murales entreprises au XIX ème siècle méritent notre attention, voilà leur origine:
Pour les peintures murales, l’abbé Barreau fait appel à Ernest Paul Ricaud. Fils d’un fervent catholique qui avait fondé la maison Au chapelet d’or, cours d’Alsace et Lorraine, en 1865, on doit également à ce peintre artisan la chapelle des sourdes-muettes de Bordeaux dès 1865, l’église de Floirac en 1867, celle de L’Isle-Saint-Georges en 1868, la chapelle Margaux en 1869, l’église de Portets en 1872, de Brannes en 1873, de Hure en 1875, de Saint-André à Angoulême en 1878, de Civrac (Médoc) en 1879, etc.
Dans la nef centrale, il va réaliser à la peinture à l’huile, une « fleurette » rouge au centre de chaque pierre, ainsi qu’une décoration stylisée représentant des objets et des scènes de la vie courante ou des symboles, au-dessus des arcades.
Dans la coupole du chœur, il a peint la scène du Sauveur des hommes promettant à Saint Pierre, le Patron paroissial, les clefs du Royaume des Cieux. Mais d’autres splendeurs ornaient l’intérieur de l’église, à tel point qu’on a pu parler de « la cathédrale de Cadaujac », renfermant de très nombreux tableaux et statuettes religieuses, des lustres et autres chandeliers.
A noter sur le mur sud, la chronique historique de l’église peinte à la même époque, d’une grande richesse typographique. Cela n’est pas sans rappeler quelque peu la profusion iconographique de l’église de St Médard d’Eyrans.
Et puis bien sûr, les vitraux de Dagrand tous refaits à la même époque et selon un programme bien élaboré que nous vous proposons de découvrir, suivi de la lecture des chapiteaux, en utilisant les fiches informations disponibles sur place.
Les châteaux que vous ne verrez pas : !
Deux châteaux féodaux : château des Faugères, château des Freytets (aujourd’hui château d’Eck).
La reconstruction de la cathédrale de Bordeaux est le prétexte pour rattacher plusieurs territoires à son Chapitre*, dont Cadaujac, qui est alors érigé en baronnie. Guillaume VIII, duc d’Aquitaine, en signe la donation en 1100. Grâce aux ducs de Bordeaux et à Guillaume VIII, Cadaujac reste, durant sept siècles, une baronnie dont les barons sont les doyens successifs du Chapitre de la cathédrale Saint André de Bordeaux. La baronnie de Cadaujac possède deux châteaux : le château des Faugères et le château des Freytets. Aujourd’hui, il ne reste aucun vestige visible du château des Faugères. A l’époque, il s’agit d’une grande bâtisse seigneuriale entourée de larges fossés ; elle est la résidence des doyens barons. Par arrêt du conseil privé du Roi Charles IX, le Chapitre de Saint-André est autorisé à vendre des terres à Cadaujac au profit de Jean de Guilloche (conseiller du Roi), seigneur de la Louvière. Il est installé au château des Faugères le 24 décembre 1563 par ordre du Roi de France. Cette vente est faite pour faire face aux dettes occasionnées par les guerres religieuses.
Au XVème siècle, le château subit de grandes transformations. En 1790, l’assemblée constituante déclare les biens du clergé propriété nationale. Le château des Faugères est alors vendu au Sieur Douvion en 1791. De la porte principale part une allée qui traverse vignes, prés et bois et aboutit à l’église.
Ci-contre, le château des Faugères tel qu’il figure sur le cadastre de 1847. En 1869, l’édifice n’offre plus que quelques pans de mur, des portes et des fenêtres sans caractère, le chambranle d’une grande cheminée du XVème siècle et les restes d’une tour carrée. C’est une ruine entourée de profonds fossés.
Aujourd’hui il appartient à l’histoire, mais qu’en est-il du tunnel entre Faugères et le château des Freytets : histoire ou légende ?
On se plaît bien à croire à son existence : le château des Freytets (nommé aujourd’hui le château d’Eck) garde bien des secrets de son lointain passé et l’évocation d’un tunnel rehausse cette part de mystère.
Le château des Freytets devrait son nom à ses terres bien exposées, favorables à la culture, Freytets signifiant fruitiers.
La bâtisse date du XIème siècle et possède à l’époque un bon système de défense. En 1302, Bertrand de Goth séjourne au château. Cet illustre personnage deviendra pape en 1305 sous le nom de Clément V.
Après la révolution, le château est acheté par un allemand et prend le nom de son nouveau propriétaire : Eck.
En 1810, le château appartient à M. Dussole, Maire de Cadaujac. Les bâtiments sont disposés en L, la façade Nord est flanquée d’une tour à chaque extrémité et percée d’un passage en son centre.
Sur le cadastre de 1847 figurent de nouvelles constructions dont l’apparition de deux nouvelles tours (à l’Est et à l’Ouest) et de murs qui délimitent une cour intérieure.
Le cadastre de 1935 révèle la démolition de bâtiments au Sud, ce qui semble confirmer une période d’années sombres.
Mal entretenu, envahi par les ronces, ses terres deviennent quasiment impénétrables.
Dans les années 40, M. Reyné restaure le château et en occupe la partie Ouest ; le côté Est est réservé au logement des domestiques chargés de l’élevage de chevaux dont M. Reyné est un grand passionné.
Lorsque M. et Mme Martin l’acquièrent en 1969, son état nécessite à nouveau de grands travaux. C’est sous la direction de M. Labau, architecte, que s’effectue cette restauration qui apporte un nouveau souffle de vie au château. Doté de quatre tours, une seule a résisté aux attaques du temps ; les trois autres sont alors reconstruites à l’identique, dans le respect du style féodal. La façade est rehaussée, des meurtrières font place à des fenêtres Renaissance, le hall d’entrée laisse découvrir une belle charpente et un escalier en fer forgé.
Fermé et délaissé durant environ une décennie, de nouveaux propriétaires en font l’acquisition pour faire naître de ses terres un nouveau cru dans la famille des « Pessac-Léognan ». Les jeunes vignes ont donné leur « première production » en 2004.
Le paysage bocager cadaujacais :
Il faut bien avoir en tête que le paysage actuel n’a rien de commun à ce qu’il pouvait être à partir des XVIIème-XVIIIème siècles. On se trouvait en limite de« terra gasca », c’est-à-dire dans la partie du pays de Cernès, au Sud de Bordeaux, la plus pauvre et stérile. Les céréales cultivées étaient donc celles des sols pauvres : surtout millet et seigle. Les bords de Garonne étaient par contre couverts de vignes de palus, profitant des alluvions laissé par la rivière et qui formait une lisière de terre grasse et fertile. Mais au-dessous de la couche d’alluvions de 1 m 20, se trouvent des graves. Aussi, le vin obtenu était dit de « Petites graves ». Vin uniquement rouge, il était plus épais en bouche puisque la fermentation avait lieu avec le bois, c’est-à-dire les râpes de raisin. Ce vignoble est attesté dès l’époque gallo-romaine dans le comté d’Ornon : des rangs de vignes en jouales en bordure de Garonne, à Courréjean, grâce à un nouveau cépage arrivé des côtes d’Epire, au Nord-Ouest de la Grèce, qui s’acclimatait bien à la pluie et les gelées. Les poèmes d’Ausone sont là pour nous le rappeler…
Toutes les propriétés qui sont encore visibles étaient alors des bourdieux, c’est-à-dire des domaines appartenant aux bourgeois de Bordeaux qui s’auto suffisaient dans la production agricole. Le nom de chaque domaine est en fait le patronyme du premier propriétaire : il en va ainsi pour Marteau, Malleret, Sorbé, Ferbos, Dublan, Calot, Rivière, La Roussie, Galibert, Place, Droit et Carpentey. On retrouvait en général une maison de maître entourée de ses dépendances agricoles et des installations indispensables aux vendanges et à la vinification, ce qu’on appelle plus généralement les « vaisseaux vinaires » : cuves, pressoirs, fouloirs, bastes, comportes, douillats, entonnoirs. C’étaient des lieux de villégiature pour les grands parlementaires, médecins ou bourgeois de Bordeaux où des métayers s’occupaient des domaines tout au long de l’année.
Les exploitations comportaient également de nombreuses vaches laitières. Il ne faut pas oublier que Cadaujac produisait jusqu’au XXème siècle un tiers des besoins en lait de la ville de Bordeaux. En 1947, 650 litres de lait sont encore produits journellement. On a aussi pu parler d’une race cadaujacaise dès le XIXème siècle, dont la particularité était de posséder des sabots plus larges « on disait palmés » que la race bordelaise, ce qui permettait à la bête de ne pas s’enfoncer dans les sols vaseux. Pesant 400-450 kg à l’âge adulte, sa robe était mouchetée de blanc et noir. Mais elle fut détrônée par des races d’Europe du Nord, plus productives.
L’hiver, on devait amener les troupeaux paître dans les brousteys (l’endroit où l’on broute) du bourg car les inondations étaient événements courants. Dès 1888, une idée de création de syndicat pour lutter contre ce fléau avait été lancée, mais refusée par le Préfet. C’est en 1911 que sera créé le syndicat de curage des esteys de Cadaujac. Mais dès 1928 il sera totalement inopérant et l’A.S.A. des Marais assurera l’entretien à partir de 1954.
Dans les palus, on cultivait aussi le vime : ce qui est appelé par les gens du Nord l’osier, de la famille des saules (blanc, jaune ou rouge). Il aime en effet avoir les racines dans l’eau. Ainsi, les vimières ou oseraies se trouvaient-elles dans les endroits marécageux, les rives des fossés qui quadrillaient les parcelles de vignes. Il fallait classer les tiges de vime selon leur grosseur pour la vannerie, un commerce alors florissant. Cela servait également pour attacher la vigne, lier les fagots, etc.
Toutes ces activités ont définitivement disparu des palus vers 1975. Le dernier vin de palus cadaujacais est encore produit pour une consommation familiale, au domaine de Marteau, tout au Nord.
La BREDE ( 14° promenade , avril 2014)
JOURNAL de LA BREDE (14° promenade avril 2014)
CIRCUITS du MATIN
Départ à 9H de Martillac en suivant le Milan: 9,5km
Cadaujac, Léognan et Martillac, au pied de l'église, pour descendre aujourd'hui vers la Garonne. Passons devant la château Lantic que nous connaissons bien… puis à 200 mètres quittons le chemin goudronné pour nous engager dans l'allée de L'Artigue et pénétrer dans le premier détour historique et touristique, à droite fournière et écuries où pierre ocre et lambrequins de bois rouges rappellent bien le XIXème, puis passé le portail, découvrons les arbres, le puits et la maison. Après lecture de l'article passons sous une belle grille en fer forgé et descendons plein ouest, pour retrouver la route. A droite au loin les grands arbres du château Ferran puis plus loin toujours à droite ouvrons la barrière et engageons nous dans cette grande trouée verte qui traverse tout Martillac: nous sommes au dessus de l'aqueduc de Budos qui transporte l'eau de Fontbanne au réservoir du Bécut pour alimenter Bordeaux; insensiblement nous avons changé de vallée, de celle du Breyra pour aller vers celle du Milan. Arrêtons nous à côté du regard pour lire l'article sur cet ouvrage et descendons vers le point de vue de la vallée du Milan que l'aqueduc va franchir en découvrant ainsi toute sa volumétrie, bel ouvrage d'ingénieur qui fait passer l'eau captée au dessus de l'eau courante; remarquons l'éperon qui partage le Milan en deux et à gauche levons les yeux vers la vallée que nous allons longer jusqu'à la Garonne. Nous sommes ici aussi à l'Artiguenou mais à Saint Médard d'Eyran; quelques pas sur le chemin rural et nous rejoignons l'ancienne nationale 113 que nous traversons prudemment (suivez les guides). Remontons pour passer au-dessus de l'autoroute au Pontet, levée artificielle qui nous fait perdre le fil du ruisseau… non ! regardez sur votre gauche il est bien là le Milan; descente vers saint Médard et sa périphérie urbanisée, jusqu'au lavoir alimenté par un Milan canalisé en face de la salle des fêtes. Passons devant la mairie puis franchissons la voie ferrée avec un pincement au coeur en pensant au projet fou de la LGV qui ne se fera pas!!! En face de nous l'église romane et néo romane sur son éminence et au milieu du cimetière, la seule du Canton à avoir conservé ce dispositif que l'on retrouve encore au pays Basque… A droite les deux pavillons du château Lamothe et descente vers l'entrée du stade où nous attendent à 10H30 les Saint-Médardais pour nous offrir la découverte de la vallée du Milan qui se perd dans les pairies pour devenir le Caouban… car à partir d'ici nous sommes dans le lit majeur de la Garonne aujourd'hui hors d'eau mais où les ruisseaux deviennent des rouilles interconnectées entre-elles, coulant d'un côté ou d'un autre selon les marées et les coefficients; Devant la station d'épuration laissons à gauche le chemin qui va vers la Bugonne et Cadaujac pour suivre le chemin rural qui menait jadis aux ports sur la Garonne. En laissant à gauche la ferme de La Broue nous contournons une grande prairie qui a accueilli au moyen age la chapelle de Balach et à droite au débouché du Cauban, si l'on en croit le cadastre 1803, le port des Basques sur l'estey d'Eyrans au pied du château Turpaut. Contournons la praire pour arriver à la rouille de Lancrey ancienne rive de l'île du Grand Bresilh, rouille qui se jette dans l'estey d'Eyrans au lieu dit la Vacherie autrefois nommé Port de Lancrey. Ca y est, nous sommes à l'Isle Saint George au pied d'un ouvrage d'art destiné à réguler le cours de l'estey et contenir les marées, ouvrage refait à neuf cette année par le CDC de Montesquieu. Longeons l'estey jusqu'à la Garonne qui s'étale devant nous. Une petite cabane est établie à l'emplacement du départ de la ponte en bois qui franchissait l'estey autrefois mais aussi sur les fondations de la machine à vapeur qui pompait l'eau pour inonder les vignes dans les années 1880 (lire article sur le phylloxéra), attention jeter un oeil sur le sillure suspendu à un arbre ex-voto de pêcheur ou d'agriculteur? Longeons la digue, qui protège des inondations la maison du petit Bresil ou Peycoulin selon les cadastres. Bientôt nous passons au dessus de la rouille Jean des vignes, puis au détour du chemin une ruine au bord de l'eau c'est la maison de Peycoulin ou de Cheminade selon les propriétaires, tous réputés marins et officiers des marine. Jadis exploitation agricole complète, aujourd'hui ruine envahie par les aulnes; jetons un coup d'oeil sans pénétrer car c'est vraiment dangereux, mais les plus courageux pourront en faire le tour en suivant les rubalises; tout d'abord on perçoit contre le chemin la courbure du four à pain, à l'intérieur une vis de pressoir nous fait comprendre que ici était le chai mais la nature a repris ses droits depuis trop longtemps. En continuant on franchit un pont étroit qui donne accès à l'Ilaire autrefois nommée la Isléra au milieu de la Garonne entre Cambes et la grande Isla en Arruan, notre destination. Il est avéré que cette île a été plantée en vignes dès le XIIIème siècle et appartenait à l'abbaye de Sainte Croix. Avant de quitter le bord de Garonne nous aurons pu voir tous les carrelets, pontons souvent reconstruits et dont les filets sont plus souvent ronds que carrés! Suivons le chemin qui zigzague jusqu' au pont au dessus de la rouille de la Palanque qui se jette dans le Saint Jean d' Etampes et la rouille de la Malette qui se jette dans celle de Peycoulin selon l'état de la marée. Nous sommes ici sur la rive sud-ouest de l'ilaire au "pas-de-l'ilaire" ancien gué quand la Garonne était plus haute. En franchissant le pont de pierre sur la rouille du pont de Peyre, nous sommes sur le chemin de Ferrand, mais dirigeons nous vers le nord pour rejoindre le bourg après être passé devant le cimetière et avoir découvert les maisons récentes avec étage sur arcades ou pilotis. Descendons la rue du lavoir, les quais, le pont et voilà près de l'église les grands chapiteaux blancs où nous attend la dégustation traditionnelle des vins de graves.
Départ Saint Selve 8H30 en suivant le Gat Mort: 11,6km
Saint Morillon, Castres et Saint Selve décollent à 8H30, franchissent l'autoroute pour passer devant le château de Foncroise et sa belle grille puis descendre à gauche vers la vallée du Gât Mort en traversant le quartier dénommé autrefois Houncroyse et au deuxième carrefour tourner à droite pour s'enfoncer dans la zone humide jusqu'aux clôture de la Belle Font sources venant en complément de l'aqueduc de Budos (voir article). Puis longer en file indienne à gauche la clôture jusqu'au large chemin rural qui reliait Saint Selve au Pas du Bécut. Ce chemin longeait autrefois l'exutoire des sources qui alimentaient un lac puis un moulin, cet ensemble bien visible sur le cadastre Naploleon. Sur ces sources et dans cette zone humide classée Natura 2000 doit passer le projet fou de la LGV qui ne se fera peut-être pas grâce à la pugnacité des citoyens qui découvrent la valeur de leur territoire. A gauche les bâtiments viticoles du Château de Castres et ses anciennes installations hydraulique en cours de restauration. Nous voici au pas du Bécut ou aboutit le chemin aux ânes (vers quel moulin Belfont ou Pomarède?). Nous tournons tout de suite vers le nord pour traverser successivement le ruisseau de la Belle Font, l'estey du moulin et le Gât Mort sur une passerelle qu'il nous faut franchir aujourd'hui lentement et en file indienne entre 2 rubalises sinon chute dans la rivière assurée. Ici un grand paysage ouvert nous offre un point de vue sur le flanc sud de la vallée et la montée vers le château du Tuquet, après franchissement de la rouille de Civrac. A gauche un lavoir et en face de nous les vignes de l’AOC graves. Arrivés au sommet de la côte nous passons devant la demeure du Tuquet et entre vignes et jardin lisons l'article sur le château. En reprenant la route pensons que, à notre droite juste après les vignes, il existait autrefois des carrières de calcaire qui affleurent toujours de ce côté du Gât Mort, de Cabanac à Beautiran. A droite encore un bel élément patrimonial avec le pigeonnier de Couloumey et la façade XVIIIème de la maison de maître. Franchissons l'ancien chemin du Roy puis nationale puis départementale 113 sous la protection d'un feu rouge dit de Balambits. Nous somme ici au sommet du coteau de Graves qui sépare la vallée du Gât Mort de celle du Saucats. Mais nous sommes aussi dans la périphérie urbanisée de Beautiran et sur les traces de l'aqueduc de Budos (lire artice) et de l'ancienne voie ferrée économique que nous allons croiser ou suivre dans tout Beautiran. Passons devant le regard de l'aqueduc, puis sur la courbure enherbée de la VIF jusqu'à la voie ferrée Bordeaux Sète que nous longeons pour la franchir au passage à niveau, puis de nouveau la VIF jusqu'au croisement avec la route l'Isle Saint Georges où nous attendent les Beautiranais à 10H45. Prenons la route en file indienne et en sécurité (suivez les guides) sur cette route étroite longée par des rouilles où poussent les roseaux et les vimes (saules à osier coupés en tétard servant autrefois à attacher les astes et les cots des vignes). A droite quelques belles propriétés, à gauche les vignes inondables reconnaissables par leurs ceps palissés en hauteur. Enfin après un dernier zigzag le pont sur la rouille de Hins, bien nommée estey de l'Ins qui sépare Beautiran de l'Isle saint Georges et très vite à gauche le chemin du Bos qui rejoint dans des terres cultivées le chemin de Roques jusqu'à Boutric. On voit ici que ce quartier a eu ses heures de gloire et d'activités. Suivons la rouille de Boutric jusqu' à Pont Castel. Nous sommes ici à l'ancien port de Boutric où 3 rouilles se jettent dans la Garonne. A gauche un ancien séchoir près de tomber, puis des cuves inox de viticulture et dans l'eau des barges de pêche : nous sommes chez les pêcheurs viticulteurs qui représentent bien les activités économiques de l'Isle. Franchissons le pont à gauche et montons sur la digue que nous allons longer prudemment car elle est très étroite. A droite la Garonne qui descend, à gauche en contrebas la vigne, les fruitiers et bientôt Lauriole avec ses serres effondrées, ses chais, ses yoles et kayaks stockés, sa viticulture biologique et son ponton indiquent des autochtones particulièrement actifs et inventifs. Là nous passsons au lieu dit le Treisson ainsi nommé car il fallait 13 hommes pour tirer le filet sur la grêve. Les carrelets se succèdent comme quelques petites maisons de plaisance en contre bas de la digue et enfin voici l'embouchure de l'estey du Graveyron, alias saint jean d'Etampes, alias Saucats. Nous nous arrêtons pour le superbe point de vue vers Cambes surplombé par le château de Bremontier célèbre ingénieur qui contribua à la fixation des dunes du littoral atlantique. Sachez qu'avant l'arrivée du chemin de fer et de la voiture, Cambes était en relation permanente avec l'Isle Saint Georges et que un bac et des passeurs assuraient la liaison quotidiennement. Pour rentrer au bourg, soit vous êtes pressés et vous filez tout droit en passant devant la station d'épuration récemment rénovée, soit vous suivez les berges du Saucats et arrivée sous les grands chapiteaux blancs à 12H pour la traditionnelle dégustation des vins de graves!
Départ La Brède 9H en suivant le Saucats: 10,5km
Cabanac & Villagrains, Saucats et la Brède rassemblés sur le pré de l'Espérance prennent la piste de la voie ferrée économique direction l'Anahurt pour rejoindre le chemin Gallien qui sépare La Brède d'Ayguemortes et passant au-dessus de l'autoroute ils remontent vers Civrac au partage des eaux entre Saucats et Gât Mort. En face du chemin de Tartifume nous nous engageons dans le chemin des Barques entre pins et vignes jusqu'à l'ancienne route nationale aujourd’hui départementale 113 que nous traversons à 10H30 en toutes sécurité (suivez les guides) là où nous attendent les promeneurs d'Ayguemortes les Graves. Ce sont eux qui nous guident vers la vallée du Saucats sur un chemin qui longe l'autoroute. Repérons quelques grands pins de 80 ans, rescapés de la tempête et qui ont encore la plaie au flanc, lointaine cicatrice des cares du résinier et puis là, soudain, une tourelle et deux murs à angle droit! Nous sommes en présence des clôtures de l'ancien château de La Prade et de son moulin tel que représenté sur le cadastre Napoléon avant sa reconstruction XIXème, ce mur s'appelle mur de Faugère (?). Descendons vers le Saucats que nous rejoignons sur le chemin rural de la Prade à Thion. Remarquez que au pied des pins de 15 ans il reste encore des bas à résilles noirs! Premières protections des plants contre les chevreuil ou les lapins, ils ne sont pas vraiment bio dégradables…pollution quand tu nous tiens! Justement parlons en de pollution car nous sommes en plein dans l'axe du passage de ce projet fou, démentiel, une LGV là, devant vous! Mais cela ne se fera pas vous en êtes témoins! Sinon que restera t'il du moulin de l'Apré et du hameau de Thion?
Laissons à notre gauche la maison du meunier et continuons tout droit contre le champ au joli nom de La Belle pour pénétrer dans le boviduc qui passe sous la voie ferrée; attention! baissez la tête! Nous remontons devant la station d'épuration et à la queue leu leu, faisons attention aux bolides qui descendent de Saint Medard. Traversons la route pour suivre le Saucats rive gauche. Nous marchons maintenant dans la zone humide de Saint Médard classée Natura 2000. D'ici à l'Isle nous sommes dans le lit majeur de la Garonne dans un grand delta d'où Saint Medard tire son nom d'Eyrans. Le plus surprenant, c'est la rivière endiguée qui nous rappelle que depuis longtemps les hommes ont guidé cette rivière ici en relief , plus loin ils ont creusé et ce jusqu'à la Garonne. Très vite à droite le pont de la Blancherie que nous ne prendrons pas mais qui mène aux grands bassins de la Blancherie, aujourd'hui abandonnés, ouvrages hydrauliques du XIXème siècle que nous avons connu à Couloumey lors de la promenade de Beautiran… à gauche entre Saucats, estey mort, Martillac et estey d'Eyrans les peupliers abondent.
Un grand chêne et à droite sur Ayguemortes l'eau isole une île, la tour d’une palombière ou canardière et encore un peu plus loin 3 grands bassins conduisant au château Charamel… Ayguemortes on comprend ton nom! Puis le paysage s'ouvre vers les prairies et les chevaux de la route de haras, quel spectacle ! des rouilles, des haies des prairies, des hérons, des fleurs, des insectes, l'eau frémit ou clapote, les poissons gobent! Maintenant, nous arrivons au pont du Verderas, laissons le pour nous engager dans le Verderas sur les traces d'un large chemin, ancien futur chemin rural à ce qu'on dit, mais toujours privé aujourd'hui. A l'ombre des arbres, passons devant la maison puis franchissons la rouille du même nom pour nous engager dans les agues, herbes fraîches, herbes humides, où serpente le chemin qui nous mène au pied du château que vous ne voyez pas mais qui est pourtant là, là sur la hauteur car ici c'est la motte de l'isle. De ce château ont bien été chassés les sbires d'Epernon pendant la fronde…de ce château il reste la courbure de ses murailles qui ont servi de support aux maisons de la rue de Touyac, puis de la rue du pont que l'on passe pour se précipiter vers les chapiteaux où nous attend à midi la traditionnelle dégustation des vins de graves!
LES ROUILLES QU’EST QUE C’EST?
Le mot rouille vient du latin rivus, plus tard riou, rohla…
Mais ici nous avons à faire un système de drainage, irrigation, submersion, complexe et adapté aux différentes époques.
Olivier Coussillan nous a expliqué comment de la bêche du viticulteur au tractopelle de la CDC les hommes ont transformé le lit de la Garonne en terres arables et nourricières.
Au milieu de la vigne, pour les assécher, l'homme creuse des treytes (qui aurait donné le nom aux pièces de terre que l'on trouve souvent dans nos régions et qui se nomment treytins) vers les fossés (50km de fossés sur l'Isle Saint Georges) qui se jettent dans les rouilles (12 à l'Isle Saint Georges) autrefois appelées les mères d'eau, puis dans les ruisseaux qui deviennent estey (estuaires) jusque dans la Garonne…
DES ILES EN ARRUAN (image de Coussillan)
Isle Saint Georges vient d'un archipel d'îles dans le lit de la Garonne, Bresil, l'ilaire, la isla en Arruan et les Ilets de Botaric (Boutric) et Rabey. Archipel qui permettait de traverser enfin (premier passage à gué depuis l'estuaire) la Garonne à gué lors des basses eaux. A ce gué (arruan) arrivait depuis le néolithique le chemin de Biganos, Hosteins, Cabanac, Beautiran qui suivait le cours de la Leyre puis celui du Gua Mort pour aboutir en Arruan.
LE CHATEAU à Isle Sat Georges (image du cadastre)
Ci-dessous pour les incrédules le cadastre « Napoléon » du 12 brumaire an 11 où l'on voit les douves du château qui ont donné la courbure des maisons rue de Touyac et rue du pont.
Il manque : Quelques mots sur le domaine de Lartigue à Martillac : voir site SIGM- Idem sur l’aqueduc de Budos : voir site SIGM
Les plans et commentaires des promenades de l’ après midi (Piou)- voir cartes sur journal papier
Note SIGM : L’électricité arriva à La Brède en 1904, quand l’industriel Anizan modifia le moulin et utilisa sa chute d’eau pour actionner une turbine capable de produire la nouvelle énergie. Il installa à ses frais 12 lampes pour éclairer les rues de la ville et 4 à l’intérieur de la mairie. Du moulin partaient 6 Km de fils suspendus à des poteaux
Le Moulin du Bourg par Paul Anizan
Depuis quelques temps, certains nomment par erreur le « moulin du Bourg » ou de La Brède, ainsi nommé depuis 1884, le « moulin de la Blancherie ».
Dans son ouvrage de 1992 (Montesquieu, une pensée politique étonnamment moderne) Monsieur Jean Vincent Coussié propriétaire de « la Blancherie », parle bien du moulin de La Brède.. Ce moulin du Bourg est situé en face de « Jeanne d’Arc », maison construite par Jean-Baptiste ANIZAN en 1904. La référence à Jeanne d’Arc est due qu’à cette époque de travaux sur son procès, avec les passions qui en découlaient, elle se trouvait représenter une figure de l’alliance spirituelle et politique.
Consulat du Mali
En octobre 1999 le Président du Mali SEM Alpha Oumar Konaré m’a nommé Consul honoraire de la République du Mali à Bordeaux. En 2003 son successeur SEM Amadou Toumani Touré m’a renouvelé et m’a distingué au grade de Chevalier de l’Ordre National. Mes bureaux étant situé allées de Chartres à Bordeaux j’y ai installé le Consulat. En 2011 lors de ma retraite, il a été transféré dans l’espace consulaire de la CCIB dans l’attente de la réhabilitation d’anciens chais sur ma propriété. Les travaux ont été menés par l’agence d’architecture Marc Gauthier et Piou Lacoste et réalisés par des entreprises locales. Tout l’agencement intérieur est en doussié qui est une essence de bois africain. Sur le parvis une calade représente l’Afrique avec un caillou noir pour situer le Mali.
Déjà de nombreuses personnalités africaines m’ont honoré de leurs présences et j’espère avoir le plaisir, en octobre prochain, de recevoir le Premier ministre du Mali.
L’AAPPMA ( association agréé de pêche et protection du milieu aquatique ) Les pêcheurs de l’eau Bourde créé en 1978 et dont le siège est situé 96 rue de Beausoleil à Gradignan gére en réciprocité totale le plan d’eau de Thouars à Talence le lac d’ornon à Gradignan le lac vert à Canéjan le Lac Bleu à Léognan les rivières l’Eau Bourde , l Eau Blanche Le Saucats et le Gat Mort elle est depuis 2011 de loin la 1er AAPPMA de Gironde sur les 58 que compte le département avec 2250 sociétaires en 2013 de 3 à plus de 90 ans !
Depuis cette année 2014 la carte de pêche ne peut être délivré que par internet soit directement sur www.cartedepeche.fr en réglant par carte bleu ou chez les grandes enseignes de vente d’articles de pêche et à nos nombreuses permanences chaque début d’année à notre club house du Lac Vert de Canéjan et sur le secteur de Montesquieu au Tabac le Monte Cristo à Léognan et à La Brede chez Bricojem (avec vente d’articles de pêche sur place ) de magnifiques parcours sur l’ensemble de nos cours d’eau avec des baux de pêche signés avec les collectivités locales sur certains secteurs ! assurent la tranquillité aux pêcheurs pour y taquiner la truite et autres poissons ! Par contre attention de très nombreuses propriétés privées également ou les pêcheurs ne sont bien souvent que tolérés donc doivent scrupuleusement respecter les lieux pour que la tolérance perdure , les interdictions totales sont en principe matérialisées !
Renseignements 06.79.31.46.73 ou pecheursaubourde @live.fr
Site web pecheaubourde.com avec accès blog !
1) Capitale séculaire de la vineuse région des Graves de Bordeaux, LaBrède est aussi célèbre dans nos annales de Guyenne que dans le monde entier, comme berceau de Montesquieu. ( Charles Cante, député maire décédé en 1957)
La Baronnie de La Brède Montesquieu , Charles Cante Ed Aquitaine –Pyrénées.
Texte géologie du Brousteyrot
L’affluent de la rivière Saucats qui traverse (et irrigue) le château, le Brousteyrot est connu des géologues depuis le XIXème siècle. Non loin de là, en amont de la confluence avec le Saucats, au lieu-dit Arnaudet, le scientifique Charles Mayer décrit en 1858 des couches géologiques qu’il nomme « Stratotype Aquitanien » comme référence pour la tranche de temps aujourd’hui datée entre 23 et 20.4 millions d’années en arrière. Quelques années plus tard, le géologue Tournouër en 1862, puis Benoist et Croizier vont décrire la géologie de ce petit cours d’eau. Plus récemment, pour préparer la rédaction du magnifique ouvrage « Stratotype Aquitanien », les géologues de la Réserve Naturelle géologique vont à nouveau marcher sur les pas de leurs confrères, et redécouvrir notamment l’affleurement de la Moulinasse, au niveau de la cascade. L’escarpement est probablement dû à une des failles qui, dans le secteur, décalent des terrains que l’on pensait horizontaux. Il montre une succession de marnes et d’argiles déposées dans un milieu marin il y a environ 21 millions d’années.
Chalet de Pins, propriété des descendants de Montesquieu à la Brède,
par Grégoire de Tournemire (texte et photo extrait de « En passant par les Graves Montesquieu, Vu lu et entendu » p 65/66 -Paul Espeut SIGM)
A pied ou sur une petite reine, au détour du chemin Prévost ombragé et frais en été, on entrevoit le Chalet Des Pins. Cette construction originale sur le modèle arcachonnais abrite les derniers descendants du philosophe résidant à La Brède. C’est un petit affluent du Saucats qui sépare ce halo de verdure de la propriété du château des Fougères, qui n’appartient plus à la famille Montesquieu depuis 2013. Bien qu’entourée de nombreux pins, symboles de la forêt landaise, cette maison porte le nom d’une famille, les PiiS. Pour l’anecdote, à l’intérieur de cette simple propriété d’une superficie comparable à celle de l’état du Vatican, une cheminée monumentale occupe le fond de la « Grande Salle », l’ancienne bibliothèque surmontée d’une fresque représentant un combat de chevaliers.
La légende explique que la famille descend de l’un des « neuf barons de Catalogne » et donne sa devise « Despues Dios, la casa des Pinos ». Cette devise est reprise sur un vitrail de la cathédrale de Bazas. La légende voulait que l’ancêtre fondateur de cette maison descendait d’un Maire du Palais du temps des Mérovingiens ; et que ses descendants s’étaient installés dans toute l’Europe traduisant leur patronyme dans les différente langues locales… de Pinos en Espagne, Von Tannen en Allemagne, de Pins ou de Piis en France.
Louis de Piis fit construire le Chalet des Pins en 1858 pour être près de sa sœur …Louise (1813-1890), épouse de Prosper de Secondat de Montesquieu (1797-1871), propriétaire du château de La Brède et arrière-petit-fils du grand Montesquieu. Louis, resté sans alliance éteignit la branche des Piis de Guyenne et légua son chalet à son neveu Gérard, quatrième fils de sa sœur. La propriété passa ensuite à Alain de Montesquieu, puis, à Madeleine de Montesquieu, mère de Pierre de Tournemire, propriétaire actuel qui s’y installa il y a 45 ans.
Château de Cruzeau AOC Pessac-Léognan
Historique
Le Château de Cruzeau, sis aux confins de Martillac et de Saint Médard d'Eyrans, au sud de la région viticole de Pessac-Léognan, dans les Graves, est un très vieux terroir.
Ses origines remontent au XVIIème siècle. C'est en effet sous l'impulsion de Jacques de Cruzeau, important avocat bordelais que naquit ce domaine. Cet homme de loi lui léga son nom et lui insuffla sa vocation viticole.
Au XVIIIème siècle, le sieur Nolibois, riche marchand lui succéda et ses nombreuses relations commerciales contribuèrent à faire connaître les vins de Cruzeau sur la place de Bordeaux. La grande qualité et la finesse de ceux-ci furent bientôt reconnues par les meilleurs courtiers de la ville.
En 1841, la revue "Le Producteur" l'élève au rang de premier cru de la commune en blanc et en rouge.
En 1858, la famille Cante en était propriétaire et vinifiait 15 tonneaux de vins rouges et blancs.
Le château lui-même fut bâtit en 1912. Quelques bâtiments du XVIIIéme siècle subsistent encore et témoignent du passé viticole des lieux.
Le renouveau à partir de 1973.
C'est en 1973, au lendemain d'une tempête – sorte de mini tornade très localisée - au cours de laquelle une parcelle de jeunes pins avait été entièrement dévastée, qu'André Lurton découvrit cette propriété. Curieux, il s'y promena. Les racines des arbres arrachées étaient constellées de cailloux: un terroir de grave extraordinaire, avec toutes les qualités requises pour produire ici un grand vin.
Il racheta aussitôt le domaine dont le vignoble avait quasiment disparu depuis la fin du XIXème siècle sous les assauts répétés du phylloxéra.
A partir de 1975, A. Lurton et ses collaborateurs concentrèrent tous leurs efforts à redonner son panache au Château de Cruzeau. Défrichage, rénovation, restauration, déboisement, plantation et replantation se succédèrent.
Les outils de production se devaient également d'être modernisés. Cela fut chose faite quelques années plus tard.
En 2001, un chai de vieillissement pouvant contenir 2000 barriques a été construit, avec à ses côtés une grande salle de réception.
Aujourd'hui, la vigne s'étant sur près de 100 hectares localisée sur de belles croupes de graves, exposées plein sud, riches en cailloux roulés, offrant ainsi un terroir incroyablement propice à la production de grands vins de Pessac-Léognan, blancs et rouges. Les vins de Cruzeau sont reconnus et appréciés pour leur grande finesse et leur parfaite élégance.
Hélène Brun-Puginier (Vignobles A. Lurton)
Le Château de Quantin à Saint Médard d'Eyrans
En 1728, ce petit bourdieu (nom donné alors aux exploitations viticoles dans notre région) appartenait à Maître Pierre Fayet, secrétaire particulier du 1er avocat du Roi au Parlement de Bordeaux. Une petite maison de maître entourée de bâtiments ruraux où était installés écuries, chais et pressoir, en constituait le noyau central.
Les terres alentours étaient composées de bois de hautes futaies, de pignadas, de prairies et de beaux plantiers de vignes. Le vignoble était donc bien présent dès cette époque sur ces terrroirs de graves? Certaines de ces vignes étaient mentionnées comme cultivées "à l'araire" (signe de leur qualité). Les vignes de basse qualité étaient cultivées "à la marre", c'est-à-dire passées à la houe et de facto moins bien travaillées.
La famille Fayet compta plusieurs générations de brillants avocats en la cour du Parlement. Elle resta propriétaire de ce domaine jusqu'en 1800 et lui donna sa physionomie actuelle, pratiquant tot au long du XVIIIème siècle une politique de remembrement et d'échange de parcelles avec ses voisins les plus proches, notamment avec le sieur Nolibois, possesseur de la terre de Cruzeau. Les hommes de loi semblent avoir été très attirés par ces terroirs viticoles de Saint Médard d'Eyrans. Il est en effet intéressant de souligner que si les avocats Fayet constituèrent le domaine de Quantin, c'est encore un avocat, Jacques de Cruzeau qui fut à l'origine du Château de Cruzeau, un siècle plus tôt.
Arnaud Fayet, mort sans descendants directs, ses héritiers vendirent le domaine en 1800 à un certain Louis Quantin jeune, petit propriétaire bordelais dont les vieux registres n'ont pas encore livré tous les secrets. Celui-ci ne le conserva que six ans … le temps simplement de lui laisser son nom. Il le céda en 1806 à un important négociant, Daniel Pöhls (d'origine allemande). La maison de commerce de ce dernier, installée aux Chartrons, était florissante et ses échanges avec les villes de Stettin (Prusse) et Hambourg, très nombreux. Les vins de Quantin furent ainsi tout naturellement exportés vers ces cités marchandes du nord de l'Europe. En 1818, Daniel Pöhls revendit Quantin à Giraud Belin, boulanger de son état à Bordeaux, pour 25000 F. La propriété resta aux mains de la famille Belin jusqu'en 1857. Au cours de ces 40 années, elle changera à plusieurs reprises de nom: Bel-Air en 1830, Roguelos en 1857… avant de retrouver son nom actuel vers 1881.
En 1857, Quantin fut acheté par Mathieu Kort, vétérinaire brédois, aux origines allemandes – Saxe -.
Sa fille et héritière, épouse de C. Gervais Koysiewiez, professeur de médecine à la Faculté de Bordeaux, se désintéressa du domaine et celui-ci fut vendu aux enchères en 1889.
Les familles Royer et Gaillard s'en portèrent acquéreurs. En 1908, le domaine de Quantin produisait 15 tonneaux de vin rouge et 4 tonneaux de blanc. Le vignoble périclita peu à peu; sa production tombant en 1949 à 5 tonneaux de rouge et 5 tonneaux de blanc. La vigne fut remplacée par un élevage de chevaux. Cette situation perdura jusqu'en 1985, date à laquelle André Lurton racheta le domaine et replanta son vignoble.
Hélène Brun-Puginier (Vignobles A. Lurton)
Amis du patrimoine, amis randonneurs,
L’article 544 du Code Civil indique : « la propriété est le droit de jouir et disposer des choses de la manière la plus absolue, pourvu qu’on n’en fasse pas un usage prohibé par les lois ou par les règlements. »
Un chemin de randonnée pédestre est un itinéraire ouvert et entretenu, balisé, adapté à différents types d’usagers. Il s’inscrit dans une démarche globale de développement touristique, permet un trait d’union entre les communes, permet la mise en valeur du patrimoine, …
Si ce chemin constitue la propriété privée du propriétaire et, en vertu de son droit de propriété, celui-ci peut interdire à quiconque tout droit de passage. (Le propriétaire peut aussi être une commune ou une collectivité locale, on parlera alors de chemins ruraux). Il peut décider de clore ce chemin. Il tolère le passage des promeneurs mais peut à tout moment mettre fin à cette tolérance.
L’entretien est à la charge du propriétaire ; en cas d’accident survenu par suite du mauvais état du chemin, la responsabilité en incombe au propriétaire, d’où la nécessité de souscrire une assurance couvrant sa responsabilité.
Pour qu’un chemin privé soit inscrit dans un PDIPR, plan départemental d’itinéraires de promenades et de randonnées, une convention doit être passée obligatoirement entre le département et le propriétaire. Si vous désirez de plus amples renseignements sur le droit des propriétaires, vous pouvez consulter le site national de la Propriété Privée Rurale ; fondé en 1945, le syndicat de la Propriété Privée Rurale est une fédération nationale répartie sur l’ensemble du territoire (syndicats départementaux), le seul syndicat professionnel indépendant pour représenter et défendre les intérêts de quatre million de propriétaires. Il est un interlocuteur écouté qui intervient auprès du gouvernement, des parlementaires, une force de proposition grâce à des contacts réguliers avec les ministres, les parlementaires, … Il proclame le droit de propriété, en promeut le principe, en affirme les prérogatives et les devoirs. Il défend, conseille, informe, aide, sensibilise, représente …
Nous participons aux séances du Tribunal Paritaire des Baux Ruraux, aux Commissions Départementales d’Orientation Agricole, aux Commissions de Consommation d’Espaces Agricoles, …. Nous organisons des réunions thématiques (droit au bail, état des lieux, fiscalité, …) la prochaine portera sur « les baux viticoles » en octobre.
Bonne promenade, bonne journée et un grand merci aux organisateurs de cette journée sans oublier … les propriétaires qui rendent possibles ces manifestations.
Annie Laulan présidente Gironde : Propriété Privée Rurale - d’Agriculture – 17 cours Xavier Arnozan – 33000 Bordeaux - Site : www.propriete-rurale.com
Certains circuits emprunteront des chemins privés, après convention de passage avec le Conseil général et les propriétaires, d’autres emprunteront des chemins ruraux (propriété privée des communes) qui trouveraient ainsi une nouvelle raison d’exister. La transformation des modes de vie et de l’économie leur a en effet fait perdre leur intérêt initial. On ne va plus au lavoir ou au moulin, ou à dos d’âne de hameau en hameau ! Les communes n’étant pas tenues d’assurer l’entretien de ces chemins s’ils ne sont plus utilisés par le public, ils sont parfois difficiles à retrouver. Une grande partie est cependant bien utile et entretenue : par exemple ceux utilisés dans un contexte d’urbanisation ou ceux utilisés par la DFCI défense de la Forêt contre l’Incendie.
Enfin, soulignons que la promenade est une TOLERANCE : les propriétaires, en vertu de leur droit de propriété, tolèrent le passage des promeneurs sauf à indiquer « voie privée, passage interdit », ou surtout à poser une clôture. Il faut savoir aussi que si un propriétaire laisse la libre circulation sur son chemin privé, il est responsable de l’état de ce chemin, et de l’état débroussaillé de ses abords !
Commentaires plan Drouyn Historique succinct du château
A la fin du XIème siècle à l'époque où la légende attribue au seigneur de La Lande la fin du siège de Bordeaux par le seigneur de Navarre, il devait y avoir un château en bois sur une motte issue du creusement des fossés. D'ailleurs au XIIIème siècle Arnaud de La Lande transige avec Jean de Moras les eaux venant de son domaine pour remplir les fossés du château de la Brède. En 1285 on sait que Guillaume de La Lande accusé de meurtre est privé de son château qui est en partie détruit par le prévôt de l'Isle (Saint-Georges?). En 1285 le château est reconstruit. En 1306 le roi d'Angleterre autorise sa reconstruction, c'est certainement de cette époque que date la géométrie extérieure du château. Les 2 douves ne sont pas encore réunies, une troisième ceinturaient les deux autres; il y avait 5 ponts levis. En 1419 suite aux détériorations provoquées par l'artillerie française Jean de la Lande obtient l'autorisation de fortifier l'ouvrage. C'est peut-être de cette époque que date la grande tour dite le donjon. Puis au milieu du XVIème siècle, la guerre de 100 ans étant totalement oubliée, la forteresse se transforme en château d'agrément et les fenêtres à meneaux sont ouvertes; les différentes douves sont réunies en un grand lac cerné par un mur parapet, les ponts levis ne sont plus qu'au nombre de 3 comme les passerelles d'aujourd'hui. C'est dans cet état que Montesquieu l'a connu. Il y aura fait peu de travaux, se consacrant plutôt au parc, aux jardins et à l'exploitation agricole en faisant construire sa ménagerie, la ferme actuelle que nous pouvons exceptionnellement visiter. Eu égard à la célébrité du grand philosophe sa descendance prit soin de pas modifier la plus part des pièces aujourd'hui ouvertes aux visiteurs en particulier la chambre de Montesquieu du RDC; il en fut de même des extérieurs qui conservent encore aujourd'hui l'aspect d'un château médiéval. Au XIXème siècle plusieurs architectes connus (Duphot, Alaux et Abadie) se succèdent et modifient quelque peu les façades en re introduisant des éléments médiévaux (crénelage au nord est, fenêtres ogivales au sud ouest, mâchicoulis de chaque côté du donjon, chambranles en accolade sur certaines fenêtres...). Depuis, en dehors de l'entretien des couvertures rien n'a été modifié, la lézarde qui zèbre le donjon et déjà signalée au XIXème siècle est toujours là.
PARTICULARITÉS
Le château a un périmètre presque circulaire, en fait un polygone de 16 ou 17 côtés selon le point de départ. Les carpes du château de La Brède ont elles inspiré Aldous Huxley pour la préparation du Soma dans son roman malheureusement visionnaire le « Meilleur des Mondes »?
Ne ratez pas le cadran solaire au nord du château en face du long tapis vert qui court jusqu'au lavoir des Graves
Système d'accès décrit par Sophie von la Roche lors de sa visite de 1785 ? il fallut passer sur une planche posée sur deux poutres entre lesquelles on voit l'eau des douves trois étages plus bas
La grande tour contient deux pièces rénovées au XIXème et jamais occupées, puis une échelle mène au comble où le chemin de ronde est entièrement accessible.
Faits remarquables: les murs du chemin sont garnis de grafitis pour certains très anciens et d'autres très récents.Enfin une cloche d'alarme, fondue par Jean-Baptiste de Secondat, le fils de Montesquieu et sa femme Catherine est toujours en place.
Aujourd'hui cette cour intérieure a été réduite à la portion congrue suite aux travaux d'aménagements intérieurs d’Abadie
Derrière la façade ouest se situent les appartements privés des descendants de Montesquieu
Au premier étage à côté de la bibliothèque se trouvait la chambre de Montesquieu jeune.
PLAN ET DESCRIPTION
DE LEO DROUYN
au rez de chaussée
A= porte ogivale
B= cour irrégulière
CetD= tours postérieures au XIVème siècle
EàF= premier accès à la cour intérieure
GàK= grande cour intérieure avec puits
H= grande salle basse du RDC
I= cuisines
OPQR= logements de garnison au moyen âge
S= tour saillante pour défendre la cour GK
et accéder aux étages
LM= mur bâti au XVème siècle
a= vestibule, b=bucher, c=caveau
d= salle à manger,
O= chambre à coucher avec échauguette
P= chambre RDC du grand Montesquieu
Q= salon
R= chambre à coucher
g= chambre de bains
à l'étage
HH= grande bibliothèque (ancienne "aula" et certainement le donjon initial)
K= chapelle
Un guide de visite pour l’église de Castres-Gironde
L’église Saint-Martin de Castres récemment rénovée a été inaugurée lors des Journées européennes du Patrimoine les 20 et 21 septembre. Elle est maintenant ré ouverte pour le culte, après travaux intérieurs et embellissements. Sont à votre disposition sur le site Internet de SIGM www.si-graves-montesquieu.fr des textes de présentation de cette église dont l'abside du XI° siècle est classée Monument historique, ainsi qu’un tableau de Lépicié représentant "la sainte Famille». Un guide de visite, 91 pages avec photos couleur, a été élaboré par Jean Pol Puisné après de nombreuses recherches aux Archives départementales. Il sera vendu au prix de 12 euros au bénéfice de l'Association de Restauration de cette église (Présidente Mme Patricia Recordon). Ouvrage disponible au 18 bis rue des Faurès 33640 Castres-Gironde tel 05 56 67 19 44.
L’église Saint-Jean d’Etampes abrite la sépulture des ancêtres de Montesquieu. Charles-Louis y reçut le baptême…
Ouverte à la visite
« ... La porte, fort jolie, a huit ou dix arcades en plein cintre appliquées contre le mur. L’abside est également entourée de petites colonnes appliquées contre le mur soutenant des pleins cintres : donc église romane, réparée ou achevée sous le règne du gothique. »
STENDHAL : Voyage dans le Midi de la France 1838 - Ed. Le Divan – Paris
L’église a été inscrite à l’inventaire des Monuments historiques en 1997.
Elle a été bâtie au XIIème siècle sur la rive la plus élevée du Saucats. Un incendie abîma son clocher carré au XVIème siècle.
D’abord constituée d’une nef et d’un bas-côté nord, elle fut agrandie d’un bas-côté sud au XVIIIème siècle. Le plafond initialement en bois fut alors remplacé par une voûte en briques.
En 1851 la mairie de La Brède commande à Gustave ALAUX un projet de restauration; en 1852 celui-ci est présenté et, après modification, approuvé par le ministère de la culture.
Une première tranche de travaux (restauration hors abside et clocher) est lancée le 7 septembre 1854.
Mais… dans la nuit du 23 novembre 1854, à minuit, le vieux clocher s’écroule ! Les cloches sont sauves… Il faudra en faire un autre!
En 1856 la première tranche de travaux est achevée; le clocher provisoire est couvert en tuiles. Les travaux concernant les voûtes en pierre, l’abside et la façade ouest sont entrepris de 1856 à 1858. De l’église romane il ne reste plus que le portail.
En 1866 le maire Charles de MONTESQUIEU lance une souscription auprès des habitants de La Brède pour financer la construction d’un grand clocher dessiné par Gustave ALAUX1, projet soutenu par l’archevêque DONNET2.
Un an plus tard, les cloches sonnent.
En 1876, la commune fait poser des tirants métalliques sur les murs qui se fissurent sous la poussée des voûtes en pierre.
A la fin du siècle, Léon DROUYN3 restaure le clocher, les couvertures. Il double la surface de la sacristie sud. Encore quatre campagnes de restauration… le portail roman est toujours là.
La façade occidentale
S’inscrivant dans un rectangle d’or, elle présente un avant-corps roman et deux bas-côtés XIXème siècle.
Cet avant-corps est composé de trois niveaux.
Au rez de chaussée la porte à trois voussures et archivoltes portées par des colonnes monolithes. Les chapiteaux ont des corbeilles garnies de feuilles d’eau et d’acanthes.
On remarquera les volutes du chapiteau sud. Elles sont en forme de coquille Saint-Jacques (nous sommes sur le chemin de Saint- Jacques qui menait à Belin).
La voussure supérieure et ses claveaux ornés de festons losangés irréguliers : des traces de peinture polychrome y ont été conservées.
Portant le premier étage, une corniche composée de modillons et de métopes arrête notre regard : les modillons romans déclinent les vices et les vertus et mélangent les têtes de loup et les têtes humaines. Au centre, trois modillons du XIXème tranchent par leur rigidité. Les métopes déclinent différents thèmes : au nord, ce sont des figures, au sud des croix.
On remarquera sur les côtés, au nord, Jacob endormi sous son échelle, au sud, une tête se bouche les oreilles, pour ne pas entendre les propos scabreux de son voisin? Autre particularité : deux chapiteaux avec pigeons ou béliers affrontés qui sont engagés dans les angles.
Le premier étage est composé de quatre fausses arcatures dont les chapiteaux extérieurs sont romans.
En recherchant les sculptures romanes, on pourra distinguer les modifications du XIXème siècle, qui ont supprimé un oculus percé au XVIème et retrouvé ainsi la symétrie originelle.
Le dernier étage avec sa fenêtre axiale est entièrement du XIIème siècle; on apercevra à gauche un chapiteau constitué de trois têtes d’hommes, à droite deux têtes et des feuillages.
VOCABULAIRE : repères architecturaux...
Abside : extrémité d'une église, derrière le chœur.
Arcade : ensemble de piliers ou de colonnes, laissant entre eux une ouverture dont la partie supérieure est en forme d'arc.
Arche : voûte en forme d'arc, supportée par des piliers.
Bas-relief : sculpture en faible saillie adhérant au mur.
Chœur : partie d'un édifice religieux où se déroulent les cérémonies autour d'un autel.
Cintre : courbure continue intérieure d'une voûte ou d'un arc.
Croisée : dans une église, travée du transept qui croise la nef principale.
Croisée d'ogives : armature des voûtes gothiques formée de deux arcs qui se croisent.
Entablement : partie d'un édifice qui s'élève au-dessus des colonnes.
Flèche : partie pyramidale ou conique qui couronne un clocher.
Fronton : ornement triangulaire ou semi-circulaire, au-dessus de l'entrée d'un édifice.
Linteau : pièce de bois, de pierre ou de métal fermant la partie supérieure d'une ouverture et servant également à soutenir la maçonnerie au-dessus de cette ouverture.
Nef : dans une église, espace en forme de navire retourné, allant du portail principal à la croisée du transept, des rangées de piliers soutenant la voûte.
Ogive : arc diagonal, nervure saillante servant de renfort dans la voûte d'une cathédrale gothique. Deux nervures se coupant en croix forment une croisée d'ogive.
Phylactères: banderole, rouleau de parchemin dont les artistes du Moyen Age se servaient pour faire parler leurs personnages.
Pinacle: partie la plus élevée d'un édifice. Dans l'architecture gothique, couronnement conique.
Tambour : chacune des assises de pierres cylindriques qui composent le fût d'une colonne.
Tétramorphe: représentation romane des quatre évangélistes autour du Christ en majesté (habituellement sur le tympan des portails): Inspirée de la vision d'Ezéchiel, retranscrite par saint Jean dans l'Apocalypse: les quatre évangélistes symbolisés par quatre animaux a constitué un des thèmes favoris de l’art religieux. Dans l’Ancien Orient, le chiffre 4 évoque les quatre saisons, les quatre points cardinaux, les quatre gardiens du monde, ou les quatre porteurs du ciel disposés aux quatre coins du firmament. Ces images reposent sur les symboles stellaires du zodiaque, de la « croix fixe » qui sont le taureau, le lion, le scorpion et le verseau. Ce découpage quaternaire tirerait aussi une origine des quatre éléments : le feu (le taureau) et l’eau (l’homme) d’un côté, la terre (le lion) et l’air (l’aigle) de l’autre côté.
Homme = Jésus = Mathieu Lion = résurrection = Marc
Taureau = crucifixion = Luc Aigle = ascension = Jean
Transept : sépare le chœur de la nef principale et des latérales, et forme ainsi les bras de la croix.
Tympan : espace compris entre le linteau et les deux arcs d'un fronton, au-dessus du portail.
Remerciements aux architectes M. GAUTHIER, P. LACOSTE et C. le MARECHAL qui ont accepté la publication d'une partie des pièces écrites du concours d'architecture pour la restauration de l'église Saint-Jean- d'Etampes de La Brède. Bibliographie : Choisy, Brutails, et Viollet-le-Duc : Dictionnaire raisonné de l’architecture. Tome 3, p 312, 321
Façade église Saint-Jean-d’Etampes à La Brède
Le clocher
La flèche culmine à plus de 40 mètres de hauteur et marque fortement l'horizon aux entrées de La Brède. Elle rappelle la renaissance triomphale de l'Eglise catholique après les périodes troublées de la Révolution.
C’est sous l’influence du cardinal DONNET que les églises de Gironde ont été dotées de clochers néogothiques. A ce sujet, on prête à HAUSSMANN, préfet de Gironde (1851-1853), cette boutade :
« Notre département ressemblera bientôt à un hérisson !».
ALAUX ne se contente pas, comme le feront les autres architectes diocésains, de monter une flèche octogonale sur une base carrée, le tout stabilisé par des pinacles ou des clochetons. Il a petit à petit mis au point un système de retraites savamment ordonnancées permettant de créer le plus d'élancement possible. Ses clochers sont fins, les flèches commencent dès la base.
Passionné d'arts plastiques, il fait appel à des sculpteurs. Sur la plupart des clochers et particulièrement sur les flèches néoromanes, son travail se reconnaît aux nombreuses sculptures figuratives (au même titre que VIOLLET- LE- DUC à Notre-Dame de Paris) et à la mise en place du tétramorphe comme à Saint-Sulpice-et-Faleyrans, Eysines, Mérignac.
Il s’agit d’un tétramorphe, symbole des quatre évangélistes sous leur forme allégorique : saint Luc est associé au taureau ; saint Marc au lion ; saint Matthieu à l’ange ou à l’homme et saint Jean à l’aigle. Ces sculptures ont été réalisées par Jean MORA en 1865.
L'ordre indiqué par saint Jean dans l'Apocalypse est respecté. Les phylactères tenus par les évangélistes sont bien lisibles. La facture est vigoureuse, expressive: l'homme pose un regard de paix sur la cité, le jeune taureau fringant attend le sacrifice, le lion hiératique annonce le lever du soleil, l'aigle de saint Jean qui a retrouvé sa tête peut prendre son envol. De toutes les représentations du tétramorphe déjà relevées sur les autres clochers de notre architecte, ce sont les plus imposantes et les plus basses, à 13 mètres de hauteur.
Le clocher de l'église Saint-Jean-d'Etampes constitue une originalité en Gironde. Il ne ressemble en rien aux quelques clochers romans de la région situés dans la même position. De nombreuses personnes le déplorent et rêvent d'un "vrai" clocher roman, bien trapu et carré. Pourtant, à la lecture des historiens de l'architecture médiévale, la forme de ce clocher est plutôt traditionnelle : établis à la croisée du transept, les clochers romans "sont souvent de forme octogonale et au XIIème siècle les flèches peuvent être très élancées". Il est vrai que cette disposition se retrouve plus couramment dans le centre et l'est de la France. Bien que ce clocher, par les proportions de sa flèche, puisse suggérer un aspect néogothique, il est de style néoroman.
Dès le deuxième étage octogonal le jeu savant des fenêtres et des colonnes surmontées de chapiteaux à corbeilles sculptées de feuillages et entrelacs porte notre regard vers les huit gargouilles aux angles des gâbles qui accrochent le ciel. Plus haut, au troisième étage, les fenêtres plus larges aux jambages flanqués de colonnettes laissent passer le bleu céleste. Puis seize corbeaux sculptés, modillons aux têtes grimaçantes, nous regardent attendant le cliché du téléobjectif. Au-dessus, à la base de la flèche, huit petits dragons terminant les cordons qui soulignent les huit pans de la flèche où culmine la croix à deux branches, symbole du cardinal.
Cette lecture de bas en haut permet de prendre conscience de l'ampleur du programme de sculpture dessiné par ALAUX et réalisé de main de maître par Jean MORA, jeune sculpteur qui s'illustrera trois ans plus tard sur la flèche de Saint-Michel à Bordeaux sous la conduite de Paul ABADIE.
Outre l'élégance aboutie de l'architecture, il est rare de rencontrer un clocher aussi sculpté, même si au regard de cette petite église la proportion générale de la flèche est contestable. Nous ne pouvons nier que ce clocher unique en Gironde approche le chef-d’œuvre.
En faisant le tour de l’église on pourra repérer les jardins de mémoire établis sur le bas-côté nord et sud où reposent des pierres tombales, issues de l’ancien cimetière qui entourait autrefois l’église.
Dans la sacristie sud la cheminée XIXème inspirée de l’encyclopédie de VIOLLET-LE-DUC est remarquable. L’abside et les absidioles reproduisent strictement les ordonnancements romans mais ne sont pas décorées, les pierres sont juste épannelées. L'argent a manqué!
Les cloches
(Une copie des cloches est présentée dans le hall de la mairie de La Brède.)
Il existait trois cloches en 1854, quand le vieux clocher s’écroula. En 1866, deux cloches sont remises en place.
Celle de 1777, qui était la plus grosse à cette époque, est toujours en service. Elle pèse 520 kg pour un diamètre de 965 mm ; œuvre du fondeur bordelais TURMEAU, également auteur de la Grosse Cloche de Bordeaux, elle présente comme éléments de décor des anses en forme de tête humaine, une croix sur la faussure décorée des instruments de la Passion, deux « rapières » ou « lézards » sur le cerveau, une représentation de la Vierge portant l’enfant Jésus.
Son parrain, en 1777, était Jean-Baptiste de SECONDAT et sa marraine Catherine DEMONS.
Le bourdon « Gaston-Mathilde » (baron Ludovic-Gaston SECONDAT DE MONTESQUIEU, en souvenir de son épouse Mathilde Marie-Louise décédée en 1900), pesant de 1.400 à 1.500 kilos, est l’œuvre du fondeur VOUTHIER, de Saint Emilion. Il a été donné le 15 février 1903 par le baron de Montesquieu.
Côté nord, on peut lire l’inscription latine : « Laudo deum Verum Populum Voco Congrego Clerum, Defunctos Ploro, Fugo Fulmina, Festa Decoro. » (Je loue le vrai Dieu, j’appelle le peuple, je convoque le clergé, je pleure les défunts. Je mets en fuite la foudre, j’embellis les fêtes »).
Côté sud, figurent les armes de la famille SECONDAT DE MONTESQUIEU et sa devise : « Virtutem Fortuna Secundat »
A l’ouest, une Vierge et l’inscription : « Je m’appelle Gaston-Mathilde »
A l’est : Saint Jean-Baptiste et l’inscription « Saint Jean, protégez La Brède ».
Enfin en bas : « E. Vouthier, fondeur à Saint-Emilion. »
L’intérieur
La nef et bas-côtés ont quatre travées voûtées d’ogives quadripartites retombant sur des piliers à chapiteaux feuillagés avec, en outre, des personnages et animaux sur ceux de la croisée de transept. La réparation des voûtes et du clocher a été réalisée par les architectes DUBERT (1876) et Léon DROUYN, fils de Léo (1897).
Les absidioles sont voûtées en cul-de-four, l’abside est également voûtée (quartiers rayonnants).
L’autel, réalisé en 1874, est l’œuvre de JABOUIN ; derrière, une simple dalle de ciment gravée recouvre la sépulture de plusieurs ancêtres de Montesquieu, dont son père. Au mur, sont accolées les armoiries des familles MONTESQUIEU et de LALANDE, parents de MONTESQUIEU, œuvre de BELLOCQ.
Dans le chœur, les quatre statuettes en terre cuite, dont saint Pierre et saint Charles, datent de la fin du XIXème siècle; elles ont été offertes par le baron Charles de MONTESQUIEU et son épouse vers 1890. L’ensemble des meubles de la sacristie est un don de la famille MONTESQUIEU. Les larges et profonds plateaux pivotants permettent d’étaler les vêtements sacerdotaux.
Charles de MONTESQUIEU, mécène de l’église décédé en 1900, était aussi maire de La Brède. La « querelle » entre l’Eglise et l’Etat n’était pas encore apaisée :
« Faire quelque chose pour le bien de l’Eglise n’est point faire quelque chose pour le Royaume de Dieu et cette société de fidèles dont Jésus Christ est le chef ; mais faire quelque chose d’opposé à l’intérêt des laïques. » (I, p 230)
Clé de voûte et signature de Gustave ALAUX
Haverlan TITRE Le vin du « château de La Brède » ?
Extrait de www.chateaudelabrede.fr avec l’autorisation de Dominique Haverlan
Dernière occupante du château jusqu’à son décès en 2004, Jacqueline de Chabannes, une des descendantes de l’écrivain, a exploité jusqu’en 2000 le vignoble produisant le vin blanc « Château de La Brède ». La Fondation Jacqueline de Chabannes, créée afin que le château et les 150 ha classés qui l’entourent continuent à accueillir visiteurs et manifestations, décide en 2008 de faire renaitre le vignoble. Les vignes sont replantées et c’est Dominique Haverlan, vigneron depuis 20 ans (Vieux Château Gaubert à Portets ), famille de vignerons depuis 3 générations, qui reprend la conduite du domaine en 2011. C’est dans la ferme modèle, la « ménagerie » que Montesquieu fit bâtir avec son fils vers la fin de sa vie (voir page xxx de ce Journal) que le vin du château sera élevé et proposé au public : bientôt s’ouvriront de nouveaux chais modernes…
Historique succint du château
A la fin du XIème siècle à l'époque où la légende attribue au seigneur de La Lande la fin du siège de Bordeaux par le seigneur de Navarre, il devait y avoir un château en bois sur une motte issue du creusement des fossés. D'ailleurs au XIIIème siècle Arnaud de La Lande transige avec Jean de Moras les eaux venant de son domaine pour remplir les fossés du château de la Brède.
En 1285 on sait que Guillaume de La Lande accusé de meurtre est privé de son château qui est en partie détruit par le prévost de l'Isle (St Georges?). En 1285 le château est reconstruit. En 1306 le roi d'Angleterre autorise sa reconstruction, c'est certainement de cette époque que date la géometrie extérieure du château. Les 2 douves ne sont pas encore réunies, une troisième ceinturaient les deux autres; il y avait 5 ponts levis.
En 1419 suite aux détériorations provoquées par l'artillerie française Jean de la Lande obtient l'autorisation de fortifier l'ouvrage. C'est peut être de cette époque que date la grande tour dite donjon.
Puis au milieu du XVIème siècle, la guerre de 100 ans étant totalement oubliée, la forteresse se transforme en château d'agrément et les fenêtres à meneaux sont ouvertes; les différentes douves sont réunies en un grand lac cerné par un mur parapet, les ponts levis ne sont plus qu'au nombre de 3 comme les passerelles d'aujourd'hui. C'est dans cet état que Montesquieu l'a connu. Il y aura fait peu de travaux, se consacrant plutôt au parc, aux jardins et à l'exploitation agricole en faisant construire sa ménagerie, la ferme actuelle que nous pouvons exceptionnellement visiter.
Eu égard à la célébrité du grand philosophe sa descendance prit soin de pas modifier la plus part des pièces aujourd'hui ouvertes
aux visiteurs; (Non, seule la chambre du rez-de-chaussée n’a pas été modifiée, le reste a été utilisé par la famille jusque dans les années 1930) il en fut de même des extérieurs qui conservent encore aujourd'hui l'aspect d'un château médiévaux.
Au XIXème siècle plusieurs architectes connus (Duphot, Alaux et Abadie) se succèdent et modifient quelque peu les façades en re introduisant des éléments médiévaux (crénelage au nord est, fenêtres ogivales au sud ouest, machicoulis de chaque côté du donjon, chambranles en accolade sur certaines fenêtres...). Depuis, en dehors de l'entretien des couvertures rien n'a été modifié, la lézarde qui zèbre le donjon et déjà signalée au XIXème siècle est toujours là.
PARTICULARITÉS
Le château a un périmètre presque circulaire, en fait un polygone de 16 ou 17 côtés selon le point de départ.
Les carpes du château de La Brède ont elles inspiré Aldous Huxley pour la préparation du Soma dans son roman malheureusement
visionnaire le Meilleur des Mondes?
Ne ratez pas le cadran solaire au nord du château en face du long tapis vert qui court jusqu'au lavoir des Graves
Monuments historiques : éléments protégés sur la commune de La Brède
* Les parties bâties et non bâties du domaine du château de La Brède : classement de la totalité par arrêté du 7 mai 2008.
* Eglise Saint-Jean d'Etampes: inscription à l’inventaire supplémentaire de l’édifice par arrêté du 9 septembre 1997
*Christ en croix en l’église: sculpture en bois polychrome, classé au titre objet le 13/09/2001
JOURNÉES EUROPÉENNES DU PATRIMOINE 20 et 21 septembre 2014, sous le thème « Patrimoine culturel, patrimoine naturel »
Aujourd’hui 50 pays en Europe organisent les Journées européennes du patrimoine
Créée en 1984 par le ministère de la Culture, ce qu’on appelait alors « la Journée Portes ouvertes dans les monuments historiques » était organisée le troisième dimanche du mois de septembre et connaissait un succès immédiat auprès du public.
L’année suivante de nombreux pays européens emboîtaient le pas à la France et mettaient en place à leur tour un événement similaire à la même période de l’année. En 1991, le Conseil de l’Europe officialisait les Journées européennes du patrimoine
Depuis 1995, un ou plusieurs thèmes nationaux permettent de fédérer les initiatives locales, de mettre en lumière un aspect particulier du patrimoine et de structurer la communication de cet événement. Ces thèmes favorisent des ouvertures insolites et des animations particulières, renouvelant ainsi chaque année l’intérêt des visiteurs.
Le Thème de cette année « Patrimoine culturel, patrimoine naturel » convient tout particulièrement au château de La Brède, monument historique, espace protégé, en invoquant les liens qui unissent définitivement le patrimoine sous toutes ses formes à l’environnement.
http://www.europeanheritagedays.com, explorez
Les conditions de visite et tarifs
Les visites des sites et des monuments appartenant à l'État sont généralement gratuites. Toutefois, certains établissements publics conservent un droit d’entrée payant. Le régime du droit d'entrée appliqué par les propriétaires privés, qui proposent souvent des tarifs préférentiels, est laissé à leur appréciation.
LA MENAGERIE Au XVIIème siècle ménagerie signifiait le lieu qui renferme tout ce qui appartient à la vie d'une ferme (ménage est pris dans le sens de bonne gestion).
Monique Brut, biographe de Montesquieu, nous dit que c’est suite à la vente définitive de sa charge de président à mortier que Montesquieu a fait construire cette ferme modèle pour satisfaire les gouts de son fils Jean Baptiste pour les choses de la nature. Il semble que la construction fut achevée vers 1750 . Par la suite cette ferme a été longtemps habitée par un personnel important et depuis 264 ans quelques modifications ont été réalisées.
En faisant le tour devant les façades du bâtiment, du nord est au sud ouest, nous pouvons observer :
- Le poulailler tout en élévation avec son barreaudage sur diagonale. Repérez au bas du mur gauche les clapiers dans le mur au raz du sol et les mêmes niches en hauteur pour les pigeons. Ici pour la désinfection tous les bois sont chaulés.
- Portes et fenêtres nous sommes devant des logements, avec 3 chambres à l’étage.
- Les écuries où de la porte ouverte nous voyons un plafond plâtré et lambrissé au-dessus des mangeoires et chose étonnante une trappe ovale donne dans le fenil. Ces écuries ont été luxueuses.
- En retour, les étables et les remises. Puis au centre de cette aile il y a ce double portail en lieu et place d’une grande arcature dont nous percevons encore la trace. Derrière il existe une vaste cours arrière qui ne nous est pas accessible, dans cette cours un vaste bassin maçonné avec une rampe d’accès servait soit de pédiluve au chevaux soit de lieu de stockage des fumiers. Puis nous abordons le côté production agricole avec les pièces vinaires, le cuvier avec ses 3 fenêtres surbaissées à anse e panier pour recevoir la vendange .
A l’angle des deux ailes remarquez cette curieuse ouverture à l’étage qui donne sur la partie arrière des bâtiments. Puis les ouvertures nous parlent de la fonction : à l’étage les granges et au RDC le chai. Puis comme dans l’aile d’en face des logements au RDC avec chambres à l’étage. Contigüe aux logements, et visible depuis les ouvertures sur la façade la cuisine fermière avec à gauche la chaudière pour la soupe des cochons, le four à pain, la cheminée et en face la buanderie avec ces étonnantes cuves en pierre pour la bugade . Notre étonnement continue avec la rampe d’accès à l’ étage qui monte au dessus du four ? personne jusqu’ici ne sait pourquoi une rampe aussi imposante a été réalisée alors qu’elle ne conduisait apparemment qu’à des chambres au dessus de la buanderie… Enfin en bout de l’aile sud un hangar remise d’où nous pouvons admirer l’enrayure de charpente avec ses deux arêtiers qui partent du pan coupé. Sur la face de la clôture qui n’existait pas du temps de Montesquieu un cochonnier certainement XIXème vient d’être rénové par Mr Haverlan qui exploite les jeunes vignes du château de La Brède et réhabilite en château viticole la moitié sud de la ménagerie.
Bien sûr au centre de la cour vous aurez repéré, le puits du XVIIIème et ses abreuvoirs du XIXème siècle et au pied d’un des très vieux muriers plantés par Jean Baptiste le fils de Montesquieu un regard de collecte des EP, sa grille en quart de cercle et une pierre dressée certainement support d’une pompe.
Vous-vous demanderez peut être pourquoi cet édifice est couvert en tuiles mécaniques dites de Marseille ? il est vraisemblable que les tuiles sur les deux ailes latérales devaient glisser eu égard à la forte pente des couvertures, pente due au fait que ces deux ailes sont beaucoup étroites que l’aile nord sud. Or la tuile mécanique sur liteaux apparue au milieu du XIXème siècle est parfaitement adaptée à ce type de pentes.
La LIGNIÈRE
Extrait p 69 de l’ouvrage « En passant par les Graves, Vu lu et entendu » SIGM 2013-Paul Espeut
Grande vigne au temps de MONTESQUIEU, cette propriété, qui s’appelait « Monplaisir », était une "folie raffinée de dimensions restreintes" … « un bien de campagne…consistant en une belle maison à péristyle, construite sur un chai, chambres pour les paysans, cuvier, cour, jardin, vignes, terres labourables et prairies, le tout d’un seul tenant…» (Philippe MAFFRE Conservateur DRAC Aquitaine)
De plan carré avec au nord, une cour entourée de deux communs en forme de L, sobriété et harmonie qualifient le style palladien en raison de ses lignes pures et des ornements des fenêtres et balustrades. ( Andréa Palladio 1508-1580, architecte de la Renaissance italienne, ainsi nommé en mémoire de Pallas Athéné, patronne des arts)
La façade principale est précédée d’une vaste terrasse à balustres sur laquelle on monte par un escalier en fer à cheval suivi d’un degré droit. Un second degré droit permet de monter jusqu’à un porche hors œuvre auquel on peut également accéder par des degrés rentrants latéraux ménagés entre la demeure et la terrasse.
Deux travées de baies symétriques se trouvent de chaque côté du porche ; chaque travée se compose d’une fenêtre et d’une petite baie inscrite dans la frise.
Des pilastres soutiennent les dessus-de-fenêtres ; les appuis saillants moulurés sont ornés de consoles. Le porche forme avant-corps, deux colonnes engagées dans les piles d’angle et deux colonnes libres, sans bases et à chapiteaux toscans, supportent trois arcs plein-cintre ; les baies plein-cintre des côtés du porche sont fermées par des verrières. Le dessus de la frise est garni d’une corniche à denticules.
Le 21 avril 1840, « Monplaisir » devint la propriété de Henry-Marie-Antoine-François de Paule CLOÜET, familièrement appelé Paul (1781-1862) de retour d’exil près de Gland en Suisse. Il rebaptisa le domaine du nom de sa demeure vaudoise « La Lignière ». En effet, Paul CLOÜET, issu d'une très ancienne famille de Lorraine, receveur des finances, a été destitué par LOUIS PHILIPPE en raison des prises de position politiques de son frère Louis. Le tréma sur le nom signifierait « descendant de Clovis »
Il a épousé la nièce du vicomte LAINE, avocat, député de Bordeaux, président de la chambre des députés, préfet de la Gironde à la Restauration, ministre, pair de France. Le couple mènera ici à La Lignière une vie paisible, très près de la nature. Leurs descendants en sont encore aujourd’hui propriétaires.
C’est à la Lignière que s’éteindra en 1862 le général baron Louis CLOÜET, frère de Paul. Louis participa à de nombreuses campagnes de NAPOLEON Ier, qui le fera baron. Après l’abdication de NAPOLEON, il se ralliera à LOUIS XVIII, continuera sa carrière sous CHARLES X, participant à la conquête de l’Algérie. Refusant de reconnaitre le pouvoir de LOUIS-PHILIPPE, il entrera dans la clandestinité, aidera la Duchesse DE BERRY dans un complot. Condamné à mort, il devra s’exiler pendant dix ans en Suisse, avant d’être amnistié. ( voir ouvrage de Jean Pol Puisné SIGM le général baron Louis CLOÜET )
Portrait des agriculteurs en 2025
D’après "Le monde agricole en tendance. Un portrait social prospectif des agriculteurs", CEP,( Centre d’études et de prospectives du ministère de l’Agriculture) La Documentation Française, 2012
Aujourd’hui 14 ° promenade cantonale, on se promène à travers bois, prairies, vignes…Qui sont aujourd’hui et qui seront demain les garants de la qualité de ces paysages ? Telles sont les questions auxquelles tente de répondre la récente étude de 2012 sur le profil des nouveaux exploitants agricoles et esquisse les tendances pour les années à venir.
Durant les dernières décennies, l’agriculture s’est profondément modifiée : mécanisation, régulation, mondialisation des marchés… Cette nouvelle agriculture a vu émerger de nouveaux agriculteurs dont les façons de travailler, les compétences et jusqu’à l’origine sociale, ne sont plus tout à fait les mêmes. Ainsi, pendant les quinze prochaines années, le niveau de formation et de compétences des chefs d’exploitation continuera d’augmenter : la moitié d’entre eux aura un niveau de formation secondaire, et un quart aura un niveau d’études supérieures. Cette tendance sera encore plus marquée en grandes cultures. L’enseignement agricole devrait pour sa part former les élèves à davantage de métiers divers et leur faire acquérir des compétences toujours plus variées.
En 2010, 42 % de l’ensemble des exploitants avaient plus de 55 ans. En 2025, ce seront de nouveaux agriculteurs, « jeunes et diplômés » qui seront majoritairement aux commandes. Avec une telle évolution, la conception par le milieu agricole des rapports entre exploitants et propriétaires devrait s’en trouver, elle aussi, profondément modifiée.
Si on a calculé que la surface moyenne dont dispose les 8 millions de propriétaires ruraux en France est de 7 hectares ;aujourd’hui environ 7 millions d’hectares sont exploités en faire-valoir direct et 20 millions d’hectares sont loués à des fermiers agriculteurs. Le fermage gagne du terrain…( notons que le « métayage » n’existe plus)
Selon que l’on soit propriétaire d’une terre agricole, d’un étang, d’une forêt ou d’un terrain d’agrément, que l’on soit bailleur ou exploitant, les préoccupations sont diverses et couvrent un large spectre. Un point commun entre toutes ces situations est que l’environnement juridique et règlementaire est particulièrement complexe…le paysan « illettré » d’autrefois a vécu !
Circuits de l’après midi (voir carte au 1/25000 avec ses numéros)
1= le pré de l'espérance. C'est ici que La Brède accueille ses festayres, sa rosière, ses taureaux et aujourd'hui les promeneurs du canton. De l'origine du nom écrit Lespérance sur la carte de Belleyme nous n'avons rien trouvé.
5= la ménagerie ( voir plus loin texte Piou Lacoste)
14= la source lavoir des Graves
Allez voir ce lavoir qui n'appartenait pas encore à Montesquieu mais fut récupéré par sa descendance. Remarquez la réservation faite pour les genoux des lavandières devant leur pierre à laver : curieux, certains évoquent un lavoir de montre (un faux lavoir). La source, elle, existait et alimentait les douves du château.
13= la charmille dont la visite nous est réservée
12= ici la surprise de la journée, exceptionnellement cette partie du parc habituellement privée est accessible pour découvrir l'étonnante cascade sur le Brousteyrot au pied de l'ancien moulin à une meule de la Moulinasse. Montesquieu avait l'habitude de venir s'y reposer. Cyrille Gréaume de la Réserve naturelle et géologique de Saucats-La Brède vous y attend pour vous donner les raisons de cette bizarrerie géologique.
( voir plus loin le texte de Françoise et Philippe Delpech sur l’origine et la preuve du moulin
11= le château n'est pas visitable aujourd'hui mais vous pouvez faire le tour et en vous aidant du journal, pages suivantes, imaginer son histoire et les pièces qui le constituent. Attention ne tombez pas dans les douves qui sont profondes. Vous trouverez aussi un peu plus loin un plan réalisé après le décès de Montesquieu décrivant tout le réseau hydraulique du parc ; ce plan vous aidera à en faire le tour.
2= l'église Saint-Jean-d'Etampes (saint Jean des Templiers) ; voir plus loin le texte de Piou Lacoste
3= le moulin du bourg: moulin à blé puis scierie, puis production d'électricité et électrification d'une partie de la commune en 1905.
Comme le signale la plaque murale apposée rue du moulin par les soins de l’Académie Montesquieu, Montesquieu y fut mis en nourrice (dont le nom est aujourd'hui contesté !). Remarques : sur le plan du XVIIIème le bâtiment qui fait face au moulin, marqué Q, est une grange appartenant à Montesquieu. Aujourd'hui les écuries ont fait place au Consulat du Mali où siège le consul honoraire du Mali. voir plus loin le texte de Paul-Anizan
4= la Blancherie
Juste en amont du bief du moulin un édifice fort ancien fait face à la retenue d'eau, nommé la Blancherie ; au vu des canalisations dans un chai, il est possible que se trouvait ici le lavoir du bourg et c'est ce que semble suggérer le plan du XVIIIème. Aujourd’hui château viticole connu.
6=le chalet des pins (voir plus loin le texte SIGM et celui de M. de Tournemire)
Ici le mot "chalet" mais aussi la typologie des communs abritant les écuries et le logement du palefrenier évoquerait l'intervention de Gustave Alaux, architecte du milieu du XIXème, actif à cette époque à La Brède et sur la ville d’hiver d'Arcachon, mais nous n'en avons aucune preuve.
Grand merci à M. de Tournemire qui a accepté que nous traversions son domaine aujourd'hui transformé en centre équestre modèle dont les transformations viennent d'être inaugurées.
9= le moulin de la Mole (moulin de la meule), ancien moulin à blé dont les magnifiques installations hydrauliques vont nous permettre de franchir le Saucats : attention nous sommes en domaine privé ; merci de rester dans l'emprise du passage repéré et attention où vous mettez les pieds, le sol est semé d'embûches. Ici la file indienne est de rigueur.
10= traversée de la route départementale qui sera sécurisée de 15 heures à 16 heures.
Attention chiens et vélos interdits dans le parc du château!
6="la motte des Haugueyres" voir plusloin le texte de Philippe et Françoise Delpech
Montesquieu et le vin
1689-1755 Charles-Louis de Secondat, fils de Marie-Françoise de Pesnel, Baronne de La Brède et de Jacques de Secondat de Montesquieu, baron de La Brède au décès de la baronne douairière, est plus connu sous le nom de Montesquieu, nom sous lequel il publie ses principaux ouvrages dont le très connu « L’Esprit des Lois ».
La Brède : « le plus beau lieu champêtre que je connaisse » disait Montesquieu dans une lettre du 16 mars 1752. Comme la plupart des parlementaires bordelais, Montesquieu a l’essentiel de son bien à la campagne : « il n’est pas une demeure, un champ, une vigne, une touffe d’herbe dans cette région qui n’appartiennent pas à M de Montesquieu » dira un de ses contemporains ! Montesquieu possède en effet des vignes à La Brède 11ha en blanc, Martillac 75ha avec ses propriétés de Rochemorin et de Lartigue dont les vins sont commercialisés sous l’appellation « vin de La Brède », une propriété à Baron 60ha dans l’entre deux mers d’une centaine d’hectares de vignes, 70 hectares en Armagnac à Montesquieu etc.…
Montesquieu, au delà de ses activités parlementaires et d’écrivain est avant tout, quand il est à La Brède un vigneron. Quand il évoque son vin, il affirme parler d’une « des choses du monde qu’il aime le plus ». Il est vrai qu’il en tire pratiquement les ¾ de ses revenus : « Je n’ai pas aimé faire ma fortune par les moyens de la cour ; j’ai songé à la faire en faisant valoir mes terres… ». « Dans le bordelais, la vigne peut être comparée à cette matière avec laquelle les alchimistes se vantent de faire de l’or ! »
La plupart des témoignages laissent penser que Montesquieu était un bon vigneron. Il a appris à connaître les travaux de la vigne et les aléas de la récolte : gelées tardives du printemps, orages de grêle l’été, maladies sans remèdes connus…Il participe à l’élaboration d’un questionnaire sur la viticulture en 29 questions dont certaines restent encore d’actualité : « Quelle est la manière de tailler la vigne, et quel temps ? … De quelle hauteur on la laisse ? … Combien de flèches à chaque cep et combien d’yeux on laisse à chaque flèche ? … Si l’on effeuille, et en quel temps, … si on épampre, et en quel temps ?...
A cette époque, les vignes sont plantées en « règes », c'est-à-dire en vignes basses ; elles courent sur le sol ; il n’y a pas de piquets (carassonnes). Mais Montesquieu fait replanter le terroir de Rochemorin en « plein », c'est-à-dire en rang avec un piquet pour chaque cep. Aux vendanges, il est défendu de cueillir le raisin la nuit : « de 5h du matin à 6h du soir, sans dormir à midi et sans discontinuation pour prendre le repas » ! Le Parlement de Bordeaux s’ajourne à cause des vendanges ! Il met en place l’égrappage parce que « la grappe diminue la grâce et le relief du vin », Il colle le vin. Mais les calamités agricoles sont nombreuses dans cette petite ère glaciaire, gel, grêle dévastateur en 1716, 1719, 1725, 1726, 1729, 1730, 1731, 1736, 1737, 1739…1747-1749 et ses terribles famines, sans compter les guerres (1713-1717 avec l’Angleterre et la Hollande,1733-1738 pour la Pologne, 1740-1748 pour l’Autriche) prélude à la révolution française grandement provoquée par l’éruption (1783-1785) du volcan islandais Laki.
Ses cépages préférés, parmi la quarantaine cultivés à l’époque, sont le cabernet sauvignon et le malbec pour le vin rouge, le sémillon, le muscadet et la folle blanche pour le blanc.
Il aime à se présenter en seigneur vigneron : le 18 octobre 1751, il écrit : « Je fais mes vendanges ; imaginez-vous que toute ma fortune dépend de trois jours de beau soleil ». La vinification est réalisée à Rochemorin et Lartigue
Le gout du public est inconstant, notamment anglais : « le gout des étrangers varie continuellement et à tel point qu’il n’y a pas une seule espèce de vin qui fut à la mode il y a 20 ans qui le soit encore aujourd’hui ! ».
Vigneron avisé, Montesquieu est aussi habile négociant. Il ne suffit pas de produire, encore faut-il vendre ! Le marché au 18ème siècle est déjà européen, les vins de Bordeaux sont prisés en Angleterre et en Hollande et Montesquieu a du mal à s’imposer : en 1720 un négociant de Rotterdam lui apprend : « qu’il a été presqu’impossible de vendre parce que les vins n’ont ni corps ni couleur, ce qui sont deux défauts bien essentiels ». Les anglais veulent des vins « noirs et rudes » comme les vins espagnols ! Montesquieu se bat et en profitant de sa notoriété littéraire pour faire la promotion de ses vins. En 1749, il écrit : « Le commerce de Bordeaux se rétablit peu à peu, et les Anglais ont même l’ambition de boire mon vin cette année ; mais nous ne pouvons nous bien rétablir qu’avec les Isles d’Amérique, avec lesquelles nous faisons notre principal commerce ». Mme de Mirepoix, femme de l’ambassadeur à Londres lui écrit : « j’espère que nous mettrons le vin de La Brède à la mode ; … » Pari tenu, en 1752, Montesquieu reçoit des « commissions considérables d’Angleterre pour du vin, cette année, trouvé extrêmement bon » ! Les quatre crus les plus réputés, Margaux, Lafite, Latour et Haut-Brion, négocient le tonneau à 1500/2000 livres. Le vin de Graves se vend aux alentours de 250/300 livres le tonneau. Le succès gagne Paris et les marchés se multiplient malgré la sur taxation et la fiscalité qui pèse sur le vin : « le vin est si cher à Paris par les impôts qu’on y met qu’il semble qu’on ait entrepris d’y faire exécuter le principe du divin Alcoran qui défend d’en boire ». Une loi Evin avant la lettre, rien de nouveau !!
Aujourd’hui, avec les successions, démembrements, ventes, le domaine viticole de Montesquieu est contrôlé par M Lurton (Rochemorin), l’indivision Montesquieu au Château Raymond à Baron et Dominique de Haverlan qui a reconstruit le vignoble depuis 2008 et produit vins rouge et blanc du Château de La Brède.
Alain Perret
Sources : Montesquieu Le moderne, Alain Juppé ; Montesquieu en ses vignobles, Monique Brut
AYGUEMORTE LES GRAVES (6ème promenade, Avril 2003)
Un terroir binaire : en haut, les plis des alluvions de Graves et de sable sur le sol Stampien ; en bas le lit majeur de la Garonne et le delta du Saucats et de l’Eyran. Entre les deux, une ligne de sources alimente les rouilles qui drainent la Plagne, le Brassan, la Blancherie et l’Aprée.
Sur le cadastre de 1847, 194 hectares étaient consacrés à la vigne, 49 aux terres labourables, 78 en pins, 11 aux oseraies, 8 aux pâturages et pacages, 5 en jardins, 2 en viviers, 1 en verger,21 en aubarèdes et saussaies, 3 en marais, 18 en robiniers ( faux acacias), 4 en châtaigniers, seulement 0.06 de friches et de broussailles.
Saint Clément de Coma apparaît pour la première fois dans d’anciens pouillés du XIVè siècle . La première nomination de la paroisse date de 1362 sous le règne du roi Jean le Bon. Ce n’est qu’au XVIè siècle qu’apparaît le nom d’Ayguemorte sous l’appellation de Saint Clément d’Ayguemorte. En 1563 l’église est alors une annexe de celle de Beautiran.
La seigneurie d’Ayguemorte fut détenue au XVII et XVIIIè siècle par la même famille les de Pontac puis les Saige.
L’occupation d’Ayguemorte les Graves est ancienne. Des fouilles ont mis au jour des fragments de « tegulae » ( les tuiles romaines), des monnaies du IIIème siècle, des fragments de sarcophages mérovingiens, de céramique…
Le Moulin de l’Aprée : c’est un batiment de pierre, perpendiculaire au ruisseau qui était l’habitation du meunier tandis que la « meunerie » était située à cheval sur le ruisseau. Il ne subsiste presque plus rien aujourd’hui de ce moulin.
Les Voies Ferrées : La ligne de chemin de fer qui desservait la commune d’Ayguemorte fut ouverte en 1886 et fermée aux voyageurs en 1954.
L’Aqueduc de Budos : En 1885, débutent les travaux de l’aqueduc souterrain d’une longueur de 41 km et d’une hauteur constante de 1,75m, franchissant 15 communes et s’alimentant au passage à plusieurs autres sources.
LA PROMENADE
Le Château De La Motte se situe à la limite est de la commune dont il reste aujourd’hui une agréable et typique chartreuse du XVIIIème siècle. La demeure est construite à la limite des 2 communes d’Ayguemorte et de Beautiran, limite qui passe au milieu de la pièce principale. Cette maison noble était le siège de la baronnie de Beautiran, de Amanieu de la Mothe en 1391.
Le Cimetière : Sur le versant nord ouest du cimetière se trouve la tombe la plus ancienne, celle du chevalier Castelnau d’Essenault.
La Plagne : Le chemin rural qui longe le cimetière et s’enfonce dans le sous-bois mène à de grands bassins où il y eut, encore au XXè, des viviers. En effet, nous sommes dans le plein lit majeur de la Garonne ( environ 2m en dessous du niveau de l’eau).
Le Saucats : Devant le pont du Verduras, la digue du Saucats surplombe les prairies et l’on peut surprendre les hérons, puis continuation vers Chamarel ( qui fut peut-être, autrefois, un monastère).
Le Haras se situe à Chamarel, cette propriété s’appelait autrefois Domaine de Métivier. Le haras abrite entre 80 et 100 chevaux.
Les Agnelages : La bergerie est située près du haras, les moutons et brebis vont paître dans les prairies du palus. Nous quittons la bergerie et passons devant de nouvelles sources et par le lieu dit « La Fontaine », puis, rejoignons l’église
L’Eglise St Clément de Coma : Elle est constituée d’arcs segmentaires, de fenêtres rectangulaires, son clocher est surmonté d’une croix à double traverse, son vitrail situé derrière l’autel est daté de 1859.
Les Cressonnières : A Mouniche, sur la route de Thion, on descend vers une source bâtie en ancien lavoir qui alimente des cressonnières. Nous sommes au lieu dit « La Blancherie ».
Le Moulin : les promeneurs prendront l’ancienne route de Beautiran à La Prade, passeront devant Thion pour rejoindre le chemin creux qui longe le versant du St Jean D’Etampes jusqu’au Moulin de l’Aprée. De ce moulin, il ne reste que la maison du meunier, les traces des axes des roues horizontales dans le lit du ruisseau et les restes de solins sur le mur nord.
Saint Gérome : Nous remontons le coteau des Graves vers le Château d’Ayguemorte , ancienne maison noble Gérome, devenue St Gérome au XIXè.
Château Méjean : En nous dirigeant vers le Château Méjean, nous nous trouvons entre l’aquduc de Budos, dont on voit un regard, la VIF et l’ancienne voie royale aujourd’hui nationale 113.
Les Gravières : Suivons le tracé de cette voie ferrée qui, d’Hostens à Beautiran, a transporté les hommes et les bois des Landes vers la Garonne.Les gravières sont abandonnées et reconquises par les pins et les acacias.
CABANAC et VILLAGRAINS (4ème Promenade, Avril 2001)
Est la commune la plus étendue du canton de La Brède après Saucats et une des moins peuplée. Nous sommes ici aux confins des graves dans les Landes Girondines, faisant partie des Landes de Bordeaux qui, avant la création des départements, s’étendaient de Bordeaux à l’Adour.
Origine du nom :Cabanac : c’est le lieu des cabanes (du latin capanna qui veut dire cabanne et du suffixe acum qui désigne un lieu).
Villagrains :Supposons la ville à grains, la ville où se tenait la foire aux grains ??
Histoire du Paysage :
Une Lande au sol de sable parsemé de lagunes. La molinie, la bruyère et les ajoncs constituent l’essentiel de la flore, quelques pins sont cantonnés dans les parties les plus saines, on ne trouve des feuillus que le long des ruisseaux, principalement le chêne (tauzin et pédonculé) et l’aulne.
Sous Napoléon III, ce paysage commença à se transformer : la lande disparut au profit des pignadas.
De nos jours une technique moderne de sylviculture,( culture des arbres forestiers), la ligniculture transforme à son tour les pignadas et le paysage : longs alignements de pins, ont entraîné la disparition de son étage forestier que constituaient le chêne tauzin, la bourdaine, le houx etc…
Histoire des Eglises :
Saint Jean de Villagrains fut d’abord l’église principale des temps antiques. Saint Martin de Cabanac étant pendant le haut moyen age une de ses annexes. C’est vraisemblablement au XII siècle que St Martin ravit la primauté à sa voisine. De ces deux églises romanes il ne reste presque rien.
En 1860 un projet de déplacement des 2 églises est approuvé. La nouvelle église St Martin de Cabanac fut reconstruite en 1865, à l’ouest, à la place du portail, c’est ainsi qu’elle n’est plus orientée.
L’église St Jean de Villagrains fut reconstruite de 1879 à 1882 à Haut Villagrains et comme à Cabanac, cette nouvelle église n’est pas orientée.
Par contre la petite église St Jean conserve un joyau du passé du vieux bourg : une cloche de 1544.
Le Chemin de Fer :
La ligne qui s’étendait sur 34.2 km et qui desservait les communes de : Beautiran- St Medard- - Ayguemorte- La Brède - St Morillon – Cabanac et Villagrains, fut ouverte le 1er Février 1886.
Elle fut fermée aux voyageurs en septembre 1954 et aux marchandises en novembre 1978. De cette voie ferrée dite ligne de chemin fer économique, il subsiste les deux gares une à Cabanac et l’autre à Villagrains. Cette voie désenclavait les landes et permettait aux exploitants forestiers d’expédier bois et résine au port de Beautiran.
A noter que cette ligne suit la vallée du Gua-Mort et, selon un historien, elle reprendrait un ancien passage préhistorique reliant Biganos-Hostens-Beautiran seule voie qui évitait les marais entre Garonne et le Bassin.
Le Conseil Général de la Gironde doit transformer le tronçon Hostens- La Brède en piste cyclable, il sera alors possible d’aller en vélo de La Brède à Arcachon ou à Bazas.( Le tronçon La Brède Hostens est réalisé en 2021)
Le Gat Mort ou Gua Mort ou Calemort :
Le Gat Mort est un ruisseau typiquement Landais : fond sableux, pente faible, cours sinueux, vallée en V mais lit mineur étroit et encaissé, débit faible en moyenne mais crues importantes, eau couleur rouille (ferrugineuse). Il prend sa source au marais d’Hostens et se jette dans la Garonne. De nombreux moulins jalonnent son cours, il es classé 1b « eau de bonne qualité » et il est le deuxième cours d’eau à priorité piscicole et halieutique de l’ensemble des affluents rive gauche de la Garonne.
L’origine de son nom :
Gua Mort date du XVIII siècle et trouve son explication dans :les Variétés Bordelaises (1876) de l’abbé Baurein. Il y a lieu de penser que ce ruisseau est le même que celui de Calemort, dont il est fait mention dans les rôles gascons de l’an 1342. On soupçonne que le nom de Calemort pourroit avoir été donné à ce ruisseau, à l’occasion du supplice de la cale jusqu’à extinction de vie, qu’on y exerçait contre les criminels qui avaient été condamnés. Cette pratique, toujours d’après Baurein, était courante chez les Celtes et chez les Français. Elle était en usage à Bordeaux pour les femmes de mauvaise vie. En 1357 une femme noble a bien été noyée à Lesparre dans les mêmes conditions.
Les Moulins :
Tout au long du Gat Mort s’échelonne de l’amont vers l’aval : l’ancien moulin de Timide, le moulin de Peyot ou Marquillot, le moulin de Lapujade ou Bouet, ceux de Martinet, Lusié, Gandeys, Moussurot, Lacanau, Pommarède et celui de Beautiran qui fut transformé en papeterie.
On a moulu la farine, grâce aux moulins depuis plus de deux mille ans. Au début du XIXème on estimait qu’un moulin fournissait de la farine pour 180 à 290 personnes. Les XI et XII siècles, voient les moulins à eaux envahir tous les fleuves et rivières pour servir aux usages les plus divers. : broyer le chanvre, foulonner les draps, râper les pommes pour le cidre, écraser l’écorce de chêne, scier le bois ,souffler la forge et battre le fer (ou le cuivre comme au Martinet à Cabanac), préparer le papier…
A partir de 1860 les moulins commencent à disparaître, en 1935, une réglementation les achève en fixant des quotas de farine. Les moulins du Gat Mort ont sûrement fini dans cette période là en broyant du maïs pour les animaux.
Les Lavoirs :
Les lavoirs apparaissent dans la seconde moitié du XIXe, en même temps que les bains publics quand l’eau devient l’objet d’une attention accrue car elle est reconnue comme véhicule d’infection. Auparavant, les femmes allaient laver le linge à la rivière, à l’étang ou à la mare communale, l’eau étant souillée et servant à de multiples usages, on détermine donc des lieux nouveaux et spécifiques pour faciliter le travail des femmes.
C’est ainsi qu’en 1851, l’Etat vota un crédit de 600 000 francs pour aider les communes à s’équiper de lavoirs.
Un lavoir, situé dans le bourg de Cabanac et Villagrains, à côté de l’église, est alimenté en eau potable.
LEOGNAN (2ème Promenade, Avril 1999)
LA TECHNOPOLE MONTESQUIEU ( à Martillac)
Suivant l’exemple de Sofia Antipolis qui proposait de rassembler des industries de pointes dans un site rural et mettre des chercheurs au cœur de la forêt et de la vigne. Le site est inauguré en 1990. Actuellement 42 entreprises sont installées sur ce site . ( en 1999 mais en 2021 une centaine d’entreprises dans les filières des biotechnologies, des écotechnologies, du numérique électronique et de la viti-viniculture) .
LE LAC BLEU
Fut racheté par la commune en 1995 et aménagé, c’est une propriété de 18 hectares, dont 5 environ en plan d’eau. Au départ du Lac Bleu, les sentiers offrent de nombreuses balades, à pied ou en vtt.
Les enfants « navigueront » sur le lac à bord de mini-répliques de bateaux.
LES CHATEAUX à Léognan :...et le long de la promenade
Château FIEUZAL : Autrefois appartenant aux La Rochefoucault cette terre porte le nom de la famille Fieuzal propriétaire jusqu’en 1851. AOC Pessac-Léognan.
Château HAUT-BERGEY : Ancienne propriété de Messire Cresse , dont les vins furent qualifiés au XVIè par Rabelais de « galants et voltigeants ». C’est un château digne des constructions de Louis II de Bavière. AOC Pessac-Léognan.
Château DE FRANCE : Faisant autrefois partie de la Seigneurie d’Olivier. Ses seconds vins s’appellent « Bec en sabot » et « Ganga Cata », nés de la passion des nouveaux propriétaires, pour les oiseaux.
Le Domaine de LA SOLITUDE (à Martillac) : La Solitude abrite la Congrégation de la Sainte Famille dans un lieu calme propice à la méditation. Mais c’est aussi un château viticole exploité par le Domaine de Chevalier. AOC Pessac-Léognan.
Château LA TOUR MARTILLAC (Martillac)-Construit par les ancêtres de Montesquieu, ses cépages de blanc, ont fait la renommée de ce château. AOC Pessac-Léognan.
Château HAUT NOUCHET (Martillac)-Une propriété du XVIIIè cultivée en agriculture biologique . AOC Pessac-Léognan
Château BICHON CASSIGNOL (La Brède) -Le nom du château vient du premier propriétaire Mr Bichon et du ruisseau qui longe la propriété. AOC Graves.
Château BARON DE MONTESQUIEU (La Brède) - Les vignes sont situées autour du château des Fougères. Le baron Henri de Montesquieu, descendant direct, en est le propriétaire exploitant ( en était car il est décédé en 2021- château acheté en 2010 par la famille Coutière ) . AOC Graves.
Château MAGNEAU (La Brède) -Les propriétaires exploitant appartiennent à une famille de viticulteurs depuis Henri IV. AOC Graves.
Château MERIC (La Brède)-Agriculture biologique. Qualification Ecocert, titulaire Nature et Progrès. AOC Graves.
Château PLANTAT (St Morillon)-Avec ses 80 mètres de façade, les bâtiments de Plantat abritent logement et chais. AOC Graves.
Château LE TUQUET (Beautiran)-Très ancien domaine implanté dans un site préservé autour d’une chartreuse. Ancienne propriété de Charles de Foucault. AOC Graves.
Château DU BARQUE (St Selve)-Le nom provient de parcelles situées sur la commune d’Ayguemorte où la Garonne passait autrefois. AOC Graves.
Château CRUZEAU (St Médard d’Eyrans)-AOC Pessac-Léognan.
AVIGNON (La Brède)
C’est un petit hameau fort ancien, un lieu de sources. Avignon vient de vigneau : un lieu planté de vignes.
Le MOULIN de LUZIE (St Morillon)
Ce moulin a été acheté par Montesquieu en 1754 au marquis de Landiras. Il s’agissait d’une maison noble avec moulin à eau à deux meules. Le cadre est pittoresque, une plage à été aménagée près du moulin. Les meules sont encore visibles dans la vase du ruisseau.
MATALIN (St Selve)
Au Moyen Age Matalin faisait partie d’un ensemble de « lieux-dits », constituant un quartier de St Selve sous l’appélation Saint Antoine de la Palomeyre. L’actuelle maison de Matalin conserve de très beaux vestiges du XVII et XVIIIè siècle.
MARTILLAC ( 5 ème promenade- Avril 2002)
Dans une vallée jonchée de coquillages, faluns du tertiaire, un temple romain dédié à Mars, des lieux dits très « Maures » attestant le passage ou le campement des sarrasins, une église du XIIème, des vignes connues dès le XIIIème siècle, la meilleur production de vin de Montesquieu à Roche Morin ; au XIX , fuyant les fievres du Médoc, les sœurs de la Sainte Famille créaient le Domaine de La Solitude ; Le XXème siècle voit exploser la culture du muguet, l’appellation Pessac Léognan succéder à la renommée des grands crus des Graves ; puis ce fut la Technopole Montesquieu qui mit Martillac sous le feu de l’actualité avec l’arrivée des sciences appliquées ; enfin ces dernières années, la vinothérapie des Caudalies pousse Martillac sur le devant de la scène mondiale.
Les châteaux ayant le souvenir de Montesquieu :
- Le Domaine de LARTIGUE : était la propriété personnelle de Madame de Montesquieu, la maison de style XVIIIème se dresse au milieu d’un parc à deux entrées, si une de ces entrées est récente, on peut admirer le portail en fer forgé du XVIIème de la seconde.
- Le château FERRAN : treize hectares, la demeure est bâtie sur des terres qui appartenaient autrefois à LARTIGUE.
- Le château LA TOUR MARTILLAC : 32 hectares, est un ancien domaine ayant appartenu à la famille de LARTIGUE. La tour ronde au toit pointu qui se dresse isolée au milieu de la cour d’honneur, et à laquelle il doit son nom, est ce qui reste d’un ancien fortin du XIIème siècle ( qui faisaient partie des défenses avancées du château de LA BREDE ? )
- Le Domaine de ROCHEMORIN : 83 hectares, appartint au XIVème siècle à la famille de LA LANDE ( épouse ancêtre de Montesquieu). La ferme date vraisemblablement de cette époque, elle est fortifiée et possède des murs a créneaux, les encadrements de portes et fenêtres sont du XVIIème et le portail de fer forgé du XVIIIème siècle
Les châteaux viticoles sont nombreux, ce sont essentiellement des petites propriétés dont très peu dépassent la cinquantaine d’hectares, les vins ont l’appellation Pessac Léognan.
- Le château MIREBEAU : cinq hectares, fût la propriéte d’une petite fille d’Alexandre DUMAS
- Le château LESPAULT : sept hectares, très joli manoir du XVIIIème siècle.
- Le Domaine de MALLEPRAT
- Le château LAFARGUE : 18 hectares
- Le château LAGARDE : 48 hectares
- Le château HAUT NOUCHET :
- Le château SMITH HAUT LAFITTE : 55 hectares ?
- Le domaine de LA SOLITUDE : 25 hectares, pas seulement domaine viticole, abrite également les sœurs de la congrégation de la Sainte Famille, à vocation contemplative et apostolique. La Solitude est un lieu calme propice a la méditation et à la prière. Dans le parc, on trouve la fontaine Notre-Dame, un ruisseau « le Martillac » dont le tracé forme une île . Le père fondateur (Bienvenu NOAILLE) décédé en 1861 est enterré dans la chapelle. Un petit cimetière réservé aux sœurs se trouve sur le domaine.
- L’Eglise : de l’église ancienne il reste le chœur pur roman, les modillons du chevêt sont remarquables par leurs ciselures et sur le mur Sud, on distingue encore la trace d’un ancien blason, hélas illisible. Cette église a été en partie reconstruite au XIXème siècle, le clocher néogothique a été construit en 1880,
Les principales ressources de Martillac sont le Vin et le Muguet .
Martillac est en effet après Nantes, la deuxième ville de France productrice de Muguet.
La majeure partie de la production du muguet de Martillac est distribuée à Rungis.
Les promenades dans MARTILLAC :( autorisations obtenues pour ces circuits pour le jour de la promenade )
- Circuit de l’ Hermitage : calme et paix dans les sous bois, occasion de suivre le tracé de l’aqueduc de Budos
- Circuit de SMITH : grands paysage ouverts, dans les vignes. Découverte de l’architecture reconstitué des Caudalies, ainsi que des sculptures qui se dressent au dessus des rangs de vigne.
- Circuit de La Salle : vous permet de monter sur une colline, d’ou vous découvrirez un étonnant point de vue dominant les Caudalies et le château SMITH HAUT LAFITTE.
- Circuit du Carrelet : la petite ferme de Carrelet était autrefois une métairie qui abritait les ouvriers agricoles de ROCHEMORIN.
- La Solitude : Nous sommes ici dans un lieu de recueillement, dans un jardin sacré, une église a ciel ouvert. Ce grand parc, ses sculptures, ses canaux et son île. Nous passons près du chêne plusieurs fois centenaire, et tout en tournant autour de l’île nous découvrons des statues blanches qui représentent différents saints et saintes. Ne manquez pas la remontée du fond du parc vers les chais du Vigneau du Haut, à gauche au fond, les pins francs du parc, au premier plan, source et lavoir, serre et jardins.
- Circuit des grandes vignes : en quittant la solitude nous traversons un lieu bas, garni de sources, autrefois forêts et marécages, aujourd’hui plantés de muguet. Puis nous franchissons le ruisseau de la Cape, père du Martillac. Sous nos pieds, les premiers coquillages. Remontant vers les ruines de Menaut et longeant un fossé, nous découvrons la fontaine de Menaut et les faluns que nous foulons au pied. Nous quittons les vignes de La Solitude pour traverser celles de Smith Haut Lafitte, puis ayant traversé la route départementale qui relie Martillac à Léognan, nous voici dans les vignes de Rochemorin. La maison forte chère a MONTESQUIEU se dresse devant nous. C’est ici qu’il réalisait son meilleur vin et que sa femme mettait au monde Jean Baptiste et Marie de SECONDAT. En faisant le tour, nous pouvons jeter un œil dans la cour chargée de tant de souvenirs.
- Circuit de Budos : nous sommes ici loin des vignes des célèbres domaines, mais nous pouvons apprécier la diversité naturelle qui caractérise Martillac. Tout le long du parcours, nous croisons des chemins de terre, des forêts, des puits, des champs de muguet, du bocage. Après les prairies au dessus de l’aqueduc, nous traversons les quartiers neufs, puis le ruisseau du Martillac qui prendra le nom de Cordon d’Or pour se jeter dans la Garonne.
- Circuit tradition : l’église, château Lantic, château Lartigue, château Ferran, château La Tour.
A l’église, voir les chapiteaux romans près du chœur. En partant, faire quelques pas dans « le jardin des amoureux » et jeter un oeil sur les modillons de l’abside romane. En longeant la route, entrez dans l’allée de Lartigue, splendide portail, à droite les chais XIXème , en face la chartreuse ou est née Jeanne de Lartigue, épouse de Montesquieu. Prendre la direction de Ferran, a gauche vous voyez des cèdres, et derrière, un grand pin maritime agé de 150 ans qui est encore debout. C’est le seul survivant des plus grands pins d’ Aquitaine qui ont fait autrefois la réputation de ce parc. A gauche les chais et le cuvier eux aussi typiquement XIXème, au bout le château lui même et les anciens chais en reconstruction. Tournons a droite dans les vignes pour remonter vers La Tour Martillac. Petit a petit, le paysage s’ouvre, a gauche on voit très loin, nous sommes au cœur des vignobles les plus prestigieux, sur les anciennes terres de Montesquieu. Nous arrivons à l’entrée de La Tour au pied d’une croix qui marque le bord de la route.
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Les Bornes dites « de Montesquieu » à Martillac
Peut-être avez vous remarqué sur votre parcours pédestre traversant la commune de Martillac, la présence de bornes en pierre dressées au bord d’anciens chemins ou en pleine lande. Les Martillacais les désignent par le vocable de « Bornes de Montesquieu ».
Charles de Secondat, écrivain et philosophe, connu sous le nom de Montesquieu (1689-1755), originaire de La Brède, possédait entre autres titres ceux de Seigneur de Montesquieu et de Baron de La Brède. Ces titres honorifiques correspondaient en fait a une réalité foncière. Rappelons avant tout ce qu’était une seigneurie et une baronnie au 16ème et au 17ème siècle : le mot « seigneurie » désignait une propriété composée d’un domaine foncier ou « terre » et d’un « fief » qui n’appartenaient pas forcement à la même personne( noble ou roturier) . Le fief était un ensemble complexe de droits sur les hommes et la terre, en particulier le droit de justice (haut, moyenne ou basse). Le droit de banalité était celui par lequel le seigneur pouvait contraindre ses sujets à utiliser, le four, le moulin et le pressoir banaux et se rétribuait en prélevant une partie des produits. Seigneurie et communauté paroissiale ne correspondaient pas toujours car le territoire d’une seigneurie pouvait être groupé ou éclaté géographiquement ( du fait d’alliances successives depuis le Moyen age). Une seigneurie pouvait donc recouvrir plusieurs paroisses et inversement, une paroisse pouvait avoir plusieurs seigneurs ( c’est le cas de la paroisse de Martillac). Ceci explique pourquoi il est toujours difficile de nos jours d’énumérer de manière exhaustive les terres composants une seigneurie. Tout seigneur qui réunissait sous sa domination, les droits de justice de plusieurs paroisses ou terroirs, attachait, suivant un usage reçu, le titre de Baron à son nom. Le terme de Baronnie désignait les seigneuries et les terres d’un baron et prenait le nom de là ou il faisait sa résidence principale ( c’est le cas de la Baronnie de La Brède).
La Seigneurie de La Brède, partie de la Baronnie de Lalande créée par Jean de Bordeaux (appelé plus tard Jean de Lalande), s’étendait sur une partie des paroisses de Cadaujac, Villenave d’Ornon et la partie sud de celle de Martillac. La ville de Bordeaux avait acquis les terres du comté d’Ornon en 1409. Sur la commune de Léognan, Bordeaux possédait donc des terres contiguës à celles de Martillac dont Montesquieu avait hérité de ses ancêtres maternels Lalande.
Des recherches sur le terrain ont permis à ce jour de retrouver 18 bornes entre les communes actuelles de Saucats, La Brède, Léognan et Martillac ( 6 d’entre elles ne sont plus en place et/ou sont cassées en deux morceaux).
Nous n’évoquerons ici que les 10 bornes en relation avec Martillac : les bornes sont taillées dans un matériau classiquement utilisé dans la région: le « calcaire à Astéries ». Il s’agit d’un calcaire sableux d’origine marine, daté d’environ 30 millions d’années, riche en débris d’oursins et d’étoiles de mer.
Orientées dans l’espace, ces bornes possèdent 2 faces gravées d’un symbole ou d’un monogramme indiquant l’appartenance des terres vers lesquelles ces signes étaient tournés.
SAINT MEDARD D’EYRANS (3ème Promenade, Avril 2000)
L’HISTOIRE
Au nord de St Médard s’élevait une « Villa gallo-romaine » datant du Ier siècle et détruite vraisemblablement au Ve, lors des invasions. Il fut trouvé sur son emplacement des fragments de poterie et des monnaies et sur ce même site, des traces plus anciennes, telles que des silex et des poteries néolithiques.
A la villa gallo-romaine ont succédé le château d’Eyrans et sur la motte voisine, le château Lamothe. Dans ce château fut découvert une statue du Ier ou 2e siècle, il s’agit d’un jeune homme accompagné d’un enfant, est-ce la représentation du Dieu Mercure accompagné de l’Amour…Ces vestiges sont au Musée d’Aquitaine à Bordeaux.
En 1805, une autre trouvaille émerveilla les habitants, la découverte de deux sarcophages en marbre de Paros. Leur décoration est somptueuse, faite de scènes mythologiques ; le premier représente la légende de Endymion et Sélène. Sur le deuxième est gravé la légende de Dyonisos découvrant Ariane endormie dans l’île de Naxos. Ils sont exposés au Musée du Louvre et dateraient de la première moitié du troisième siècle.
Les anciennes armoiries de St Médard d’Eyrans sont visibles dans l’église et la mémoire de son riche passé a été en partie conservée. En effet deux des principales routes de pèlerinage au Moyen-Age, St Jacques de Compostelle et Jérusalem, se croisaient là et une maladrerie fondée par les Templiers existait au nord du village. L’ancien blason était composé de : Deux grenouilles soutenant l’écu ( les grenouilles étaient très nombreuses dans les marais de St Médard). L’écu est divisé en quatre quartiers, le premier porte la croix de Jérusalem, le deuxième deux crosses, le troisième le bâton du pèlerin avec les deux coquilles St Jacques, le quatrième le globe surmonté d’une croix. Saint Médard était un évêque de l’époque Mérovingienne.
L’EGLISE de SAINT-MEDARD D’EYRANS
Saint Médard était un évêque de l’époque Mérovingienne.
La petite église romane de St Médard date du XVIIè et fut restaurée au XIXè, elle s’élève sur un tertre à proximité d’un petit ruisseau, le Milan.
Dans la sacristie, deux anciens vitraux de couleur rouge en forme d’écu rappellent les éléments qui composent le blason. Dans le chœur, deux colombes qui entourent un calice semblent être une décoration unique dans la région.
LES CHATEAUX ( de la promenade)
Le Château CARBONNIEUX à Léognan. Le vignoble apparaît en 1234 comme propriété des Carbonnieux. Le corps de logis possède une vaste salle décorée de peintures qui rappelle la première maison, relais de chasse des rois d’Angleterre, dite "maison noble".
Le Château BEL AIR à St Morillon. En 1777 Louis Dufaure de Lajarte achète « un bourdieu du nom de Bel Air de Bellevue », restaure le vignoble et commence la construction de l’actuelle château. Un pigeonnier y fut rajouté au XIXe, vers 1900 le parc fut agrémenté de nombreuses sculptures et d’une vaste pièce d’eau.
Le Château de CADAUJAC. Construit fin du XVIIIe pour Mr De Saige, baron de Beautiran est d’une architecture classique. Il se situe dans un parc d’où l’on accède par un portail en fer forgé du XVIIIe particulièrement bien conservé.
Les Sources de CAUDALIES. Cette innovation née de la rencontre d’un chercheur Italien en colloque à la Technopole Montesquieu et de la famille Cathiard rassemble en un même lieu les plaisirs de la table et les soins corporels.
Château Le Tuquet
par Marie-Thérèse Ragon et Frédéric Durand
Le Tuquet et son vignoble figurent déjà sur les cartes royales de Belleyme au début du XVIIIème siècle, ce qui prouverait qu'un plus ancien bâtiment existait déjà à cette époque, construit sur un petit monticule d'où son nom, en vieux français signifiant petite hauteur.
Les terres s'étendent du Nord au Sud entre l'ancienne route de Bordeaux à Langon et la D1 de Castres-Gironde à Saint-Selve. Au centre, le groupe des constructions domine la vallée du Gât-Mort. Un portail monumental de style néo-classique donne accès à une allée à travers les vignes qui conduit à un second noble portail en fer forgé de même style. Ce dernier ouvre sur une cour devant le logis à l'arrière duquel un parc aux massifs bien ordonnés possède des vestiges de fossés visibles de chaque côté de l'entrée. Au fond du parc se trouve un petit lac : une retenue d'eau en avant du Gât-Mort. Une petite chapelle du début du XVIIIème siècle, sur la gauche de l'entrée, sert d'entrepôt. Ses fenêtres et ses vitraux du côté Sud furent restaurés au XIXème siècle. Une imposante cour sur le côté ouest est bordée de nombreux chais. Les premiers communs doivent dater du XVIème siècle ou du début du XVIIIème siècle, puis ils furent agrandis au XIXème siècle.
La chartreuse fut construite vers 1730 dans le style néo-classique de l'époque. La façade sud, embellie par Victor Louis vers le milieu du XVIIIème siècle, comporte un escalier à double volée donnant sur une terrasse. La toiture est agrémentée de 4 chatières. Au nord, un petit escalier-perron est d'un style différent. La toiture est surmontée de trois chatières, ce qui crée un léger déséquilibre.
Les œils-de-bœuf pourraient provenir des mansardes du premier bâtiment.
Une lettre du 16 Messidor An II nous apprend que le château appartenait alors à Elisabeth Sterlin, veuve d'Ignace André Boudin, homme de loi condamné à mort le 15 Nivôse An II (Archives Départementales, Q 1550). La famille Boudin était très puissante et c'est certainement un de ses membres qui a fait construire la demeure. Elle possédait également la métairie du Rocher sur la commune de Castres-Gironde. Confisqué comme bien national, il est confié à un fermier puis revint à sa propriétaire à partir de l'An II. La propriété comprend alors une « superbe maison de maître, bâtiments, 151 journaux 10 règes dont 90 journaux 21 règes de vignes ».
En 1840, M. Davezies, propriétaire du domaine, récoltait 25 à 30 tonneaux de vin. Puis M. de Sarraud en 1869 en produisait de 60 à 80.
Dans les années 1880, le domaine est acquis par la famille Moitessier, dont Inès Moitessier, née de Foucauld de Pontbriant, est restée connue par une série de portraits peints par Dominique Ingres. Elle était la fille d'un haut fonctionnaire, l'épouse d'un riche banquier du Second Empire et la tante de Charles de Foucauld, qui séjourna au Tuquet à plusieurs reprises avant son départ pour le Maroc .
C'est sûrement cette famille qui fit édifier la partie Nord du cuvier, les bâtiments orientaux des communs et les deux chalets aujourd'hui disparus qui encadraient le grand portail.
Ce fut également la maison natale de l'écrivain universitaire René Pomeau (20 février 1917-26 février 2000), propriété de son aïeule maternelle, où sa mère avait trouvé abri tant que son mari demeurait au front. Résistant, il fut l'un des fondateurs de « la Charente libre » à la Libération. Il demeure un des grands spécialistes de Voltaire et des écrivains des Lumières.
C'est en 1931 que sa grand-mère vend Le Tuquet.
Le domaine a appartenu ensuite à une grande maison du négoce bordelais, les Cordier. Il fut racheté en 1963 par la famille Ragon, dont Paul et sa fille Alice de La Haye sont actuellement propriétaires.Tuquet dispose actuellement de 3 200 hl de cuverie inox , avec thermorégulation de l'ensemble de la cuverie et climatisation des locaux de stockage.
Graves rouge et Graves blanc.
Il est reconnu depuis longtemps comme un des plus importants domaines viticoles de la région des Graves. Dans la première édition du Féret (Ch. Cocks 1868), Le Tuquet est classé premier vin de la commune de Beautiran, ce qui sera confirmé par les éditions successives jusqu'à aujourd'hui. Guillon en parle en ces termes en 1869: « Le Tuquet dont les vins ne manquent pas de distinction, ont le premier rang dans la commune."
Un domaine viticole et son environnement saccagés:
Ancien domaine de 120 ha d'un seul tenant, avec un vignoble de 55 ha, un ensemble architectural remarquable, des bâtiments du XVIème au XXème siècle, une chartreuse XVIIIème , avec façade sud Victor Louis, un parc de 5 ha avec étang sur la vallée du Gat-Mort .
Le couloir retenu pour le tracé impacte Le Tuquet sur 3 km et 40 hectares:
En façade, destruction de la vigne, de la perspective et de l'image du vignoble depuis la D 1113, avec le problème du passage surélevé de la route. A proximité des bâtiments, du château et des chais : nuisances et dépréciation .
Destruction de la vallée du Gât-Mort, classée Natura 2000, de la forêt. Occupation de terrains de qualité A.O.C. sur les parcelles de Bellefont et Rocher (ancienne Métairie du Rocher) ; coupure en trois morceaux de l'exploitation.
Isle-Saint-Georges vient d'un archipel d'îles dans le lit de la Garonne, Brésil*, l'ilaire, la isla en Arruan et les Ilets de Botaric (Boutric)* et Rabey*. Archipel qui permettait de traverser enfin (premier passage à gué depuis l'estuaire) la Garonne à gué lors des basses eaux.
A ce gué (arruan) arrivait depuis le néolithique le chemin de Biganos, Hosteins, Cabanac, Beautiran qui suivait le cours de la Leyre puis celui du Gua Mort pour aboutir en Arruan. * voir toponymie
TOPONYMIE
Les Agues : de aygue, l'eau, ou bien de agues, herbes des marais en gascon.
Lancrey :( ancrage) : port de St Médard dans l'estuaire de l'estey d'Eyrans.
La Grande Artigue , en gaulois "artiguar" , défricher.
Balach : "les chaumes".
La Blancharde : toile blanche et légère
Bos : le bois.
Boutric du germanique, de "Boot" = messager et de "Ric"= riche, puissant.
Le Brassan, "brassier": qui travaillait la terre à la main, ou plutôt avec les bras
Le Brésil (Grand et Petit) , bois rouge qui a donné son nom au pays du Brésil, et aussi gros sable ressemblant à des braises (brazil).
Aux Camps veut dire "Aux champs" en gascon
La Cape ; "le cap", à l'extrémité d'une ancienne île ; point de repère pour marins; il fallait mettre "à la cape", c'est à dire baisser les voiles...
Le Cayat du bas latin "caya" la maison.
Chemin du Cordonnier un maître-cordonnier, Guilhem Daure, mort en 1698.
Ferrand . ferrant, abréviation de maréchal-ferrant.
Les Gravettes cailloux qui abondent dans le sol.
Guingant un homme qui marche de travers.
Ile de Lalande, ancêtres de la mère de Montesquieu
L'estey de l'Ins , herbes aquatiques sans aucun rapport avec le lin véritable .
Lauriole le loriot, ou l'oiseau jaune couleur de l'or...
Lilaire ancienne petite île.
Terre de la Manufacture, appartenait à l' Hospice de la Manufacture à Bordeaux;
Montigny : la famille Hénault de Montigny fit bâtir cette belle maison noble au XVII °siècle , habitée au XVIII siècle par Charles Cornic-Duchesne, capitaine de vaisseaux du roi et célèbre corsaire.
Palanque Longue : un pont sommaire jeté sur les ruisseaux (la planche).
La Villa Pelletan, style classique du I8ème siècle, actuellement groupe scolaire ;
Peycoulin de Pey, Pierre en gascon, et de Coulin , ou colin le pot de chambre ...
Le Plantey terre où l'on plantait de jeunes plants de vigne.
Pomirol ; famille Pomirol.
Pontcastel : maison noble au XVI ° siècle fondée par l'armateur bordelais Jean de Poncastel, l'un des promoteurs du mouvement protestant à Bordeaux
Le Rabey : le "ravier" : terre plantée de raves, légumes très utilisés autrefois.
Le Suisse :habité par un citoyen suisse ou bien un Suisse d'église .
Teste Rougey , Tête Rouge une personne aux cheveux roux.
La Tour, La Thau en gascon prononcé " la tahou ", en anglais " tower ".
Le Treisson plage en gravier , on tirait le filet,le treisson, avec treize hommes.
Le Treytin terre asséchée grâce au treyte, sillon transversal aux rangs de vigne pour permettre l'écoulement des eaux de pluie , traïance, action de tirer, de traire.
Le Tronc un tronc d'arbre servant de passerelle sur la rouille...
Turpaut signifie soliveau.
Le Verderas du nom gascon verdura , verdure; les bois étaient contrôlés par un "verdier", "garde forestier"
Le Vigneau / Les Vignottes , les vignottes étant plus petites que le vigneau...
Jean des Vignes d'après le Littré, un "Jean des Vignes" est un sot, un malbâti
La Villa Verdelet, famille de notaire et de négociant en vin bordelais
Toponymie à ISG d’après le site de Bertrand Meallet
* Boutric du germanique, "Boot" messager et "Ric" riche, puissant.
* Brésil (Grand et Petit) , bois rouge qui a donné son nom au pays du Brésil, et aussi gros sable ressemblant à des braises (brazil).
*Peycoulin de Pey, Pierre en gascon, et de Coulin , ou colin le pot de chambre …
* Rabey le "ravier", terre plantée de raves, légumes très cultivés autrefois.
* Turpaut signifie soliveau.
LE CHATEAU d’Isle-Saint-Georges : Le cadastre « Napoléon » du 12 brumaire an II fait apparaître les douves du château qui ont donné la courbure des maisons rue de Touyac (image du cadastre)
Fait divers à Isle-Saint-Georges au XIXème siècle :Page suivante, cet événement raconté en B.D
La BD un art devenu majeur en Graves Montesquieu
Pierre-Yves Gabrion, habitant depuis peu Isle-Saint-Georges, scénariste, dessinateur, coloriste de bandes dessinées, est né au Maroc en 1956. Passionné de bande dessinée, il commence sa carrière dans le dessin de presse (L'Expansion, Le Point, 50 millions de consommateurs...), écrit des scénarios pour le Journal de Mickey et dessine pour Fripounet et Spirou. En 1987 sort un premier album destiné à la jeunesse et édité par Milan, Amazonia, qui sera récompensé par l'Alph'Art coup de cœur Angoulême 1988, suivi, toujours chez Milan, de Tumuc-Humac. En 1990, il change radicalement de style et entame le cycle de "L'homme de Java" chez Vents d'Ouest (T1, Rebelle;T2, L'australien; T3, Pirates; T4, Mama King). Chez Casterman, il a publié, en octobre 1998, Les rameaux de Salicorne, et vient de sortir Des hauts et des bas, premier épisode d'une nouvelle série, "Phil Koton". (Texte et photo Casterman).
Isle-Saint-Georges à la recherche de ses origines par Thierry Mauduit, directeur de la publication d’Aquitaine Historique
Le village actuel d’Isle-Saint-Georges, dont la plus ancienne mention connue remonte au XIe siècle, s’est développé au nord et à l’ouest d’une motte castrale, qui occupait le point le plus haut de cette ancienne île de la Garonne aujourd’hui rattachée à la rive gauche, et d’un prieuré construit par les moines de Sainte-Croix de Bordeaux. Mais on sait aujourd’hui que cette occupation médiévale, qui a sans aucun doute modelé le paysage actuel, n’est pas la plus ancienne, ni même peut-être la plus importante qu’ait connue le site. En effet, les données archéologiques, accumulées depuis plusieurs décennies, attestent de l’existence d’un habitat au même endroit qui remonte, au moins, au début du 1er millénaire avant J.-C.
Ainsi, le site archéologique est connu de longue date, grâce à l’esprit avisé de M. Olivier Coussillan qui en a révélé l’importance, puis par les résultats d’une fouille de sauvetage menée en 1987 à l’emplacement de la voirie du lotissement des Gravettes, enfin par de récentes campagnes de prospections et une surveillance attentive des travaux sur la commune. Les recherches ont ainsi révélé la présence d’un matériel attestant une occupation humaine depuis au moins le VIIIe siècle avant J.-C. jusqu’au IVe siècle de notre ère. Par la suite, le site semble avoir été déserté car aucun indice n’a révélé la présence d’une occupation humaine jusqu’à l’établissement du prieuré vers le XIe siècle. Il n’est cependant pas impossible qu’un petit hameau rural ait perduré sur la partie haute du village mais celui-ci n’a pas été mis en évidence par la découverte de vestiges appartenant à la fourchette chronologique comprise entre le Ve et le Xe siècle. Cette période de grande insécurité due aux invasions de différentes peuplades a pu rendre impossible la persistance d’une implantation humaine durable sur cette voie de pénétration que constituait le fleuve.
La période d’apogée, d’après les recherches actuellement menées, se situerait à l’Âge du fer et à l’époque Augustéenne. Les aspects du mobilier recueilli, ainsi que la superficie couverte par les vestiges (17 à 20 ha), démontrent que dès la fin du second Âge du fer au moins (2e-1er siècle avant J.-C.), on a affaire à une agglomération artisanale et commerciale. Différentes activités sont nettement identifiables comme la métallurgie, la pêche et le commerce (emporium ou point de rupture de charge en relation avec Burdigala ?). Cette vocation artisanale se perpétue avec force à la période romaine, où les vestiges couvrent une surface encore plus vaste.
Aussi, la position remarquable du site d’Isle-Saint-Georges (sur la Garonne, près de Bordeaux), ses dimensions spatiales et temporelles exceptionnelles ainsi que la qualité et la quantité des témoins archéologiques qu’il recèle poussent une équipe de l’Université de Bordeaux 3 à mettre en œuvre un programme de recherche sur le terrain pour mieux appréhender les potentialités du gisement. Ce programme est intitulé « Peuples de l’estuaire et du littoral médocain aux époques protohistorique et antique » (dir. A. Colin) et Isle-Saint-Georges en constitue une des études de cas. Ainsi, en plus de la fouille des Gravettes en 1987, plusieurs opérations ont été menées depuis 2004 : prospections archéologiques et surveillances de travaux sur l’ensemble de la commune (2004 à 2010), prospections géophysiques (2010 et 2011), fouilles et sondages (2009 et 2010), et en laboratoire différentes études du mobilier récolté (archéo-ichtyologie, céramologie, analyse du mobilier métallique, archéo-zoologie, etc…).
En 2011, les recherches se poursuivent avec des interventions de terrain déjà programmées.
Avertissement : le site d’Isle-Saint-Georges, à l'instar de tout site archéologique, est soumis aux lois sur la protection du patrimoine archéologique. Aucune fouille, recherche ou prospection, par quelque moyen que ce soit, ne peut y être effectuée sans autorisation préfectorale. Toute découverte fortuite doit faire l’objet d’une déclaration à la Mairie ou au Service Régional de l’Archéologie.
Dans le passé, l’Aquitaine a été, à maintes reprises, envahie par les flots. Des êtres ont vécu et sont morts sur leurs marges. Huîtres de Sainte-Croix-du-Mont, dents de requins de Léognan ou faunes de mollusques de Saucats en font foi.
Géologie en Graves Montesquieu
d’après Frédéric Bordessoule, président de l’(APBA) Association Paléontologique du Bassin Aquitain
Les 5 cartes paléogéographiques qui suivent montrent les déplacements de la mer au cours de 270 millions d'années : 1ère carte : Lutétien : On trouve à l’Est des dépôts continentaux, molasses du Fronsadais et de l’Agenais, avec de nombreux restes de mammifères.
L’Oligocène s’étale sur environ dix millions d’années, avec deux étages bien représentés en Aquitaine : le Rupélien caractérisé sur la rive droite de la Garonne (Entre-Deux-Mers)et le Chattien qui affleure dans le Sud des Landes. Au Rupélien, on traduit un climat tropical à alternances humides et sèches, suivi d’un important recul de la mer, et des mouvements tectoniques. 2ème carte : Rupelien
Le Néogène, partie récente du Tertiaire, débute il y a 23,4 millions d’années, avec l’étage Aquitanien (qui tire son nom de la région Aquitaine). La mer va réoccuper la partie occidentale du bassin Aquitain, depuis le Sud du Médoc, jusqu’au golfe aturien.
Les dépôts matérialisés par des calcaires de plate-forme, appelés faluns, caractérisent les étages choisis comme types dans la région (stratotypes de l’Aquitanien et du Burdigalien) protégés aujourd’hui par la Réserve Naturelle Géologique de Saucats-La Brède.3ème carte :Aquitanien
A l’Aquitanien (– 23,4 à – 20,4 millions d’années), le rivage a reculé vers l’Ouest. Cet étage est situé sur la commune de Saucats (Moulin de Bernachon et site de l’Ariey). Sont présentes des faunes caractéristiques (mollusques, échinides, coraux, foraminifères …) qui témoignent d’un climat subtropical. Puis une nouvelle régression marine va s’amorcer et faire reculer la mer un peu plus encore vers l’Ouest.
Il y a 20,4 millions d’années, la mer envahit le domaine continental, à l’exception du dôme de Villagrains – Landiras, qui est devenu une presqu’île en formant un petit golfe dans la région de Sainte-Croix-du-Mont. Le domaine marin profond est repoussé alors à l’extrême sud-ouest du bassin. Cette période est appelée Burdigalien (qui tire son nom de Burdigala : Bordeaux).
Il s’agit du second stratotype historique protégé sur le département. 4ème carte: Burdigalien
Au Burdigalien, l’eau chaude et le climat subtropical permettent le développement de petits édifices récifaux coralliens, typiques des régions tropicales. C’est ainsi que sur le site du Péloua, sur la commune de Saucats, on peut observer des blocs de coraux encore en place, témoins d’un milieu peu profond et relativement agité. Puis une nouvelle régression marine laisse sur ses marges une quantité fantastique de coquillages destinés à devenir fossiles … L’invasion des terres par la mer se fera au Serravallien (Miocène moyen), la dernière d’un long épisode géologique.
Au Serravallien (– 14 à – 11 millions d’années), la baisse progressive des températures voit disparaître un grand nombre d’organismes tropicaux, au profit d’animaux marins mieux adaptés . Puis la mer se retire définitivement de l’Aquitaine. Au Pliocène il reste une unique et étroite bande marine en bordure de l’actuel bassin d’Arcachon, matérialisée par des marnes sableuses riches en microfaune benthique et se poursuivant sur une partie de la côte landaise. La totalité du bassin sédimentaire aquitain est maintenant en domaine continental et la mise en place du réseau hydrographique actuel se réalise. L’arrivée de la période récente (Pléistocène et Holocène) confirme le domaine continental de l’Aquitaine, marquée par des événements climatiques complexes.
Plus récemment : Les causes des glaciations sont encore très controversées. Au cours de dizaines de millénaires, le niveau des mers a baissé, une partie de l’eau de mer s’étant transformée en banquise, l’eau de pluie ayant accru la surface des glaciers. C’est ainsi qu’il y a 18 000 ans, le rivage aquitain se trouvait 130 m plus bas qu’aujourd’hui et à près de 120 km au large de Soulac !
Depuis 15 000 ans environ, le climat se réchauffe, l’océan libéré de sa glace regagne le terrain perdu à la vitesse de 15 centimètres par siècle.
Les Ricaud, décorateurs de l’église Saint-Georges par Frédéric Durand, archiviste et Daniel Fau : Les Ricaud père et fils ont été deux grands spécialistes bordelais de l’artisanat religieux dit sulpicien. Le second a également été un éminent historien local qui a même laissé son nom à l’un des fonds des Archives municipales de Bordeaux.
Lorsqu’en août 1901, Ernest Paul Ricaud acquiert le domaine de Rivière à Cadaujac, il habite Bordeaux, au 65, cours d’Alsace-et-Lorraine, au-dessus de la « maison de confiance » Au chapelet d’or. Fervent catholique, il avait ouvert sous cette enseigne, en 1865, un magasin général d’articles religieux, imagerie, librairie, chapelets et médailles. La même année, il avait aussi monté un atelier de peinture murale décorative, artistique et archéologique pour églises, chapelles et appartements au 306, rue d’Ornano. Il fabriquait également des statues en fonte, terre cuite, staff, carton-pierre, stuc, etc.
Jouissant rapidement d’une grande réputation, il mit ses talents au service de la chapelle des sourdes-muettes de Bordeaux dès 1865, de l’église de Floirac en 1867, de la chapelle Margaux en 1869, des églises de Portets en 1872, de Branne en 1873, de Hure en 1875, de Saint-André à Angoulême en 1878, de Civrac dans le Médoc en 1879, etc. Il fut également le fabriquant des statues de l’église Saint-Laurent d’Illats, avec son fils.
On lui doit la décoration intérieure de l’église d’Isle-Saint-Georges en 1868. On y retrouve son style caractéristique qui se distingue par l’abondance de fausses pierres, frises à motifs répétitifs, liserés, etc. ; l’ensemble étant réalisé le plus souvent au pochoir et toujours à la peinture à l’huile. L’abbé Barreau, curé de Cadaujac, fit également appel à lui pour les peintures murales du sanctuaire de la Sainte Vierge et la dorure du chemin de croix. Dans la nef centrale de l’église Saint-Pierre, le peintre décorateur réalisa une « fleurette » rouge au centre de chacune des fausses pierres, ainsi qu’une décoration stylisée représentant des objets et des scènes de la vie courante, ou des symboles, au-dessus des arcades. « Je n’ai pas hésité à choisir M. Ricaud dont nous admirons le talent dans la chapelle Margaux de Bordeaux, et, qui dans les églises d’Isle-Saint-Georges, Branne et Portets montre à l’œil de l’artiste, toute la richesse de son art, se justifie l’abbé Barreau dans son journal. La scène du Sauveur des hommes promettant à saint Pierre, notre Patron paroissial, les clefs du Royaume des Cieux, tel est le sujet que M. Ricaud a eu à traiter ; malgré notre peu de connaissances en peinture, nous croyons le tableau parfaitement réussi. L’ornementation qui reluit, dans tout le sanctuaire, est le plus bel encadrement qu’on puisse désirer ». L’inauguration officielle de la restauration générale de l’église eut lieu le 8 juillet 1877, en présence de l’archevêque de Bordeaux, le cardinal Donnet. Par la suite, Ricaud eut la commande de la peinture du catafalque en 1880, ainsi que les peintures murales du reliquaire en 1886.
Son vignoble du domaine du Comte de Rivière obtint une médaille de vermeil à Nantes en 1904 et une médaille d’argent à Liège en 1905. En 1912, il reçut encore un diplôme d’honneur en collectivité. Depuis 1902, il était aussi propriétaire d’un autre domaine viticole, dit alors de « premières graves », celui de la Cave à Couhins, sur Villenave-d’Ornon. Il restera dans la famille jusqu’au début des années 1950.
Vers 1923, son fils Jean Théodore Ricaud, né à Bordeaux le 17 juin 1873, hérita du domaine de Cadaujac en même temps que de la direction de la maison de commerce paternelle.
Il poursuivit ainsi l’activité de son père en fournissant notamment le mobilier de l’église Notre-Dame d’Ambès ou les statues de l’église Saint-Pierre de Saint-Loubès. En outre, féru d’histoire, il fut également membre de la Société archéologique de Bordeaux dès le 4 mars 1910 et en devint même le président de 1931 à 1934, puis de 1942 à 1945. Il y côtoyait de grands historiens tels qu’Alexandre Nicolaï et Jean-Auguste Brutails. Il était aussi membre de la Société d’histoire de Bordeaux, de la Société des bibliophiles de Guyenne et membre correspondant de la Société française d’archéologie. Secrétaire général de la Société des archives historiques de la Gironde de 1914 à 1920, il occupa enfin le poste de trésorier de la Revue historique de Bordeaux de 1921 jusqu’à sa mort, le 21 décembre 1948 à Bordeaux.
Il laissa de nombreux articles, ainsi que des publications, comme par exemple Souvenirs bordelais. L’Ancienne paroisse Sainte-Colombe en 1911-1913.
Eglise Saint-Georges d
D'après Mme MANO ancien maire d'Isqle Saint Georges et présidente de l'ARS ( sauvegarde de l'église)
L'église néogothique actuelle, datant de 1852, a remplacé une vieille église romane du XIème siècle( dont les vestiges sont encore visibles ) qui faisait corps avec les bâtiments du prieuré des moines bénédictins de Sainte-Croix de Bordeaux et avec ceux du moulin sur l'estey du Saucats.
Vers 1360, la commune prend le nom de Yla Sent Jorge en Arruan , en pleine guerre de Cent Ans. La sculpture au-dessus de la petite porte d'entrée représente saint Georges terrassant le dragon, revêtu d'une armure identique à celle du Prince Noir.
Eglise de taille remarquable : 30 m sur 20 m et un clocher d'origine de 36 mètres. La reconstruction de la flèche est en projet.
Plusieurs œuvres sont classées à l'inventaire du patrimoine:
* le haut-relief du XIVème, au- dessus de la petite porte d'entrée.
* deux statues en bois doré du XVIIème représentant la Vierge à l'Enfant et saint Joseph.
* un ex voto du XVIIIème , trois-mâts reproduisant " La Félicité " du corsaire Cornic-Duchesne qui se couvrit de gloire durant la Guerre de Sept Ans et vécut 25 ans au Rabey sur la commune.
une peinture du XVIème/XVIIème de sainte Catherine avec l'épée et la palme des martyrs. Cette peinture fut découverte sur la porte de la sacristie lorsqu'on a voulu la lessiver!
* les fonts baptismaux à baldaquins comportent 4 colonnes dorées en bois peint de style corinthien.
* les vitraux sont pour la plupart signés du maître verrier Joseph Villiet.
* le maître -autel " à la romaine", en marbre blanc, est l’œuvre de Bernard Jabouin. Et de plus près, la châsse dorée avec des reliques de saint Georges ...ou de Terre Sainte?
La porte du tabernacle offre une représentation symbolique de la Trinité. Sous le tabernacle est écrit un chrisme en lettres d'or (monogramme du Christ : " Je suis le commencement et la fin ").
* sur les bas-côtés , les autels de la Vierge et du Sacré-Cœur, portent des garnitures remarquables.
* les statues :
à l'entrée du chœur, saint Pierre et saint Joseph et d'autres plus modestes : saint Roch, sainte Germaine de Pibrac, Jeanne d'Arc, sainte Thérèse, saint Expédit ...
* un tableau, peint par l'abbé Duzan représente l'ancienne église ( 1er pilier à droite ).
* l'ancien monument aux Morts offert par les fidèles pour honorer les morts de 1914/1918 ( gisant sur la droite ).
* dans la sacristie, un meuble à tiroirs, rare, datant de 1890 renferme encore des vêtements sacerdotaux.
* le chemin de croix est un ensemble de peintures polychromes sur plaques de métal.
* des peintures murales ornent le chœur, l'abside et la nef.
La fresque sur le tympan du chœur représente saint Georges terrassant le dragon pour sauver la princesse, fille du roi de Silcha.
Dans la nef, au dessus des arcatures, les médaillons quadrilobés peints représentent les portraits des douze apôtres.
*L"ARS : Association pour la Restauration et la Sauvegarde de l'église.
L'église est un bâtiment qui compte dans une commune petite en superficie et modeste en revenus.
Depuis quelques décennies, la construction a connu bien des déboires et a dû être fermée par sécurité, de 1996 à 2003.
La commune, avec l'aide de subventions (en particulier avec l’aide du Conseil général de la Gironde) a allégé les voûtes, refait les piliers en bonne pierre de taille et rénové la toiture.
Actuellement, elle a le projet de reconstruction de la flèche du clocher.
D'autre part depuis 1992, l'ARS restaure l'intérieur de l'église: vitraux, autel, fonts baptismaux, statues, petit mobilier d'art sacré... En 2003, l'ARS a commencé la remise en état des peintures murales qui ornent cette église. C'est une longue tâche, mais depuis 20 ans, grâce à la ténacité de ses membres, cette association investit en moyenne 7000 euros par an pour la sauvegarde des richesses de ce bâtiment.
L'ARS est toujours à la recherche de nouveaux adhérents et de dons pour continuer la remise en état de cette église.
Eglise ouverte à la visite, le premier samedi du mois, de mai à octobre de 15 à 18 h.
A la demande l'ARS se fera un plaisir de la faire connaître à un groupe.
C’est quoi les rouilles? par Piou Lacoste
Le mot rouille vient du latin rivus, plus tard riou, rohla…
Mais ici nous avons à faire un système de drainage, irrigation, submersion, complexe et adapté aux différentes époques.
Olivier Coussillan nous a expliqué comment de la bêche du viticulteur au tractopelle de la CdC de Montesquieu les hommes ont transformé le lit de la Garonne en terres arables et nourricières.
Au milieu de la vigne, pour les assécher, l'homme creuse des treytes (qui aurait donné le nom aux pièces de terre que l'on trouve souvent dans nos régions et qui se nomment treytins) vers les fossés (50km de fossés sur Isle Saint Georges) qui se jettent dans les rouilles (12 à Isle-Saint-Georges) autrefois appelées les mères d'eau, puis dans les ruisseaux qui deviennent estey (estuaires) jusque dans la Garonne…
Le gibier à Isle-Saint-Georges par Robert Lafond, chasseur
L’évolution de la population animale est intimement dépendante de plusieurs facteurs : la transformation du paysage, l'évolution des techniques agricoles et celle des techniques de chasse mais aussi l'évolution des réglementations (espèces protégées). Lorsque j'étais jeune( j'ai plus de 60 ans ! ) il n'y avait pas de chevreuils à Isle Saint-Georges, il n'y avait pas de maïs non plus et beaucoup moins d'espaces boisés mal entretenus, ce qui les privait et du gîte et du couvert !
La chasse à la grive, autrefois véritable sport local, attestait d'une présence bien plus importante qu'aujourd'hui.Je pense que, dans les vignes, nous avons détruit les nids lorsque nous avons commencé à utiliser les machines à sulfater à ventilateur. Les fusils d'aujourd'hui sont bien plus performants, ce qui doit aussi contribuer à la diminution de cette population. Il y a quelque vingt ans, on voyait peu de hérons. C'est aujourd’hui une espèce protégée, alors qu'autrefois le chasseur n'hésitait pas à "faire un carton".
Dans les rouilles, le héron trouve aujourd'hui une nourriture qu'il n'a pas toujours eue : les écrevisses bien sûr, mais d'autres espèces aussi qui avaient sûrement souffert des excès d'insecticides et pesticides utilisés dans les vignes : je me souviens avoir vu dans les vignes de nombreux oiseaux morts après le traitement !
Le lièvre est aujourd'hui un trophée que le chasseur n'arbore plus, il a été victime de la tularémie (maladie infectieuse due à un bacille, et décrite pour la première fois en 1911 à Tulare, en Californie). Depuis, il n'a jamais recolonisé le territoire lilais. Chevreuils, grives, hérons, écrevisses, lièvres sont les principaux éléments de la faune rencontrée.
Le lièvre des marais D’après Michel Coussillan
Curiosité, mythe, ou réalité? Certains affirment qu'on le dégustait en civet .... D'autres soutiennent que la meilleure façon était de le préparer comme la lamproie, avec force poireaux et bon vin de palud.
Des promeneurs s'aventurant dans les zones humides d’ Isle Saint-Georges auront peut-être le bonheur de surprendre, d'observer ou de faire fuir le lièvre des marais.
Cet animal se fait rare dans nos contrées ; car la disparition, la raréfaction de certaines plantes et de certains familiers de nos zones humides ont contraint ce quadrupède à chercher ailleurs sa subsistance, nourriture bien particulière, puisqu'il s'agit, concernant la flore, de l'angélique (tantoure en langage local), de l'iris des marais, de la baragane (délicieux poireau sauvage), du nénuphar (nymphéa), et aussi concernant la faune aquatique : la raréfaction de la piballe (civelle), des œufs de grenouille et des estranglegats (petits poissons riches en arêtes). Car le lièvre des marais est omnivore....
Il est nettement plus long que le lièvre commun (lepus Europalus). Son pelage est gris-vert (moisi) sa tête est plus large et son museau obtus. Les pattes postérieures palmées n'enlèvent rien à sa vitesse de course.... mais lui permettent de se déplacer sur les plans d'eau. Le docteur Godin de Barbaste, fin chasseur et surtout observateur attentif de la nature, nous a confié en avoir recueilli un spécimen blessé à la fin des années 90. Après examens attentifs, le docteur émet l'hypothèse d'un croisement de races avec le castor (autrefois appelé « bièvre ») ou avec la « loutre ».Le docteur Godin privilégie le rapprochement avec le castor car il en a les mêmes sécrétions anales odorantes (le castorum) employé en parfumerie et en pharmacie au Québec. Mais le comportement carnassier et nageur n'exclut pas la parenté avec la loutre.
Dans la tradition orale on dit que sa fourrure détenait un pouvoir aphrodisiaque et que des jeunes filles cherchant mari l'utilisaient en ceinture à même la peau, pour attirer auprès d'elles les prétendants.
Le cardinal Donnet restaurateur des églises en Gironde
Né 16 novembre 1895, petit-fils et arrière-petit-fils de chirurgiens, il intègre le séminaire à Lyon, qu’il quitte en fin d' études à 18 ans. N’ayant pas l'âge d'être ordonné prêtre, il obtient une dispense du pape. Il est ordonné évêque en 1835, alors qu’il n’a pas encore 40 ans.
Sa devise « ad finem fortiter omnia suaviter » est tout un programme : Jusqu'au bout avec courage , mais tout en douceur .
En 1837 il succède à Cheverus à Bodeaux . Devenu primat d'Aquitaine, il « règne » sur 6 diocèses.
En 1840 il obtient la création de cours d'archéologie dans le cursus des prêtres, souhaitant la "conservation des Monuments historiques purs de toute souillure".
En 1852 il devient cardinal et sénateur.
Son action pastorale est immense. Se déplaçant sans cesse, on le voit toujours actif, en particulier dans les comices agricoles.
Il laisse 11 énormes volumes de discours.
2 anecdotes le placent à l'origine de 2 avancées vers le progrès :
· en 1826, il tombe en catalepsie, on le croit mort et on célèbre ses funérailles. Ceci conduit en 1866 à la loi contre les inhumations prématurées
Le croque mort, comme son nom l'indique devait faire une vérification active au noveau du gros orteil.
· en 1827 alors qu'il est curé, Villefranche-sur-Saône est en proie à de terribles inondations, suivies d'incendies meurtriers.Il crée une association d f c i ;défense des incendies
L'abbé Donnet crée una association créecendies compagnie de sapeurs pompiers.Léo DROUYN: une mémoire pour la Gironde...
Ses albums de dessins, ses notes et ses croquis sont une source d'informations inestimable pour la connaissance du patrimoine avant les grandes restaurations du cardinal Donnet ( certains disent les "mutilations"). Dessinateur attitré, de 1842 à 1849, de la Commission des Monuments historiques départementale, il mit en exergue la richesse du patrimoine roman girondin et devint l'un des plus éminents spécialistes de l'architecture médiévale, dont il grava à l'eau-forte les principaux types.
Léo Drouyn étudie les églises du canton de La Brède entre 1846 et 1860. Il est frappé par l'unité que présentent les églises romanes de cette zone, avec leurs chevets à trois absides et absidioles.( Castres, Beautiran, Martillac, Cabanac, Cadaujac) et par la beauté de l'abside de l'église de Léognan, qu'il présentera, en 1853, avec celle toute proche de Villenave-d'Ornon.
Le dessin, figure 1, est réalisé à la mine de plomb en 1859. C'est le moulin d’Isle-Saint-Georges, aujourd'hui détruit, qui intéresse Léo Drouyn et non l'église elle-même qui vient d'être «restaurée en entier» et dotée d'une flèche néo-gothique «beaucoup trop élevée pour l'église elle-même» selon lui.Le regard «ethnographique» de Léo Drouyn est ici particulièrement évident de par le soin avec lequel il a fouillé la disposition de ce moulin et de ses étages. Certes, le pittoresque de ce lieu lui a plu, mais il y a également, ici, le sentiment très aigu de ce qui va disparaître et dont il doit témoigner par le dessin.
Le dessin qu'il nous a laissé est un bon témoignage de son goût pour ce que l'on appelle aujourd'hui le «petit patrimoine», et ici si fragile du fait de son architecture de bois
Concernant l’église, seule l'abside lui paraît intéressante : «Cette église, dont l'abside est romane, paraît avoir été reconstruite au XVIème siècle ou à la fin du XVème . L'abside, qui s'incurve au nord, est semi-circulaire à contreforts plats qui ne montent pas jusqu'à la corniche, ornée d'un rang de dents de loup et d'un rang de festons. Les modillons sont simples ou ornés de fleurs en crosses, de palmettes, de têtes d'animaux qui mordent leurs pattes».
Il note, incrusté au flanc sud du clocher, un bas-relief du XIVème siècle, provenant peut-être d'un retable de l'ancienne église, montrant saint Georges en train de délivrer la princesse de Silène du Dragon.
.La figure 2 représente le clocher mur de l’église à Saint-Morillon accompagné d’un balcon en bois qui sera détruit en 1993.
La figure 3 représente l’église Sainte-Quitterie de Martillac, avant sa restauration de 1880.
d’après « Circuit roman Léo Drouyn en Graves Montesquieu » texte Emilie Chenneveau relu par Bernard Larrieu, président de « les Amis de Léo Drouyn » (dépliant 6 volets réalisé par les Editions- Entre- Deux- Mers en 2005 en partenariat avec SIGM et disponible OT Montesquieu), et d'après l'Album de dessins numéro 8 , « Léo Drouyn et le Cernès » (éditions Entre-Deux-Mers).
Clochers néo-gothiques en Gironde.
C'est sous l'influence du cardinal Donnet qu'au XIXème siècle, on assiste en Gironde à une transformation radicale des paysages avec la montée vers le ciel de nombreux clochers pointus. On prête à Haussmann lui même (préfet de la Gironde de 1851-1853) cette adresse à l’archevêque de Bordeaux : «Notre département, Monseigneur, ressemblera d’ici peu à un hérisson !».
Ces constructions de clochers et d'églises sont sans aucun doute des actes de foi, car la foi se manifeste alors partout en France, expliquant ce zèle de construction des "maisons de Dieu au-dessus des maisons des hommes". Du propre aveu du cardinal, ce sont 310 églises, 100 clochers, 30 presbytères (et un grand nombre de chapelles) qui seront ainsi démolis, transformés, rebâtis, rénovés, sur les 605 églises que comptent les 554 communes de Gironde.
Le canton de La Brède n'y échappe pas : 11 églises seront ainsi modifiées sur les 14 édifices que comptent les 13 communes. A cause de ses finances trop modestes, Saint-Morillon garde son clocher mur roman (XII° siècle), malgré un projet bien avancé de clocher gothique.
De 1840 à1890, c'est aussi une époque de grande prospérité sous la Monarchie de Juillet et le Second Empire, à son faîte en 1860. On construit des châteaux à la campagne (le château de Grenade à Saint-Selve, par exemple), de grands hôtels particuliers en ville.
L’accroissement du nombre des habitants est remarquable: 22% d'augmentation dans le canton, entre 1817 et 1876, tandis que dans la même période la densité de population augmente de 52% dans les communes de la lande (Saucats et Cabanac).
En Europe, 187 millions d'habitants au début du XIXème siècle, 266 millions en 1850, 480 millions en 1900. Malgré l'ambiance anticléricale durant le dernier quart du XIXème siècle, on constate la reconstruction par milliers d'églises de village.
Donnet, prélat démolisseur ?
Sa conclusion après sa visite de 1844 à 1850 des 563 églises dont il a la charge et dont il a réclamé pour chacune un inventaire, complétant ainsi celui de l'abbé Baurein est sans appel : "On succède à plusieurs siècles de dégradation et d'incurie! "
Les conseils de fabrique en charge des églises constatent évidemment eux aussi le délabrement des lieux de culte et rêvent de participer à cette évolution.
Son pontificat n'a donc pas été aussi désastreux qu'on l'a dit pour les églises de Gironde!
Certes , en 1825, Montalembert crie " halte aux démolisseurs" et fait éditer " le Vandalisme en France". Mais nous surprend-il vraiment quand il précise qui sont les vandales, qu'il nomme soit des vandales "destructeurs", soit des vandales "réparateurs".
Pour lui, ce sont : le gouvernement, les maires, les conseils municipaux, les conseils de fabrique, les curés...
S'attendait-on vraiment à voir cités les émeutiers d'une folie révolutionnaire bien lointaine?
Donnet, prélat bâtisseur ?
On démolit donc beaucoup, mais on réutilise les matériaux tout de suite après pour reconstruire. De très nombreux ouvrages comme celui de Raymond Bordeaux , " Traité de réparation des églises", sont édités. De grands noms d'architectes parviennent jusqu'à nous et ceux ci ne semblent pas avoir été en panne d'inspiration. Les architectes ont pu être appelés des " diables", des « monstruosités » car le changement des architectures avec ces toits pointus est radical.
A Saucats, Ayguemorte-les-Graves, Cabanac-et-Villagrains, on trouve Jean-Jules Mondet (1834-1919). Il aura couvert 21 chantiers au cours de sa vie! A La Brède, interviennent Léon Drouyn ( fils de Léo), et Gustave Alaux.A Saint-Médard-d'Eyrans, encore Gustave Alaux pour la reconstruction avec clocher pignon agrandi.A Cadaujac, Saint-Morillon et Léognan, on retrouve Amédée Lasmolle. A Léognan aussi Jean Baptiste Lafargue, avec les recommandations de Viollet-le-Duc qui cite l’église de Léognan comme un exemple du principe de reconstruction romane. Elle a été presque entièrement reconstruite en 1852 après avoir servi de temple à la déesse Raison pendant la Révolution, qui avait également transformé la sacristie en prison.
A Beautiran, le clocher de 1864 a été choisi de forme ovoïde par l’architecte Gustave Alaux. L’abbé Dufau, curé de Beautiran, écrit au cardinal Donnet que le clocher est terminé: «Tous les connaisseurs des ouvrages d’art lui donnent la préférence sur les clochers voisins».
A Martillac restauration menée par Alaux. Le clocher néogothique a été construit en 1880.
Donnet, inspirateur ?
"La foi s'exprime aussi par la tradition, pas uniquement l'écriture".
"Les églises ne sont pas faites pour l'archéologie, mais pour prier et honorer Dieu"
Concernant les décorations intérieures, le cardinal Donnet tente d'inspirer leur rénovation, les préférant moins voyantes, parle de contresens choquant des peintures vives, de fautes de goût des boiseries (retables aux couleurs trop vives).
Il souhaite aussi moins de clarté, une atmosphère plus sombre propice à la prière. Car le goût de l'époque (1850) marqué par le flamboiement de "La Vie Parisienne", "le Quadrille des Lanciers" ne recule devant aucune exagération...
Donnet, démolisseur ? bâtisseur ? inspirateur de génie ? La polémique, vivace à l'époque, existerait-elle encore aujourd'hui ? à chacun de conclure, en visitant ces monuments.
Car "l'histoire des églises est aussi notre histoire"(Christiane Espeut d’après une conférence de Jean Pierre MeriC)
Texte libre d'après des notes et extraits de la conférence tenue par Jean Pierre Meric (jp-meric@wanadoo.fr) à Bordeaux le 17 janvier 2011, dans le cadre de l'association " Ars et Fides Bordeaux" qui propose des conférences ouvertes à tout public, une fois par mois ; 05 57 22 10 64 ; artsetfidesbx@hotmail.fr .
"Arts et Fides" est une association au service des visiteurs des monuments religieux ; les bénévoles les accueillent dans les lieux chrétiens pour les aider à en découvrir le sens.
JP Meric, enseignant retraité, écrit aussi dans de nombreuses publications dont le Bulletin de la Société de Borda et la Revue Historique de Bordeaux.
Le phylloxera à Isle- Saint-Georges
D’après Bertrand Meallet (Bertrand.meallet.pagesperso-orange.fr)
Le phylloxéra est un puceron de 1/2 millimètre de longueur dont une espèce vit sur les feuilles du chêne, et dont une autre espèce, plus dangereuse, s'attaque à la vigne.
Le phylloxéra de la vigne (phylloxéra vastatrix), venant d'Amérique, a envahi toutes les régions viticoles avant 1870.
Il existe sous deux formes:
· "gallicole", attaquant la feuille des vignes américaines.
· "radicicole", attaquant les racines des vignes françaises.
C'est sous cette dernière forme qu'il ravagea les vignobles français, vers 1878, occasionnant la raréfaction du vin, et par conséquent, une montée vertigineuse de son prix.
Le remède efficace à long terme est celui qui est actuellement appliqué: il consiste à greffer une vigne française sur une bouture américaine.
Comme on ne peut pas arracher systématiquement tout un vignoble, d'autant plus qu'il faut de longues années avant qu'une vigne soit productive, les propriétaires d’Isle-Saint-Georges se groupèrent, avec l'aide du gouvernement (loi du 2 août 1879), en syndicats pour lutter contre le fléau.
Deux moyens essentiels étaient proposés :
· Un traitement chimique de la terre par injection de sulfure de carbone ou de sulfo-carbonate de potassium. (Procédé assez peu efficace).
· L'immersion, l'hiver, pendant 40 jours, des racines des vignes afin de noyer les insectes.
C'est ce dernier procédé qui fut appliqué à Isle- Saint-Georges pour toutes les vignes situées dans les palus.
Le terrain fut cloisonné par un quadrillage de digues déterminant une dizaine de zones inondables. A l'intérieur de chaque zone, des fossés, des canaux, des tuyaux de ciment munis de clapet, des écluses, furent ménagés de façon à créer des bassins permettant de régulariser le niveau de l'eau pendant le temps nécessaire puis d'assurer la vidange de cette eau.
L'âme de chaque zone était la station de pompage. Huit stations étaient installées sur la rive de la Garonne, une sur l'estey d'Eyrans et une sur la rouille du Tronc. Chaque station devait avoir un stock de charbon et un puits foré pour alimenter la chaudière en eau. La surveillance et l'entretien de la machine nécessitait deux "mécaniciens", choisis parmi les habitants. Ils assuraient successivement les quarts de jour et de nuit.
Chaque bassin de submersion était géré par un syndicat formé du groupe des propriétaires intéressés. (Par exemple, le syndicat du Plantey, de Pelletant, de Boutric...)
Les sommes dépensées furent énormes. Cependant il est certain que cet investissement était très rentable car le vin produit dans ces temps-là valait de l'or en raison de sa pénurie.
La vigne: robuste et fragile à la fois par Jeannie Grenier
Lorsque le regard se pose sur un cep de vigne, on le perçoit rustique et solide, si profondément ancré dans sa terre nourricière qu’on l’imagine invulnérable.
Mais le monde vivant s’impose sous toutes ses formes et parfois, l’infiniment petit a raison de ce qui semble être le plus fort.
C’est ainsi qu’en 1851 une insignifiante moisissure blanche à l’aspect duveteux parasite le vignoble girondin.
On se veut rassurant et une commission chargée d’étudier le problème conclut en ces termes : "Le mal n’est que passager et 1852 ne le reverra pas se renouveler".
Cependant, le préfet soupçonne la gravité de ce mal inconnu, en informe les autorités de l’Etat, mais demande de "garder le secret sur cette affaire".
En 1852, la maladie est de nouveau présente, encore plus agressive, résistant à tous les traitements elle n’épargne aucun cépage.
Devant l’impuissance à vaincre ce fléau, le désespoir s’installe dans le monde viticole. La production chute et l’inquiétude gagne Bordeaux, grande ville du négoce.
Durant l’année 1853, le préfet est interpellé sur la gravité de la situation par un envoi massif de courriers émanant tant de maires que de vignerons. Un échange de correspondance s’établit entre les deux parties. Archivé au niveau départemental, il est un témoignage précieux de l’état du vignoble à cette époque et du désarroi des viticulteurs.
Concernant l’année 1854, les archives sont muettes, aucune trace de correspondance. L’homme de la terre est seul, habité par son impuissance, mais céder à la résignation n’est pas dans sa nature. Plusieurs remèdes sont testés : l’incision du pied de vigne telle une saignée, l’essai de plusieurs modes de taille, l’effeuillage, le badigeonnage avec de l’eau additionnée de divers ingrédients tels le vinaigre, la chaux, la suie, le savon, les cendres, voire même la bouse de vache…
Hélas, les résultats obtenus n’apportent que de minces améliorations.
Mais, le malheur des uns aiguise l’ingéniosité des autres. En1857, le préfet reçoit pas moins de soixante- trois propositions de procédés de traitement. Nombreux sont farfelus, d’autres inapplicables, mais les auteurs de certains envois sont pour le moins très clairs : passée l’interrogation sur l’efficacité de leurs trouvailles, on découvre la certitude de leur démarche : "Je vous propose mon remède sous condition de récompense en cas de réussite" !!...
Cette même année une invention va révolutionner les techniques de traitement et du produit employé va naître l’espoir de la guérison du vignoble. Cette invention est le soufflet, le produit miracle, le soufre.
Mais il faut traiter vite, partout et dans de bonnes conditions.
Inventeur de ce procédé, le comte de La Vergne se veut aussi pédagogue. Pour ce faire il utilise tous les moyens de communication de l’époque : réunions d’information, presse locale, presse nationale. Brillant dans son invention, efficace dans son action, le comte de La Vergne est le sauveur du vignoble bordelais : les propriétaires girondins soufrent !! En deux ans la production redevient normale.
Le soufrage ayant été reconnu comme bienfait de l’agriculture, le jury de l’exposition universelle de 1867 propose que la Légion d’honneur soit décernée au comte de La Vergne, lui qui neutralisa la petite moisissure blanche remarquée pour la première fois en France en 1848 dans les serres du baron James de Rothschild à Suresnes, près de Paris.
Près de dix ans après son apparition, l’oïdium est enfin maîtrisé.
Mais la nature a l’humeur chagrine et ne laisse à l’homme que peu de répit.
Quelques années plus tard, le phylloxéra, venu de la côte Est des Etats-Unis, se propage en France. Repéré pour la première fois dans le Gard en 1863 par Emile Planchon, on le découvre dans le vignoble bordelais en 1866. Il se propage vite et se révèle être très dévastateur, d’où son surnom de "vastatris".
Sur la rive droite de la Garonne, les vignobles de Quinsac et de Beaurech en sont les premières victimes.
Sur la rive gauche, ISLE SAINT GEORGES est la première touchée.
Une énigme se pose concernant cet insecte. Ses caractéristiques sont qu’il n’aime ni le froid qui tue les œufs d’hiver, ni l’humidité qui empêche les œufs d’éclore, et pourtant il vient élire domicile en pleines palus (?).
Un mode de vie qui relève parfois du mystère, un rythme biologique complexe, le phylloxéra est difficile à cerner, donc difficile à combattre.
La maladie se propage dans l’ignorance de ses causes. Certes l’insecte se déplace, mais il est également véhiculé par l’homme qui, de parcelle en parcelle, transporte ses outils contaminés.
Le stockage des fumures dans une zone phylloxérique puis transportées sur une terre saine et le mal est fait…
Pourtant, sans relâche, on cherche le remède et, dans l’attente du traitement salvateur, des mesures sont prises au niveau gouvernemental.
En septembre 1878 est constituée la Commission Supérieure du Phylloxéra qui prend la décision de classer les territoires viticoles en quatre catégories : les territoires peu touchés, moyennement touchés, très touchés par la maladie, et les territoires indemnes.
A chaque catégorie est appliqué un régime administratif spécifique. Pour les catégories "parcelles contaminées", tout import de plants, boutures, ceps, raisins est autorisé, mais tout export est formellement interdit sauf dans les zones viticoles relevant du même régime administratif.
Concernant les terroirs indemnes tout export est autorisé, tout import est interdit.
De plus, en 1870, l’Etat annonce l’octroi d’une prime de 20 000 francs, portée à 300 000 francs en 1874 à l’inventeur d’un remède efficace. Elle ne sera jamais attribuée.
Outre ces mesures, le soutien de l’Etat tant sur le plan financier que sur le plan moral est bien mince.
En contrepartie, beaucoup d’énergie se déploie au niveau local. En 1874 la Société d’Agriculture de la Gironde constitue la Commission Générale du Phylloxéra qui publie de précieuses informations et crée une pépinière de vignes américaines, car il ne fait alors aucun doute, la sauvegarde du vignoble bordelais passera par le greffage des plants américains.
Mais des solutions propres aux terroirs ne sont pas pour autant négligées.
En 1882, à Isle-Saint-Georges, c’est vers la Garonne que se fondent tous les espoirs. Un bain de pieds pour recouvrer la santé ! Tel est le remède préconisé pour ces vignes riveraines du fleuve. L’immersion des ceps durant la saison hivernale permet de "noyer l’œuf d’hiver". Le procédé est efficace mais sa mise en place se révèle complexe et coûteuse. Le terrain est divisé en une dizaine de zones inondables délimitées par des digues.
Grâce à l’ingéniosité des vignerons locaux, le parasite est neutralisé dans les palus en pays d’Arruan. Mais on retiendra du phylloxéra que maladie et remède (pour l’ensemble du vignoble français) nous sont venus tous deux d’outre- Atlantique.
S’agissant des agressions subies par la vigne, on ne peut passer sous silence le mildiou, petit champignon parasite qui se développe sur les organes verts de la plante. La Gironde n’en est pas épargnée, on l’y découvre en 1878. Lui aussi arrive des Etats-Unis par l’importation massive de plants américains porte greffe pour vaincre le phylloxéra.
En 1881 la maladie est particulièrement agressive, mais dès le départ le problème est traité par des scientifiques, dont Alexis Millardet, professeur de botanique à la faculté des sciences de Bordeaux, ce qui n’avait pas été le cas pour l’oïdium. Il constate assez rapidement qu’un climat chaud et humide est propice à la propagation du parasite.
Ses études sur la maladie et sa contamination l’amènent à penser qu’un traitement préventif pourrait être efficace.
C’est alors que le hasard vient au secours de la science. En visite dans le Médoc, au château Ducru-Beaucaillou, le professeur Millardet s’étonne de voir un dépôt de vert de gris sur les vignes pleines de vitalité, riveraines de la route. D’un entretien avec le régisseur responsable du vignoble, il apprend que ce sulfatage est destiné à dissuader les vols de raisins proches de maturité.
La petite anecdote éveille chez le scientifique une curiosité toute particulière, au point d’envisager un traitement préventif contre le mildiou…au sulfate de cuivre additionné de chaux. La bouillie bordelaise va bientôt voir le jour…
Le plus difficile est de convaincre les vignerons de l’utilité de traiter de façon préventive. Nombreux sont réticents par peur de la nocivité du produit. Ulysse Gayon, fondateur de la faculté d’œnologie de Bordeaux, apporte la preuve de l’absence de résidus dans le vin issu de vignes traitées et fait l’apologie de la découverte d’Alexis Millardet. Connue de tous, "la bouillie" est devenue de nos jours en quelque sorte l’aspirine des plantes…
Documents consultés :
Histoire d’une commune Isle-Saint-Georges en Arruan de M. Olivier Coussillan
Vignobles et vignerons du bordelais de Philippe Roudier, Université Bordeaux 3
culture de la vigne à Isle-Saint-Georges
Palus ou palud: «dans le Bordelais, plaine inondable dont le sol est composé en partie de vase marine et qui est envahi pour le vignoble» vin des palus (Cours complet d'agric. théor., 10, 113 ds FEW t.7, p.530b) .
Petit Historique (lilais.chez.com/palus)
Cette culture y est très ancienne puisque déjà, sous le règne d'Henri II, époux d'Aliénor et roi d'Angleterre, elle faisait l'objet de soins attentifs de grands bourgeois bordelais tels Bernard d'Acra, maire de Bordeaux en 1219, qui avait ses vignes à Isle-Saint-Georges. A l'époque, la renommée du vin produit sur les terres d’Isle-Saint-Georges était grande et sa valeur resta supérieure à celle des vins du Médoc jusqu'en 1880. A titre d'exemple, vers 1780, le prix du tonneau atteignait 2 500 livres pendant que celui de vin du Médoc s'établissait à seulement 1 800 livres !
Un transport de raisin efficace
une anecdote au Château Montigny
par Bertrand MEALLET
La famille Hénault de Montigny fit bâtir cette belle maison noble au XVIIème siècle sur les bords de la Garonne.
Au XVIIIème siècle, Charles Cornic-Duchesne, capitaine de vaisseaux du roi et célèbre corsaire, fit creuser un canal au milieu des vignes qui se remplissait aux marées grâce à un jeu de clapets, pénétrant sous la maison et arrivant au cuvier. Un bateau plat, sorte de chaland, sur lequel on chargeait les bastes ou comportes de raisins faisait la navette entre la vigne et la maison.
Les zones humides
SIGM, d’après textes et photos fournis par Julien Herraiz, CdC de Montesquieu
Dernière zone bocagère de la vallée de la Garonne en amont de Bordeaux, Isle-Saint-Georges, dite « La petite capitale du bocage », est riche d’un patrimoine naturel précieux : grande variété d’oiseaux, de bocages, de milieux humides, de plantes et de mammifères rares et/ou protégés. Ce milieu naturel fragile, les Lilaises et les Lilais ont toujours eu le souci de le protéger et le valoriser : les principales menaces sont, ou ont pu être, l’urbanisation non maîtrisée, l’agriculture intensive, l’extraction de granulats…
Aujourd’hui, plusieurs zonages de protection (ZNIEFF, Natura 2000, PPRI), l’action de la CCM au travers de la gestion du bassin versant du Saucats et, depuis beaucoup plus longtemps, celle de l’ASA permettent la préservation de la qualité du milieu et l’amélioration du fonctionnement de l’hydraulique.
Zone Naturelle d’Intérêt Ecologique Faunistique et Floristique
(ZNIEFF)
Classée en 1984, cette Zone Naturelle ne correspond pas à un statut de protection particulier mais constitue un outil de « porter à connaissance » de zones présentant un intérêt patrimonial important et qu’il est souhaitable de préserver. Ce classement concerne essentiellement, pour Isle-Saint-Georges, les zones situées aux confins d’Ayguemorte les Graves et de Beautiran. En sont exclus les secteurs les plus proches de la Garonne.
Natura 2000
Natura 2000 structure et finance des actions concrètes dont l’objectif est la préservation des espèces rares et de leurs habitats. Le plan d’action pour la préservation et la valorisation de ces zones humides, porté par la Communauté de Communes, a été validé en 2006 : il présente de nombreuses actions dont la gestion des cours d’eau, le maintien des prairies de pâturage, la valorisation des produits du bocage...
Le Principe :
Tout contractant qui s’engage à respecter les engagements définis dans une mesure de gestion Natura 2000 est rétribué en fonction du surcoût induit par l’engagement ou de la perte de productivité pouvant en résulter. Cet engagement se traduit concrètement par la signature d’un contrat passé directement entre le signataire et l’Etat, le Contrat Natura 2000. La mise en œuvre est confiée à la Communauté de Communes Montesquieu qui contractualise des mesures de gestion avec propriétaires et exploitants concernés.
Plan de Prévention des Risques d’Inondations (PPRI)
Il s’agit là d’un zonage se basant sur la plus forte crue connue au cours des cent dernières années (celle du 6 mars 1930) et dont l’objectif est la mise en œuvre des principes suivants :
∗ Interdire les constructions nouvelles et saisir les opportunités pour réduire le nombre de constructions exposées.
∗ Contrôler strictement l’extension de l’urbanisation dans les zones d’expansion des crues.
Éviter tout endiguement ou remblaiement nouveau qui ne serait pas justifié par la protection des lieux fortement urbanisés. Le PPRI, servitude d’intérêt public qui s’impose à tous, est aujourd’hui, pour la commune un obstacle à toute expansion démographique de même qu’à tout développement économique : inlassablement la Mairie essaie d’obtenir la révision de ce PPRI qui concerne plus de 90% du territoire communal.
Règlement et carte du PPRI consultables sur le site de la commune (section urbanisme).
Bassin versant du Saucats
Précédemment assurée par un syndicat intercommunal, la gestion du bassin versant du Saucats relève aujourd’hui de la compétence de la Communauté de Communes Montesquieu.
L’établissement d’un plan pluriannuel d’entretien et la mise en place d’une Déclaration d’Intérêt Général(1) permettront de répondre à plusieurs objectifs dont l’entretien du lit des cours d’eau et
des berges en vue de prévenir les inondations et préserver les milieux aquatiques (flore et faune).
(1)DIG : Procédure visant à autoriser à agir et investir des fonds publics sur des parcelles privées.
L’ASA : Association Syndicale Autorisée des Marais d’Isle-Saint-Georges, Beautiran et Ayguemorte-les-Graves .
Ce type d'association date de 1842 ! ( roi Louis-Philippe) .
La plupart des nouveaux propriétaires lilais découvrent l’existence de l’ASA le jour où ils reçoivent un titre de paiement à effectuer, au profit de l’ASA, auprès du percepteur de Castres!
Le but de l’ASA est «d’obtenir, par la gestion des ouvrages hydrauliques et du réseau, des niveaux d’eau optimum en fonction des saisons ..." pour permettre l'irrigation des marais, indispensable au maintien de la biodiversité et à l'activité agricole. Il est aujourd'hui nécessaire de réhabiliter de nombreux ouvrages hydrauliques et notamment ceux des embouchures.
L’association GIDCECA (Groupement Intercommunal de Défense Contre les Ennemis des Cultures en Arruan)
Le GIDCECA lutte essentiellement contre le ragondin (piégeage ou tir au fusil). Les ragondins sont responsables de nombreux dégâts physiques (effondrement de digues, berges, chemins, envasement…) et causent un préjudice important au milieu naturel et aux cultures agricoles présentes en bordure de cours d’eau.
L'Angélique à fruits variable est une espèce rare et protégée qui de plus attire de nombreux insectes
Certaines espèces telles que le ragondin mais aussi l’écrevisse de Louisiane (dite américaine) deviennent une menace pour l’écosystème actuel. Il est formellement interdit de les transporter vivantes.
Parmi les plantes devenues envahissantes dans les cours d’eau et qui asphyxient la végétation, la jussie (photo ci-contre) est une plante nuisible. Son transport est passible d’une amende de 9147€ et 6 mois d’emprisonnement.
Un technicien rivière de la CCM répond aux interrogations formulées par les habitants et propriétaires riverains .technicien-riviere@cc-montesquieu.fr
Isle-Saint-Georges village inondable
SIGM, d’après texte et photos Bertrand Méallet et bulletin municipal avril 2009 –2010 .
La position d'Isle-Saint-Georges dans l'estuaire lui fait subir une influence maritime importante. Le village est aussi soumis à l'influence fluviale de la Garonne recevant les eaux de tout le bassin hydrographique. Le danger peut aussi bien venir de l’aval que de l’amont.
Les crues maritimes
Il est intéressant de comparer l’effet des tempêtes Martin (27 décembre 1999) et Xynthia (février 2010) sur les eaux de l’estuaire. On peut considérer que pour chacune de ces tempêtes, les eaux de la Garonne n’étaient pas anormalement hautes et que les crues constatées étaient la conséquence de la seule influence maritime.
Lors de la tempête 2010, le niveau de la Garonne atteignait 6,90 m à Bordeaux alors qu’il avait atteint 7,05 m en 1999… et pourtant le 28 février dernier le coefficient de marée était de 102 alors qu’il n’était que de 77 en 1999. Lors de ces deux tempêtes, s’est produit un effet de surcote responsable des débordements mais avec une ampleur bien plus importante en 1999. Cette surcote est essentiellement liée à la pression atmosphérique et à l’influence du vent. En 1999, un vent plus violent qu’en 2010 mais surtout orienté NO (Il était orienté SO au cours de la nuit du 27 au 28 février dernier) explique cette importante différence. La conjugaison de ces phénomènes, heureusement peu probable, à savoir surcote exceptionnelle (plus de 1,50 m en 1999) et gros coefficient de marée, pourrait être à l’origine d’inondations bien plus importantes que celles que nous avons connues au cours de ces 20 dernières années. On notera que, lors de crues maritimes, les eaux n'envahissent qu'à marée haute et repartent assez vite.
Les crues fluviales
Ce sont là, comme en 1981 ou même 1930, des crues liées au bassin hydrographique de la Garonne. La pluviométrie, surtout celle du sud du Massif Central, est effectivement, dans le cas d’une crue fluviale, le premier facteur de la montée des eaux de la Garonne. La fonte des neiges reste chez nous un facteur secondaire, ce phénomène affecte davantage la partie toulousaine de la Garonne et les trois plus importants affluents de la rive gauche (Save, Gers et Baïse). Dans sa partie girondine, le niveau du fleuve dépend surtout des apports du Tarn (eaux rouges) et du Lot (eaux jaunes) qui drainent les eaux du sud du Massif Central.
Les digues, ouvrages protecteurs ?
Nos anciens se souviennent d'un village qui ne pouvait ignorer la Garonne car chaque marée un peu importante submergeait une grande partie de la voirie communale et se rendre à Boutric un jour de grosse marée nécessitait d'être équipé de bonnes bottes !
Depuis les années 1970, des digues ont été érigées le long de la Garonne et la route de Boutric sérieusement surélevée. Il s'agissait là de protéger les terres agricoles. Mais cette nouvelle situation engendra, par excès de confiance, des constructions nouvelles avec des planchers habitables inondables, voire en dessous du niveau des digues. Ce n'est que vers le milieu des années 90 que la loi Barnier mit fin à ce type d’urbanisation qui n'était pas sans danger. Ne nous croyons donc pas complètement protégés.
On l'aura compris à la lecture de ce qui précède, si ces ouvrages nous protègent de la plupart des crues, ils seront inefficaces en cas de crue exceptionnelle toujours possible si se conjuguaient tous les facteurs de risque (coefficient de marée, surcote, vent violent et crue fluviale). Certains réseaux (EDF, assainissement) souffriraient assurément d'une telle inondation. Une surveillance régulière par les services de la Communauté de Communes et l'entretien de certains ouvrages participent cependant à la protection des Lilaises et Lilais : récemment la réfection de la porte à flot de Boutric, prochainement la reprise de la digue d'Eyrans…
Les digues ont souvent été érigées sur le domaine privé, les nécessaires accès pour l'entretien sont aussi souvent privés et toute intervention nécessite une Déclaration d'Intérêt Général (DIG) permettant d'engager des fonds publics sur du domaine privé.
Quelle politique de prévention ?
Isle-Saint-Georges est aujourd'hui soumise à un Plan de Prévention aux Risques d'Inondations (PPRI) interdisant pratiquement toute construction dans ses zones inondables, ce qui est très contraignant pour la commune dont plus de 95 % du territoire est classé en zone rouge. D'autre part la Mairie a élaboré un Plan Communal de Sauvegarde (PCS) dont l'objectif est de mettre en œuvre une organisation prévue à l’avance au niveau communal (testée et améliorée régulièrement) en cas de survenance d'événements graves afin de sauvegarder des vies humaines, diminuer les dégâts et protéger l'environnement .
À savoir...
Les hauteurs d’eau sont cotées par rapport à l'étiage de la Garonne. L'étiage (qui vient du mot été) est le plus bas niveau des eaux d'une rivière. Le point zéro de l'étiage varie donc en fonction du lieu où il est relevé. Par exemple, l'étiage de la Garonne à Cadillac est plus haut de 1,20 m que celui d’Isle Saint Georges. Il y a deux échelles d'étiage sur la commune : celle du bourg et celle de Boutric. Ce sont des règles verticales émaillées bleu-blanc, fixées au mur.
En amont d’Isle Saint-Georges, en cas de crues du fleuve, on relève périodiquement les cotes d'étiage à La Réole, Langon et Cadillac. C'est la cote de La Réole qui pour notre village sert de référence : au-delà de 8,80 m on doit être en état d'alerte, et à partir de 10 m il y a risque d'inondation.
La pêche de l’alose est suspendue! par Robert Bajolle, pêcheur professionnel à Isle Saint-Georges d’après bulletin municipal avril 2009
A l’approche de la fête de la Saint-Georges , les Lilaises et Lilais ont toujours préparé l'alose. Cependant, ces dernières années un moratoire a été imposé pour la pêche de l’alose.
A ce jour, encore reconduit, il impose aux Lilais d’avoir à se contenter des quelques aloses que l'on peut encore trouver au fond des congélateurs ou alors de celles qui ne seront pêchées ni en Garonne ni en Dordogne. Il faut savoir que la frustration du consommateur n'est rien à côté de celle du pêcheur obligé de remettre à l'eau l'alose accidentellement prise dans ses filets… un véritable crève-cœur ! Mais s'il ne le fait pas, gare à l'amende ! Les gardes-pêche sont à l'affût !
Que penser de ce moratoire ? La raréfaction de l'alose depuis quelques années est réelle ! La canicule de 2003, le réchauffement de l'eau engendré par la création de barrages EDF, la centrale de Golfech expliquent sûrement ce phénomène et j'ai été favorable au moratoire. Je me demande cependant aujourd'hui s'il n'existe pas d'autres volontés, d'autres intérêts : je constate que les pêcheurs professionnels sont de moins en moins nombreux et qu'il est plus difficile qu'autrefois de vivre de ce métier.
Plus d'aloses dans les filets... que ramène-t-on ?
Essentiellement des lamproies pêchées au filet ou prises dans des nasses jusqu'au 15 mai.
La pêche à la pibale est aussi pour le pêcheur professionnel une source de revenus à ne pas négliger. C'est une pêche difficile car elle se pratique la nuit en hiver et, malgré l'habitude, le froid est parfois difficilement supportable !
Quel mode de vente pour le fruit de la pêche ?
La plus grosse partie de la pêche est vendue au mareyeur. On vend aussi sur le marché à Léognan et même au particulier, directement à PontCastel (05 56 72 79 60 ).
Le Tresson, grand filet de pêche... par Bertrand Meallet ( bulletin municipal avril 2009)Extraits de « Vingt-cinq siècles à l’Isle Saint-Georges », Olivier Coussillan
Le tresson est un grand filet barrant aux trois-quarts la Garonne, on l'appelait ainsi, paraît-il, parce qu'il fallait treize hommes pour le tirer. Le filet chargé sur une grosse barque à rames était remonté contre le courant, montant ou descendant, par une équipe d'hommes le halant. Puis, une extrémité étant retenue à terre, il était déployé en travers du fleuve... Le bateau d'un bout, les hommes de l'autre, ralentissaient la marche de ce filet, qui, entraîné par le courant formait peu à peu une poche.
Insensiblement le bateau se rapprochait de la terre, et en fin de dérive, les deux extrémités du filet étaient jointes à l'endroit choisi : une plage artificielle de gravier.
(Il y avait trois graviers à l'Isle : l'un au Brésil, un autre au bout du chemin Pelletan et le dernier près de Boutric)
Assis sur le gravier - certains dans l'eau - les pêcheurs répartis en deux groupes halaient en cadence les deux bouts du tresson. Dans les premiers mètres du filet quelques coulacs (aloses ou "gattes") pris par leurs ouïes étaient jetés dans de grands paniers d'osier appelés " manes ". Mais c'est dans le fond du filet que l'on récoltait le gros de la pêche. D'avance on voyait l'eau agitée par un grouillement de bon augure.
(…) Avant la dernière guerre, il est arrivé que la quantité de gats pêchés soit telle qu'il fallait les rejeter à l'eau, car même en les donnant on ne trouvait pas preneur....
Chaque dimanche de printemps où le tresson pêchait, quantité de gens du village et d'ailleurs venaient assister à ce beau spectacle. C'était une bonne sortie où les odeurs fortes du fleuve et du poisson s'alliaient aux plaisanteries et aux quolibets des pêcheurs. Ceux-ci, les "tressonnaires" étaient de drôles d'hommes recrutés pour la saison sur les quais de Bordeaux : anciens prisonniers de droit
commun, dockers ou marins épisodiques, qui avaient en commun un goût immodéré pour le vin rouge et les bagarres. Les gendarmes venaient souvent les voir dans la grange où ils dormaient à la paille.
Vers les années 1930, on tourna un film sur les bords de la Garonne :" Les Bateliers de la Volga". Les tressonnaïres, convenablement vêtus de haillons, figurèrent les fameux bateliers qui chantaient une lente et nostalgique complainte en tirant dans la vase et les roseaux un lourd bateau " Ho - ho hisse ---- ho ! " Il y eut beaucoup de curieux pour cet événement qui resta longtemps dans la mémoire des contemporains !
Réglementation envoyé par Anne Crozon (Cdc de Montesquieu)
Cours d'eau domaniaux, droit de pêche, marchepied ....
Article L435-1 I. - Le droit de pêche appartient à l'Etat et est exercé à son profit : dans le domaine public de l'Etat défini à l'article 1er du code du domaine public fluvial et de la navigation intérieure, sous
réserve des cas dans lesquels le droit de pêche appartient à un particulier en vertu d'un droit fondé sur titre.
Article L.2131-2 du code de la propriété des personnes publiques ainsi (après le premier alinéa, sont insérés deux alinéas ainsi rédigés) : «Tout propriétaire, locataire, fermier ou titulaire d'un droit réel, riverain d'un cours d'eau ou d'un lac domanial est tenu de laisser les terrains grevés de cette servitude de marchepied à l'usage du gestionnaire de ce cours d'eau ou de ce lac, des pêcheurs ou des piétons. »
Article L435-6 L'exercice du droit de pêche emporte bénéfice du droit de passage qui doit s'exercer, autant que possible, en suivant la rive du cours d'eau et à moindre dommage. Les modalités d'exercice de ce droit de passage peuvent faire l'objet d'une convention avec le propriétaire riverain.
Vu en passant… (si vous arrivez de Martillac)
Le Domaine de Lartigue* à Martillac...
… l’occasion d’évoquer Montesquieu, qui selon Jean Lacouture (Les Vendanges de la liberté) possédait une île à Isle-Saint-Georges et aussi des terres.
Texte libre SIGM d'après des extraits de « Histoire de Montesquieu » (Louis Vian) et les propos de M. de Reyniès , propriétaire actuel. Le Domaine de Lartigue n'est habituellement pas ouvert à la visite.
C'est la maison de Jeanne de Lartigue (1689-1770), épouse de Charles Louis de Secondat, baron de La Brède et de Montesquieu (1689-1755).
A l’époque où Louis XIV ayant grand besoin d’argent vend des titres de noblesse, Pierre, le père de Jeanne, est anobli et devient «de Lartigue» en 1704. Au début du XVIIIème siècle, comme tant de parlementaires bordelais qui achètent des propriétés, parfois même démembrées, Pierre de Lartigue donne donc son nom à ce domaine situé à Martillac. Il y construit une maison. En 1715, date du mariage entre Jeanne et Charles Louis, celle-ci est en cours d’achèvement.
Bien que les Lartigue, de noblesse récente, n’aient pas reçu la même éducation que Montesquieu, celui-ci épouse Jeanne le 30 avril 1715, à Bordeaux, en l’église Saint Michel, dans la plus grande discrétion. Jeanne est protestante, sa foi réformée est dissimulée par un acte de baptême «de précaution». Que signifiait "être protestant" après la Révocation de l‘Edit de Nantes en 1685, époque de sévère répression à Bordeaux comme ailleurs dans le royaume de France? Une ordonnance de 1715 stipule qu’en cas de «mariage mixte», les époux sont passibles des galères et les épouses de l’hôpital. Ce n’est qu’en 1849 que cette ordonnance sera annulée. Malgré certaines difficultés, Jeanne continuera de vivre sa foi protestante en toute discrétion. Quant à Montesquieu , lui-même, que peut-il penser des religions?
Dans la «XXXVème Lettre persane» il écrit : "Dieu confondra un jour tous les cultes dans sa souveraine impartialité. Le temps qui consume tout détruira les erreurs mêmes."
La fortune de Pierre de Lartigue est en grande partie constituée de titres de créances. La dot de Jeanne s’élève à 100 000 livres, dont 25000 livres en espèces et 75 000 livres en créances. Cependant, Montesquieu s’en réjouit, car il trouve là l’espérance de pouvoir replanter des vignes.
Tout va bien jusqu’en 1716, lorsque Montesquieu demande le remboursement de leurs dettes aux créanciers de Jeanne. Mais personne n’est solvable. Se sentant grugé Montesquieu se brouille avec sa belle famille. Plus tard il conseillera à Jean Baptiste, son fils (né en 1716) de vendre le domaine de Lartigue. Celui-ci attendra 1772.
Et puisque nous sommes à Martillac, rappelons que, pendant les déplacements de son époux, Jeanne gérait aussi la propriété de Rochemorin. C’est à Rochemorin que Montesquieu disait faire son vin le meilleur. Jeanne gardera aussi la maison familiale de la rue Neuve à Bordeaux où elle mourra le 13 juillet 1770. Nous ne savons pas où se trouve sa sépulture.
C’est en 1850 que le domaine de Ferran voisin est séparé de Lartigue.
En 1933, les vignes de Lartigue sont arrachées par ses propriétaires les "de Vezian", famille du comte de Villeneuve . En 1943, les Allemands occupent les lieux. En 1957, ce sont les parents de Dominique de Reyniès qui rachètent le domaine, alors en ruines, et depuis 2008, M. Dominique de Reyniès et son épouse s’attachent à la restauration de l'ensemble.
* Toponymie : Artigue , en gaulois "artiguar" , défricher
A propos de l’aqueduc de Budos...
Il traverse les communes de Castres, Beautiran ( dans les vignes près du château Méjean ) Ayguemorte, Saint-Médard-d' Eyrans et Martillac ; des aqueducs complémentaires le rejoignent et prennent leurs eaux à Castres (La Belle Font) en traversant Saint-Selve ( à Civrac ), puis Ayguemorte (aux Barques). Dans les années 1870, la ville de Bordeaux manque d'eau potable ; Wolf, l'ingénieur de la ville, est chargé par la mairie de chercher des solutions. En 1880 la commune de Bordeaux achète la source de Fontbanne, sise à Budos.
Le 6 avril 1883 le conseil municipal approuve le projet qui consiste en un aqueduc souterrain de 41 km de long et de 4,37m seulement de dénivelé jusqu'au réservoir du Béquet (route de Toulouse sur limite Talence et Bègles) , franchissant 15 communes et s'alimentant au passage à plusieurs autres sources. L'aqueduc , d'une hauteur constante de 1,75m sera construit de façon différente en fonction de sa profondeur. 12 siphons sont prévus pour franchir les ruisseaux ou les replis du terrain. Chaque siphon sera doté de trois regards. D'autres regards seront disposés de place en place sur le tracé de l'aqueduc pour en assurer l'entretien. Entre ces regards des bornes faciliteront le repérage du canal. Les travaux réalisés par l'entreprise Dumons, Castaing et Ayel de Montauban, sous la surveillance attentive et angoissée de Wolf nommé inspecteur général des Ponts et Chaussées commenceront en 1885 et s'achèveront en 1887.
JOURNAL de SAINT-SELVE ( avril 2012 - 13° promenade)
Sommaire
Qui est SIGM ? Ses ambitions nouvelles - Journée nationale Patrimoine de pays 16 juin 2012
p.4 & 5 : La place Saint-Antoine et l’église Saint-Sévère
p.6 : Le premier instituteur communal
p.7 : Séquence nostalgie : foires et ACA
Mots croisés
p.8 & 9: Circuits du matin avec carte
p.10 & 11 : Carte et circuits de l’après-midi
p.12 : Découverte d’une hache en cuivre, et d’un trésor
Le paragraphe de la Réserve naturelle géologique
p.13 : Le Gât-Mort
Les écuries de Saint-Selve .
p.14 : Le château de Saint-Selve
p.15 : Haut-Selve, chemin gallien, chemin bordelais, padouens
Solutions des mots croisés
p.16 & 17 : Le domaine de Grenade
p.18 : Montalier
p.19 : Les associations saint-selvaises
p.20 : Saint-Selve en cartes postales
Montalier
par Jeannie Grenier
Texte d’après Denis Lalande, professeur à l’Université de Bordeaux III 1988
De l’hospital La Palomeyre à l’Institution Montalier.
Bigard, Matalin, le Moine, le Vatican et la Chapelle : des lieux-dits ô combien familiers aux Saint-Selvais mais que découvrira peut-être le promeneur aujourd’hui, et c’est tout particulièrement pour lui que je vais réveiller leur histoire.
Notre balade dans le temps nous ramène au Moyen Age.
Au sud -ouest de Saint-Selve s’étendent des prés et des bois dans lesquels il fait bon chasser la palombe. C’est donc tout naturellement que l’ensemble des lieux cités ci-dessus prend le nom de « La Palomeyre », empiétant à l’époque sur la commune de La Brède.
Les religieux de l’ordre de Saint Antoine s’installent sur ces terres, grâce à la protection du seigneur de l’Isle-Saint-Georges, et y fondent un hôpital (probablement à Matalin). Le plus ancien acte connu relatif à cet hôpital date de 1311. Au XIV esiècle la ville de Bordeaux, très touchée par les épidémies de « feu ardent » et de peste, envoie des malades dans des hôpitaux de banlieue, dont celui de La Palomeyre.
Les Antonins ont une lourde charge à assumer et se dévouent sans compter pour soulager les souffrances. On ne sait que peu de chose sur leur activités parallèles car les écrits sont rares : « tant il est vrai que nos pères avaient le souci d’agir que de laisser par écrit le récit de leur action »….
La seule information qui nous soit parvenue est que leur vin était fort réputé ! Les frères bénéficiaient même d’une cuvée particulière « le vin de Saint Antoine », vin béni, « le Saint Vinage ». Mais ce breuvage garde son secret ; était-ce « une addition d’alcool au moût ou au vin élaboré ? Si le vin est l’affaire des Antonins, les vignes, elles, sont directement gérées par le commandeur pour le compte de l’archevêché.
En 1584, l’archevêque attribue le domaine de La Palomeyre aux Pères Feuillants, rameau réformé de l’ordre de Citeaux. Ce transfert est confirmé par une bulle du pape en 1594.
Un plan d’arpentement de 1651 fait état d’une chapelle, d’une maison de métayer, d’une tour circulaire et d’un four. A l’intérieur de la chapelle se trouvent un autel sur lequel une scène représente Jésus-Christ mort dans les bras de Dieu le Père ainsi que les statues de saint Antoine et de saint Laurent.
Ayant pris possession du domaine, les Pères Feuillants rétablissent le service religieux non assuré depuis quelque temps. L’hôpital étant désaffecté et le prieuré en ruines, ils entreprennent des travaux qui s’échelonneront de 1591 à 1603.
Mais un document de 1622 atteste du piteux état de l’hôpital. En fait, il apparaît que, de 1591 à 1790, les Feuillants ont centré leur activité sur le travail de la vigne et l’exploitation de la forêt, ne faisant qu’un minimum d’entretien au niveau des bâtiments. De plus, ils ne résidaient pas à Saint-Selve, seul le métayer s’y trouvait à plein temps.
Cependant, durant deux siècles, ils assument le service religieux. Tous les dimanches et jours de fêtes, les Pères Feuillants accueillent les fidèles à la chapelle Saint-Antoine, et jouent un rôle primordial en animant la vie paroissiale et ce, jusqu’à la Révolution. A cette époque, comme tout autre bien du clergé, la Palomeyre devient bien national et est revendue au sieur Boinard . En 1791 les Feuillants quittent Saint-Selve.
La Palomeyre est ensuite morcelée et son nom passera dans l’Histoire. Seuls les noms des lieux dits Matalin, Bigard, les Rouvres du Vatican perdurent aujourd’hui.
Concernant la maison Matalin, de nombreux propriétaires exploitants agricoles s’y succèdent durant la première moitié du XIX esiècle.
Mais l’Histoire joue et rejoue ses tragédies : la guerre de 14-18 éclate aspirant ses acteurs dans le tourbillon de l’horreur qui s’illustre par un grand nombre de morts et de blessés. C’est alors que Matalin ouvre de nouveau grandes ses portes pour recueillir ces rescapés de l’enfer. Grâce à la générosité des propriétaires de l’époque, Pierre et Joséphine Montaubric, ce lieu qui accueillit dans les temps anciens l’hospital La Palomyere devient pour un temps un hôpital militaire.
Vers 1950, M. Montaubric vend la propriété à M. Jean-Pierre Lacombe, avocat, qui la revend en 1977 morcelée en trois lots.
Quant à la chapelle, elle est entièrement détruite. A sa place Joseph Lacoste fait édifier vers 1870 la demeure que l’on peut admirer aujourd’hui. Elu maire, il tient à ce que la fête annuelle du village ait lieu dans son parc. En 1930 maître Chalès achète le domaine à la famille Lacoste et le revend en 1954 à l’association Comité Montalier. Fondé à Preignac en 1947 par une équipe animée par l’abbé de Traversay, pour accueillir les convalescents de toute origine hospitalière, le centre de repos Montalier, est transféré à Saint-Selve tout en gardant son nom d’origine.
Des siècles ont passé mais l’esprit bienfaiteur des Antonins semble toujours habiter ces lieux prêts à accueillir les âmes en souffrances. D’abord dirigée par M. Pledran, puis à partir de 1963 par M. François Roche, aujourd’hui retraité, l’association Montalier accueille quelque 52 pensionnaires de dix-sept à vingt-cinq ans présentant des troubles psychiques. Dans le plus grand respect de la personne humaine, elle se définit ainsi :
« Notre projet associatif ainsi que l’histoire de l’association témoignent de notre engagement constant dans les valeurs de l’humanisme social … »
Il existerait entre 230 commanderies des Antonins à travers le monde.
Ci-contre: blason de l’ordre des Antonins à Lyon
Source : Denis Lalande 1990, principal historien de l’Ordre des Antonins.
L’aménagement de la place Saint-Antoine
par Catherine Grand
D’après divers documents fournis par la mairie de Saint-Selve
Notre place d'aujourd'hui, Place St Antoine, ouverte sur la mairie, sur le « cloître », avec son parking côté nord, a été aménagée dans les années 1980.
Au début du XVIIIè siècle, une grange et un jardin jouxtent le cimetière. C’est la propriété du curé, Jean Duver, qui lègue le tout à son successeur moyennant un loyer qui consistait en la fourniture des 20 litres d’huile nécessaires pour faire brûler la lampe du saint sacrement. Le presbytère s’établit dans ces bâtiments. En 1900 le curé J.E.Saux fait construire l’auvent le long de l’église. Entre presbytère et église, c’était un jardin d’agrément, et de l’autre côté c’était un jardin potager ; les deux jardins étaient clos par un mur dont on remarque encore la trace de chaque côté.
Le presbytère devient bien municipal en 1904.
La mairie est transférée dans l'ancien presbytère.
Les murs séparant la place des jardins sont abattus, et en 1985 une fontaine est érigée par les Compagnons du Bâtiment. Son eau provient de la fontaine de la Houne, (en contrebas, côté lavoir) .
La Place St Antoine, c’est aussi la statue de la Vierge, représentation de l’Immaculée Conception. La croyance en l’Immaculée Conception de Marie remonte à l’époque médiévale.
Marie a les bras ouverts, c’est le signe de sa médiation et son intercession entre les hommes et Dieu. Elle a à ses pieds le globe terrestre et elle écrase le serpent. La symbolique du serpent est souvent complexe et ambiguë, d’une façon générale quand il est foulé aux pieds, il représente le mal écrasé par la foi.
Le dogme de l’Immaculée Conception est proclamé par le Pape Pie IX en 1854.
La statue doit dater de la fin du XIXè siècle.
Le chêne : ce chêne est le chêne de la liberté, planté par la municipalité au lendemain de la guerre de 1914-1918. Le monument aux morts est érigé en même temps.
La plantation d’un Arbre de la Liberté, tradition postrévolutionnaire, est le symbole de la liesse populaire et de la liberté.
La Fontaine de LA HOUNE est dédiée à Notre Dame de la Houne, ou Notre Dame de la Source :
Son eau était réputée pour guérir les maladies des yeux, et la fontaine attirait nombre de pèlerins. La légende raconte aussi qu’en 1944, les allemands abreuvèrent leurs chevaux à cette fontaine, et donc la profanèrent ; aussi celle-ci cessa-t-elle de couler. Il fallut une procession quelque temps plus tard pour que la source jaillisse à nouveau. Certains la tiennent pour miraculeuse.
Les frères Bühler, paysagistes du parc de Grenade,
classé Jardin remarquable
Denis Bühler (1811-1890) et Eugène Bühler (1822-1907) sont des architectes paysagistes français, nés à Clamart, d’une famille protestante d'origine sSuisse. C’est par obligation familiale, à la mort de son père, que Denis reprend l’activité de ce dernier en devenant pépiniériste. Son frère Eugène étudie l’architecture paysagère à l’École royale d’horticulture de Versailles et les Bühler s’installent à Paris, où ils se lancent ensemble dans la réalisation de parcs et jardins.
En Gironde ils sont les auteurs du parc Bordelais, des jardins du château Malleret en Médoc et du parc du château de Grenade.
Les frères Bülher ont travaillé pour de grands personnages et des hauts lieux du Second Empire, à Paris bien entendu mais également dans toute la France et en Europe (parc de la Tête d'or à Lyon, Parc bordelais…), soit plus de 300 réalisations publiques et privées qui restent aujourd'hui comme des exemples du style paysager français. Experts en « jardin à l’anglaise » en opposition aux jardins à la française du XVII e siècle, experts dans la domestication des milieux difficiles, ils aiment se servir du spectacle de la nature, en la redessinant à leur goût avec un style très marqué. Un parc imaginé par les frères Bülher se reconnaît entre mille : il est spacieux, épousant les reliefs et domptant les éléments (l'eau en particulier), aménagé de courbes très douces, le tout avec beaucoup d'amplitude, d'harmonie et sans effets inutiles. Qu'est-ce que le style Bühler ? « Une façon de gérer les courbes, le modelé, les plantations. » Ils avaient un goût très prononcé pour l'exotisme et les espèces récemment acclimatées comme le Ginkgo biloba, le Séquoia. En d'autres termes, les Bühler avaient certes un style paysager mais plus nuancé, plus "confortable" que les autres réalisations adoptant ce style.
Henri Duphot,
architecte du château et des écuries de Grenade
(en italique le texte de Marc Saboya in « Maisons de campagne en Bordelais »)
Henri Duphot (1810-1889) est né à Bordeaux d’un père receveur des finances et d’une mère adepte du dessin appris auprès du miniaturiste Isabey. Au cours des différentes nominations du père, Henri s’inscrit à l’école des Beaux Arts de Lyon où il obtient une mention de fin d’année, et monte à Paris où pendant trois ans il suit les cours de M Debret et s’initie à l’architecture du moyen âge. En 1833 il fait le traditionnel voyage en Italie, y séjourne deux ans puis retourne dans sa ville natale pour y exercer toute sa carrière et fonder une famille.
En épousant en 1938 sa cousine, petite fille du négociant D.C. Meyer consul de Hambourg, l’architecte est admis dans les salons des Guestier, Scott et Johnston. Dès lors les commandes vont se succéder : en 1847 la caisse d’Epargne de Bordeaux aujourd’hui Musée de la Résistance, Beaumont en 1854 , Pichon Longueville en 1955, puis Latour et Virelade en 1860. Il agrandira Beychevelle en 1975 et construira les églises de Virelade et de Portets, enfin Saint-Amand à Caudéran.
Au château de Grenade, construit de 1859 à 1963, s’exprime la volonté de renouveler l’inspiration traditionnelle. Le commanditaire, le baron Edmond de Carayon-Latour, désireux de se faire édifier une « construction d’un genre inconnu de nos compatriotes, un style étranger qui pourrait devenir sur notre sol une date de progrès » entreprend avec Duphot et son fils Abel un voyage en Angleterre à la recherche de ce style nouveau. La visite des grandes demeures élisabéthaines ou de leurs revivals conduit Duphot à réaliser à Grenade une œuvre inspirée de l’architecture des Tudor où abondent les bow-windows, les grandes baies quadrillées de meneaux de pierre, les pignons chantournés et les tuyaux d’orgue des hautes cheminées groupées en trois ou quatre conduits. Nous avons ici à Grenade le plus bel exemple de cette architecture dite éclectique (qui fait référence à plusieurs styles) mais ici plus particulièrement au style perpendiculaire où s’entrecroisent les rythmes horizontaux et verticaux.
Mais c’est surtout aux écuries qu’en 1861 Duphot est le plus de son temps et touche à la perfection en appliquant strictement les leçons de fonctionnalisme de Viollet-le-Duc. Ici aucune recherche de symétrie, mais une volonté d’affirmer l’autonomie de chaque espace. Un plan savant organise habilement les services en répartissant les dix corps de bâtiment autour de deux cours séparées par l’avancée du pavillon de la sellerie.
Les façades ne font que confirmer ce principe d’autonomie en l’accentuant vers un pittoresque qui donne à cet ensemble l’allure d’un aimable hameau. Chaque bâtiment est individualisé par une toiture différente qui cerne bien le volume intérieur cadré, aux extrémités, par les inévitables murs pignons.
Si le traitement architectural varié accentue la diversité des espaces, le recours à un même appareil polychrome sur toutes les façades contribue, en revanche, à unifier la composition. L’alternance régulière de lits de briques rouges et d’assises de pierres blanches renforce le parti pris de différenciation entre la demeure et ses communs.
Précision SIGM : depuis 2009, le domaine de Grenade est rétabli dans sa dimension et son prestige originel avec l’intervention récente de l’architecte paysagiste Françoise Phiquepal.( extrait de «L’Art des Jardins dans le Sud Ouest » de Philippe Prévot , éditions Sud Ouest ). NB :Cette architecte paysagiste est aussi intervenue dans la restauration du parc du château de La Brède ( commande publique).
Le domaine de Grenade
Recherches Piou Lacoste et Philippe Delpech suivant le site internet
du domaine de Grenade avec l’aimable autorisation de Jacques Galina
A cet emplacement, existait une vaste demeure bourgeoise appartenant à une famille noble protestante depuis le XVII e siècle : les Ferrons. Le domaine de Grenade, d’une soixantaine d’hectares alors, passa aux mains de la famille de Roussane, qui s’allia en 1737 à la famille de Saint-Marc, seigneur de Saint-Selve. En 1854, le baron Edmond de Carayon Latour* acquiert la propriété de Grenade. D’après le cadastre et un plan paysager de 1864 les vignes occupaient une large part des terres cultivées avant les travaux des frères Bülher* qui s’employèrent à transformer le « désert de Grenade, ensemble de bois et de pins, vignes et joualles, prairies, terres labourables, landes, pâtures », en un parc d’agrément paysager dans l’écrin d’un parc forestier. Des allées entières de rhododendrons mesurant jusqu’à 10 mètres de haut Grenade possède une véritable forêt de rhododendrons, la plus vaste d’Europe, d'une superficie de 40 hectares, des scènes paysagères d’une surprenante variété, grandioses à la manière de grands paysages panoramiques, ou intimistes au creux des sous-bois, des parcours d’eau avec ruisseaux, étangs, lacs, et cascatelles bâties et une collection exceptionnelle d’arbres remarquables, d’essences rares ou exotiques : chênes bicentenaires, cèdres de l’Atlas et du Liban, séquoïas géants, tulipiers de Virginie ...
Edmond de Carayon Latour et sa descendance
Fayre pla, layssa dire : faire bien et laisser dire.
Edmond de Carayon Latour épousa Henriette de Chateaubriand (1824-1903), la petite-nièce du célèbre auteur et ministre. Ensemble ils fondèrent le domaine de Grenade, où cinq générations se succédèrent jusqu’à nos jours.
Conseiller général et député du Tarn de 1840 à 1861, Edmond de Carayon Latour a défendu avec beaucoup d’énergie et d’indépendance les principes conservateurs et les intérêts religieux.
Henriette de Chateaubriand quant à elle était une femme de cœur et de culture, comme son célèbre grand oncle. On peut lire sur la façade arrière du château de Grenade la devise de la famille Chateaubriand, dont la noblesse remonte aux croisades : "Mon sang a teint la bannière de France".
Le baron et la baronne de Carayon Latour eurent un fils: Henri. (1850-1916). Entré à Saint-Cyr en 1869 , il fit une brillante carrière militaire : guerre de 1870, campagnes en Algérie de 1873 à 1875, en Tunisie de 1881 à 1882. Chef d’escadron de réserve, officier de la Légion d’honneur, il est mobilisé en août 1914. Il participe activement aux combats de Belgique et à la bataille de la Marne. Il sera décoré de la croix de guerre.
Dernier du nom, il épousa Marguerite d’Alsace d’Hénin dont il eut 5 filles. Henri hérita des biens de ses parents mais aussi des propriétés de son oncle Joseph, disparu sans descendance.
Le marquis de Villeneuve épouse Henriette Laure Marie Simone, l’une des 5 filles de Henri De Carayon Latour.
Lui-même était officier de cavalerie , chevalier de la légion d’honneur. Ils eurent un fils : Ludovic comte de Villeneuve (1922-2000), lequel céda le domaine aux actuels propriétaires en 1999.
Joseph Carayon Latour
La famille Carayon Latour est originaire d'Espagne( 1) et occupait dans les Cévennes, où elle résidait au XVIIIè siècle un rang distingué mais non noble. Au début du XIXè JMM Carayon épousa MJ de Perignon fille du maréchal D Perignon, né à Grenade(1) et anobli par Louis XVIII en 1817.
Joseph Carayon Latour est le frère de Edmond de Carayon Latour. En 1871 Influent député de Gironde, maire de Virelade et qui le restera jusqu'à sa mort en 1886, faisait partie des chevau-légers fidèles du comte de Chambord (2)qui siégeaient à l'extrême droite (légitimistes demandant le retour du roi) de l'Assemblée nationale. A noter une proposition étonnante pour son bord politique, celle d'une proposition de créer un impôt en réalisant un prélèvement extraordinaire de 2% sur tous les revenus des valeurs mobilières et immobilières, à acquitter en dix années plutôt que d'emprunter pour rembourser l'indemnité de cinq milliards de francs demandée par l'Allemagne lors du traité de Francfort. Cela ne passa pas, l'Assemblée nationale préférant emprunter. Bien qu’ opposé à une doctrine égalitariste, il comprenait la nécessité d'une équitable répartition des sacrifices.
EN 1878 élu sénateur inamovible, il défendit l'école privée, s'opposa à Victor Hugo au sujet du projet d'amnistie des communards et lutta contre l'anticléricalisme de la III eRépublique.
Grand amateur de chasses à courre il a aussi créé une nouvelle race de chien courant dite « chien de Virelade » (3)en croisant les courants de Saintonge et les gascons du baron de Ruble. Plus tard les meutes créées ont été installées au chenil de Canteloup en face de Grenade sur la commune de Saint-Michel-de-Rieufret (domaine Toubar).
Notes historiques tirées de l’ouvrage « les Espagnols à Bordeaux et en Aquitaine »( François Guillemeteaud aux éditions Sud Ouest).
1 )1873 : En cette fin du XIXè, des propriétaires aux noms célèbres de quelques châteaux du Sud Gironde, tous légitimistes, reçoivent chez eux les comités carlistes espagnols, dont la communauté est très vivace à Bordeaux: citons Joseph de Carayon Latour à Grenade ( et Virelade et Toubar),le marquis de Lur-Saluces à Malle ( Preignac) ; le baron Gérard de Montesquieu à La Brède ...
Juin 1940 : le gouvernement s’établit à Bordeaux. La plupart des ambassades des pays étrangers sont réparties dans les grands domaines viticoles de Gironde.C’est Grenade à Saint Selve qui accueille l’ ambassade d’Espagne.
2) Fils posthume du duc de Berry , qui incarnait la légitimité du sang de France
3) Cette race est élevée aujourd’hui en particulier pour la reine d’Angleterre , avec des chiens particulièrement performants pour la chasse aux loups.
L’église Saint-Severe
par Catherine Grand, d’après documents JP Meric
La première église avait une nef lambrissée ; elle était petite et obscure. La sacristie, minuscule, se trouvait derrière l'autel principal ; elle n'existe plus.
A cours du XVIIE siècle pour consolider le bâtiment, construction de sa sacristie à gauche. Puis au cours du XVIIIè siècle, reconstruction générale de l'église. Les travaux durèrent apparemment longtemps, financés par une imposition sur chacun des habitants, chacun selon ses facultés », et son architecture date de cette époque.
Le cimetière entoure l'église.
Puis ce fut la Révolution. Eglise et presbytère deviennent biens nationaux.
Vers 1870, le déplacement du cimetière en dehors du bourg laisse l'endroit disponible pour la création de la place publique, devant l'église. De part et d'autre de l'église, un mur sépare la place des jardins du presbytère.
En 1894, deux cloches sont réinstallées dans le clocher (l'ancienne cloche avait été envoyée à la fonte pendant la Révolution). Puis Mme la baronne Marie-Christine d'Eichtal
(propriétaire du château de Saint-Selve) fit don du maître autel, d'une chaire en bois de citronnier et d'un vitrail .
En 1900, le curé J.E. Saux fait construire la galerie avec arcades le long de la face sud, donnant ainsi à son jardin d'agrément un petit air de cloître.
Les aménagements et travaux successifs se font au gré des nécessités et du goût esthétique de chaque époque :
Au cours des années 1960, le blanchiment des murs à l'intérieur de l'église supprime peintures et diverses ornementations, la chaire, le lustre et les statues disparaissent.
2005 : la municipalité entreprend des travaux de réfection générale : tribune au fond de la nef, toiture, chauffage. Les peintures intérieures ne font pas revivre les couleurs d’antan, mais respectent l’ornementation d’origine autour des autels : les coquilles saint-Jacques notamment rappellent le passage à Saint-Selve des pèlerins.
La façade :
Si l'intérieur de l'église et son architecture générale ne prêtent plus à des commentaires particuliers, la façade, par contre, est plus intéressante.
C'est à saint Sévère, qu'est dédiée l'église, mais ce sont les statues de saint Antoine et de saint Laurent qui ornent la façade. St Antoine et St Laurent sont deux saints très vénérés par les habitants de Saint- Selve depuis le XIV esiècle et cette dévotion a marqué la vie de la paroisse jusqu'à la fin du 19e siècle où des foires très importantes se tenaient le jour de leur fête, soit le 17 janvier et le 10 août.
Et pour le comprendre ,un peu d'histoire :
En 1311, les religieux de l'ordre de Saint-Antoine s'établissent à La Palomeyre, notre actuel lieu dit Mathalin et y fondent un hôpital.
Au XIV esiècle, les Antonins possédaient 3 hôpitaux : celui de Saint-Selve, un deuxième sur l'emplacement de l'actuel Musée d'Aquitaine à Bordeaux, et le troisième, l'hôpital Saint-Antoine de Bigart à Pujols-sur-Ciron. Pour l'entretien de leurs établissements, les Antonins élevaient des porcs, et ils avaient l'autorisation de laisser circuler leurs animaux à travers la ville. Le son de la clochette avertissait les habitants qui mettaient sur le seuil de leur maison les restes de nourriture pour les engraisser. C'est pourquoi saint Antoine est représenté accompagné d'un pourceau muni d'une clochette.
Dans l'hôpital Saint-Antoine de La Palomeyre, étaient accueillis notamment les malades atteints de la gangrène, maladie due à l'ergot de seigle (parasite du blé qui n'était pas trié lors du passage dans le moulin). Le malade sentait comme un feu dévorant dans le membre atteint, qui devenait sec, noir, comme brûlé et qui finissait par tomber. C'était le « mal des ardents » ou le « feu de saint Antoine », maladie épidémique qui fit des ravages au Moyen Age. Par ailleurs, les Antonins nourrissait une grande dévotion à saint Laurent. Saint Laurent est un martyr du IIIè siècle, qui mourut à Rome torturé sur un gril de fer rougi au feu. Il est le patron des rôtisseurs et des charbonniers, et il est réputé pour sa guérison des brûlures.
Une chapelle leur était dédiée, qui abritait leurs deux statues, située à l'emplacement de l'importante demeure que nous nommons aujourd'hui « MONTALIER ».
Cette chapelle devenue bien national à la Révolution fut vendue avec l'ensemble de la propriété ; elle fut rasée au XIX e siècle en totalité . Il en reste 2 statues, saint Antoine et saint Laurent, qui furent installées sur la façade de l'église.
Et une question anecdotique : ( réponse ci-dessous)
A quelle altitude le village de St Selve se situe-t-il ?
C'est la façade de l'église qui donne la réponse.
(N'ayez pas peur, vous n'aurez pas le vertige !)
Sanctus Severus de la Tugueyre
Saint Severe de la Taugere
par Catherine Grand (d’après une étude de JP Meric : « L’école et les instituteurs de Saint-Selve sous le Restauration et le Second Empire ).
Au XVI esiècle, la paroisse s'appelle Saint SEVE, et la dénomination actuelle de Saint-SELVE apparaît au XVIII esiècle, par rapprochement avec silva (=forêt) ou par dissimilation avec une autre paroisse de même nom, Saint-Sève près de La Réole.
Le territoire de Saint-Selve se situe sur le passage de la voie romaine Bazas-Bordeaux, la région était donc fréquentée depuis longtemps, mais il faut attendre le XII esiècle ainsi que les pèlerinages à Saint-Jacques-de-Compostelle pour voir se construire une église puis en 1311 la fondation de l'hôpital-commanderie Saint-Antoine-de-la-Palomeyre (quartier de Mathalin) par les Antonins pour accueillir, outre les malades de la peste, les pèlerins de Compostelle.
En 1170, donc, première mention de l'église, romane, dédiée à saint Sévère, patron des tisserands. Des tisserands étaient installés à Mathelin ou Mathalin, un lieu proche du village.
Les rares documents sur la paroisse dont on dispose jusqu'au XVI esiècle, nous apprennent que Bertrand de GOT, devenu pape (à Avignon) sous le nom de CLEMENT V (1305-1314)
dans ses déplacements de Bordeaux à Villandraut dont il est originaire, célébrait la messe dans une chapelle dédiée à sainte Quitterie située peut-être au lieu dit actuel « Le Vatican » ou bien au lieu dit « Maignan » (près de l'école Rambaud)
L'Edit de François I, en 1549, crée l'état civil, et ordonne la rédaction des actes en français. Les premiers registres paroissiaux apparaissent et celui de Saint-Selve date de 1589. Les comptes rendus des visites de l'évêque ou du cardinal de Bordeaux nous renseignent sur l'église et son évolution : le bâtiment, son mobilier, et la vie de la paroisse et de ses habitants.
Jean-Baptiste LAFEYCHINE, premier instituteur communal
par Catherine Grand d’après Jean Pierre Méric « L'école et les instituteurs de Saint-Selve sous la Restauration et le Second Empire » Cahier du CECAES, Université
Université de Bordeaux III - Editions Maison des Sciences de l'homme d'Aquitaine.
La loi Guizot, en 1833, met en place les fondements de l’instruction publique en France.
C’est l’aboutissement de 3 siècles d’efforts de la part de l’Eglise qui, au lendemain du Concile de Trente (mi-XVI esiècle) insiste sur l’importance de l’instruction « pour faire de bons chrétiens ». La tâche n’est pas aisée : rivalités entre seigneurs catholiques et protestants, crainte de faire des paysans des « demi-savants » ce qui risquerait de favoriser les rébellions, le peu ou la quasi absence de moyens matériels mis en œuvre.
Néanmoins, les registres de Saint-Selve mentionnent en 1691 le nom de Bernard MICOULEAU, qui serait ainsi notre premier maître l’école et il semblerait que « l’école » se soit maintenue au long du XVIII esiècle dans notre village.
Il faut attendre le début du XIX esiècle pour que l’instruction publique se structure et que soient délivrés des diplômes.
Saint-Selve enregistre en 1813 l’autorisation donnée à Jean VINCENT de tenir l’école primaire, puis à Joseph BURQUET en 1828. Toutes les communes de la région n’en ont pas tant, mais cahin caha le mouvement est en marche.
Des maîtres laïques, des inspecteurs émanant du clergé, des diplômes délivrés soit par l’Eglise, soit par le recteur d’Académie, quelques histoires croustillantes à propos de la mixité (si ce n’était aux dépens des filles !) Bref, le moule à élites républicaines a connu des débuts paradoxaux et humbles !
La loi GUIZOT.
1832 : François-Pierre-Guillaume GUIZOT est ministre de l'Instruction publique.
La loi qu’il fait voter en 1833 crée un véritable corps d'instituteurs au sein de l’Université et fait obligation à toutes les communes de France de pourvoir au fonctionnement d’une école primaire.
Et voilà notre conseil municipal saint-selvais qui se penche en août 1833 sur la mise en œuvre de la loi et déclare qu'il importe à la commune de s'imposer un petit sacrifice pour fournir à l'instituteur communal un local convenable tant pour recevoir les élèves que pour son habitation, et un traitement fixe ...
Car jusqu'ici, les maîtres qui s'étaient succédé à St Selve, n'avaient pas coûté un seul sou à la commune, ni en local, encore moins en matériel. Ne parlons pas de salaire !
Mais où trouver les fonds nécessaires ? D'autant que le budget communal était déjà largement entamé par la construction d'un pont sur le Gat-Mort ? Bref, bon gré mal gré, on vote en 1834 un crédit extraordinaire pour faire jouir M. LAFEYCHINE des bienfaits de la loi , soit 100 F pour la part fixe de son traitement et on s'engage à fournir un local bien disposé pour servir de maison d'école. ( L’autre part est à la charge des familles ayant des enfants à l'école).
Jean-Baptiste LAFEYCHINE avait succédé à Joseph BURQUET en 1830, il a 25 ans. On lui propose d'établir sa classe dans la mairie -peu occupée en dehors de la réunion du Conseil- (bâtiment face à l'église qui n’a hébergé la bibliothèque qu'en juin 2009).
Mais J.B. Lafeychine préfère installer son école dans sa propre maison, en raison de l’insalubrité du local. Ce jeune instituteur est très apprécié. Ses compétences sont réelles et rapidement reconnues par la hiérarchie. J. B. Lafeychine est nommé INSTITUTEUR COMMUNAL par arrêté ministériel 30 octobre 1834. Le conseil municipal fit un geste : il doubla son traitement fixe en le portant à 200 F.
L'instituteur était souvent l'homme public le plus instruit de sa commune. C'est le cas de J.B. Lafeychine qui assure également les fonctions de secrétaire de mairie ; c'est lui qui rédige les actes de l'Etat civil, les procès-verbaux du conseil municipal. On lui confie aussi la tâche de régisseur des travaux d'aménagement des abords du pont du Gat-Mort.
J.B. Lafeychine fut l’instituteur de Saint-Selve jusqu’en 1858. Ses successeurs ne laissent pas les mêmes traces.
L'exemple de J.B. Lafeychine laisserait à penser que la loi Guizot a su transformer les habitudes villageoises en matière d'instruction. La réalité est plus contrastée, Saint-Selve a eu sa perle rare, ailleurs les recrutements s'avèrent souvent médiocres et difficiles et les préoccupations des responsables communaux en matière d'instruction publique sont très loin derrière les problèmes de chemins et de ponts dont on a besoin pour sortir les communes rurales de leur isolement.
L'installation matérielle de la maison d'école n'intéresse personne. En dehors du renouvellement du mobilier que Lafeychine avait personnellement apporté pour son école, la première dépense proprement pédagogique de la municipalité est l'achat d'un système poids et mesures en décembre 1883.
En Gironde, peu avant 1870, moins de 60 % des écoles publiques sont la propriété des communes. Les classes étaient installées dans des locaux loués, ou prêtés, par des particuliers ou des associations religieuses.
Ce n'est qu'en 1857 que le conseil municipal de Saint-Selve décide du principe de l'acquisition de la maison de M.Lafeychine, décision assortie de toutes sortes de conditions ; les débats durèrent 9 ans : La maison Lafeychine fut acquise en 1866 pour 4500 F. Passons sur les détails relatifs au descriptif de l'état de cette maison, à l'époque on ne faisait pas de manières, mais notons l'extraordinaire chance de Saint-Selve, de compter parmi ces citoyens, un certain M. VIGNOLLES, qui en 1876, voulant faire une bonne œuvre, fit construire à ses frais le préau nécessaire à l'école des garçons pour les abriter contre les intempéries des saisons.
M. VIGNOLLES a en outre offert à la commune en location gratuite pour une durée de 15 ans une maison et ses dépendances propres à y recevoir les religieuses de Saint-Joseph et y admettre les jeunes filles appelées à recevoir l'instruction.
On est encore loin à cette époque de l'idée de la gratuité de l'enseignement. L'admission des élèves gratuits se fait avec réticence. Le conseil délibère en 1841 : l'instituteur ne recevra pas d'autres élèves gratuits... Il sont 9 aujourd'hui, ce qui doit paraître bien raisonnable. En 1850, quand le maire de Saint-Selve propose d'augmenter de 3 le nombre de boursiers, le conseil n'accepte qu'à condition qu'ils paieront quand même la moitié de la contribution. Il faut attendre la loi de 1881 avec Jules Ferry pour forcer la main de la commune.
Pour en revenir à J.B. Lafeychine, l'inventaire du matériel qu'il a laissé en quittant ses fonctions laisse à penser qu'il ne se contentait pas de suivre le programme officiel d’enseignement, fixé par la loi de 1833, lequel comprenait : instruction morale et religieuse, lecture et écriture de la langue française, des éléments de calcul et le système légal des poids et mesures. Il devait étendre son enseignement, entre autres, à la géographie du département et l'arpentage. Mais Lafeychine est un peu une exception. L'essentiel de l'objectif de la scolarisation est l'abandon de toute forme de patois, et l'imposition quasi obsessionnelle de la langue française. Les maîtres d'école n'ont pas eu sous ce rapport non plus la tâche aisée : les parents n'avaient pas toujours les moyens d'envoyer les enfants à l'école. Les travaux agricoles ou la garde du bétail rendaient la fréquentation de l'école intermittente.
Les statistiques mesurent l'efficacité des lois sur la scolarisation par le nombre de signatures apposées par les époux eux-mêmes sur les registres de mariage :
A Saint-Selve, en 1810/1820 : 38 % des garçons et 21% des filles signent le registre d'état civil. En 1900, ce sont 100 % des deux époux : c'est la manifestation assez symbolique de l'acharnement obscur à maintenir l'élan d'une idée : l'importance de l'instruction pour faire, sinon « des bons chrétiens », du moins des bons citoyens.
Château de Haut-Selve : architecture et sculptures.
Texte et recherches cadastre Piou Lacoste
Le point le plus haut des Graves, superbe point de vue !
Il y a plus de 20 ans, sur les terres du château de Razens*, existait au cap d’Housteau un pavillon de chasse dénommé la Tourette dont la petite tour en ruine dominait la vallée du Gât-Mort.
L’ensemble fut défriché en 1993 et le chai contemporain fut construit en 1995 par Sylvain Dubuisson, architecte designer parisien réputé, né à Bordeaux. Le propriétaire de Haut-Selve collectionneur d’art contemporain, nous donne à admirer de Yves Guerin les 3 grands mobiles, l’hommage à Giacometti et Castor et Pollux, de Vincent Barré un ensemble de portes et portails monumentaux en acier corten, de Juan Bordes , la fontaine des 5 sens, de Bernard Pages, la racine d’if et derniers arrivés les arbres tombés de Roland Cognet.
Le chemin Gallien aux Gaillardins par Piou Lacoste
Cette voie romaine relevée par Belleyme au XVIII esiècle reliait Bazas à Bordeaux via La Prade. Nous sommes ici sur sa dernière séquence repérable particulièrement sur les cadastres à Saint-Michel-de-Rieufret, Saint-Selve et La Brède. La structure particulière du cadastre indique parfaitement son tracé à Saint-Michel avec l'appellation chemin gallien le long de l'autoroute, sur Saint-Selve des Parqueyres aujourd'hui le centre d’élimination des déchets Terralys, à Petit-Gourmet et disparaît à Pingrot, puis de Civrac via l'Arnahurt à La Brède (camin roumieu) vers la Prade à Saint-Médard-d'Eyrans. Seuls éléments physiques encore repérables: des traces à Illats, une levée de terre aux Parqueyres et l'étrange séparation entre Ayguemortes et La Brède avant le parc de La Sauque.
Le chemin Bordelais à Grenade par Piou Lacoste
Venant de Landiras et encore ouvert dans le grand vacant de Saint-Michel-de-Rieufret, il traverse du sud au nord le domaine de Grenade où il est devenu privé certainement au cours du XIX e siècle, encore visible après la Fontaine du roi, il file jusqu'à Jeansotte où il disparait sous le goudron du chemin départemental.
Les padouens de Saint-Selve par Piou Lacoste
Dans de nombreux quartiers de Saint Selve se trouvent des parcelles nommées padouens qui sur le cadastre sont répertoriées comme "aux habitants de". Ces parcelles servaient autrefois de lieu de travail mis en commun pour battage de grains ou tonte de moutons, et sont aujourd'hui des propriétés collectives dont les habitants peuvent jouir mais ne peuvent ni clôturer, ni vendre: usus oui mais pas abusus… bien entendu aujourd'hui ces lieux qui en général servent de parking peuvent donner quelques soucis aux municipalités…
Le château de Saint-Selve (1)
par Philippe et Françoise Delpech , d’après Alain Danglade
Les archives du château de Saint-Selve n'ont rien appris sur les périodes antérieures à la fin du XVIè siècle. On sait seulement qu'à cette époque la paroisse de Saint-Selve relevait de la prévôté royale de Barsac.
L'histoire commence donc avec Pierre Guérin, bourgeois et marchand drapier de la rue de la Rousselle à Bordeaux, dont la veuve, entre 1580 et 1588, procède à quelques modestes acquisitions de terres sur la paroisse de Saint-Selve. Un de leurs fils, Jean Guérin, devient avocat au Parlement de Bordeaux (ascension sociale) et devait continuer, entre 1592 et 1632, à étendre le domaine.
Son coup de maître eut lieu en 1609 lorsque, après la déconfiture d'un propriétaire local : Pierre de Fortage (on sait maintenant d'où vient le nom du moulin...), "la sentence d'interposition de décret"... lui attribua pour 15500 livres tournois des biens assez considérables : "Toute icelle Maison noble du Puch consistant en maison, grange, füe (colombier), moulin à vent, terres labourables, vignes, bois taillis et de haute futaie, vinières, près, pacages"... plus d'autres biens de même nature parmi lesquels "le moulin dit de Fortage avec jardin, prairies, eaux, fuites et deffuites du dit moulin" etc.
L'acte précise que ces biens sont sis en la commune de "Saint-Sève, prévôté royale de Barsac" et que l'acquéreur est Jean de Guérin... On est donc passé de "Pierre Guérin", marchand drapier à "Jean de Guérin", avocat au Parlement de Bordeaux et seigneur de la Maison noble du Puch. La démarche vers l'ordre de la noblesse sera accomplie avec les descendants qui seront désormais qualifiés "écuyer".
C'est par alliance avec Marie de Guérin que Pierre de Gascq, seigneur de Razens, accède en 1655 à la Maison noble du Puch. Leur fille et héritière, à son tour, y fera accéder Jean Alphonse de Saint-Marc. C'est ce dernier qui, dans les années 1720, fit édifier le château qui exista jusqu'à la dernière guerre et dont on voit encore quelques ruines. Le bâtiment ne fut pas construit en lieu et place de l'ancienne demeure du Puch mais à quelques distances et porta le nom de Razens. Il figurait sous ce nom sur les cadastres napoléoniens à côté d'un bâtiment beaucoup plus modeste étiqueté : "le Puch". Quant aux restes du véritable château de Razens de Pierre de Gascq, ils subsistent sous la forme d'une motte castrale quadrangulaire ceinte de fossés sur la commune d'Aillas.
Après les Saint-Marc, le château de Saint-Selve et son domaine passèrent, avant et après la Révolution, entre les mains de bien d'autres familles et la dimension de la propriété oscilla, selon l'intérêt que lui manifestèrent les différents propriétaires, de 400 à 700 hectares.
Mais sa constitution demeura identique à celle des domaines de la région : bois, vignes, terres labourables, prairies et pâtures et les indispensables landes à l'usage du troupeau de moutons producteurs de fumier. Elle connut toutefois une entorse à cette règle aux alentours de 1840 lorsqu'un propriétaire, passionné d'élevage de vers à soie, installa une magnanerie et fit planter 14 hectares de muriers.
Guy Lacoste Lagrange précise dans la Revue archéologique de Bordeaux en 1989 : « Le château aux 148 portes et fenêtres », long bâtiment centré par un pavillon et limité par deux pavillons à chaque extrémité, existait encore en 1930. Lors d’une dernière vente le nouveau propriétaire fit couper les bois, vendit les terres sises hors du parc, enleva les plombs et zincs de la toiture. La carrière du château s'acheva dans un incendie sous l'occupation allemande. Ses ruines ne s'en relevèrent pas.
(1) D'après Alain d'Anglade, 1966 - Le château de Saint-Selve. Naissance et déclin d'un domaine dans la lande. Bulletin de la Société de Borda, 22 p.
Séquence nostalgie…
Les Foires des vins de Graves lors de la fête des Mères
par Piou Lacoste
En 1983, au sortir d'une commission extramunicipale d'urbanisme pour travailler sur le POS en cours d'élaboration, les viticulteurs présents à la commission ayant dressé un tableau tellement désespéré de leur avenir, les élus de l'époque eurent l'idée de créer une foire aux vins pour aider à la promotion locale de la production de la viticulture des Graves. L'idée séduit très vite de nombreux bénévoles viticulteurs mais aussi habitants de Saint-Selve, et ce sont près d'une centaine de bénévoles qui animèrent le village pendant un dimanche puis pendant des week-ends mémorables. La caractéristique de ces foires était le mélange des genres, soit successivement, soit en même temps, où les animateurs de télévision côtoyaient les tonneliers, des marchands de voitures, des architectes, des manèges, des peintres, des sculpteurs, les coco girls, l'église transformée en lieu d'art contemporain, les rues du bourg sillonnées par des semi-marathoniens, des karts ou d'anciennes voitures de course, des troupes de théâtre à l'assaut de la façade de l'église ou des toitures de Montalier, deux colloques sur l'urbanisme et la viticulture à l'époque où régnait la controverse de la Technopole Montesquieu, et bien sûr à chaque fois le vin de graves était à l'honneur et ces jours de liesse s'achevaient par un, puis par plusieurs poids en vin où l'on vit Anny Cordy et de nombreux Girondins gagner leurs 40 ou 80 bouteilles de vin…enfin point d'orgue en 1995 où la foire aux vins accueillit les viticulteurs de Toscane lors du festival Léonard de Vinci et où les machines de Léonard furent exposées pendant quinze jours. Et puis, les élections tournèrent la page… et foires et festivals disparurent! Mais Saint-Selve est toujours animé avec les Foulées saint-selvaises* et la brocante de mars*.
Les ACA Ateliers coopératifs d’Aquitaine par Piou Lacoste
En 1976 débarquent à Saint-Selve 7 chevelu(e)s qui associés au sein d'une SCOP (société coopérative ouvrière de production) louent à un propriétaire compréhensif une ancienne grange et étable en plein bourg . Les Ateliers coopératifs d'Aquitaine réunissaient maçons, charpentiers, menuisiers, ingénieur et architectes, et pendant 20 ans ont fonctionné en autogestion sur les principes un homme une voix, à travail égal salaire égal. Le premier PDG de la structure était une fille de 21 ans menuisière et chauffeur poids lourd, le travail à mi-temps était possible, les congés sans solde aussi… deux obligations cependant: devenir coopérateur au bout de 9 mois et participer à tour de rôle à la gestion de l'entreprise… Ce furent en tout plus de quarante personnes qui se succédèrent et l'entreprise compta jusqu'à 24 salariés qui apprirent et expérimentèrent la totalité de l'acte de bâtir.
Dès la deuxième année d'installation les ACA avaient refait les menuiseries de la boulangerie, la couverture de l'église de Saint -elve, puis ce furent les premières maisons solaires et bio climatiques à Pissos, Langoiran et Cabanac…jusqu'à la rénovation de la cité Claveau à Bordeaux. Fermeture en 1992 et reprise par les charpentiers couvreurs dans la SCOP Toits et Bois pendant 4 ans.
Puis chacun retourna à l'artisanat, chez un patron, en libéral, ou dans des institutions. Issus de cette expérience, des charpentiers couvreurs sont encore en activité à Saint-Selve et à Saint-Morillon, un menuisier à Beautiran, un menuisier charpentier à Portets, un architecte à La Brède, un plombier à Cabanac, des menuisiers charpentiers à Saint-Emilion, Salles et Arcachon, un menuisier charpentier couvreur ardoisier en Ariège…
Le Gât-Mort traverse Saint-Selve.
Secrétariat SIGM d’après un document fourni par la CCM
Affluent primaire de la rive gauche de la Garonne, c’est un cours d’eau de seconde catégorie non domanial jusqu’à la D 1113, avec un lit méandreux sur un linéaire de 34,2 km dont près de 5 km sur Saint-Selve. Son lit est à 90% sableux, caractérisé par une pente faible .Son bassin versant est alimenté par 19 affluents, et s’étend sur 210 km².
Ce cours d’eau a été classé « Natura 2000 » dans les « Réseaux hydrographiques du Saucats et du Gât -Mort ». La Communauté de communes de Montesquieu en est la structure animatrice jusqu’en 2014. Depuis 2010, la CCM est responsable de la gestion du cours d’eau à travers une DIG déclaration d’intérêt général pour 5 années. Ce sont des chantiers d’insertion avec débardage à cheval qui nettoient ses rives . Avec la traction animale , méthode douce ancestrale, le nettoyage d'une rivière, le dégagement de ses embâcles évitent la destruction des berges ; dans les vignes aussi , la traction animale permet de lutter contre le tassement des sols en les travaillant ; en forêt, le mini-porteur passe dans des endroits étroits pour évacuer arbres et branchages , ne causant qu'un minimum de dégâts ;
Parmi les espèces piscicoles protégées , on cite la lamproie marine (on note la présence de frayères à Saint- Selve), la lamproie de Planer, la lamproie fluviatile et le chabot, et des espèces piscicoles sensibles comme le brochet, et l’anguille.
D’autres espèces sont rencontrées: vairon, chevesne, gardon, perche…
L’AAPPMA et les Pêcheurs de l’Eau -Bourde procèdent à des lâchers de truites régulièrement . C’est ainsi que 200 Kg de truites ont pu être pêchées ces 17, 18, et 19 mars .
www.pecheaubourde.com
La qualité de l’eau est « moyenne », son altération est due à un manque d’oxygène dissous, à des traces de nitrate et à la présence de quelques micropolluants type fongicide, herbicide.
Origine du Gât-Mort autrefois nommé ou écrit Gua-Mort
par Piou Lacoste
Plusieurs hypothèses : le chat mort ? il est vrai que gat en patois veut dire chat !... ou bien l’eau morte (gua viendrait de aqua et il existe de nombreux aven ou karts dans le socle calcaire sur lequel court le Gât-Mort et aurait il disparu un jour ou bien aurait il changé de lit ?), ou bien de calemort, la cale à mort ? c’est l’hypothèse soutenue au XVIII esiècle par l’abbé Baurein qui à la lecture de rôles gascons prétend que le seigneur de Saint -Magne punissait et noyait dans des cages qu’il callait plusieurs fois dans l’eau les filles de mauvaise vie, ceci est aussi raconté à l’embouchure vers Beautiran…
Toujours est-il qu’il existe aussi d’ autres Gua en Gironde à Saint-Louis-de-Monferrand, à Saint-Vivien-de-Médoc, en Charente et même dans le Vercors…une étude reste à faire !
Les écuries de Saint-Selve vous attendent !
par Franck Reyne
La saison 2011/2012 débute, le centre équestre des Ecuries de Saint-Selve vous attend pour vous proposer de nombreuses activités : les balades, les cours d’équitation classique, les concours de C.S.O. et bien évidemment, le horse-ball qui, de tous temps dans notre club, se développe et fait parler de lui.
En effet, notre club a généreusement été primé pour le championnat aquitain de horse-ball, et a brillé une année de plus à Lamotte-Beuvron, lors des Championnats de France. Les cadets sont sacrés champions de France !
L’entraîneur de l’équipe de France a regardé les matchs de nos équipes avec attention et a sélectionné Thomas Busto dans l’équipe de France qui a terminé deuxième des championnats d’Europe de horse-ball, cet été en Pologne !
En C.S.O. Club, après une saison de travail avec des cavaliers motivés et des chevaux performants, les cavaliers saint-selvais ont été sélectionnés pour les championnats de France Club et ont brillé :
Chantal LABADIE est vice championne de France, Lucie GALIAY est 5ème de sa catégorie, Sophie MONTANNE termine 14ème avec sa toute jeune jument. Les huit cavaliers présents sont ressortis grandis de cette expérience, et comptent tout faire pour y retourner cette saison.
La catégorie amateur/pro, entraînée par Franck REYNE ne démérite pas non plus, avec des sorties régulières en concours et des prix gagnés à chaque concours. Mathilde ROSSIGNOL, monitrice du centre équestre, est actuellement 11ème du classement départemental des amateurs.
Enfin, Babeth, monitrice des plus jeunes, anime le baby-poney et le horse-ball pour les catégories « moustiques » et « poussins ». Elle vous attend dans un cadre agréable avec ses shetlands pour le plus grand plaisir des plus de 4 ans.
Venez nous rencontrer ! Il y aura toujours une activité qui vous correspondra, peu importe votre âge!
Au sujet d’une hache en cuivre découverte dans le Gât-Mort à Saint-Selve...
par Françoise Delpech
d’après extraits de J. Roussot-Larroque, 1981
La hache à rebords trouvée dans le Gât-Mort à Saint-Selve est exposée au Musée d'Aquitaine.
"Le Chalcolithique, entre 2300 et 1800 environ avant notre ère, ne peut, dans les trouvailles de surface, être aisément distingué du Néolithique sauf lorsqu'il s'agit de vestiges caractéristiques : poignards en silex, flèches à ailerons et pédoncule, céramique campaniforme, premiers objets métalliques en cuivre, car le reste de l'outillage lithique change peu durant cette courte période. Des poignards de silex ont été trouvés à Salles, Saucats, Cabanac-et-Villagrains, des flèches à ailerons et pédoncule à Mios, Salles Belin, Saucats, La Brède, mais aussi dans la région de Mimizan, et des pièces foliacées de la même époque à Hostens."
"Les haches plates en cuivre représentent le premier stade d'utilisation du métal en Aquitaine .
Elles ont été probablement obtenues par échange avec des groupes plus avancés car on n'a trouvé jusqu'ici ni fragments de minerai, ni scories, ni ateliers de métallurgistes, dans une région d'ailleurs dépourvue de ressources en gîtes cuprifères, malgré une légende tenace née d'une interprétation erronée d'un texte de César, plaçant à Sos des mines de cuivre (les minerais bleus qu'on y avait signalés sont en réalité de la vivianite, phosphate de fer). L'analyse spectrographique d'un grand nombre de haches plates en Aquitaine montre une majorité de cuivres arséniés probablement d'origine ibérique, ce qui est dans la logique de la géographie. Dans la région, nous signalerons le dépôt de haches plates des Gleyzes à Cestas (5 haches) et les haches isolées de Saucats, Saint-Morillon et Saint-Selve (celle-ci trouvée dans le Gât-Mort).
La hache de Saint-Selve contient déjà 3,8% d'étain et pourrait donc à la rigueur se classer déjà au début du Bronze ancien."
"La période ancienne du Bronze, vers 1800-1500 avant J.C., prolonge le Chalcolithique à bien des égards. Encore mal connue dans une grande partie de la France, elle est pourtant représentée dans la Grande Lande par trois stations" : à Mios où ont été découverts "quelques tessons à décor de cordelette, non campaniformes" , à Brousteyrot près de Saucats, où ont été recueillis "de la céramique commune à boutons percés assez grossière et un tesson épi campaniforme" et à Sainte-Eulalie-en Born d'où provient "une perle segmentée en verre bleu, d'un type extrêmement rare dont une douzaine d'exemplaires seulement, sont connus en France. Quant aux objets métalliques du Bronze ancien, à part peut-être la hache de Saint-Selve..., ils manquent jusqu'ici dans la Grande Lande."
Roussot-Larroque J., 1981 - Protohistoire de la Grande Lande : du 4ème millénaire aux derniers siècles avant notre ère. In A. Klingebiel et J.B. Marquette éds. : La Grande Lande : histoire et géographie historique. Actes du colloque de Sabres, 27-29 novembre 1981, éditions du CNRS et du Parc naturel régional des Landes de Gascogne, p. 97-125.
Extraits de la lettre aux adhérents n° 8 mars 2012
par Christiane Espeut Guillemot
En photo ci contre
melongena lainéi et epitonium rocheri
30 ans :
Cette année, la Réserve aura 30 ans, âge charnière entre le temps du développement et le temps de la consolidation . Elle doit faire la preuve de son utilité publique. Dans sa tâche indispensable, la compétence et l’efficacité du conservateur, de l’équipe de salariés ,jouent un rôle essentiel. Mais on doit souligner l’importance capitale de l’apport du bénévolat et de l’excellence de l’expertise scientifique de l’association gestionnaire qui constitue un atout important en faveur de la délégation de service public qui lui est confiée.
Festivités des 30 ans !
12 mai 2012, à l’occasion de l’assemblée générale, qui se tiendra à la salle des fêtes de Saucats, sera organisée une exposition sur les Réserves naturelles de France suivie d’ un « apéritif-buffet » avec gâteau d’anniversaire.
Festivités des 120ans !
L’étage du Burdigalien a été créé il y a 120 ans.
Le 24 novembre 2012, à la salle des fêtes de Saucats, présentations sur la géologie régionale, l’Aquitanien, la faune, la flore, et visites sur le terrain, à Saucats et Léognan.
ASSOCIATION POUR LA RÉSERVE GÉOLOGIQUE DE SAUCATS - LA BRÈDE
17, chemin de l' Eglise - 33650 SAUCATS Tél. 05 56 72 27 98
Courriel : reserve-geologique@wanadoo.fr
www.rngeologique-saucatslabrede.reserves-naturelles.org
Le trésor de Saint-Selve
Par Philippe Delpech d’après Guy Lacoste Lagrange ; revue Archéologique de Bordeaux année 1989 tome LXXX: notes sur l’histoire d’une paroisse du Cernès.
En 1774, un vigneron habitant Saint-Selve, Jean Boyreau, " piochant la terre pour en extraire du sable dans un lieu écarté des maisons", brisa avec sa pioche un pot qui contenait une "quantité de petites pièces"... "En ayant ramassé plusieurs, il les apporta à Jean Lafon, vigneron du dit Saint-Selve, propriétaire de l'endroit où elles s'étaient trouvées. Le dit Lafon les ayant prises et examinées les jeta par terre. Disant au comparant que c'était des jetons qui ne valaient absolument rien". Sans doute non convaincu, "le comparant ayant été dans l'endroit où elles étaient, les ramassa et les remit à une personne de confiance qui en ayant connu le mérite et la valeur les porta à la Monnaye"... "Ces pièces ayant été échangées, Lafon en fut instruit. Dès lors il ne s'occupa plus que de faire rentrer en ses mains la valeur de ces pièces". Par la suite, "Lafon se prévalant du peu d'expérience du comparant... a refusé de la faire participer dans le produit de ses espèces".
S'ensuivit une procédure relatée dans les actes de "Crozillac, notaire royal à Castres". Sans ce différend, sans doute ignorerions-nous tout de ce trésor dont la valeur marchande s'est montée à l'époque à 6000 livres. Pour comparaison, on peut indiquer que, en 1746, Montesquieu achetait au baron de Saint-Selve, pour la même somme de 6000 livres, "un moulin à eau à 2 meules avec cours d'eau, maison et dépendances au lieu-dit le Val Noir, Moulin appelé Jean Bertrand à Saint-Morillon" (il s'agit du moulin du Carat).
L'abbé Beaurein, dans ses "Variétés bordelaises", entre 1784 et 1786, évoque ce trésor qu'il décrit comme un ensemble de "trois ou quatre cents pièces d'or sur lesquelles on voyait la figure de l'empereur Constance". Trois empereurs romains ont porté le nom de Constance :
- Constance I, empereur en 305-306 ;
- Constance II, empereur d'Orient (337-361) ;
JOURNAL de SAINT-MORILLON ( 9° promenade - avril et septembre 2006 )
LES CIRCUITS DU MATIN...
Mais n'oubliez pas de prévoir votre retour!
RIVE DROITE DU GAT-MORT : 14Km
Itinéraire de Beautiran à Saint-Morillon: départ de Beautiran à 8H30, direction Castres, traversée de la RN 113 au passage pour piétons juste après le pont sur le Gât Mort pour prendre le chemin de Perrin de Naudine ; à cet embranchement point de ralliement à 9H avec les marcheurs castrais qui ne partiraient pas de La Brède, puis à partir de Perrin de Naudine, on longe la rive droite du Gat Mort et on traverse les terres du château de Pommarède, on longe les carrières qui ont servi à édifier le château , passage par le pas du Bécut, les arrières du château de Castres, les sources de La Belle Font qui alimentent Bordeaux en complément des eaux de Budos, puis nous voilà sur Saint Selve au quartier de Foncroise ; après traversée de l’autoroute sur le pont on redescend et arrivée place de Saint-Antoine à Saint-Selve vers 10H15, point de ralliement avec les marcheurs d’ Isle Saint Georges et d’ Ayguemortes .
Isle Saint Georges en partant à 8H30, longe le Saucats et retrouve Ayguemorte à 9H, puis en prenant la belle route de Thion, traverse la RN 113 à 9H30, longe les vignes et les bois du domaine de Lusseau et entre dans Civrac, vieux hameau de Saint Selve, et arrivée à St Selve par une petite route qui longe la rouille du Reys, de belles zones humides de palus non encore urbanisées, le tout sous un superbe couvert forestier, puis après avoir franchi le Gât Mort prendre la ruelle de Notre-Dame-de-la-Hount pour arrivée par le bas de la place Saint-Antoine à 10H15 pour rejoindre les marcheurs de Beautiran. Puis départ par la route du moulin de Fortage et au grand portail rouillé on pénètre dans le parc du château de Razens (ex-château du Puch) et on remonte vers les grandes tours encore debout ; ne pas s’approcher des ruines dangereuses, les contourner sur la gauche, traverser la propriété entre les maisons, reprendre la route et tourner à droite vers le château contemporain de Haut-Selve, Sylvain Dubuisson architecte, aller voir la fontaine des 5 sens du sculpteur Juan Bordas, faire le tour du cuvier, remonter vers le portail de Vincent Barré et Castor et Pollux, belles sculptures en fonte de fer de Bordas; on traverse la vigne vers le feu et on descend vers les grands stabiles, réalisés par Yves Guerin, 3 grains de graves (quartz) qui volent vers le nord : beau point de vue sur les coteaux de la rive droite de la Garonne, retour par le chemin rural, puis à droite, la voie communale jusqu’au carrefour : on est sur le point le plus haut de Saint-Selve (56m !), à droite les écuries de Saint-Selve (championnat de France de horse-ball) et l’on descend la piste forestière qui sépare la commune de Saint-Morillon, cette piste autrefois appelée de Castelnau de Cernes à Castres et sa sœur jumelle à 300m longe l’interfluve entre à droite la vallée du Gat-Mort et à gauche le bassin versant du Rieufret, cette zone autrefois en lande recèle quelques petits trésors comme des lagunes et des argilières en creux mais aussi des ruines et des tumuli en bosses. En effet après avoir doublé le carrefour de Lagraulet tout de suite à gauche à Lagouarde sur la commune de St Selve 4 tumuli sont encore visibles : nous les découvrons un par un au travers du bois. En contrebas on entrevoit une palombière qui cerne une lagune, disposition originale. On revient sur ses pas jusqu’au chemin de Lagraulet pour entamer la descente de la rive droite du Gât Mort, à gauche le domaine de Lagraulet, son lac avec en bas mais peu visible un ancien lavoir… mais déjà on retrouve la route goudronnée du chemin de Domec qui mène tout droit à l’église puis, en face, à la dégustation sous chapiteau à 12H45.
RIVE GAUCHE DU GAT-MORT : de 9 à 19km selon point de départ
Cabanac démarrera devant l’ancienne gare à 9H30 et remontera l’ancienne voie ferrée pour se retrouver au point de ralliement devant château Belon à 10H45.
Saucats partira à 9H par la route de Baudes, le chemin VTT jusqu’au Son, montée vers la piste forestière qui marque le partage des eaux et descente au travers des lagudas vers l’ancienne voie ferrée puis le Hardeau, la Bragouse et enfin arrivée à château Belon à 10H45.
Cadaujac partira de Martillac avec les Martillacais à 8H15 qui, en passant par La Tour et Haut Nouchet, rejoindront les marcheurs de Saint-Médard dans les vignes de Cruzeau à 8H45, puis Larcher, le Brouilleau et le chemin de Mons, franchissement du St-Jean-d’Etampes sur la passerelle à la Perrucade et traversée sécurisée de la route départementale pour retrouver sur le pré de l’espérance les marcheurs de La Brède, Castres, Saint-Selve et Léognan vers 9H10.
Saint-Médard-d’Eyrans partira à 8H par la rue du Milan puis après la traversée sécurisée de la RN 113 à 9H20 prendre le chemin de Matelot, rejoindre l'intersection de la route de Larchey et l'allée de Cruzeau en cheminant dans les vignes de Cruzeau rejoindre les marcheurs de Martillac à 8H45.
Léognan, Promenade et Découvertes, l’ASCCG et Castres partiront de La Brède à 9H15 avec Cadaujac, Martillac et La Brède pour suivre : départ du pré de l’Espérance, court passage sur l’ancienne voie ferrée, puis remontée du coteau sur un chemin nouvellement ouvert, arrivée au sud de Eyquem, direction le Gars, château Méric, passage au pied du moulin de Gars, dernier moulin à vent encore debout du canton, sans ses ailes cependant, pour rejoindre Barbine et sa rouille et redescendre vers Camarset mais avant, tourner vers la Flouquette que l’on traverse, puis remontée devant Béthanie vers Gassion, passer sous « la tour–palombière » , puis à Courrens ( élevage d’ânes communs), passer en bas dans la zone humide, où il y a une source et un lavoir au pied d’un peuplier noir, puis traversée de la route goudronnée rejoindre le chemin qui traverse le Verdurat vers le haut des Gravettes et remonter vers château Belon pour point de ralliement à 10H45.
A Belon visite rapide du château, ses dépendances (four à pain) et descendre vers château Plantat où attendent à 11H20 l’APBA et la Réserve géologique pour une exposition sur le paléo milieu et une démonstration de tamisage sur les bords de la rouille de Plantat : ces expositions et fouilles seront en activité l’après-midi, donc il est possible de partager le groupe en 2, ceux qui restent d’un côté et ceux qui continuent de l’autre ; ces derniers pourront revenir l’après-midi en car, voitures ou vélos.
Pour ceux qui continuent, traversée sécurisée de la départementale vers 11H40, longer sur cent mètres la départementale et descente à travers champ vers le moulin de Lusier, visite des ouvrages hydrauliques, ruines ô combien romantiques puis en suivant les rives du Gua-Mort découverte de la motte castrale de Lusier, retour sur 200m et remontée vers le chemin Marchand par un chemin rural rouvert pour la circonstance pour arrivée au bourg en passant devant les ouvrages hydrauliques du deuxième moulin de la commune (ruiné lui aussi) et arrivée à la salle des fêtes à 12H30.
Pour ceux qui seront restés à Plantat, départ vers 12H10 pour traversée sécurisée de la départementale à 12H25 dans les mêmes conditions que les autres, passer devant Lusier sans s’arrêter (ils y reviendront l’après-midi), rejoindre le chemin Marchand pour arrivée au bourg à 12H45 pour la désormais célèbre dégustation de la 9° promenade au pays de Montesquieu.
Les circuits de l'après-midi
au fil des numéros:
Balade découverte de 5 à 7 km selon choix
(1) Salle des fêtes: dégustations et initiation à la dégustation par la Confrérie des Graves, l'Oenophile des Graves et les viticulteurs de Saint-Morillon; exposition de la réserve géologique de Saucats-La Brède, rencontre dédicace avec 3 auteurs des Graves dans leur stand "expressions en liberté".
(2) Grange du presbytère: exposition de l'association Landes Graves Palus Environnement (LGPE) sur la biodiversité de la vallée du Gât-Mort et les papillons, travail effectué avant d'engager la lutte contre le projet de LGV qui menace les Graves de Montesquieu et tout le Sud Gironde.
(3) Maison de l'ancien maréchal-ferrant où dort encore une machine à ferrer les boeufs et un beau point de vue sur le Gât Mort. Au retour vous pouvez descendre au pied des piles sud du pont pour repérer les restes du lavoir qui, avant 1838, bordait le gué. En effet le pont a été construit tardivement par une entreprise saint-morillonnaise... (voir plus loin).
(4) Hôtel des Quatre Soeurs, aujourd'hui paisible maison de ville.
(5) Le moulin du Notaire remarquable par la ruine de la salle des meules avec ses marques d'anilles sur les jambages chanfreinés de la porte, l'arc de sortie et son avant-bec visible du bief asséché, seuls restes du passage de l'eau et de la force hydraulique. Le moulin était accessible des deux rives, une passerelle bois franchissant le Gua Mort. C'est cette passerelle que Drouyn a dessinée et vous verrez qu'elle n'a pas changé! A l'aval du moulin vous remarquerez un pli dans les jardins. Cette noue est la trace de l'exutoire du moulin qui autrefois rejetait ses eaux beaucoup plus près du bourg.
(6) Entre bief et Gua-Mort découvrez le site, ses magnifiques chênes et les ouvrages d'art successifs. Franchissez le passe-mesure spécialement aménagé pour cette promenade par la commune avec l'accord du propriétaire. Aujourd'hui c'est pêche à la ligne pour les enfants: les Pêcheurs de l'Eau Bourde prêtent les cannes et offrent les permis de pêche aux enfants de moins de douze ans.
(7) Chemin marchand: nous sommes sur le chemin porté sur la carte de Belleyme qui conduisait des confins de la Grande Lande vers la Garonne et son port de Beautiran.
(8) Descendre dans le lit majeur pour observer le gué que franchissait le chemin rural vers Lagénie et Claron. Les beaux chènes nous font penser aux croquis de Léo Drouyn.
(9) L'ensemble forestier est traversé par le Riet, ou ruisseau de Pinot, accompagné de larges prairies. En bas vers l'ouest un bosquet signale les restes d'anciens viviers. Mais restons là à observer la biodiversité et regarder les papillons et leur touche impressionniste. A gauche le fantôme d'un chemin creux appelé ici chemin profond.
(10) Une rampe (dont on ne connaît plus vraiment l'usage) mène droit vers le ruisseau: bifurquons à droite dans la basse vallée en suivant ce parcours tout fraîchement ouvert en domaine privé. A droite peu visible, une source, aujourd'hui oubliée, fournissait peut-être bonne eau au moulin et à la motte qui se dresse maintenant devant nous (voir article).
(11) Le moulin de Lusier, son airial, sa plage. Ce moulin, qui a appartenu à Jeanne de Lestonnac et à Montesquieu, est resté célèbre et sa plage est toujours prisée. Attention en visitant les ruines de la chambre des meules (lire article) mais quelle belle vue! Gageons que nous pourrons conserver encore longtemps un site aussi romantique.
(12) Le quartier de Darriet, ses prairies et ses longs bâtiments agricoles: on sent tout de suite qu'ici l'agriculture nourricière a pu s'épanouir. Face à un beau puits hexagonal et derrière la grille se dresse le dernier mur du château de Darriet, beurrerie coopérative pendant près de 40 ans avant la guerre de 14. Entrons, une exposition nous y attend... Remarquez l'alternance des fenêtres et des cheminées, de la pierre et de la brique. Puis allez voir la façade nord et descendez vers le grand bassin que vous contournez et... retournez-vous: essayez une photo face à l'étrange contre-jour de la façade.
(13) Nous allons quitter le domaine privé pour retrouver au pied d'un splendide sapin un chemin rural que la commune a dégagé pour cette promenade: un pont de pierre aux voussures parfaitement taillées vous permet de franchir de biais le ruisseau de Pinot, de le longer, contourner un séquoia gigantea abattu par la tempête de la fin du siècle, marcher sur les dalles de pierre qui ont été mises à nu lors de la réouverture du chemin, peut-être est ce un puits? Un peu plus loin (17) nous voyons que nous sommes sur un épaulement d'argile, à nos pieds des sources et les prairies drainées par le Riet.
(14) Ceux qui aiment le miel peuvent aller déguster des pains d'épice à la miellerie voisine et même faire un détour chez un particulier pour voir un vieux lavoir alimenté par une source permanente (15). Ici ils peuvent traverser et remonter sur la vigne, rive droite du Riet pour rejoindre le chemin rural qui mène à Pinot (16).
Superbe point de vue, maison XVIIIe avec pavillon central, plusieurs puits, dont un avec une étrange margelle monolithe. De Pinot on redescend plein ouest vers le stade (18). Puis chemin rural (19) qui traverse de part en part le nouveau lotissement et ses rues d'artistes, (20) un puits et un chêne communal centenaire.
(21) Ancienne école des filles aujourd'hui bibliothèque et musée des arts et tradition populaires autour de la résine et de la vigne. Suite à un don privé, ce musée a été monté par la Grappouille qui,depuis une décennie, ranime les souvenirs ruraux de Saint-Morillon
(22) La mairie, bel immeuble XIXe acheté en 1865 en remplacement du petit local certainement en bois (voir plan de 1858) qui trônait au moins depuis la Révolution devant le mur du cimetière : vous y verrez une exposition sur Léo Drouyn et Pierre-Gaston Rigaud. Ces deux artistes peintres ont séjourné à Saint-Morillon ; Léo Drouyn est resté une semaine à Saint Morillon, vraisemblablement à Fournié (actuellement le couvent de Béthanie) du 13 au 18 mai 1857 et a réalisé ces splendides dessins et gravures sur les zones humides autour de la vallée du Gua-Mort, zones humides aujourd'hui encore préservées (pour combien de temps?). Vous verrez aussi les dessins et gravures des enfants de l'école primaire qui vont sur les traces de Léo Drouyn à l'exemple de Mr Gaultier, graveur, qui sera là pour vous croquer!
(23) Exposition de broderies et art du repassage.
(24) L'église où nous attendent l'abside romane, les retables baroques et le culte voué à saint Roch. Puis faisons le tour de l'abside pour voir les modillons romans et repérons les superbes toilettes publiques encore, comme on dit, "dans leur jus". -
25) Remontons vers Bel Air pour jouir d'un splendide point de vue (site inscrit) sur les vignes, la vallée du Gua Mort et les coteaux de Garonne.
Redescendons jusqu'au chemin des Sables où se joue la limite entre argile (lieu dit Gleys) et les sables de la vallée du Gua Mort. (26) Démonstration de tournage sur bois.
(27) Le moulin du Carat autrefois appelé Jean Bertrand. Le moulin a disparu emporté par une crue nous a-t-on dit mais tous les aménagements hydrauliques sont ici bien visibles. Ce beau site bien dégagé respire la tranquillité: en face sur la rive gauche, dans les broussailles, les vestiges des carrières de Curtot (voir article).
(28) Le four à chaux, entier, qui était encore en fonctionnement dans le milieu du XX° siècle: c'est ici que le chaufournier calcinait les pierres calcaires pour en faire de la chaux vive qui servait à la réalisation des mortiers et badigeons mais aussi à la fabrication de la bouillie bordelaise indispensable au traitement de la vigne.
(29) Château Plantat: exposition sur les fossiles et initiation au tamisage de faluns
organisée par l'APBA: accessible en voiture ou en bus.
(30) Vestiges des carrières de Curtot.
IL Y A 22 MILLIONS D’ANNEES, A PLANTAT PLAGE
Le Château Plantat est situé géologiquement sur le grand bassin sédimentaire aquitain. Ce bassin s’est formé tout au long de l’ère secondaire et tertiaire, en se remplissant de sédiments issus de la formation des anciens massifs montagneux (Massif Central par exemple)
Le domaine de Plantat repose donc aujourd’hui sur des sables à graviers épars provenant de reliefs avoisinants et d’argile. Ces dépôts sont généralement mélangés aux formations sableuses du Miocène (série géologique de Tertiaire) dans le secteur entre Léognan, La Brède et Saint Morillon et à une quantité non négligeable de sables des Landes.
Le site de Plantat est un gisement fossilifère qui appartient à l’étage Aquitanien ( environ – 22 millions d’années) L’Aquitanien est un étage qui fait partie du Miocène inférieur. Il est caractérisé par sa faune fossile surtout laguno-marine, contenue dans le sédiment et correspond à la première invasion marine du Miocène. L’océan à cette époque recouvrait toute la partie sud-ouest de la région, de Carcans jusqu’à Agen en passant par Bordeaux. L e domaine de Plantat se retrouve alors sous l’océan de l’époque ( futur Atlantique)
A cette période, l’eau est chaude est peuplée de faunes marines diversifiées, comme les coraux, mollusques, foraminifères, que les paléontologues retrouveront quelques millions d’années plus tard. Vers la fin de l’Aquitanien, il y a –20,5 millions d’années, la mer se retire vers l’ouest et laisse sur ses marges un cortège de coquillages tropicaux, dont les « descendants » vivent actuellement en région tropicale, preuve que le climat était alors plus chaud qu’à présent. Parmi les différentes faunes fossiles découvertes, sont présents : les mollusques ( bivalves, gastéropodes et céphalopodes), les poissons ( dents, vertèbres, otolithes), coraux et bryozoaires ( débris), vers, crustacés ( articles de pinces), oursins ( piquants), reptiles ( dents de crocodiles), et des foraminifères ( animaux unicellulaires). C’est d’ailleurs en partie grâce aux foraminifères, que l’on peut aujourd’hui dater le niveau fossilifère de Plantat, et plus particulièrement grâce aux Miogypsines.
D’après tous les fossiles récoltés sur le gisement de Plantat, l’on peut dresser un premier cadre de vie ( paléomilieu), grâce aux renseignements qu’ils nous fournissent. Une première partie de faune semble avoir vécu en milieu plutôt marin ( Cypraea, Strombus, Natica, Tellina, Cardium, Melongena). Une seconde partie de la faune semble, elle, avoir vécu en milieu lagunaire ( Granulolabium, Vitta, Ocenebra, Callista, Anodontia). Enfin, d’autres fossiles semblent avoir vécu dans les deux milieux. Tout ceci nous amène à penser que le paléomilieu de Plantat à l’Aquiatnien devait être un espace laguno-côtier ou laguno-marin. D’ailleurs, cette thèse vient s’appuyer sur le fait que l’on rencontre une faune fossile riche en nombre d’individus et peu diversifiée en nombre d’espèces ( cas général des lagunes européennes)
SAINT-MORILLON
ET LA GUERRE DES BOERS
De 1899 à 1902, pendant trente-deux mois, s’est déroulée en Afrique du Sud une guerre impitoyable entre deux peuples blancs. La « Guerre des Boers » opposa à l’Empire britannique les ressortissants des Etats libres du Transvaal et de l’Orange soutenus et renforcés par des volontaires allemands, hollandais, français, italiens, irlandais, russes et américains et bien d’autres encore. D’un côté un rouleau compresseur luttant pour sa suprématie, de l’autre une armée de paysans combattant pour leur survie.
C’est ici que les Britanniques enfermant les civils boers dans des enclos où femmes et enfants périrent créèrent, pour la première fois, la notion de camps de « recon-centration » tristement reprise dans les conflits suivants.
Dans toute l’Europe, le combat des Boers suscita un formidable courant de sympathie, leur cause enflamma les opinions publiques.
A la proposition de l’un de ses conseillers, Honoré Zappa, le Conseil municipal de Saint-Morillon, engagé dans la vague, décida de donner aux rues et places du village, lors de la séance du 9 mars 1902, les noms des présidents des deux républiques, des chefs et des volontaires défendant le territoire boer.
Il est inscrit sur le registre des comptes-rendus de séance : « Pour rappeler d’une manière permanente la bravoure du peuple sud-africain aux générations présentes et futures dans la commune ».
L’actuelle place de la Mairie s’appela alors place Krüger, du nom du vieux président-fondateur du Transvaal, incarnateur de l’esprit boer, qui se refusa à toute collaboration avec les Britanniques. Après la fin de la guerre classique et la défaite (août 1900), il se retira en France, plaida à travers l’Europe la cause des deux Républiques et mourut en Suisse en 1904.
Marthinius Steyn, moins charismatique, était, lui, le président de l’état libre d’Orange, fondé au XVIIe siècle par des colons d’origine hollandaise. A l’entrée de la route du Stade figure encore la plaque, au nom mal orthographié, qui immortalise le chef d’Etat.
Le général Louis Botha donna son nom pour une quinzaine d’années à l’actuelle rue de Verdun qui joint l’église à la salle des fêtes. Commandant-général de l’armée de résistance au Transvaal, il retarda plus de deux ans par des opérations de commando le succès des Anglais.
Impliqué dans la reconstruction, puis dans la création en 1910 de l’Union sud-africaine, il en fut le premier Premier ministre jusqu’à sa mort en 1919 à l’âge de 57 ans.
La partie du chemin de Grande Communication N° 44 (actuelle route de Castres) prit sur la traversée du bourg le nom de passage De Wet.
Christian Rudolph De Wet fut sans doute le plus célèbre des généraux boers. Nommé par le président Steyn commandant en chef de l’armée de l’Etat libre d’Orange, il décida d’envahir la Colonie britannique du Cap et devient la hantise de l’état-major britannique dirigé par lord Kitchener.
Prédecesseurs de Botha et de De Wet, Piet Joubert, descendant de huguenots français, et Pieter Arnold Cronjé étaient prévus dans la distribution, avec l’attribution, notamment pour le second, de la mystérieuse avenue des Quatre-Bornes, mais il n’y a pas eu de suite.
Récemment rebaptisée rue du Notaire, l’ancienne rue Delarey évoquait un autre chef boer.
Surnommé le « Lion du Transvaal », Jacobus Koos de la Rey fut à la tête des commandos durant toute la guerre et s’illustra notamment dans la deuxième phase de la guerre, celle de la guérilla.
Enfin, la municipalité de l’époque voulut rendre hommage à un Français. Ainsi la petite rue qui conduit de l’église à la cure, ou selon ses convictions de la mairie au bistrot, portait, avant celui du 8 mai 1945, le nom de Villebois-Mareuil. En quoi Georges Henri Anne-Marie Victor de Villebois-Mareuil, modeste colonel d’une armée française qui pullulait de généraux ventripotents mais disciplinés mérita-t’il d’avoir son nom dans une modeste commune de Gironde, si loin de son Nantes natal. L’histoire mérite d’être contée :
Soldat distingué, sorti de Saint-Cyr, lieutenant puis capitaine pendant la pâtée de 1870 (où il fut héroïque, déjà, et grièvement blessé), Villebois-Mareuil auteur de quelques expéditions aux colonies fut bientôt, à 45 ans, le plus jeune colonel de France. Trois ans plus tard, en 1895, après six mois de Légion, un mouvement d’humeur le pousse vers la retraite. Motif : il n’avait pas été proposé aux ‘‘étoiles’’. « Pour m’occuper, clame t’il, je ferai de la politique ».
A 52 ans, dixit pour venger l’humiliation de Fachoda par les Anglais, il se porte volontaire pour rejoindre en Afrique du Sud les forces boers au sein du Corps français libre. Soldat téméraire, il prend le rang de commandant avant d’être le seul étranger proclamé général au feu par les présidents des deux républiques.
Le 5 avril 1900, les forces britanniques attaquent le petit commando de Villebois-Mareuil (soixante-six hommes dont un tiers de Français) près de Boshof, entre Kimberley et Bloemfontein. Lord Methuen, le chef british, dispose de trois régiments, plus de mille cinq cents hommes, de dix mitrailleuses et de six canons. Au bout de quatre heures, la messe est dite, le héros est mort sur le champ.
Le commandant en chef des forces britanniques demande à lord Methuen d’enterrer Villebois-Mareuil sur place, avec les honneurs militaires. Le Loyal North Lancashire Regiment se tient au garde-à-vous pendant que le comte de Bréda (prisonnier de guerre boer) prononce l’oraison funèbre en français.
Dix jours plus tard, à Notre-Dame de Paris, dix mille personnes assistent à une messe à son intention et Théodore Botrel compose une chanson à sa gloire.
D’autres combattants français anonymes seront déportés dans des camps de prisonniers à Sainte-Hélène, presque cent ans après un autre, bien plus illustre...
… Et un petit village de Gironde se prit à honorer tous ces héros. Zappa, l’initiateur, propriétaire du domaine de Villa Bel-Air, offrit les plaques de rues. Il en fut remercié lors de la séance du Conseil municipal du 29 juin 1902. L’inauguration eut lieu le 14 juillet.
(Texte association La Grappouille inspiré de « la guerre des Boers » de Bernard Lugan).
LE SAVANT ET LA GUERRE
Jean Alban Bergonié, éminente personnalité scientifique saint-morillonnaise, est mobilisé dès août 1914, à 57 ans, en tant que médecin-chef des armées.
Il milite pour la chirurgie au plus près des lignes et invente un électro-aimant à circuit alternatif qui aide à localiser et à extraire les projectiles inclus dans les tissus. Le mécanisme est installé au Grand-Lebrun à Bordeaux.
Préoccupé par la rééducation et la réinsertion des grands blessés, il reçoit en son domaine de La Flouquette, annexe de l’hôpital de Martillac situé au domaine de la Solitude, des poilus en convalescence.
LES CARRIERES DE CURTOT
Eh bien oui, il y a des carrières de pierre à Saint-Morillon, mais aujourd'hui leur exploitation a quitté la mémoire collective. Sur le terrain, les carrières à ciel ouvert sont bien présentes. En effet, le long de le rive gauche du Gât-Mort, de Villagrains à Beautiran, la rivière a creusé son lit sur le calcaire de l'oligocène.
Pendant des siècles, des carrières à ciel ouvert ont donné aux hommes de la vallée du Gua-Mort les matériaux de construction pour leur habitat et leurs clôtures.
Ainsi à Saint-Morillon il reste dans le quartier de Curtot environ 5 hectares de friches à la topographie chaotique.
La pierre de Curtot était réputée pour sa dureté: c'est un calcaire marbrier, une pierre froide que l'on retrouvera en grandes dimensions sous les seuils et les appuis de fenêtre. Le moellon, plus courant, était utilisé pour les fondations; on dit ici qu'il fallait trois rangs de moellons de Curtot pour faire une bonne fondation...
Ces carrières étaient ouvertes lorsque l'entreprise Boyreau, sise au lieu dit La Cassagne, a construit le pont de Saint-Morillon, l'église de Cabanac, le château de Grenade...
Des chutes et petits moellons on faisait les chemins comme en atteste ce texte émanant des archives de la mairie où on situe les carrières à Curtot et à Lacanau et où l'on compte les mètres cube de cailloux à casser et bien sûr leurs dimensions...
IL Y A 22 MILLIONS D’ANNEES,
A PLANTAT PLAGE
Le château Plantat est situé géologiquement sur le grand bassin sédimentaire aquitain. Ce bassin s’est formé tout au long de l’ère secondaire et tertiaire, en se remplissant de sédiments issus de la formation des anciens massifs montagneux (Massif Central par exemple).
Le domaine de Plantat repose donc aujourd’hui sur des sables à graviers épars provenant de reliefs avoisinants et d’argile. Ces dépôts sont généralement mélangés aux formations sableuses du miocène (série géologique de tertiaire) dans le secteur entre Léognan, La Brède et Saint-Morillon et à une quantité non négligeable de sables des Landes.
Le site de Plantat est un gisement fossilifère qui appartient à l’étage Aquitanien ( environ – 22 millions d’années) L’Aquitanien est un étage qui fait partie du Miocène inférieur. Il est caractérisé par sa faune fossile surtout laguno-marine, contenue dans le sédiment, et correspond à la première invasion marine du Miocène. L’océan à cette époque recouvrait toute la partie sud-ouest de la région, de Carcans jusqu’à Agen en passant par Bordeaux. L e domaine de Plantat se retrouve alors sous l’océan de l’époque ( futur Atlantique)
A cette période, l’eau est chaude et peuplée de faunes marines diversifiées, comme les coraux, mollusques, foraminifères, que les paléontologues retrouveront quelques millions d’années plus tard. Vers la fin de l’Aquitanien, il y a 20,5 millions d’années, la mer se retire vers l’ouest et laisse sur ses marges un cortège de coquillages tropicaux, dont les « descendants » vivent actuellement en région tropicale, preuve que le climat était alors plus chaud qu’à présent. Parmi les différentes faunes fossiles découvertes, sont présents : les mollusques ( bivalves, gastéropodes et céphalopodes), les poissons ( dents, vertèbres, otolithes), coraux et bryozoaires ( débris), vers, crustacés ( articles de pinces), oursins ( piquants), reptiles ( dents de crocodiles), et des foraminifères ( animaux unicellulaires). C’est d’ailleurs en partie grâce aux foraminifères que l’on peut aujourd’hui dater le niveau fossilifère de Plantat, et plus particulièrement grâce aux Miogypsines.
D’après tous les fossiles récoltés sur le gisement de Plantat, l’on peut dresser un premier cadre de vie ( paléomilieu), grâce aux renseignements qu’ils nous fournissent. Une première partie de faune semble avoir vécu en milieu plutôt marin (Cypraea, Strombus, Natica, Tellina, Cardium, Melongena). Une seconde partie de la faune semble, elle, avoir vécu en milieu lagunaire (Granulolabium, Vitta, Ocenebra, Callista, Anodontia). Enfin, d’autres fossiles semblent avoir vécu dans les deux milieux. Tout ceci nous amène à penser que le paléomilieu de Plantat à l’Aquatnien devait être un espace laguno-côtier ou laguno-marin. D’ailleurs, cette thèse vient s’appuyer sur le fait que l’on rencontre une faune fossile riche en nombre d’individus et peu diversifiée en nombre d’espèces (cas général des lagunes européennes).
Et si Saint-Morillon nous était conté par
Joseph Boyreau...
Historique d’un bâtiment privé devenu communal
L’affaire est rondement menée, la Préfecture saisie, le Ministère informé, le décret impérial (il faut remonter au plus haut sommet de l’Etat pour un achat aussi simple) est signé le 16 décembre 1854. L’acte notarié suit sur sa lancée, signé chez Me Soulié, notaire à Bordeaux, le 15 janvier 1855
La chance, c’est que le plus grand des deux bâtiments est tout prêt pour devenir l’école des filles :
Il comporte quatre chambres, un dortoir, une cuisine et deux classes. Nul doute qu’il ne s’agisse de l’école des filles tenue par les religieuses. Elle va ainsi se trouver stabilisée en ces lieux. Tel quel, avec ses deux colonnes encadrant sa porte d’entrée, le bâtiment témoigne d’une certaine recherche architecturale, qui lui donne un caractère inhabituel dans le village et même alentour. L’école des garçons, en face, s’avérera quant à elle rapidement trop petite, sans cour, et au local inadapté. La cour sera acquise en 1866 en même temps que la Mairie et le bâtiment adapté sera construit en 1879, là où il demeure, encore, agrandi par la suite.
Avant les lois de Jules Ferry, cet achat dénote un souci considérable d’une politique scolaire dynamique. Il dénote surtout un esprit de concertation entre l’initiative privée qui avait été, à partir de 1780-85, à l’origine de la création et du développement des deux écoles communales et la puissance publique, chargée depuis la loi Guizot de 1833 de la mise en œuvre des structures nécessaires.
Comment ne pas noter un siècle et demi plus tard cette même mentalité, cette même concertation et ce même accord dans la droite ligne de l’état d’esprit qui animait ce maire ouvert sur l’avenir qu’était Alexandre Desbarrats ?
JB
La première municipalité de Saint Morillon : 1790 – 1792
Au printemps 1790, les Saint-Morillonnais, pour la première fois, élisent leur Maire et leur « Conseil général ». D’un seul coup, comme tous les Français, ils obtiennent la possibilité de posséder une Mairie, celle de décider d’un budget et donc d’une politique municipale. Sur une population de 700 à 750 habitants (dont 450 à 500 adultes environ ), ils ne sont que 175 à pouvoir voter. Evidemment, les femmes ne votent pas… ni ceux qui n’acquittent pas un impôt équivalent à 3 journées de travail.
On ignore combien d’hommes ont réellement voté, lors de cette première élection, mais on sait qu’à partir de 1794, ils ne seront guère plus de 30.
Qui sera le premier Maire ? Son nom nous est conservé : THERON, d’une famille de chirurgien, venue d’Agen vers 1730 et établie au village après mariage.
Elu pour deux ans, il est entouré de cinq officiers municipaux (nos actuels adjoints), de 12 « notables » (nos conseillers municipaux), d’un « procureur de la Commune » et d’un « secrétaire-greffier ».
Voyons rapidement notre premier Maire THERON à l’œuvre : A lui de déterminer le tracé exact des limites de la Commune ; à lui de surveiller la formation de la garde nationale, cette « milice civile » chargée de la défense des « acquis révolutionnaires » : 180 hommes, répartis en trois compagnies sous les ordres d’un Colonel, le citoyen MOREL, 180 hommes qui doivent faire l’exercice tous les dimanches pendant quatre mois, au printemps et en été.
A lui encore de veiller à la constitution dans la légalité de la « Société populaire » saint-morillonnaise, filiale du futur club des Jacobins à Paris, par l’intermédiaire de celui de Bordeaux. Notre village est alors à l’avant-garde des idées nouvelles, car on sait qu’en Gironde, seulement 13% des communes possèdent une telle organisation, dont le rôle est d’être l’ « aiguillon » de la Révolution.
Au premier Maire de se rendre par deux fois auprès du Curé en titre, l’abbé DUFRENNE, pour connaître sa décision relative au serment de fidèle à la Constitution Civile du Clergé. Il ne pourra qu’enregistrer ou transmettre en haut lieu le refus de ce pasteur qui préfère rester fidèle à son Eglise.
Le maire inaugure le rôle de médiateur qui sera si souvent celui de ses successeurs ; Pour la première fois, en effet, un habitant trouve sur place un responsable à qui soumettre à l’amiable les problèmes qui l’opposent à ses voisins. Tel ce plaignant qui, un beau matin, trouve les bornes limitant un de ses terrains, enlevées et les fossés qui le limitent, comblés… !
JB
La Société de secours mutuel saint morillonaise ou une véritable Sécurité sociale avant la lettre
La Révolution de 1789 avait laissé derrière elle une atmosphère d’individualisme extrême. Celle de 1848 penche au contraire vers le communautaire, le collectif, ce qu’il convient d’appeler de nos jours le social. Alexandre DESBARRATS, le maire de l’époque, s’en fait l’ardent propagandiste. Grâce à lui naît en 1853 (date de l’approbation de ses statuts) la Société de secours mutuel de notre village.
Ne croyons pas qu’il s’agit ici d’on ne sait quel organisme charitable. Les membres versent une cotisation non négligeable : 1.50 F par jour, elle devient rapidement dégressive : après les trois premiers mois à taux plein, trois autres mois à 1 F et six autres à 0 F 40. Là encore chiffres non négligeables : la journée de travail d’un ouvrier agricole oscillait aux alentours de 1.50 F. En cas de mort, la Société garantissait des funérailles gratuites. Elle y ajoutait l’obligation pour tous les membres d’assister aux obsèques de leurs compatriotes. Enfin, une possibilité de retraite était prévue. Et les femmes ? Elles n’étaient admises que lorsqu’elle devenaient veuves d’un adhérent… 60 et 90 chefs de famille, au plus fort de sa réussite, en furent partie prenante. Le système perdurera jusqu’à la Seconde guerre mondiale mais ayant, semble-t-il, son plein régime jusque en 1914.
Qui dit mieux ? Ne s’agit-il pas là dès le Second Empire d’une véritable Sécurité sociale ?
JB
Petite histoire de la gare de Saint-Morillon
La guerre de 1870 vient de passer…L’activité économique redouble.
Nul ne peut vivre en vase clos. A plus forte raison une communauté rurale. L’idée d’un chemin de fer permettant la pénétration dans l’intérieur de la région se fait jour. Quel attrait, quel intérêt ne peut manquer de susciter un tel projet qui permet un premier désenclavement du village.
Si le maire, ALEXANDRE DESBARRATS se bat, ce n’est donc pas sur le principe, mais sur le tracé de la ligne. Pourquoi le situer au plus loin du bourg, à l’extrême limite de la commune, à la frontière de Saucats ?
Commencées en 1874, les tractations vont durer… 6 ans !
Quel meilleur argument, pense le maire, que de proposer un contre-projet passant par ce chemin naturel que constitue la vallée du GUA-MORT : Hostens, Saint-Magne, Cabanac, le bourg de Saint-Morillon, Saint-Selve, Beautiran. Hélas, c’est vouloir ignorer le chef-lieu de canton, LA BREDE… Revenant à la charge en 1878, il relève que ce tracé desservira 6000 habitants du chef lieu.
Bien plus, il obtient de son conseil municipal le refus de rembourser à l’Etat le montant des expropriations nécessaires si sa demande est sans effet. A nouveau peine perdue ! D’autant qu’une pétition des habitants est en faveur d’une transaction… En décembre 1879, Alexandre Desbarrats accepte une solution moyenne : le tracé passe plus près du village, par Peyron.
La Compagnie accepte en outre la construction d’une halte en dur, et un quai. Le dossier est clos. Il ne reste plus à la municipalité qu’à s’imposer de 4000 F, somme nécessaire pour l’indemnisation des expropriés.
Ce train, qu’il était donc beau à sa construction, avec ses wagons de marchandises couleur rouille et ses wagons de voyageurs à la belle couleur verte ! Ils étaient certes bien rustiques avec leur absence de couloir, leurs compartiments ouvrant directement sur la voie, et leurs sièges en bois (mais avec leur compartiment rembourré et capitonné en première « pour dames seules »… )
JB
1850-1859 Une église nouvelle ?
Il faut se replacer dans l’atmosphère de cette époque pour comprendre le souhait de la commune et de la paroisse de posséder des bâtiments publics renouvelés.
La collectivité humaine était en pleine expansion, passant de 660 à 942 habitants, l’activité économique en plein renouvellement, la christianisation elle aussi en plein renouveau concomitant à un engouement général pour le Moyen-Age, mettant à l’ordre du jour, sous l’impulsion du cardinal DONNET une architecture néo-romane et néo-gothique.
Saint- Morillon participe à la passion générale…
Soyons objectifs, il ne s’agit que d’une rénovation. Nos habitants voulaient un clocher qui en soit un…
L’architecte bordelais LASMOLLES est saisi et dresse un plan. Mairie, église, fidèles, le préfet lui-même sont d’accord.
Un budget de 15000 F est prévu, avec participation de 5000 F de la mairie.
Projet grandiose : celui réalisé à La Brède quelques années plus tard en donne une idée.
Un clocher-flèche dominerait le tout avec à sa base, sur chaque côté sans doute, une triple ouverture. Il reposerait sur une « tribune » chargée de répartir les poussées sur les piliers et murs de soutien, et elle-même percée d’arcatures doubles.
Le porche remodelé et agrandi devrait supporter le tout, dont la flèche culminant à 21 mètres.
Projet grandiose… mais auquel il ne sera pas donné suite pour des raisons inconnues, malgré l’accord de la préfecture du 1/4/1859.
Faut-il s’en réjouir ou le déplorer, chacun ici reste maître de son jugement.
JB
1838 : ENFIN UN PONT
Deux rampes en pente douce permettent d’y accéder.
On peut encore voir en contrebas de l’une d’elle une partie de l’ancien chemin d’accés au gué.
Quel changement dans la vie quotidienne et économique : finis, les passages à pied de pierre en pierre ou sur une légère barque, finis les passages cahotiques en voiture.
Mais surtout finie la nécessité en cas de fortes eaux d’aller chercher un passage à Beautiran ; Saint Selve n’étant pas mieux loti que nous.
Il revint à 4769.73 F (pour un budget primitif de 3500 F). L’Etat prit 1000 F à sa charge.
Tel quel, tel que nous le connaissons encore, il a été construit suffisamment solide pour qu’aux voitures à chevaux et à bœufs succèdent sans difficultés nosmodernes voitures à moteurs et nos modernes camions…
JB
Hommage aux 3 M
Ne cherchons pas une quelconque sponsorisation avec une entreprise de produits adhésifs, notre trio à nous est étroitement lié à l’histoire et la vie de notre village.
Notre premier, maire de Bordeaux, avait une nièce, Jeanne de Lestonnac, qui s’établit près du Gât Mort à Lusié et fonda une congrégation religieuse.
Notre second, seigneur de La Brède, a réuni par son acte d’achat les deux rives du ruisseau, bien avant qu’un pont ne le fasse plus matériellement.
Notre troisième enfin, maître dans la description sociale de la bourgeoisie bordelaise, avait un ami à Saint Morillon où fut tourné le téléfilm «le sagouin », en 1971, un an après sa mort.
Montaigne, Montesquieu, Mauriac,
Trilogie d’hommes de lettres de trois siècles différents, méritent bien une pensée particulière à l’ouverture de notre bibliothèque.
JB
Le bourg en 1858 où l'on voit l'ancienne mairie appuyée sur le mur du cimetière, les écoles filles et garçons avec des porches identiques et les jardins à la française du presbytère
Les travails : un patrimoine rural à préserver ?
Originellement, ces structures sont montées en bois, et sont destinées à faciliter le ferrage des sabots d’animaux de trait. D’autant que ces derniers se révèlent souvent peu coopératifs lors de cette opération ! Leur taille et leur poids empêchent également le maréchal de les contenir naturellement. Allez immobiliser une tonne par l’avant au licol tout en vous efforçant de travailler sur un pied postérieur !
L’apparition du terme remonte du bas latin « trepalium » (attesté en 582), variante de « tripalium » dont « tri » renvoie à « trois » et « pilum » à « pal, pieux ». Il semblerait ainsi que les machines originelles servant à assujettir les bœufs aient été faites de trois poteaux.
Selon les régions, il est constitué de quatre ou trois solides poteaux de bois ; quelques travails en pierres subsistent. Dans plusieurs régions, lorsque les conditions climatiques exigent de pouvoir s’abriter, les travails deviennent de vrais appentis couverts, où plusieurs bêtes sont directement attachées des deux côtés latéraux du poteau porteur. Plus récents, les travails métalliques ont équipé de nombreux villages, car plus résistants et demandant bien moins d’entretien.
Plongeons-nous quelques instants dans les temps glorieux de son utilisation, au début du XX è siècle, dans une campagne française. Outre les chevaux et les mules, les bœufs et les vaches forment le cheptel que le maréchal doit déferrer, parer et referrer en un temps record. Ils concourent tous aux travaux des champs et le temps de leur immobilisation représente autant de labeur perdu.
Lors du passage du maréchal, annoncé au village, il y a foule en attente devant le travail dès l’aube.
Le maintien de l’animal dans cet outil de contention facilite la tâche, assure une relative sécurité et permet de gagner un temps précieux, car tous les animaux doivent être terminés avant la nuit. Demain, l’homme de l’art ira déployer ses talents dans un village voisin… Le travail appartient généralement à l’assemblée du village, qui l’entretient, tout comme le four à pain banal ou la maison de l’assemblée.
Peu de travails en bois d’époque sont parvenus jusqu’à nous en état de conservation appréciable.
Il se trouve ici un patrimoine qui se meurt lentement, à l’abri des regards et dans l’indifférence générale. L’héritage du passé relate une façon d’opérer aujourd’hui révolue, qui laissera les uns et les autres perplexes dans une génération ou deux, lorsque les derniers témoins vivants nous auront quittés !
Qui saura encore expliquer l’ingéniosité d’antan ? Tant de villages détiennent encore les vestiges du passé, mais souvent dans un état pitoyable !
Et … SAINT MORILLON ?
Texte avec l’aide de Guillaume Puyo, maréchal- ferrant, 33760 Targon
La motte de Luzié
Cette construction de terre est décrite par Léo Drouyn dans son ouvrage : « La Guienne militaire ». Il l’authentifie comme «motte castrale» et la décrit : « Une motte artificielle entourée d’un fossé. Elle a 6 à 8 m de haut sur 25 de diamètre dans un sens et 20 de l’autre avec des fossés de 8 à 10 m de largeur. Il y avait sur le sommet des constructions en pierre qui ont été démolies depuis peu de temps ».
Un accord passé entre Jeanne de Lestonnac et François de Montferrand son fils en 1604 concerne « la Maison Noble de la Mothe de Luzié, aultrement dit Darriet ». Ce document conforte l’idée que notre motte était bien le siège d’un pouvoir seigneurial.
Ce type d’aménagement est bien identifié sur la tapisserie de Bayeux (dite de la Reine Mathilde) illustrant la conquête de l’Angleterre par les troupes du duc de Normandie, Guillaume le Conquérant au 11°siècle. On y voit des mottes de terre identiques, surmontées de constructions en bois faisant office de tours de défense. Ce sont les ancêtres des châteaux forts. Un aménagement de ce type, au lieu dit « La Motte » à Pineuilh (près de Sainte-Foy-la-Grande), implanté dans une ancienne tourbière, a livré du matériel archéologique daté des 10° et 11° siècles.
Les constructions en pierre signalées par Léo Drouyn indiqueraient un réaménagement du site à une époque assez tardive. Toutefois, il y a peu de chances que son utilisation ait dépassé le 15° siècle.
Les tumulus
Lors de la « promenade-découverte de Saucats », nous avions parlé d’un groupe de tumulus au lieu dit Perbos, à la limite entre Saint-Morillon et La Brède. De cet ensemble déjà décrit au 18è° siècle par l’abbé Baurein, nous avions pu voir le seul exemplaire qui ait survécu aux destructions. Aujourd’hui on parlera d’un autre groupe de tumulus, au lieu dit « Les Pujoulets », sur les hauteurs de Saint-Morillon. Le site est le symétrique de celui de Perbos par rapport à l’axe du Gat Mort.
Ces tumulus signalés par Baurein en 1785 sont décrits par Léo Drouyn en 1857 et des fouilles y sont conduites en 1868 par Delfortrie.
Lors de son passage, Léo Drouyn indique, pour l’ensemble, trois groupes séparés d’environ 500 m. Le premier groupe, situé sur le côté Saint-Selve de la piste de Janquey (ancien chemin de Castelnau de Cernès à Castres) comportait 8 tumulus ; le second, côté Saint-Morillon, en comptait 3 et le dernier 1 seul.
Aujourd’hui, 6 du premier groupe ont été repérés ainsi que le groupe des 3 ; l’isolé n’a pas été localisé.
Ces tumulus sont des monuments funéraires. Ce type de structure est bien connu en Gironde, en Aquitaine et ailleurs. Le matériel archéologique qu’ils ont livré, de façon générale, les date d’une période allant du Néolithique moyen à l’Age du Fer.
Les moulins et leur hydraulique
Saint-Morillon comptait trois moulins pour une population qui, entre 1736 et 1912, oscillait autour de 800 personnes (J. Boyreau). Pour les périodes directement antérieures à 1736, on peut supposer que le nombre d’habitants n’était pas très différent (aux variations près dues, ici comme ailleurs, à l’alternance des périodes de prospérité, de guerre, d’épidémies ou de disette).
Il est impossible, dans l’état actuel de nos connaissances de dire à quand remonte la construction de ces moulins mais rien n’empêche de penser que cette origine n’est pas très éloignée de celle de l’église.
La construction d’une église implique une communauté villageoise dynamique et d’une certaine importance ; ce sont aussi les conditions nécessaires pour la construction d’un moulin.
Pour le moulin le plus en amont, celui de Luzié et pour ce que l’on en sait, on peut dire qu’en 1604 il était ruiné (peut-être avait-il été victime, comme l’église de Saint-Michel-de-Rieufret, des guerres de religion ?). Il était alors un bien propre de Jeanne de Lestonnac, veuve de Gaston de Montferrand, baron de Landiras.
La « Maison noble » et le moulin de Luzié devaient rester dans la famille des Montferrand jusqu’à leur achat par Montesquieu en 1754. Les Montesquieu en étaient encore propriétaires en 1811.
Pour celui du Notaire, le plus proche du cœur du village, on sait qu’il passa sous le pouvoir seigneurial de Montesquieu lorsque celui-ci acheta en 1746 la seigneurie de Saint-Morillon dite de Barsac et c’est ce moulin qu’il choisit pour en manifester la « prise de possession ».
Pour le moulin le plus en aval, celui dit de Jean-Bertrand ou du Carat ou encore de Moussourot, il passa en même temps que celui du Notaire sous le pouvoir seigneurial de Montesquieu qui devait aussi le racheter en bien propre, cumulant alors (comme pour Luzié en 1759) la propriété seigneuriale et la propriété immobilière.
De ces trois moulins, il ne reste que des ruines. Les parties aériennes des constructions (ce que l’on appelle la « chambre des meules ») ont aujourd’hui disparu : toitures et planchers effondrés, murs écroulés.
Subsistent, en plus ou moins bon état mais bien discernables, ce que l’on peut appeler « les ouvrages d’art » c’est-à-dire tous les aménagements dédiés à la gestion ou à l’utilisation de l’eau. Ces aménagements conçus pour résister aux assauts de l’eau ont aussi mieux résisté à ceux du temps.
Luzié
En amont du barrage, la rectitude du cours du Gât-Mort laisse supposer que le lit d’origine a été fortement rectifié, voire détourné. Du « barrage », conséquent ouvrage de pierre, on peut voir le « déversoir » et les saignées taillées dans les massifs de pierre où coulissaient les « pelles ».
En aval du barrage, le « bief » amenait les eaux jusqu’à l’entrée du moulin où « l’avant-bec » les séparait pour alimenter chacune des « roues horizontales » qui fournissaient l’énergie aux deux jeux de meules (volante et dormante) qui équipaient Luzié. Chacune des deux roues horizontales est mise en rotation selon un principe différent. Dans un cas, une « conduite » amène l’eau sur les
«cuillers » ou les « augets » de la roue ; dans l’autre, la roue horizontale (de plus petit diamètre que dans le cas précédent) est disposée au fond d’une cuve circulaire. « L’eau entre suivant la tangente du cylindre, gonfle et s’introduit dans le cylindre en formant un tourbillon ; elle contraint la roue horizontale qui y est de tourner avec elle » (L’Encyclopédie).
Bien que le système à cuve soit une technologie plus récente, les deux systèmes décrits ont été utilisés parallèlement jusqu’à l’abandon définitif des moulins.
Au-delà du moulin, les eaux du « canal de fuite » passaient par ce qui est qualifié « d’étang du moulin » (cadastre 1846) avant de rejoindre le Gat-Mort.
Le Notaire
Pour le moulin du Notaire, comme pour Luzié, l’ensemble le plus en amont est le barrage avec son déversoir et l’emplacement des « pelles » plus bas en aval sur le bief. Un «passe-mesure » (écluse) permettait d’évacuer un excès d’eau (ou de vidanger). Le cadastre de 1846 mentionne une autre évacuation vers le Gat-Mort au niveau du moulin. Ce moulin qui tournait à 2 jeux de meules (comme l’indique l’avant-bec à l’entrée) n’a pas utilisé le système à cuve.
Sur les montants de la porte, dans le seul pan de mur encore debout, on peut observer 7 figures gravées en creux dans la pierre ; ces figures en forme de « nœud papillon » schématisent des « anilles » (l’anille est la pièce qui solidarisait l’arbre moteur et la meule volante pour la mettre en rotation). Ce sont des marques de passage laissées par des meuniers ou des « rhabilleurs de meules ». Nous avions déjà observé ce genre de marques sur les montants d’une porte du moulin de Bernachon lors de la promenade de Saucats.
En aval du moulin, le canal de fuite qui ramenait les eaux au Gat-Mort est encore discernable au travers des propriétés actuelles.
Moussourot
Pour le moulin de Moussourot, les aménagements les plus en amont sont un massif de pierre comportant un déversoir et un « passe-mesure ». Le barrage qui était plus en aval a aujourd’hui totalement disparu ; on en perçoit cependant encore les traces dans les berges du Gat-Mort ; il était obligatoirement équipé, lui aussi, de « pelles ».
Encore plus bas en aval, encore un « passe-mesure » avant « l’avant-bec » du moulin. Celui-ci tournait aussi à 2 meules dont une, comme à Luzié, utilisait le système du « rouet à cuve ». A la sortie, les eaux rejoignaient le Gat-Mort par un « canal de fuite » encore bien visible.
Les moulins et leur hydraulique
Saint-Morillon comptait trois moulins pour une population qui, entre 1736 et 1912, oscillait autour de 800 personnes (J. Boyreau). Pour les périodes directement antérieures à 1736, on peut supposer que le nombre d’habitants n’était pas très différent (aux variations près dues, ici comme ailleurs, à l’alternance des périodes de prospérité, de guerre, d’épidémies ou de disette).
Il est impossible, dans l’état actuel de nos connaissances de dire à quand remonte la construction de ces moulins mais rien n’empêche de penser que cette origine n’est pas très éloignée de celle de l’église.
La construction d’une église implique une communauté villageoise dynamique et d’une certaine importance ; ce sont aussi les conditions nécessaires pour la construction d’un moulin.
Pour le moulin le plus en amont, celui de Luzié et pour ce que l’on en sait, on peut dire qu’en 1604 il était ruiné (peut-être avait-il été victime, comme l’église de Saint-Michel-de-Rieufret, des guerres de religion ?). Il était alors un bien propre de Jeanne de Lestonnac, veuve de Gaston de Montferrand, baron de Landiras.
La « Maison noble » et le moulin de Luzié devaient rester dans la famille des Montferrand jusqu’à leur achat par Montesquieu en 1754. Les Montesquieu en étaient encore propriétaires en 1811.
Pour celui du Notaire, le plus proche du cœur du village, on sait qu’il passa sous le pouvoir seigneurial de Montesquieu lorsque celui-ci acheta en 1746 la seigneurie de Saint-Morillon dite de Barsac et c’est ce moulin qu’il choisit pour en manifester la « prise de possession ».
Pour le moulin le plus en aval, celui dit de Jean-Bertrand ou du Carat ou encore de Moussourot, il passa en même temps que celui du Notaire sous le pouvoir seigneurial de Montesquieu qui devait aussi le racheter en bien propre, cumulant alors (comme pour Luzié en 1759) la propriété seigneuriale et la propriété immobilière.
De ces trois moulins, il ne reste que des ruines. Les parties aériennes des constructions (ce que l’on appelle la « chambre des meules ») ont aujourd’hui disparu : toitures et planchers effondrés, murs écroulés.
Subsistent, en plus ou moins bon état mais bien discernables, ce que l’on peut appeler « les ouvrages d’art » c’est-à-dire tous les aménagements dédiés à la gestion ou à l’utilisation de l’eau. Ces aménagements conçus pour résister aux assauts de l’eau ont aussi mieux résisté à ceux du temps.
Luzié
En amont du barrage, la rectitude du cours du Gât-Mort laisse supposer que le lit d’origine a été fortement rectifié, voire détourné. Du « barrage », conséquent ouvrage de pierre, on peut voir le « déversoir » et les saignées taillées dans les massifs de pierre où coulissaient les « pelles ».
En aval du barrage, le « bief » amenait les eaux jusqu’à l’entrée du moulin où « l’avant-bec » les séparait pour alimenter chacune des « roues horizontales » qui fournissaient l’énergie aux deux jeux de meules (volante et dormante) qui équipaient Luzié. Chacune des deux roues horizontales est mise en rotation selon un principe différent. Dans un cas, une « conduite » amène l’eau sur les
«cuillers » ou les « augets » de la roue ; dans l’autre, la roue horizontale (de plus petit diamètre que dans le cas précédent) est disposée au fond d’une cuve circulaire. « L’eau entre suivant la tangente du cylindre, gonfle et s’introduit dans le cylindre en formant un tourbillon ; elle contraint la roue horizontale qui y est de tourner avec elle » (L’Encyclopédie).
Bien que le système à cuve soit une technologie plus récente, les deux systèmes décrits ont été utilisés parallèlement jusqu’à l’abandon définitif des moulins.
Au-delà du moulin, les eaux du « canal de fuite » passaient par ce qui est qualifié « d’étang du moulin » (cadastre 1846) avant de rejoindre le Gat-Mort.
Le Notaire
Pour le moulin du Notaire, comme pour Luzié, l’ensemble le plus en amont est le barrage avec son déversoir et l’emplacement des « pelles » plus bas en aval sur le bief. Un «passe-mesure » (écluse) permettait d’évacuer un excès d’eau (ou de vidanger). Le cadastre de 1846 mentionne une autre évacuation vers le Gat-Mort au niveau du moulin. Ce moulin qui tournait à 2 jeux de meules (comme l’indique l’avant-bec à l’entrée) n’a pas utilisé le système à cuve.
Sur les montants de la porte, dans le seul pan de mur encore debout, on peut observer 7 figures gravées en creux dans la pierre ; ces figures en forme de « nœud papillon » schématisent des « anilles » (l’anille est la pièce qui solidarisait l’arbre moteur et la meule volante pour la mettre en rotation). Ce sont des marques de passage laissées par des meuniers ou des « rhabilleurs de meules ». Nous avions déjà observé ce genre de marques sur les montants d’une porte du moulin de Bernachon lors de la promenade de Saucats.
En aval du moulin, le canal de fuite qui ramenait les eaux au Gat-Mort est encore discernable au travers des propriétés actuelles.
Moussourot
Pour le moulin de Moussourot, les aménagements les plus en amont sont un massif de pierre comportant un déversoir et un « passe-mesure ». Le barrage qui était plus en aval a aujourd’hui totalement disparu ; on en perçoit cependant encore les traces dans les berges du Gat-Mort ; il était obligatoirement équipé, lui aussi, de « pelles ».
Encore plus bas en aval, encore un « passe-mesure » avant « l’avant-bec » du moulin. Celui-ci tournait aussi à 2 meules dont une, comme à Luzié, utilisait le système du « rouet à cuve ». A la sortie, les eaux rejoignaient le Gat-Mort par un « canal de fuite » encore bien visible.
Une porte cochère évoque ce passé : faisant face à l’église et à l’angle opposé de l’actuelle poste, il existe une porte cochère, aujourd’hui peinte en vert. Elle ferme une « remise », devenue la propriété de M. Prieto . Tôt le matin, la calèche amenait maîtres et ouvriers pour l’heure des matines. Ils assistaient à la grand messe de midi , et ne s’en retournaient qu’après les vêpres du soir .
Une partie de ce bâtiment a conservé son sol en pierres et un râtelier: elle abritait calèche et cheval. Dans la pièce contiguë, devant une cheminée , bat-flanc, table et chaises, permettaient aux personnes de se restaurer et se reposer.