Saint Selve : l'église, l'école, le chêne de la Liberté, le lieu dit Mathalin par Catherine Grand

texte ci-dessous préparé par Catherine Grand

d’après une étude de M. JP MERIC « L'école et les instituteurs de Saint Selve sous la Restauration et le Second Empire »

 

 

 

Eléments d'histoire du village

 

 

 

 

Au XVIème siècle la paroisse s’appelait Saint-Seve.

C’est au XVIIIème siècle qu’apparaît le nom de Saint-Selve, peut-être du latin « silva », la forêt.

 

Traversée par la voie romaine Bazas-Bordeaux, le territoire de la commune est fréquenté dès l’Antiquité.

En 1170 il est fait mention d’une première église, romane, dédiée à Saint-Sévère, patron des tisserands. En effet des tisserands s’étaient installés au lieu-dit Mathelin ou Mathalin, proche du village, sur la route de Saint-Jacques de Compostelle.

En 1311, en ce même lieu, les Antonins fondent l’hôpital-commanderie Saint-Antoine de la Palomeyre, pour accueillir, outre les malades de la peste, les pélerins allant à Saint-Jacques .

Bertrand de Got , futur pape en Avignon sous le nom de Clément V (1305-1314), dans ses déplacements de Bordeaux vers Villandraut dont il est originaire, aurait célébré la messe dans une chapelle dédiée à Sainte Quitterie, d'où le nom du lieu-dit actuel « le Vatican ».

 

Le premier registre paroissial de Saint-Selve date de 1589. Les comptes-rendus des visites de l’évêque ou du cardinal de Bordeaux renseignent sur l’évolution de l’église et sur la vie de la paroisse.

 

st_selve_eglise_dos Initialement, l’église, petite et obscure, possédait une nef lambrissée. La minuscule sacristie, aujourd’hui disparue, se trouvait derrière l’autel.

Au XVIIème siècle, une sacristie est construite sur la gauche du bâtiment principal, pour le consolider.

Au XVIIIème siècle, l’église est entièrement reconstruite avec son architecture actuelle. Les travaux durent longtemps et sont financés par une imposition des habitants « chacun, selon ses facultés... ».

Le cimetière entoure l’église.

 

 

 

 

 

 

 

 

A la Révolution , église et presbytère deviennent biens nationaux. La cloche est envoyée à la fonte.

viergeVers 1870, le cimetière est déplacé, laissant l’endroit disponible pour la création d’une place publique.

De part et d’autre de l’église, un mur sépare la place des jardins du presbytère.

En 1894, deux cloches sont installées.

A cette époque, la baronne Marie Christine d’Eichtal, propriétaire du château de Saint-Selve, fait don du maître autel, d’une chaire en bois de citronnier et d’un vitrail.

gliseEn 1900, le curé J.E. Saux fait construire la galerie avec arcades, le long de la façade sud, donnant ainsi à son jardin d’agrément un petit air de cloître. Dans les années 1960, les murs intérieurs sont blanchis ; les peintures, lustres, et ornementations diverses, la chaire et les statues sont retirés. Un nouvel autel, plutôt rustique, est installé en avant du chœur.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Fin XXème et début XXIème siècle, des travaux de réfection générales sont entrepris: tribune au fond de la nef, toiture, chauffage, peintures intérieures, modification de l’autel et… installation de toilettes.

 

antoine

laurent_fr

 

Bien que dédiée à Saint-Sévère, ce sont les statues de Saint-Antoine et Saint-Laurent qui ornent la façade.

 

Au XIVème siècle les Antonins possédaient 3 hôpitaux, celui de Saint-Selve, un autre à Bordeaux sur l’emplacement de l’actuel Musée d’Aquitaine et un troisième à Pujols sur Ciron.

Pour l’entretien de ces établissements les Antonins élevaient des porcs, et ils avaient l’autorisation de laisser leurs animaux circuler à travers la ville. Le son de la clochette avertissaient les habitants qui mettaient sur le seuil de leur maison les restes de nourriture destinés à engraisser les bêtes. C’est pourquoi Saint-Antoine est représenté accompagné d’un pourceau muni d’une clochette.

Dans l’hôpital de Saint-Selve, on accueillaient aussi les malades atteints de gangrène, maladie dûe à l’ergot de seigle, qui est un parasite du blé que l’on ne triait pas lors du passage au moulin. Le malade sentait comme un feu dévorant dans le membre atteint, qui devenait sec, noir comme brûlé et finissait par tomber. C’était « le mal des ardents » ou « le feu de Saint-Antoine », maladie épidémique qui fît des ravages au Moyen-Age.

Par ailleurs les Antonins portaient une grande dévotion à Saint-Laurent, martyr du IIIème siècle, qui mourut à Rome, torturé sur un gril de fer rougi au feu. Il est le patron des rôtisseurs et des charbonniers et il est réputé guérisseur des brûlures.

 

Une chapelle, qui abritait leur statue était dédiée à ces deux saints, sur l’emplacement de l’actuelle demeure de « Montalier ». Cette chapelle devenue bien public à la Révolution, fût vendue avec l’ensemble de la propriété puis rasée. Les statues des deux saints furent installées sur la façade de l’église

 

 

L' ECOLE à SAINT SELVE

 

 

Dès le 16e siècle l'Eglise met l'accent sur l'importance de l'instruction pour faire de bons chrétiens, en appelant à la création d’une école dans chaque paroisse. Le maître, choisi par l'évêque, y enseignera la lecture, l'écriture, le chant et le calcul – et ce, gratuitement pour les pauvres.

La crainte de faire des paysans des « demi-savants »... « qui ne profitent de l'instruction que pour abandonner les champs ou faire procès à leur seigneur », freine cette initiative, et les curés n'ouvrent que très peu d'école, d'autant que la pauvreté de leurs revenus ne les incite pas à prendre sur leur nécessaire au profit d'un précepteur.

 

Dès 1691 à St Selve, Bernard MICOULEAU est un maître d’école, réputé « de bonnes moeurs, faisant son devoir, assidu aux offices et chantre de la paroisse, et élevant la jeunesse à la crainte de Dieu ».

Ces maîtres d'école exerçaient aussi un autre métier, ne serait-ce que pour survivre, sacristain, fossoyeur, chantre...

 

De 1828 à 1830, Joseph BURQUET, instituteur, avait réuni dans sa classe 15 garçons et 9 filles.

Monsieur Bontems de Memigniac, « propriétaire des plus imposés de St Selve », y vit un objet de scandale. Si la fin de l'histoire n'est pas connue, il est à noter que l’école des filles n’intéressera le conseil municipal qu’à partir de 1881. Entre temps c’est aux seules soeurs de Saint Joseph que reviendra de leur faire la classe.

 

En 1833 GUIZOT, Ministre de l'Instruction Publique, fait voter la loi qui fait obligation à toutes les communes de France de pourvoir au fonctionnement d'une école primaire.

 

Dès août 1833 le conseil municipal estime « qu'il importe à la commune de s'imposer un petit sacrifice pour fournir à l'instituteur communal un local convenable tant pour recevoir les élèves que pour son habitation, et un traitement fixe... ».

 

En 1834 un crédit extraordinaire est voté « pour faire jouir Monsieur LAFEYCHINE des bienfaits de la loi », traitement fixe et indemnité de logement, et on s'engage « à fournir un local bien disposé pour servir de maison d'école ».

(Son salaire est composé d'un traitement fixe versé par la commune, le reste est à la charge des familles ayant des enfants à l'école).

 

mairieJean Baptiste LAFEYCHINE a 25 ans. Plutôt que d'établir sa classe dans la mairie, bâtiment face à l'église qui servit longtemps de bibliothèque, l’instituteur préfère installer son école dans sa propre maison. Très apprécié, il assurera également les fonctions de secrétaire de mairie et de régisseur des travaux d'aménagement des abords du pont du Gat-Mort, aussi le conseil municipal fera-t-il le geste de doubler son traitement fixe.

 

En 1883, pour la première fois, une dépense proprement pédagogique est faite par la municipalité pour l'achat d'un système de poids et mesures.

 

En 1866 “la maison Lafeychine” est acquise après 9 années de débats par le Conseil municipal.

 

En 1876, Monsieur VIGNOLLES, citoyen de St Selve, “voulant faire une bonne oeuvre, fit construire, à ses frais le préau nécessaire à l'école des garçons pour les abriter contre les intempéries des saisons...” et offre à la commune en location gratuite pour une durée de 15 ans, “une maison et ses dépendances propres à y recevoir les religieuses de St Joseph et y admettre les jeunes filles appelées à recevoir l'instruction”.

 

A St Selve, la consultation des registres de mariage montre qu’entre 1810 et 1820, 38 % des garçons et 21% des filles signent le registre d'état civil. En 1900, ce sont 100 % des deux époux : ainsi est avérée l'importance de l'instruction pour faire, sinon « des bons chrétiens », du moins des bons citoyens.

 

(d’après une étude de M. JP MERIC « L'école et les instituteurs de Saint Selve sous la Restauration et le Second Empire »)

 

chenemonumLe chêne de la Liberté

 

Planté par la municipalité au lendemain de la guerre 1914-1918

Le monument aux morts est érigé en même temps.

 

La plantation d'un Arbre de la Liberté est le symbole de la liesse populaire et de la liberté.

C’est une tradition post-révolutionnaire.

 

 

 

 

 

 

 

** le lieu dit "MATHALIN" à Saint Selve

 

* "MATHALIN" à Saint Selve par Catherine Grand 

Ces religieux hospitaliers étaient spécialisés dans la lutte contre la « maladie des ardents », sorte de gangrène, due à l’ergot de seigle. Au XIV° siècle les Antonins possédaient trois hôpitaux dans la région. Outre « la Palomeyre », l’un à l’emplacement de l’actuel Musée d’Aquitaine de Bordeaux, et un autre « Saint Antoine de Bigart » à Pujols sur Ciron. Saint Antoine est généralement représenté accompagné d’un pourceau muni d’une clochette. Les Antonins élevaient des porcs pour l’entretien de leurs établissements, et ils avaient l’autorisation de laisser circuler leurs animaux dans la cité; le son de la clochette invitait les habitants à mettre sur le seuil de leur maison les restes de nourriture destinés à engraisser le troupeau. Il est probable que les Antonins de « la Palomeyre » à Saint Selve devaient jouir de ce même privilège...

 

MATALIN (SAINT-SELVE)

 

extrait du Journal de la Promenade LEOGNAN 18 avril 1999 

Au Moyen-Age Matalin faisait partie d'un ensemble de lieux-dits " Bigart, Mounot, Le Moine, le Vatican et la Chapelle" constituant un quartier de Saint-Selve sous l'appélation Saint-Antoine de la Palomeyre. Ce devait être une étendue boisée favorable à la chasse à la palombe. Ces religieux de l'ordre de Saint-Antoine s'y éta­blirent au début du XIV siècle et y fondèrent un hôpital. Ces Antonins se consacraient au service de ceux qui étaient frappés par le maladie pestilentielle connue sous le nom de " mal des ardents " (ou feu de Saint-Antoine : une intoxication due à l'ergot de seigle), maladie épidémique qui faisait des ravages au Moyen-Age. 

Ces religieux offraient également le gîte aux pélerins en marche pour St Jacques de Compostelle ( via La Sauve, Le Tourne, Portets, Saint-Selve, La Brède, Le Barp ou Saint-Michel de Rieufret, Sauternes, Captieux). 

A la fin du XVI l'hospice et son environnement devint la propriété de Feuillants, des cisterciens réformés. A cette époque l'hôpital était désaffecté depuis longtemps. Les Feuillants se contentèrent d'entretenir les bâtiments tout en exploitant vignes et bois environ­nants.  

A la Révolution, les biens des couvents, devenant propriété natio­nale, le domaine de la Palomeyre fut vendu au Sieur Boinard. La maison de Matalin restera le centre d'une exploitation agricole qui changea souvent de propriétaires. La guerre de 14-18 lui redonna sa vocation hospitalière en la transformant en hôpital militaire. 

De nos jours la propriété a été transformée en trois lots. L'actuelle maison de Matalin conserve de très beaux vestiges du XVII et XVI siècle : escalier monumental, cheminées, grande rosace rouge et noir dans le carrelage de la grande salle, écuries et dépendances dont un four à pain très ancien.

 

S'inscrire à la newsletter Patrimoine *