Saint-Médard-d'Eyrans, "du visible à l'introuvable"

 

*" Cultures et traditions locales : du visible à l'introuvable" :

par Anne Marie et Jean Claude Caron ; 1996 ;

 

 

téléchargez texte Saint Médard d'Eyrans

 

 

ci-dessus, photos de : château Lamothe (maison de retraite), sarcophage, centre bourg, ancienne gare (maison des associations)

SAINT-MEDARD-D'EYRANS possède une superficie de 1272 hectares, une altitude de 15m et une population de 2277 habitants (au recensement de 1999). La commune a connu une expansion démographique considérable, cette expansion est d'ailleurs une constante car en 1945 elle ne comptait que 598 habitants.

La première question que l'on se pose est souvent celle de l'origine du nom du village, qui n'est pas le résultat d'un simple hasard mais qui fait partie de son histoire. Saint Médard est un saint de l'époque mérovingienne né dans l'Oise à Salency vers 456, mort à Tournai en 560. Evêque de Noyon dont le siège est rattaché à celui de Tournai qui est au Ve siècle une capitale des rois mérovingiens il deviendra administrateur de ce diocèse. Quant à Eyran le mot fait l'objet de plusieurs interprétations, voici les plus communément admises : souvent utilisé comme terme frontière gallo-romain eyran viendrait de leyre - eyre - dont la racine désigne l'eau - eyran viendrait de ran qui désignait la rainette. Il est vrai que dans ces terres marécageuses les grenouilles sont fort nombreuses, d'ailleurs elles figurent dans le blason de Saint Médard d'Eyrans - D'origine celtique le terme eyrans viendrait de exiranda devenu icoranda et qui désignait un lieu situé entre la terre ferme et le marais. Il y a sans doute d'autres interprétations, à chacun de choisir celle qui lui convient le mieux, il semble clair toutefois que le terme eyran est en rapport étroit avec le marais.

Saint-Médard d'Eyrans possède une histoire très ancienne dont les traces sont encore visibles et si la commune est aujourd'hui privée de ses plus beaux vestiges (sarcophages) elle peut se consoler en pensant qu'ils ont les honneurs du musée du Louvre.Il y avait une Villa gallo-romaine, elle s'étendait au nord à proximité de ce qui est aujourd'hui le stade municipal. Il s'agit d'ailleurs d'un site archéologique sur lequel on ne pourra construire qu'après avoir effectué des fouilles approfondies. On ne voit plus aujourd'hui de traces de construction de cette Villa mais elles étaient encore visibles en 1930. Un mur existait, de direction Est-Ouest, rejoint par un autre perpendiculaire à celui-ci. Cette Villa datait du 1e siècle et elle a du être détruite aux environs du Ve siècle, lors des invasions. On a trouvé sur son emplacement, au XIXe siècle, des fragments de poteries, des monnaies d'Antorius, d'Auguste, de la mosaïque, des bronzes dont un grand de Claudius Cesar Auguste et un plus petit daté du IVe siècle dont le nom est en partie effacé.

Saint Médard avait à cette époque une situation privilégiée car ses terres étaient fertiles, ses prairies se prêtaient bien à l'élevage et le gibier était très abondant. De plus la voie de communication entre Toulouse et Bordeaux passait au nord de Saint Médard tout près de la Villa et c'est là que se trouvait le passage le plus facile pour atteindre la Garonne, voie de communication et de transport importante à l'époque car au sud, vers Ayguemorte, le marais était souvent peu accessible. Il faut bien avoir présent à l'esprit qu'une Villa Gallo-romaine était une exploitation très vaste pouvant couvrir la surface de la commune actuelle et dont les dépendances pouvaient s'étendre encore plus loin.Il faut noter que sur ce site gallo-romain on a trouvé des traces plus anciennes de vie humaine telles que des silex ainsi que des poteries néolithiques. Les hommes sont souvent guidés dans leurs choix par des besoins semblables, à la Villa gallo-romaine ont succédé le château d'Eyrans construit non loin de là et sur la motte voisine le château Lamothe. Dans ce château fut découvert une statue estimée du 1e ou du 2e siècle, mutilée elle n'a pas livré tous ses secrets, œuvre d'un excellent artiste au dire des spécialistes il s'agit d'un jeune homme accompagné d'un enfant, la tête et un bras manquent, les jambes sont brisées, certains veulent y voir une représentation du dieu Mercure accompagné de l'Amour. Tous ces vestiges ne se trouvent pas à St Médard d'Eyrans mais au musée de Bordeaux.

C'est en 1805 qu'a eu lieu la plus belle trouvaille réalisée à ce jour dans cette Villa,nous voulons parler bien entendu des célèbres sarcophages en marbre de Paros. Paros est une île grecque des Cyclades renommée pour la qualité de son marbre blanc qui fut exploité dès le VIe siècle avant J.C. Comme beaucoup de grandes découvertes celle ci est due au hasard. Un vigneron voulant planter de la vigne a fait défoncer un champ situé à moins de 500 mètres à l'est de l'église. Pour l'anecdote, précisons que cette découverte a été cause d'un procès entre le propriétaire du champ et son métayer qui tous deux en revendiquaient la paternité. Dès l'exhumation des sarcophages une commission composée notamment de l'architecte E. Combes et du peintre Lacour fut dépêchée sur les lieux, des croquis furent exécutés et un rapport remis à la Société des Sciences. Bordeaux n'a pas pu conserver cette trouvaille et c'est Louis XVIII qui en fit l'acquisition en 1817. Depuis cette date les sarcophages sont exposés au Musée du Louvre. Ces sarcophages mesurant 2 m de long sur 1mètre de hauteur et 0,60 mètre de large étaient posés l'un sur l'autre, tournés dans le sens Est-Ouest ils renfermaient chacun un squelette. Leur décoration est somptueuse, œuvre sans doute d'un artiste grec qui a apposé sa marque au moyen de huit lettres grecques dont six seulement demeurent visibles, au dos d'un des sarcophages. On pense que les personnes a qui ils étaient destinés étaient païennes car ce ne sont que des scènes mythologiques qui sont représentées. Le premier sarcophage représente la légende de Endymion et Séléné : le dieu du sommeil Hypnos verse dans l'esprit d'Endymion une corne de songes, c'est celui-ci qui porte la signature du sculpteur. Sur le deuxième est gravée la légende de Dyonisos découvrant Ariane endormie dans l'île de Naxos. Ces sarcophages de marbre blanc sont parmi les plus beaux spécimens découverts à ce jour, on estime qu'ils sont de la première moitié du troisième siècle. Il y a bien d'autres sarcophages trouvés à Saint Médard d'Eyrans ou dans les environs, non sculptés, en pierre dure de Saint Macaire, ils servent parfois d'abreuvoirs ou de jardinières ! Ils n'ont aucune valeur en eux même si ce n'est qu'ils prouvent l'importance du peuplement du village dans les premiers siècles de notre ère. Le cimetière mérovingien se situait à l'est de l'église actuelle, à flanc de coteau. Selon certains auteurs anciens trois de ces sarcophages découverts sans doute à la fin du XVIIIe siècle sont visibles dans le cimetière. Mais en fait aujourd'hui ils ont été cassés et un seul est visible près de l'église. Parmi ceux qui ont été cassés ou qui ont disparu l'un d'eux, estimé du VIIIe siècle, portait gravé une croix pattée. Un autre de ces trois sarcophages, daté du VIe siècle et découvert dans le jardin du presbytère contenait encore deux couteaux de fer et une pièce d'argent. Dans un coin du cimetière nous remarquons lors de notre visite des restes de sarcophages brisés. Notre guide nous explique qu'ils ont été trouvés au pied de l'église près d'un endroit qui était planté de cyprès et où s'élevait un calvaire, sans doute un ossuaire ou peut être les tristes restes d'une épidémie de peste.

L'église s'élève sur un tertre à proximité d'un petit ruisseau, le Milan. Ce n'est pas là son emplacement primitif, en effet cette jolie petite église à abside romane a été déplacée puis remontée au début du XVIIe siècle car construite dans la palus elle était trop souvent inondée. Les fondations de cette ancienne église ont été retrouvées en 1785 près d'un vieux moulin. L'église actuelle a depuis été restaurée à plusieurs reprises, notamment au milieu du XVIIIe siècle, en 1850 par l’incontournable Gustave Alaux (La Brède, Beautiran) puis vers 1900, aujourd'hui une restauration est encore nécessaire et débutera sans doute par l'assainissement des fondations. Encore entourée de son cimetière bâti à l'emplacement du vieux cimetière mérovingien, ce qui explique le nombre de sarcophages de pierre découverts alentour, elle a conservé son clocher-mur aux deux cloches apparentes mais malgré tout ne fait l'objet d'aucun classement. Monsieur JM Eygretaud nous fait visiter tout en essayant très aimablement de satisfaire notre curiosité et nous apprenons qu'une tradition veut qu'un souterrain parte de l'église en direction du château d'Eyrans puis vers le marais mais aucune trace n'en a été retrouvée et nous n'en saurons hélas pas plus. Dès l'entrée le regard est immanquablement attiré par le lumineux vitrail du chœur, les vitraux sont datés de 1863. Ce qui frappe aussi c'est l'abondance d'inscriptions lapidaires, ces curieux ex-voto de pierre sont d'ailleurs au centre d'une polémique car le système d'accrochage de certains d'entre eux, en raison de leur poids, donne des signes de faiblesse et dans le projet de rénovation il est envisagé d'en enlever un grand nombre pour revenir à plus de sobriété. Ce projet est loin de plaire à tout le monde et soulève des protestations vives et nourries, il est vrai que ces plaques gravées témoignent d'un passé encore vivant. La décoration murale comporte aussi des céramiques représentant des oiseaux, des fleurs de lys etc…

Dans le chœur ce sont deux colombes entourant un calice qui retiennent le regard, ce style de décoration semble unique dans notre région. Les statues sont encore très nombreuses pourtant beaucoup ont été enlevées et stockées ailleurs pour diverses raisons dont la principale est la sécurité. En effet certaines statues sont descellées, quelques-unes même sont tombées entraînant la fermeture de l'édifice pendant plusieurs mois. Nous remarquons une belle Vierge à l'Enfant, en bois et sur le côté droit un Saint Pierre assis sur un trône, en bronze creux.Il y a aussi un reliquaire, sans doute celui contenant le cœur du marquis de Pontac que nous trouvons mentionné dans certains ouvrages. Enfin il ne faut pas oublier de signaler le grand nombre de blasons dont l'ancien blason de la ville. Dans la sacristie nous remarquons surtout deux anciens vitraux de couleur rouge en forme d'écu. Sur le vitrail de gauche on peut voir un bâton, deux coquilles et deux grenouilles, sur celui de droite un globe et deux grenouilles, on retrouve tous ces éléments sur le blason actuel de Saint-Médard-d'Eyrans. De 1747 à 1772 l'église a subi une très importante restauration car elle commençait à tomber en ruine, c'est de cette époque que date le presbytère. Ce qui n'empêcha pas église et presbytère de se trouver encore en très triste état vers 1830 et il fallut encore restaurer pour qu'un curé puisse être nommé. Ce nouveau curé était un ancien franciscain espagnol, Martin Merino, qui n'a pas sans doute rempli exactement sa mission puisqu'il fut interdit en 1840. Revenu dans son pays le deux février 1852 il attentat à la vie de la reine d'Espagne en la blessant d'un coup de poignard, il fut très rapidement jugé et exécuté cinq jours plus tard.Il y a une autre anecdote concernant cette église : pendant une période troublée, la Révolution, on a fait cuire un bœuf entier dedans, cet incident est encore relaté par des Saint-Médardais qui, allez savoir pourquoi, restent volontairement dans le flou quant au nom des participants.

En sortant notre guide attire notre attention sur un bâtiment près de l'église au fronton duquel on peut lire la date de 1762 qui sert aujourd'hui d'entrepôt, il s'élève sur une place nommée la "Place des Bouilleurs de Crus". Saint Médard d'Eyrans, autrement dit Saint Médard en Arruan (orthographié traditionnellement avec deux r) était divisé autrefois en deux paroisses : St Médard dépendant de l'Isle-Saint-Georges et Ayrans qui était indépendante. On trouve d'ailleurs encore à la fin du XVIIIe siècle des documents portant les mentions "Saint-Médard-Isle", "paroisse Saint-Médard-Isle-Saint Georges", la "paroisse d'Ayrans" etc. (archives de Gironde, documents réunis par Valette).

Au lieu dit Balach, autrefois situé à Isle Saint-Georges et de nos jours sur la commune de Saint Médard, près du château Turpaut il y avait une chapelle. Cette chapelle de Balach est attestée en 1694, elle aurait disparu en 1767, il ne reste en souvenir d'elle que "le Pré de la Chapelle" et une croix. Sur ce site il a été trouvé en 1989 des monnaies de bronze des XVIe et XVIIe siècle, des boucles de ceinture moyenâgeuses ainsi que de nombreuses pierres portant des traces de mortier et des moellons.Y a-t-il eu d'autres établissements religieux à Saint Médard ? La tradition existe d'un prieuré bénédictin fondé au XIe siècle et dépendant de l'abbaye de Sainte Croix mais à Saint Médard on ne sait rien de plus sur ce prieuré, on n'en possède aucune trace et on ignore où il pouvait bien s'élever. Toutes les communes ou presque, de nos jours, possèdent leur blason et bien que beaucoup d'entre elles n'aient pas la chance d'avoir déjà possédé des armoiries ou bien en ont perdu le souvenir, les blasons modernes s'efforcent, avec plus ou moins de goût et de bonheur, de restituer l'âme ou tout au moins l'identité que le village se veut posséder. Saint Médard d'Eyrans est privilégié sous ce rapport car d'anciennes armoiries sont visibles dans l'église et la mémoire de son riche passé a été en partie conservé. En effet deux des principales routes de pèlerinage au Moyen-Age c'est à dire Saint Jacques de Compostelle et Jérusalem, se croisaient là et une maladrerie fondée par les Templiers existait au nord du village. C'est avec le concours d'un héraldiste que le blason actuel a été élaboré, c'est dire qu'il est établi selon des règles précises.

Tout d'abord voici comment se présente l'ancien blason dont des copies sont parvenues jusqu'à nous : deux grenouilles soutiennent l'écu, les grenouilles étaient si nombreuses dans les marais de Saint Médard qu'il ne faut pas s'étonner de leur présence, une des origines possible du mot Eyrans serait ran = la rainette, d'ailleurs il existe un lieu-dit appelé "Canterane" que l'on traduit par "le chant de la grenouille". L'écu est divisé en quatre quartiers, le premier porte la croix de Jérusalem, le deuxième deux crosses, le troisième le bâton du pèlerin avec les deux coquilles Saint Jacques, le quatrième enfin le globe surmonté d'une croix. C'est en tenant compte de ce vieux blason que le nouveau a été conçu. Voici ce blason, il se présente comme un écu français dont les couleurs sont, rouge (de gueules), bleu (azur), jaune (or) et blanc (argent) surmonté de deux couronnes, une de marquis à droite et une de baron à gauche ceci pour montrer que les familles seigneuriales se sont succédées sans interruption, assurant la continuité historique. Le premier quartier est d'azur et porte la croix de Jérusalem, de couleur or.

Depuis le IVe siècle au moins une des routes pour se rendre en Terre Sainte passe à Saint Médard, la croix potencée est dite de Jérusalem car c'est elle que Godefroy de Bouillon a prise pour emblème de l'Ordre du Saint Sépulcre qu'il a fondé en 1099 après avoir pris la Ville. Le deuxième quartier est "de gueules", donc rouge, traversé par une barre d'argent portant à chaque extrémité une fleur de lys d'or, au milieu de la barre une crosse d'évêque, au-dessus de la barre une abeille, au-dessous un globe surmonté d'une croix. Ce quartier est représentatif de Saint Médard, la crosse bien sûr puisque Saint Médard était un évêque de l'époque mérovingienne, les fleurs de lys qui entrent dans bien des armoiries celles de Saint Médard mais aussi d'une ancienne famille noble d'Eyrans, la famille d'Aymar. Le globe symbolise le monde sur lequel le Christ étend sa domination. L'abeille, qui comme la fleur de lys est aussi un symbole mérovingien, fait partie de la légende du saint évêque : il calma des abeilles en colère qui poursuivaient le voleur de leur miel. L'abeille est un symbole christique car elle réunit douceur et miséricorde par le miel et justice par son dard, pour Bernard de Clairvaux elle symbolise l'Esprit Saint. Le troisième quartier, aussi de gueules, c'est la référence à la route de Compostelle, le bâton du pèlerin avec sa gourde de part et d'autre en haut les deux coquilles Saint Jacques, en bas les deux grenouilles qui se trouvaient à l'extérieur dans l'ancien blason, le bâton et les coquilles sont argent, les grenouilles sont d'or. Le quatrième quartier, d'azur, porte une vigne d'or qui grimpe sur un piquet ceci se passe de commentaire, la vigne est depuis toujours la richesse de la région. S'il n'est plus possible aujourd'hui de retrouver les traces visibles du prieuré bénédictin du XIe siècle on ne peut qu'être frappé en se promenant dans Saint Médard du grand nombre de maisons dont un mur comporte une petite niche abritant une statuette de la Vierge, telle celle de Basse-Terre. Les Croix de Mission sont aussi fort nombreuses, celle située sur la route de Laprade près de la maison de retraite vient d'être rénovée, la Croix qui se dresse tout près de la boulangerie porte un chrisme gravé, il faut remarquer également les petites Vierges dans les murs des deux maisons à côté. Sur la route de Larchey, à l'entrée de la propriété de Cruzeau ce n'est pas une Croix qui nous attend mais une Vierge, "Sancta Maria de Larchey", une date est indiquée : 17 avril 1876. Jusqu'au début de ce siècle il y avait une école de filles tenue par des religieuses, le bâtiment a ensuite était repris par la commune qui y établit le premier Bureau de Poste.

Un autre monument de Saint Médard d'Eyrans bien que non religieux attirait l'attention par sa situation insolite (et sans doute peu pratique lors des dépôts de gerbes) au milieu d'un carrefour, il s'agit du Monument aux Morts. Aujourd'hui il a été déplacé et reconstruit sur la place de l'Eglise.

Saint Médard d'Eyrans est riche en châteaux, certains sont de nos jours des Maisons de retraite, c'est le cas des châteaux Lamothe et Laprade, d'autres sont des propriétés privées, tel le plus connu d'entre eux le Château d'Eyrans. Ce château appartient, par le jeu des alliances, à la même famille depuis plusieurs siècles, cette famille descend de l'avocat qui a défendu le roi Louis XVI lors de son procès. Le château actuel a été construit au XVIIe siècle, le château primitif était construit plus bas dans le marais, on en situe mal l'emplacement aujourd'hui seuls subsistent quelques termes tels que "Le Moulin Ruiné". On ignore la date exacte de la construction de ce premier château qui appartenait depuis 1317 à Guilhem de Budos seigneur de La Mothe d'Eyrans, neveu de Clément V. Vers 1347 le château a été reconstruit par André de Budos, puis il devint propriété de la famille du Bernet au XVIIe siècle et par alliance aux familles de Sallegourde puis de Sèze. Ce château qui avait bien souffert des inondations fut en partie ruiné lors des Guerres de Religion, finalement il fut reconstruit à son emplacement actuel, probablement sur les avant-postes du vieux château au XVIIe siècle. Le 15 février 1775 Suzanne de Sallegourde a rendu hommage pour ce château au roi Louis XVI. Depuis la Révolution il fut en partie reconstruit mais toujours selon les mêmes plans, conservés dans les archives familiales. Malgré ces restaurations successives une grande partie date de l'époque de Louis XIII et une tour de l'époque de Henri IV. Des sarcophages de pierre non sculptés ont été trouvés dans le parc, ils sont estimés être de l'époque mérovingienne mais ne possèdent pas de valeur archéologique, ce genre de trouvaille étant assez fréquente dans la région. Le château d'Eyrans est facile à trouver, il suffit de suivre la route de l'esteyrolle depuis Saint Médard puis tourner chemin du Manant, le château d'Eyrans est sur la gauche, en face juste sur la droite on remarque un deuxième château dont le parc fait l'angle du chemin et de l'allée des Fauvettes, il appartient à la même famille et s'il semble plus récent certaines parties anciennes sont d'époque Louis XIII. Une centaine de mètres plus bas sur le chemin de Manant on aperçoit à droite la ferme du château, construite vers 1781 elle passe pour être l'œuvre d'un architecte hollandais séjournant dans la région. Cette belle construction a brûlé au début des années 1970, on pense qu'un mégot mal éteint est peut être à l'origine du sinistre, l'incendie a débuté un dimanche après midi et a pris rapidement une très grande ampleur en raison des nombreuses boiseries. Actuellement en restauration la demeure a été reconstruite selon les plans originaux soigneusement conservés dans la famille.

Le château Lamothe est une construction du XVIIe siècle qui s'élève sur l'emplacement de la Villa gallo-romaine, c'est dans le parc de cette propriété que fut trouvée la statue du 1e siècle, supposée représenter le dieu Mercure dont il a été question plus haut. Ce château Lamothe était une propriété très importante qui possédait des pâturages jusqu'à Isle Saint-Georges encore au XIXe siècle, aujourd'hui c'est une Maison de Retraite.

Le Château de Laprade est aussi transformé en Maison de Retraite, le bâtiment que nous voyons est d'un style néoclassique typique avec son fronton triangulaire et ses lignes élégantes, il remplace un château plus ancien dont il ne reste pratiquement plus rien. La rivière le Saucats traverse le domaine et a permis de former un petit lac où s'ébattent des animaux et qui agrémente un très beau parc. Cette propriété a appartenu à la famille de Pontac au XVIIIe siècle puis a échu à la famille Faugère. Aujourd'hui c'est donc une Maison de Retraite groupée avec le centre de soins de Podensac dont la capacité d'accueil est de 60 personnes valides, actuellement elle abrite 55 pensionnaires à qui elle offre de nombreuses animations : voyages (Arcachon, Hostens), cinéma, sorties dans les magasins, bals costumés, fêtes avec des enfants qui offrent des spectacles de chants ou de danse. les pensionnaires que nous avons rencontrés lors de notre enquête nous ont fait part de leur grand désir d'assister à des spectacles de Variétés et d'Opérettes.

Saint Medard d'Eyrans a possédé son port situé à l'embouchure de l'estey d'Eyran, il s'agit du port de l'Ancray près de ce lieu s'élevaient les ruines d'un ancien calvaire. Il semblerait qu'un projet de créer une gare maritime à Saint Médard, avec une "boucle" vers le port d'Isle Saint-Georges, a été abandonné peut-être cela est-il dommage pour l'économie de ces deux communes ?

Comme on peut s'en rendre compte Saint Médard d'Eyrans a un riche patrimoine historique, il est dommage qu'elle ait été dépossédée de ses plus beaux fleurons et ici comme dans beaucoup d'autres communes il manque des archives, les traditions s'estompent avec le souvenir. Le village est loin d'avoir livré tous ses secrets et son histoire reste à écrire. Bien sûr il faut construire l'avenir et des soucis demeurent par exemple l'usine de bois qui a employé jusqu'à cent personnes n'a plus que trois ouvriers.

La gare est fermée alors qu'elle a connu autrefois un trafic intense nécessitant l'emploi de quatre personnes en temps complet. Beaucoup de voyageurs transitaient par cette gare mais aussi des marchandises, notamment des "poteaux de mines" qui arrivaient des Landes et empruntaient le rail pour gagner les villes minières de France où ils servaient à étayer les galeries.

De nos jours la vie associative est très présente et offre une bonne diversité de choix avec du tennis, football, rugby, pétanque etc., la bibliothèque et enfin une association archéologique. La commune a des atouts, elle a connu une expansion démographique constante depuis plusieurs décennies maintenant son principal souci est de trouver le juste équilibre entre démographie et économie en préservant à tout prix la qualité de la vie, aménagement d'espaces verts, ouverture de chemins de randonnées sont quelques-uns des moyens envisagés pour parvenir à ce but.

Pour écrire ces articles sur Saint Médard d'Eyrans nous avons consulté les ouvrages suivants

"Cadaujac à travers les âges" Abbé P. Abrard - 1967"Bordeaux Antique"

Robert Etienne"Echos du Pays de l'Arruan" Nov.-Dec. 1991

"La Garonne et ses affluents de La Réole à Bordeaux" Rebsonnen - 1913 (extraits)

"L'Isle en Arruan" O. Coussillan

"Variétés bordelaises" abbé Baurein

"Histoire et archéologie de St Médard" Melle Chavagnac (recherches en archives - 1950)

Archives de Gironde, documents réunis par Valette A.M. et J.C. CARON

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