Saint-Morillon : église romane Saint Maurille par Emilie Chenneveau

 

 

par Emilie Chenneveau (conseils de Michelle Gaborit à Julie Véchambre)

ANALYSE ARCHITECTURALE

v LA PREMIERE EGLISE

A l’origine l’église comportait une nef unique terminée par une abside polygonale à l’extérieur et semi-circulaire à l’intérieur. L’abside romane, qui comporte sept pans en pierre et moellons, est particulièrement élégante en raison de l’équilibre de ses formes et de la perfection de sa stéréotomie.

A l’intérieur, la voûte de sa travée droite retombe sur des arcs brisés.

 

v MODIFICATIONS POSTERIEURES

Il est probable qu’en suivant la construction de l’abside on avait déjà prévu deux chapelles latérales en position de bras de transept. En effet, les murs bien appareillés de la chapelle nord, avec leurs contreforts d’angle encore romans l’attestent, ainsi que le mur occidental de la chapelle sud. Celui-ci construit à l’identique de celui du nord est percé d’une baie ogivale dont Léo Drouyn a relevé le dessin, c’est bien une ouverture du XIIIème siècle.

Les deux chapelles sont terminées et couvertes plus tardivement. Celle du nord a reçu des ogives qui vinrent reposer sur une tablette d’angle, installée après coup durant le XIIIème siècle.

Celle du sud fut voûtée à une date encore postérieure ; au XIVème siècle, époque à laquelle on érigea le portail occidental et sans doute le clocher mur qui le surmonte.

Les deux chapelles sont prolongées en bas-côtés au XVIIIème siècle.

 

v XIXème SIECLE

Au XIXème siècle lorsque Léo Drouyn décrit l’église, il existe à la hauteur des cloches, un balcon en bois à l’orient et à l’occident recouvert d’une toiture. Selon Léo Drouyn, ce sont les corbeaux en pierre situés en dessous des ouvertures qui soutenaient l’extrémité inférieure des madriers. A Saint-Morillon ces constructions en bois destinées à protéger les sonneurs de cloches ont maintenant complètement disparu, ainsi que les corbeaux en pierre sur lesquels reposaient les madriers.

Beaucoup d’églises des Landes ont possédé ou possèdent encore ces constructions en bois autour du clocher. On peut trouver ce type d’édification à l’église Saint-Vincent de Belhade ou encore sur les deux églises que compte la paroisse de Moustey.

 

ANALYSE DU DÉCOR

 v DECOR EXTERIEUR

Les discrètes sculptures qui ornent à l’extérieur la corniche de l’abside, soutenue par des modillons et séparés par des métopes et des chapiteaux, comme à l’intérieur, ceux de l ’arc triomphal et de l’arc qui sépare l’abside de la travée droite confirment bien que l’ensemble a été édifié à la fin du XIIème siècle ou même au début du XIIIème siècle.

Certains modillons de l’abside sont bien conservés avec leurs motifs floraux et géométriques alternant avec des animaux curieux et des personnages acrobates.

 

 

 

 

 

 

 

 

v DECOR INTERIEUR

 Une toile du XVIIème siècle qui représente saint Morillon en apothéose est signée Fournier, élève de Le Brun oeuvrant à la décoration de Versailles.

L’armoire eucharistique de Saint-Morillon date du XIIème siècle. Généralement les églises romanes n’avaient pas de tabernacles sur l’autel. Pour conserver l’Eucharistie, une petite armoire était prévue à cet effet. En principe elle était encastrée dans le mur du chœur, ici elle se trouve dans le fond de l’église. Une petite porte en bois présente des sculptures de motifs floraux, calice et hosties. Celle-ci a servi jusqu’en 1642, date à laquelle la décoration du chœur a été refaite et le tabernacle installé sur le maître autel.

 L'autel du bas-côté de droite est dédié à Saint Roch, cet autel baroque italien date de 1828 mais le retable doré, signé Fournier le peintre de "l'Apothéose", est du XVIIIe siècle et un tableau, daté de 1722 et signé Sibon, représente un très beau saint Roch accompagné du chien tenant le pain dans sa gueule. Sur la gauche du tableau on peut voir les armoiries du donateur avec la devise " Vis in Cruce ". Ce tableau a été restauré par les Beaux-Arts en 1975. A droite de l'autel il y a une statue du même saint, le chien est là identifiant saint Roch mais la présence des coquilles de Compostelle font penser à St Jacques. Saint Roch est décidément à l'honneur à Saint-Morillon car sur le mur de droite un sous-verre abrite la bannière de la Confrérie de Saint Roch qui a été fondée pendant les épidémies de peste de 1547.

Cet intérêt pour Saint-Roch se retrouve également en l’église Saint-Martin de Villenave d’Ornon où les pèlerins venaient prier Saint-Roch représenté par une statue du XVème siècle où il est revêtu des attributs Compostellans.

 

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BIBLIOGRAPHIE

 

§ BAUREIN abbé, Variétés bordeloises, Bordeaux, Féret et fils,1876,t.III p.38.39.

§ BIRON.R, Guide archéologique et touristique en Gironde, Bordeaux, Féret et fils, 1928, p.118.

§ BRUN Pierre, Les églises de la Gironde, Bordeaux, Delmas,1957, p.49.

§ GABORIT Michelle, Léo Drouyn et le Cernès,

§ BRUTAILS JA, Les vielles églises de la Gironde, Bordeaux, 1912,p.138.145.179.194.197.228.269.

§ REBSOMEN André, La Garonne et ses affluents de la rive gauche de la Réole à Bordeaux, Bordeaux, Féret et fils, 1913, p.257.

 

 

 

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