Mongenan salue La Reine morte
Quelles sont les plus grandes tragédies du répertoire français ? Phèdre, sans doute, Le Cid ? ou encore, plus récemment La Reine Morte. Dès que Montherlant eut achevé cette pièce créée par Madeleine Renaud et Jean-Louis Barrault, la critique salua un chef d'œuvre. C'en était un en effet, sans un mot de trop, avec des répliques dont on se souvient comme des alexandrins appris à l'école et longuement commentés dans les dissertations. Montherlant dont on ne peut pas dire que l'amour qu'il portait aux femmes lui fit jamais perdre la tête, a cependant trouvé les mots pour raconter cette histoire déchirante et tordant quelque peu le bras à la vérité historique. Ferrante, Roi de Portugal, veut que son fils Pedro épouse l'infante de Navarre pour sceller une alliance politique contre la Castille. Mais il ignore que son fils s'est secrètement marié à Ines qui attend un enfant de lui. Il ne peut donc épouser l'infante, ni avouer les raisons de son refus. Son père le fera arrêter avant de découvrir la vérité qui le poussera à faire assassiner Ines pour raison d'état.
Racine n'aurait certes pas renié pareil sujet. A son époque, on aurait compris volontiers que le théâtre se mêle de raconter ces passions tumultueuses. Au XX° siècle, on est certainement plus pudique et l'amour sur scène surprend. La pièce de Montherlant dont il sera largement question dimanche 25 août à 17 h au château de Mongenan à l'occasion de la conférence que Florence Mothe donnera sur le thème "Montherlant et l'amour", remporta un immense succès et fut reprise à de nombreuses occasions, y compris la production télévisée qui donna ses lettres de tragédienne incomparable à Geneviève Casile dans le rôle d'Inès.
"Tout ce qui est essentiel, disait Montherlant, se passe à l'intérieur de l'âme". La Reine morte en administre une éclatante illustration, si simple, si parfaite, si classique, que l'on voudrait bien reprendre l'habitude d'aller plus souvent au théâtre.
Château de Mongenan Animations d’été 2019 Hommage à Henri de Montherlant
Oublié, mésestimé, vilipendé, Montherlant apparait aujourd’hui comme un auteur maudit. Pourtant, rien de remplace son œuvre magique et intemporelle qui peint les hommes rêvés, les femmes méprisées, les pays en déliquescence, les peuples d’ailleurs volontiers asservis, les errances, les guerres et les fautes.
Le message de Montherlant, porté durant quarante ans d’une vie littéraire foisonnante, tant au livre qu’au théâtre, ne peut s’arrêter le 21 septembre 1972, sur le suicide d’un écrivain.
Des guerriers aux chérubins, des femmes insatisfaites aux amitiés particulières, de l’amour fou du sport et de la religion des corps aux affres de la colonisation, Montherlant n’a cessé de s’interroger et de nous interroger sur tout ce qui fait sens et question dans notre civilisation vieillissante. Le Château de Mongenan a décidé de lui rendre hommage après avoir consacré une série de conférences à la noblesse, tant il est vrai que mieux que tout autre, Montherlant avait celle de l’âme. Plusieurs comédiens escorteront Florence Mothe dans cet itinéraires où les lectures multiples, données dans le théâtre de verdure du jardin pour l’agrément, qui permettront de retrouver tel qu’en lui-même à travers ses œuvres et sa correspondance, ce géant de la littérature.
Neuf conférences- lectures-spectacles :
Dimanche 21 juillet à 17 h : L’enfance : La ville dont le prince était un enfant, Fils de personne.
Dimanche 28 juillet à 17 h : Les hommes : La relève du matin, Le songe, Les garçons.
Dimanche 4 août à 17 h : Les femmes : Les jeunes filles, Pitié pour les femmes, Le démon du bien, Les lépreuses.
Dimanche 11 août à 17 h : Hispanités : La petite Infante de Castille, Le chaos et la nuit, Les Bestiaires, Le Cardinal d’Espagne.
Dimanche 18 août à 17 h : Ailleurs : Coups de soleil, La rose des sables, Le maître de Santiago
Dimanche 25 août à 17 h : L’amour : Mais aimons-nous ceux que nous aimons ? La Reine Morte, Celles qu’on prend dans ses bras.
Dimanche 1° septembre à 17 h : La guerre : L’équinoxe de septembre, La solitude de juin, La guerre civile
Dimanche 8 septembre à 17 h : La solitude : Les célibataires, Va jouer avec cette poussière, Port Royal, Un assassin est mon maître.
Dimanche 15 septembre à 17 h : La mort : La relève du matin, Les carnets, Mors et vita.
Vendredi 20, samedi 21 et dimanche 22 septembre : Journées du Patrimoine
Distribution gratuite de graines et de boutures de rosiers anciens.
Château de Mongenan, 33640 Portets, Monument historique privé ouvert à la visite, Jardins classés, musée du XVIII° siècle, Temple maçonnique, vins de Graves
05 56 67 18 11 chateaudemongenan@free.fr www.chateaudemongenan.com
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