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Mission patrimoine archéologique, fouille des mottes castrales de Cabanac, avec REMPART, association reconnue d'utilité publique
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motte leo drouynmotte orthophotographieEncadrés par un archéologue vous participerez à la fouille des mottes castrales de Cabanac en pays de Ségur.

Mission patrimoine archéologique avec
REMPART, association reconnue d'utilité publique. 1, rue des Guillemites - 75004 Paris France

ci contre photo aérienne, et tracé d'après Léo Drouyn.

Dates : du 16/10/2017 au 28/10/2017

 

Age : > 18 ans -
Localisation : Cabanac Et Villagrains / Gironde / Aquitaine
Type de mission : Chantier / Stage technique
Thème(s) : Archéologie / relevés
modalités d'inscriptions et info pratiques ( tarifs et hébergement)  surle site de Rempart

Inscription

Nom : Laura Soulard - Adichats
Adresse : Maison Labat 7 rue Eugène Faivre,- Villandraut
Tél. : 05 56 25 87 57 (8h30-17h30, lundi au vendredi)
Courriel : inscription.adichats@gmail.com
Site internet : http://www.assoadichats.net/

Note d’opportunité rédigée par Pierre Régaldo, Ingénieur de recherche à la Direction régionale des affaires culturelles – Service régional de l’archéologie, le 20 décembre 2011.

(Texte issu du Bulletin municipal de la commune de Cabanac et Villagrains en 2015)

(Pierre REGALDO. Conservateur au Service Régional de l'Archéologie;  E-mail : pierre.regaldo@culture.gouv.fr)

 

Le site des Casterasses, aussi connu comme Les Mottes, est fortement marqué dans le paysage par les reliefs significatifs de deux buttes, d’une  plate-forme et de fossés périphériques. C’est  une configuration totalement inusuelle et d’une  très bonne lisibilité, ce qui lui a valu d’être  anciennement remarquée, par Léo Drouyn en particulier ; le tracé des deux buttes est porté  sur le cadastre par des tiretés. Dans le nom de  Casterasses, on reconnaît aisément le  mot latin  castera, pluriel de castrum, château, souvent  utilisé au Moyen Age pour désigner des sites de la  première période féodale, des mottes justement dites castrales. Le suffixe  –asse, comme dans  cuirasse, n’a  pas toujours la valeur péjorative qu’il a fréquemment aujourd’hui ; il a peut-être ici valeur d’augmentatif.
Le positionnement du site, qui est le point culminant  du secteur, n’est sans doute pas innocent : il se trouve entre la rivière le Gât-Mort et le chemin qui la double  en rive gauche, probablement de tracé médiéval,   l’ensemble formant un axe de pénétration entre la  Garonne (Castres, Beautiran) et Hostens. Il est en  position de contrôle. De même, il domine et protège  l’église placée moins de 500 mètres en amont.
L’organisation du site est plus complexe que d’ordinaire ;  en fait on n’a aucun parallèle dans la région. Une première  motte, particulièrement haute avec 10 m d’élévation  pour 13 m de diamètre au plateau et 30 m à la base,  aujourd’hui en majeure partie boisée, est entourée  d’un fossé annulaire large de 12 à 15 m. Ce fossé se  confond partiellement avec celui, un peu plus étroit,  qui entoure un enclos presque carré, d’une trentaine  de mètres de côté ; une levée de terre double  intérieurement ce deuxième fossé. Cet ensemble se  laisserait volontiers interpréter comme une motte  castrale, plus précisément un donjon à motte, et sa  basse-cour.
Exceptionnelle est l’existence d’une seconde motte,  jouxtant cet ensemble à l’ouest. Elle est nettement  plus basse que la première, 4 m seulement, plus large  aussi, 20 m de diamètre au plateau et 30 m à la base ;  le fossé annulaire, large de 12 à 15 m, qui l’enveloppe  touche celui de la basse-cour vers le milieu du côté  sud-ouest, sans le recouper. Elle paraît en situation  de défense avancée, ce qui n’a pas de signification  reconnue dans le contexte des mottes castrales.
Les deux premières structures, telles qu’elles  apparaissent, s’entremêlent en un ensemble  cohérent ; celle-ci en revanche est bien distincte  et pourrait ne pas être synchrone. Seules  d’éventuelles données matérielles issues de  fouilles pourraient éclairer cette anomalie.
Pour être complet sur le sujet, on doit rappeler  qu’a existé au lieudit Gassies, 800 mètres en  aval, une autre motte, connue sous le nom  de Castera, plus large et plus élevée que les  Casterasses, elle semble aujourd’hui disparue. Il  est parfaitement plausible qu’elle appartienne au  même système défensif que les Casterasses, mais  elle peut éventuellement en être indépendante.
Par ailleurs, le site possède aussi un ingrédient  folklorique de quelque intérêt : dans le fossé de  la seconde motte, tout à l’ouest de l’ensemble,  en direction de l’église et du village, se trouve  une Fontaine des Fées, toponyme fréquent et  parlant à l’imaginaire collectif. Ces personnages  légendaires viendraient nuitamment laver leur  linge dans l’eau de cette fontaine ; elles ne  doivent pas être dérangées dans cette activité.
Au-delà de son caractère folklorique, cette  fontaine contribue peut-être à caractériser la  seconde motte, mais n’autorise pas d’hypothèse.
Les archives fournissent des informations,  ponctuelles mais de grand intérêt, sur les  seigneurs du lieu. La famille de Cabanac est une  des plus importantes de l’aristocratie régionale  du XI e siècle. Ce sont des barons proches des  ducs d’Aquitaine. Ainsi, Géraud de Cabanac tient un fief du duc  Guillaume VIII à Bordeaux en 1075, le même Géraud et son fils Arsie sont parmi les  nobles qui accompagnent les ducs Guillaume
VIII et Guillaume IX. Tous deux sont aussi des donateurs de La Sauve,  ou Arsie devient moine.
Un autre fils de Géraud, Arnaud Géraud de  Cabanac, lui aussi moine de l’abbaye de La  Sauve, devient arche-vêque de Bordeaux (1103- 1130).
On a encore mention de deux autres frères : Arrufat, Forto,
Un  miles Raimond et son frère le  domicellus  P.(Pierre) sont encore mentionnés après 1227.
En 1274, figurent parmi les vassaux du roi-duc  Edouard 1 er, déclarant des biens de lui : Arnaud  dominus  de Cabanac, Arnaud et Pierre  miles et  domicellus, Jordan  domicellus .
Cependant, aucun texte ne porte sur des biens  à Cabanac, mais tous ceux qui sont connus   portent sur des possessions à Bordeaux, en Entre- deux-Mers ou à Rions.
Ce n’est qu’en 1277 qu’un lien solide est enfin  établi entre la famille et la paroisse : Arnaud de  Cabanac,  miles
, plausiblement le même que  le  dominus de 1274, tient de l’archevêque de  Bordeaux des terres et un manoir
(manerium) à Cabanac. Arnaud accompagna le roi Richard  Cœur de Lion à la croisade, on ne sait s’il en  revint.
En 1330, Pierre de Gabarret reçoit confirmation  du roi-duc pour les droits de haute et basse  justice dans la paroisse de Cabanac. Dès 1292,  soit au lendemain de la troisième croisade, un  seigneur du même nom, le même ou son père,  y possédait des hommes questaux, des serfs.
La notion du  manerium exprimée clairement en  1277 repose la question de l’interprétation du  site. Il n’est nullement exclu que la complexité  anormale des structures provienne de la  transformation d’une motte en manoir. Seule une  recherche approfondie éclairera la question : il est,  d’une part, indispensable de préciser la géométrie   des structures et de cartographier les micro-reliefs ;  on peut, d’autre part, espérer des informations du  diagnostic archéologique qui a été prescrit.
Au total, ce site est archéologiquement et  historiquement extrêmement significatif, porteur  de probléma-tiques originales touchant au cœur  de l’actualité scientifique. De plus, il n’a pas été  altéré par des aménage-ments récents. On ne peut pas envisager de le sacrifier aux  intérêts ponctuels d’un lotissement. Une fouille  préventive ne représenterait qu’un pis-aller,  encore serait-elle lourde, longue et onéreuse,  pour aboutir à une mutilation irréversible du  patrimoine. La meilleure solution consisterait à en  faire une réserve patrimoniale, à le gérer comme  un parc, à organiser son étude et sa mise en  valeur comme un bien public.
Par la seule vertu de ses reliefs bien lisibles dans  le paysage, mais aussi par sa signification, par  son impor-tance et sa complexité, par la richesse  des problématiques qu’il supporte, le site des  Casterasses paraît fondateur de l’identité de  Cabanac, en tout cas porteur d’une image de  marque claire et originale. Pas seulement d’un  point de vue topographique, c’est le cœur du bourg.


retrouvez les mottes castrales à Cabanac sur le site de la mairie

références des textes :

La Guyenne militaire. Bordeaux, 1865, t. 1, p. XLV et s. ; « Ricochets archéologiques dans le département de la Gironde, esquisses de monuments », Bulletin monumental de la Société française d'Archéologie, 1858, p. 480 et s. Mais aussi l’abbé Baurein (Variétés bordeloises ou essai historique et critique sur la topographie ancienne et moderne du diocèse de Bordeaux. Bordeaux, 1785. Réédition : Bordeaux, Féret, 1876. T. 3, p. 108-111), ou Edouard Guillon (Les châteaux historiques et vinicoles de la Gironde, Bordeaux 1866, t. 4, p. 295-297).

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