Castres-Gironde : du visible à l'introuvable, par Anne Marie et Jean Claude CARON, daté de 1996 .
relecture 2008 par JP Puisné
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ci-dessus photo aérienne par Montuzet (Helitech), éléments de l'église (abside, presbytère, tableau de Lépicier) et un livre " Raconte moi Castres" par Guy Tauzin.
CASTRES-GIRONDE est situé à une altitude de 20 mètres au-dessus du niveau de la mer et possède une superficie de 697 hectares pour une population de 1510 habitants (note du SIGM : 2100 en 2008). Nous trouvons des traces de fortifications en nous dirigeant vers le Gât-Mort (en 2008, SIGM trouve ces traces bien peu visibles). Dans ce quartier situé en contrebas par rapport à l'église il existe un "Passage des Remparts" qui descend de l'église vers le port. C'est un quartier pittoresque aux ruelles étroites et tortueuses. Non loin de là il y a aussi une "Rue des Ecus" mais nous n'avons pas pu savoir l'origine de ce nom. Le port est à l'abandon, pas de bateaux, pas d'aménagements, de l'herbe qui descend vers le ruisseau, l'endroit doit être frais et agréable en été . Il est impossible, en voyant le port tel qu'il est aujourd'hui, de se faire une idée de l'importance de son trafic autrefois, car il a subi de nombreuses transformations depuis le début du siècle .
L'église domine ce vieux quartier du port. Dans la chapelle de droite, notre regard est attiré par une grande toile peinte à l'huile. Le tableau représente la Sainte Famille mais il nous a été impossible de lire la signature, la tradition veut que ce soit celle de Lépicier, peintre du XVIIIe siècle et nous n'avons pu apprendre qui en avait fait don à l'église, quand et en quelle occasion. Le chemin de croix est intéressant, il s'agit de peinture sur métal, signé D. MAILLURS. Les vitraux sont sans motifs figuratifs hormis ceux du chœur qui sont signés DAGRAND, 1881. Nous remarquons particulièrement à gauche Ste Anne d'AURAY et à droite, lui faisant face, St Yves . Dans le chœur toujours deux magnifiques chapiteaux sculptés qui semblent fort anciens, celui de gauche représente des animaux et celui de droite des personnages. Les autres chapiteaux présentent des motifs de fruits, de feuillages ou de simples formes en entrelacs. Un carrelage rouge et blanc couvre le sol sur les bas-côtés, au centre de la nef le dallage est différent il paraît plus vieux, on ne discerne plus la couleur d'origine. Sur le côté droit nous remarquons un petit orgue ancien qui sert de plus en plus rarement, nous dit-on . C'est une belle église qui a été assez bien entretenue toutefois elle possède une importante fissure dans une petite chapelle latérale, à gauche. Un regret, personne n'a semblé en mesure de nous fournir un historique précis de l'église, peut-être qu'un petit fascicule en retraçant les grandes lignes, et déposé à l'entrée de l'église, aiderait à satisfaire la curiosité légitime des visiteurs. En sortant de l'édifice, sur notre droite, un grand portail mène au presbytère et là, dans un grand jardin paisible et serein nous pouvons admirer l'abside romane de l'église. Quant à la demeure elle-même, inhabitée bien sûr mais non délabrée, nous remarquons sur son fronton un triangle, les clefs de St Pierre, nous lisons les lettres A.D. Joseph. Aujourd'hui cette demeure sert de salle d'exposition au Salon de peintures de Castres.
Si l'origine du nom de Castres semble bien être "castrum", c'est-à-dire qu'il désigne une enceinte fortifiée, il est difficile de savoir de quelle époque datent ces fortifications. La paroisse a du avoir une importance dans le passé puisqu'en l'an 800, un concile s'y est tenu. La position surélevée de l'église donne à penser qu'elle a pu être fortifiée autrefois. C'est sans doute un des plus anciens villages, avec St-Médard-d' Eyrans, pourtant il est difficile de retrouver des vestiges antiques, beaucoup de personnes mentionnent un ancien camp romain sans pouvoir donner de précisions à ce sujet, ni sur l'emplacement du camp ni sur les vestiges. Voici ce que nous avons pu apprendre : Le camp se tenait à l'emplacement de la maison de retraite, aucune fouille sérieuse n'a jamais été faite . Quelques objets, des urnes, furent trouvés au XIXéme siècle dans les Bois de Savis par le propriétaire du château de Pommarède . Ces objets furent déposés au musée de Bordeaux mais il y avait trop peu de choses pour que se soit probant . Dans le livre de Petit et Anglade "La Seigneurie de Portets, Castres et Arbanats", édité en 1933, nous lisons que les seuls vestiges romains sont "des pierres dans des murs anciens ou actuels". Alors camp romain ? Si oui il n'en reste pas grand-chose de nos jours, même dans les mémoires semble-t-il, et pourtant nous pouvons voir ces vestiges mentionnés au siècle dernier dans le "Guide pittoresque du Voyageur en France" en 1838 : "[les Romains]... protégèrent les abords [de Burdigala] par l'établissement de trois postes militaires, CASTRA (Castres), Blavia (Blaye), et Condate...". Joanne, ensuite en 1873 " Castres... située sur la route de terre, et près duquel on voit encore les restes d'un camp romain" et plus tard, en 1882, le même Joanne dans "Gironde" donne cette précision "camp romain classé Monument Historique" ! S'il n'y a pas eu d'erreur, on devrait bien pouvoir retrouver des traces de tout cela !
Nous nous sommes bien entendu rendus au Bois de Savis qui est un endroit particulièrement agréable, lorsque le soleil brille comme ce jour- là. Ce joli bois a été aménagé en "Parcours de santé" et il se trouve parsemé de tables de pique-nique. A 150 mètres du début du parcours nous tombons sur des traces de fondations d'une maison, qui a donné son nom au bois, il en reste de nombreuses pierres et tuiles cassées aux alentours ainsi que les débris de ce qui paraît être un carrelage ancien. Au reste cet endroit est connu depuis fort longtemps des habitants de la région sous le nom de "Maison du Berger", cette maison, qui aurait servi de refuge a des bergers depuis le XVII ème siècle, a été démolie au début du XX éme. Certaines personnes, sans pouvoir rien affirmer, admettent la possibilité d'une ancienne halte sur le chemin de Compostelle avec peut-être l'établissement d'une petite chapelle orientée au Sud , en tout cas apparemment rien de romain dans tout cela. Un peu plus loin et en contrebas nous voyons un puits recouvert d'un grillage par mesure de sécurité, il est profond et à sec . Nous n'en apprendrons pas plus et notre curiosité est d'autant moins satisfaite que nous nous souvenons d'avoir lu sur un bulletin municipal d'Ayguemorte qu'il avait été question d'un dolmen, que personne à Castres ne semble connaître. Abandonnant les vestiges antiques, nous continuons notre découverte du village.
Le Relais de Poste se trouvait sur l'emplacement de la boulangerie actuelle, on le voit très bien depuis la rue avec sa grande cour et son porche . Rappelons qu'en 1679 la Reine d'Espagne s'arrêta à Castres où "elle couche chez Pierre Sotte"... Ce Relais fût aussi une salle de spectacle puis un garage. A gauche de la mairie nous nous intéressons à une maison qui nous semble ancienne avec une frise sculptée qui court sur la façade, quelqu'un nous dit que c'est une des plus vieilles maisons du village et que sa façade est classée. (à verifier, car à la connaissance du SIGM en 2008, il n'en est rien). Nous distinguons une ancienne plaque d'indication de direction, elle est presque totalement illisible maintenant, à grand-peine nous devinons "Podensac" et une flèche. (introuvable en 2008 : note du SIGM).
Un joli manoir possédant une tour-pigeonnier ronde se dresse au fond d'un grand jardin, dans un cadre agréable, il s'agit d'une ancienne propriété de Pommarède appartenant aujourd'hui au diocèse de Bordeaux et dont les locataires sont deux associations : "L'ENVOL" et "LE SCARABEE BLEU". "L'Envol" est une crèche et une halte-garderie, "Le Scarabée Bleu" est un centre maternel aéré qui fonctionne les mercredis et vacances scolaires. Cette propriété s'appelle LE PRIEURE. Il appartenait en effet à une Congrégation religieuse au XIXème et au début du XXème siècle .
Route de Pommarède, sur la gauche, nous suivons le "Chemin du Moulin", précisons de suite que le moulin n'est pas visible, c'est celui qui se trouve sur les terres du château de Pommarède par contre nous remarquons sur notre droite une croix avec cette dédicace : "A la mémoire de J.L. Larrieu ici foudroyé le 8 juin 1808 P.P.L.". Sur cette même route, nous voyons "Haut Pommarède" qui est une propriété viticole et commerciale et en face le château de POMMAREDE", invisible depuis la route et auquel on accède par une belle allée privée. La seigneurie de Pommarède remonte au XIIIème siècle au moins, l'origine du nom peut être "pomme", écrit "pome" en gascon ou "poume" en vieux français. Le nom de Pommarède s'écrit avec deux M depuis le XIXème siècle et on retrouve la pomme dans le blason de cette famille : "D'azur aux chevrons d'argent à 3 pommes d'or". Sans doute ancien Rendez-Vous de Chasse le château date du XIVème siècle, souvent remanié il est habité en permanence depuis la fin du XVIIIème.
Note du SIGM en 2008 : Le château de Pommarède accueille maintenant des visiteurs en "gîtes et chambres d'hôtes" .
Lorsque nous arrivons au bout de l'allée nous apercevons à gauche, les vestiges d'un moulin à blé, celui qui a donné son nom au chemin et qui autrefois était mis à la disposition des habitants du village, il fonctionnait encore au XIXe siècle. Au fond le Gât-Mort et sur notre droite le château lui-même avec ses deux corps de logis où de l'un surgit une tour carrée "telle un roc fragile". Cet ensemble, par son équilibre, donne à penser qu'il se serait figé dans le temps pour y imposer son immortalité. Un petit pont, enjambant les douves encore emplies d'eau, permet d'accéder à un portail de fer forgé qui ouvre sur une cour intérieure. Cette propriété appartient à la même famille depuis des temps immémoriaux, son vignoble est ancien, on trouve déjà traces d'expéditions de vin en 1700. Plus loin, sur la même route, se trouve le château POITEVIN. Gentilhommière construite au XVIIIème siècle, propriété viticole jusqu'au milieu du XIXème, il est alors entièrement remanié. Aujourd'hui il a de nouveau subi des transformations puisqu'il a été aménagé pour former trois résidences distinctes, la tour abritant l'escalier de communication. Il possède un étang qui est presque entièrement comblé de nos jours. Le Gât-Mort lui sert de limite séparative avec le château Le Tuquet. Ce château est parfois appelé Farcot ou Farcau, par confusion avec le nom d'un ancien propriétaire. Note du SIGM en 2008 : Le nouveau propriétaire lui a donné le nom de " Château de CASTRES".
Depuis le lotissement Pedesclaux on aperçoit la tour ronde du château FONCLA auquel on accède par un chemin de terre. Nous n'avons pas pu apprendre grand chose sur l'histoire de ce château qui, bien qu'habité, provoque une impression d'abandon et de tristesse, c'était une belle demeure mais elle commence à se délabrer. Vers 1840 a été agrandie une bâtisse ancienne dont la vieille tour fut rehaussée. La construction de la voie ferrée Bordeaux-Langon coupa le domaine en deux et un passage à niveau privé fut aménagé. Le lotissement a été construit sur une des deux parcelles. Cette propriété viticole d'une dizaine d'hectares, classée en cru depuis 1850, appartient à la même famille depuis 80 ans.
La commune de Castres possède un autre château à vocation viticole, c'est le château FERRANDE. Une impressionnante allée d'arbres séculaires qui laisse, au bout d'une centaine de mètres, apparaître une belle Chartreuse du XVIIIe siècle d'où se détache une tour octogonale qui parachève l'aspect de l'édifice en lui conférant une harmonieuse esthétique. Son vignoble s'étend sur 42 ha et donne un Graves rouge, souple et fin, au bouquet exceptionnel et un Graves blanc agréablement fruité.
note du SIGM en 2008 : le château du GRAND BOS , "oublié" dans cette description, mérite certainement lui assi une petite visite .
Castres est un village dont l'ancienneté ne semble pas faire de doute et qui possède un passé historique certain, il est dommage que cela soit si flou dans la mémoire de beaucoup de ses habitants. Malgré tout une promenade dans Castres peut être intéressante et le Bois de Savis est bien agréable .
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