Beautiran, "du visible à l'introuvable"

 

*" Cultures et traditions locales : du visible à l'introuvable" :

par Anne Marie et Jean Claude Caron; 1996;

 

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BEAUTIRAN, dont l'origine du nom peut être " Passage", est une commune qui a eu une importance économique et culturelle depuis la fin du XVIIe siècle jusqu'au début du XXe, d'abord avec son industrie d'INDIENNES et TOILES IMPRIMEES et aussi grâce à son Terminal de la Ligne de Chemin de Fer Economique des Landes qui ne put perdurer face à l'essor de l'automobile. Altitude 8m - Superficie : 550 hectares - Population : 2038 habitants au dernier recensement de 1999.Beautiran était le siège d'une importante baronnie dont le dernier baron, M. De Saige, maire de Bordeaux, fut guillotiné pendant la Révolution.

Hormis cela peu d'informations sur l'Histoire de l'antiquité jusqu'au 17e siècle nous sont parvenues, nos villages sont pauvres en archives et, sans doute, en faits historiques.

CHATEAU DE BALAMBITS - Monsieur Guy CRIVELLI, responsable de la commission culturelle de la commune de Beautiran que nous remercions pour nous avoir donné accès à des informations et documentations, nous précise que le nom de "Balambits" est celui d'un quartier où se trouve en fait deux châteaux, celui de LAVEAU et le Domaine de LALANDE. Nous avons pu constaté que le château de Laveau sert actuellement de bâtiment commercial alors que le Domaine de Lalande, qui a appartenu à M. De Saige baron de Beautiran, quant à lui, offre des chambres d'hôtes.

CHATEAU LAMOTHE - Il s'agit d'une propriété privée très bien clôturée. La seule vue possible de la route est celle d'une belle Chartreuse du 18e siècle, avec de vastes dépendances.

CHATEAU LE TUQUET - Chartreuse du 18e siècle restaurée par Victor Louis, de très belle apparence malgré la toiture face nord qui est surmontée de trois chatières, ce qui crée un léger déséquilibre. L'entrée est marquée par un noble portail en fer forgé qui ouvre sur un parc aux massifs bien ordonnés, des vestiges de fossés sont visibles de chaque côté de l'entrée. La face sud, mieux équilibrée avec ses quatre chatières, s'agrémente d'une terrasse avec des escaliers en pierre qui nous guident vers un parc au fond duquel nous pouvons apercevoir un petit lac : une retenue d'eau en avant du Gât-Mort. Une petite chapelle du 19e siècle, sur la gauche de l'entrée, sert d'entrepôt. Le château Le Tuquet est un château viticole avec une imposante cour sur le côté ouest bordée de nombreux chais. Ce château a appartenu à la famille de CHARLES DE FOUCAULD qui y fit de fréquents séjours. Une tradition veut que c'est là qu'il ressentit le premier éveil de sa vocation.

CHATEAU COULOUMEY - Le nom de Couloumey peut provenir de colombe, le pigeonnier ayant donné son nom à l'ensemble de la propriété.

Cette construction du 17e siècle, de forme octogonale, est d'une belle architecture et abrite encore des pigeons, mais elle est en assez mauvais état, ainsi d'ailleurs que la Chapelle qui abritait il n'y a pas si longtemps une famille de 12 personnes, heureusement le propriétaire a entrepris une sérieuse restauration. Ces édifices ne sont pas visibles pour le touriste car ils sont situés à l'intérieur d'une propriété privée bien close. Le château Couloumey est une très belle Chartreuse du 18e siècle derrière laquelle on peut découvrir un jardin un peu sauvage, avec un sobre bassin rond entouré d'arbres et tout cela possède un charme certain...

N'oublions pas le CHATEAU de MARTIGNAS situé sur les limites de la commune,

ainsi que le DOMAINE des MAGES, qui font aussi partie du patrimoine local.

L'EGLISE du 12e siècle, dédicacée à St Michel, possède quatre panneaux en bois sculptés représentant les quatre évangélistes, ces panneaux qui décoraient anciennement une chaire sont très beaux mais assez vermoulus. Le font baptismal est en marbre rouge, veiné de blanc. Il fut offert par le duc d'EPERNON ou, d'après une autre version, il fut sculpté dans un élément de la chapelle du château de Cadillac. L'intérieur de l'église est de style roman, avec des piliers dont les chapiteaux sont ornés de très beaux motifs en entrelacs. Le bâtiment est entretenu avec peu de moyens, il nous a été confirmé qu'une restauration intérieure avait été effectuée en 1950. L'extérieur quant à lui a été restauré en 1868 par l'architecte GUSTAVE ALAUX (à qui l’on doit les restaurations des églises de La Brède et de Saint-Médard d’Eyrans), il comporte un portail dont l'archivolte est décorée sobrement de cul-de-lampes. On peut y voir quelques symboles sculptés comme un chandelier, trois barriques, des gerbes de blé, des roses... Le clocher, de style saintongeais, qui donne à l'ensemble un bon équilibre n’est pas du tout dans le style de l’architecte Alaux, il faut y voir l’intervention ou l’influence de l’architecte Abadie, maître d’œuvre du Sacré Cœur à Montmartre et restaurateur de la flèche Saint-Michel à Bordeaux. Saluons la bonne initiative de l'association d'ANIMATION PAROISSIALE qui ouvre les portes de l'édifice tous les après-midis de 14h à 16 h, ce qui permet de l'aérer et ainsi de lutter contre l'ennemi le plus pernicieux, l'humidité. Et puis, trouver une église ouverte tous les jours est une chose si rare dans nos campagnes aujourd'hui qu'il convenait de le souligner; cette église mérite bien une visite. (remarque SIGM :ce n'est plus le cas en 2008)

Saviez-vous qu'il existait au 18e siècle deux confréries à Beautiran. Il y avait la confrérie du SAINT-SACREMENT et la confrérie de SAINT-MICHEL fondée par Monseigneur de SOURDIS, Archevêque de Bordeaux. La région produit des Vins de GRAVES et des BORDEAUX SUPERIEURS.

Que pouvons-nous dire des Toiles Imprimées de Beautiran ? Bien que moins célèbres que celles de Jouy par exemple, elles ont vu leur renommée s'étendre pourtant bien au-delà de nos frontières. La décoration de tissus, à l'aide de blocs de bois gravés, date de l'antiquité. La fabrication de toiles peintes ou "INDIENNES" date, en France, du 17e siècle. L'impression était alors réalisée à partir de plaques de cuivre gravées, certaines de ces plaques sont parvenues jusqu'à nous. A Beautiran, c'est à Balambits qu'un Suisse, Jean-Pierre MEILLIE acheta le domaine de LALANDE et y créa une fabrique de toiles imprimées en 1797. Un catalogue a été édité par la commune de Beautiran sous le nom de : "INDIENNES ET TOILES IMPRIMEES DE BEAUTIRAN ET DE FRANCE AUX XVIIIe ET XIXe SIECLE", réalisé par Renée et Guy CRIVELLI avec la collaboration de Xavier PETITCOL. Ce catalogue est en vente à la Mairie de Beautiran, nous le possédons et nous pouvons donc affirmer qu'il est très intéressant et très bien documenté. Pour ceux qui s'intéressent à ces jolis tissus célèbres nous signalons que certains d'entre eux sont exposés au Château de MONGENAN à PORTETS, ainsi qu'au Musée d'ART DECORATIF de Bordeaux.

Beautiran possédait un autre atout économique important, il s'agit du TERMINAL du CHEMIN de FER des LANDES qui servait de gare-entrepôt pour acheminer des poteaux de mines par la voie maritime vers l'Angleterre et plus spécialement le Pays de Galles. Ni cette activité ni cette ligne n'existent encore de nos jours mais la gare de Beautiran jouera son rôle économique, tant qu'elle restera ouverte. Cela entre t-il dans les plans d'avenir de la S.N.C.F. ? Espérons le car il y a une longue histoire entre ce village et le "chemin de fer", c'est la plus petite commune de France à posséder son blason sur une locomotive de la S.N.C.F., la "CC 65 33" et autrefois deux locos, l'une de la "Ligne Economique des Landes", l'autre de la "Compagnie du Midi", portaient le nom de Beautiran dans les plus lointaines régions.

Une autre curiosité qui ne manque pas d'originalité, c'est la "CONFRERIE DE L'ALOSE DES GRAVES" créée en 1990. Cette Confrérie est ouverte aux personnes qui ont apporté un dévouement, ou fait une œuvre susceptible de renforcer ce patrimoine régional ou simplement de favoriser cet art de vivre de notre région. Elle arbore les couleurs Bleu, celle de l'eau (Garonnaise, bien sûr...), le jaune du Vin blanc et une coiffe surmontée d'un filet, symbole du trémail.

Beautiran a eu une rapide évolution sociale, la commune a su établir un plan d'aménagement et de modernisation, la Place de la Mairie, la Mairie elle-même, l'école et sa cantine, la Bibliothèque et la MJC en témoignent, ainsi que la zone industrielle de Calens. Le domaine sportif a été très favorisé et a reçu les aménagements spécifiques qui lui étaient nécessaires. Beautiran a la chance d'être desservi par la N.113 sans en subir trop les inconvénients car situé un peu à l'écart de celle-ci. Ce village, qui compte médecins et dentistes, possède aussi des commerces variés assez nombreux, pharmacie, épiceries, postes, boucherie, fleuriste, coiffeurs etc... plutôt situés à la périphérie que dans le centre du bourg.

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